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Babe, I'm back !

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Ven 13 Juil 2018 - 22:19
Qu'est-ce que tu fous, Holli? La voix de ma raison tambourine à la porte de mon crâne. Tu le sais, que tu vas regretter d'ici cinq minutes? Bon, allez, peut-être quinze. Mais tu vas le regretter, et si je le sais, toi aussi. On est une seule personne, connasse. Tu sais que mon rôle c'est de te protéger du monde et des gens, hein? Alors POURQUOI, bordel de merde, tu refuses de m'écouter dès qu'il s'agit de ce foutu enfoiré de fils de camé? Putain, mais je suis là pour t'aider, Holli! Hé! Oh, tu m'écoutes?

Bordel. Même ma conscience est super vulgaire. Je suis irrécupérable. Mais ses lèvres, putain. Y'avait trop longtemps que j'y avais pas goûté, et je veux surtout pas réfléchir au fait que je vais me haïr pour ça, que ça soit dans une heure, un jour ou un mois. Je veux pas penser à plus tard. J'ai jamais voulu penser à plus tard, au fond. Plus depuis que je l'ai rencontré. Il faisait ressortir ce côté en moi, cette passion, cette insouciance du lendemain, de la vraie vie. Avec lui, il n'y avait que le présent. "Avait". Je sais, au fond, que je n'ai plus tellement le droit de ne pas réfléchir. J'ai un fils, et déjà qu'il est plus mâture que moi, je vais pas en plus lui demander d'être plus responsable.

Et finalement, je réfléchis, mais je réfléchis pas tant que ça. Mon corps a plus ou moins développé une volonté propre et je le regarde faire de loin. Ses mains sur ma nuque, dans mon dos, me donnent des frissons, du genre que j'ai pas ressenti depuis treize putains d'années. Désolée pour toutes les conquêtes, toutes les relations que j'ai pu avoir durant tout cela. Mais la différence, c'était pas tant une histoire de compétences. Simplement, ma peau avait encore le souvenir de la sienne, et se réjouissait de retrouver l'épiderme qui la complétait si parfaitement. Mes bras se verrouillent autour de sa nuque, alors que, naturellement, je m'assieds à califourchon sur ses genoux. Mon débardeur trempé colle à ma peau encore tiède, et m'empêche de sentir son torse comme je le voudrais. J'ai juste envie de le retirer et de le jeter loin. De ne plus rien avoir entre lui et moi. De le retrouver.

Si je fais ça, je suis foutue. Mais genre, vraiment foutue. Ma conscience le sait, je le sais. Je le crains. Heureusement, je crois, il s'écarte, un peu, pour me regarder dans les yeux. Je le quitte pas du regard, sérieuse. J'ai pas envie de sourire. C'est pas un moment à sourire. Sourire, ça serait si j'étais simplement contente de le voir. Je ne suis pas contente de le voir, loin de là. Il est, je suis en train de foutre ma vie en l'air, en quelques secondes. Je le hais autant que je l'aime, et je le déteste pour être revenu maintenant que je commençais à m'en sortir. Mais j'ai besoin de lui, en cet instant. Ça fait treize ans que j'ai besoin de lui. Besoin de sa peau, de ses mains, de ses lèvres. Il m'a trop manqué. Je vaut pas mieux qu'une camée en manque. Qui, après avoir enfin réussi à se sevrer, retouche à l'héroïne et replonge aussi sec.

Quelle conne je suis.

Je réponds rien. J'ai rien à répondre qu'il ne saurait déjà. Je l'aime, il m'a manqué, je le hais, je veux qu'il parte, qu'il reste, qu'il me prenne, qu'il m'oublie. Il sait tout ça. A quoi bon le dire? Ça ne fera que lui donner plus de pouvoir sur moi. Comme s'il n'en avait pas déjà assez. Je me contente de le regarder, comme si c'était un rêve, comme si dans un battement de paupière, il aura foutu le camp. Parce que c'est comme ça que ça va se passer, n'est-ce pas? Il va se tirer. Il va prendre ce qu'il veut et se tailler aussi sec, et me laisser en miettes, comme la dernière fois. Je ne vois pas d'autres issues possible. Après treize ans putain, j'ai arrêté de croire aux contes de fée. Ma chance de chopper un prince charmant, elle s'est faite la malle quand j'ai refusé d'épouser Jake, et que j'ai préféré rester seule à penser au prince rebelle. En soit, tous ce que j'ai vécu depuis mes quinze ans, depuis que je suis rentrée dans ce foutu squat, m'amène à ce moment.
Un choix, qui semble tout con. Le laisser se servir de moi encore une fois, ou pas?

Honnêtement, j'hésite, et ma conscience me traite de tous les noms. Et elle en connaît un paquet, presque autant que moi, en fait. Mais qu'est-ce que j'y peux? Je l'aime. Merde, voilà. Je l'aime. Est-ce que vous avez déjà aimé, vous? Aussi fort? Tant que ce n'est pas le cas, je vous interdis de me juger. Je le fais assez toute seule.

Je me laisse renverser sur le canapé sans rien dire. Loin de protester, je l'attire un peu plus contre moi. Mes mains essaient de se rassasier de sa peau, et mes lèvres, de sa bouche. Comme si c'était possible. Il a aussi envie de moi que moi de lui, je crois. En fait non, j'en suis sûre. Sauf que lui, il ne vivra pas les conséquences. La honte de ne pas savoir résister. De s'être fait utiliser, encore. Qu'il n'a pas en tête cette foutue rengaine. "La dernière fois que vous avez été ensemble, il t'a mise en cloque, et en taule. Il te trahira de nouveau. Tu ne vaudras jamais sa liberté."

Alors je le sers un peu plus fort. Comme si son odeur pouvait panser mes blessures, exorciser mes craintes. Mes mains passent dans ses cheveux, je mords sa lèvre inférieure. Ça ne fait qu'intensifier mon envie de pleurer. Je me cambre, passe les mains entre nos deux torses et agrippe mon débardeur, me tortillant pour le retirer, pour sentir son torse contre mes seins. Il atterrit quelque part sur la table basse. Vite. Peut-être que si je me dépêche suffisamment, peut-être que s'il me fait sienne de nouveau, je n'aurais plus cette sensation pesante dans la poitrine. Peut-être qu'il me fera oublier jusqu'à mon nom, jusqu'à qui je suis. Que je l'oublierais, lui.

Tu parles. Tu auras beau te mentir à toi-même, Holli, tu sais comme moi que c'est pas comme ça que tu veux que ça se passes.

Putain, je déteste avoir raison. Presque autant qu'avoir tort.

Doucement, je le repousse, et me redresse. Et vite, je détourne la tête. Je n'ai plus la force de le regarder dans les yeux. J'ai honte. De tellement de choses. Je m'assieds, les mains passant de mon visage à mes cheveux, comme pour me réveiller d'un mauvais rêve. Sérieusement, pourquoi il a fallu que je devienne raisonnable? Je pouvais pas juste prendre mon pieds et pas penser au reste?
Ben manifestement, non.

Je récupère mon débardeur sur la table et le plaque contre mon buste, histoire de protéger autant mon corps nu que ce qu'il me reste d'amour-propre. Non, je ne pleurerais pas. Même si ça démange salement. Mais je fixe fermement un point indéfini devant moi en lui disant, d'une voix ou on sent ma frustration, mes contradictions, mon amour, mes peurs et un reste de colère qui n'est pas prêt de disparaître.


- Je suis pas sûre d'avoir envie de...ça.

De lui? Carrément. Impossible qu'il ne l'ai pas senti.
Mais d'une partie de jambe en l'air pour me faire croire que j'ai de nouveau dix-huit ans, et que rien a changé? Non. Je suis trop vieille pour ces conneries.
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Mar 24 Juil 2018 - 13:40
J’avais tellement envie d’elle que ça me faisait presque mal. J’avais les reins en feu et je le déversais sur sa peau à coups de baisers et de caresses. J’ai parcouru son corps comme un putain d’assoifé boit à une source et elle était pas franchement en restes. Quand elle a enlevé son top, enfin, je l’ai maté pendant quelques secondes avant de me coller contre elle et de profiter de nos retrouvailles. Pas trop tôt putain, après tous ces cris et ce sang, fallait bien qu’on se réconforte un peu, non ? J’étais pas venu que pour ça, honnêtement. J’aurais pas dit non si l’occasion se présentait, mais j’étais pas assez con pour me dire qu’elle allait m’accueillir les bras ouverts avec un steak sur la table, une bouche en cul-de-poule et les cuisses écartées. C’était pas ma Holli ça, même dans ses grands jours. Elle était indomptable et même moi j’avais de la peine à la contenir, alors qu’elle joue le jeu de la ménagère des années 50, y avait de quoi se marrer. Nan j’espérais franchement pas grand chose en venant, même si je savais qu’au jeu de l’emprise, je la battais à plate couture. Quoique vu l’effet qu’elle me faisait là, y avait de quoi se poser des questions.

J’avais attendu ça depuis trop longtemps et j’ai commencé à me débarasser de mon pantalon en continuant à l’embrasser avec ardeur, pressé de me sentir en elle. Et c’est là qu’elle a décidé de tout arrêter, comme ça, d’un coup. Elle se foutait pas un peu de ma gueule là ? Sérieusement ? Elle me faisait quoi, une petite revanche ? Putain ma puce… toujours la même capacité à m’étonner et à me frustrer à un point ! Elle voulait jouer visiblement et ça je devais avouer que je l’avais pas vu venir. Joli coup Holli, joli coup. Jeu, set et match. Elle m’avait battu de la seule manière dont elle était capable, par le sexe. Mon point faible, avec la drogue, mais ça j’y avais plus touché depuis un bail, enfin presque. De toute manière, c’était pas avec un rail de coke qu’elle aurait pu m’avoir, mais me mener par le bout du gland, ça oui, elle savait encore faire après toutes ces années. Je savais pas si c’était juste pathétique ou aussi un peu romantique, parce qu’au final, y avait pas grand chose qui avait changé entre nous.

J’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire, allongé sur le canapé, la tête entre mes mains, à moitié défroqué et la bite dure comme du béton. Pour l’image glamour, faudrait repasser. Je l’ai entendue me dire qu’elle avait pas envie de ça et j’ai saisi. Vu comment on s’était sauté dessus, elle devait pas parler de moi. C’était sûrement la situation qui la travaillait. Ma puce, t’aurait pas pu te poser ces questions après notre partie de jambe en l’air ? Franchement ça aurait détendu tout le monde et tu te serais moins pris la tête après. Fallait croire qu’il y avait eu quelques changements quand même en treize ans. Ca m’arrangeait pas et j’étais pas sûr que ça l’arrange non plus vu comment elle avait l’air frustrée, mais c’était son choix. J’allais pas la forcer, j’étais pas une ordure non plus. Alors j’ai continué à rire sans réussir à me ravoir pendant un bon moment, ce qui a eu au moins l’effet de me faire débander assez rapidement. Merci pour mon amour-propre.

Je me suis calmé comme j’ai pu et j’ai remonté mon pantalon sur mes hanches. Elle était de dos et j’ai pas pu m’empêcher de le caresser du bout des doigts.


- C’est toi qui voit ma puce.

Je me suis rassis à côté d’elle et je l’ai embrassé dans le cou rapidement juste avant de me lever pour aller récupérer le reste de mes habits. Si la fête était finie, aucune raison que je reste à moitié à poil. J’ai passé mon t-shirt et je me suis allumé une clope en la regardant avec un petit sourire.

- C’est quoi la suite ma puce ?

Pas que j’aimais pas l’incertitude, mais là fallait avouer que je savais pas trop ce qu’elle voulait. A part me baiser et me tuer s’entend. Si elle pouvait se décider pour une solution intermédiaire, ça serait pas mal. Vu qu’elle venait de metter un terme à la première option et que j’étais pas trop chaud pour la seconde. Elle avait pas voulu profiter de mon petit cul, grand bien lui fasse, mais moi j’y étais attaché et on me l’avait assez botté pour que je prenne soin de lui. J’ai continué à fumer en l’observant et en attendant patiemment qu’elle remette un peu d’ordre dans le bordel qu’était sa tête. Alors miss Holli ? T’avais gagné la partie, t’avais les cartes en mains, à toi de lancer les dés et de laisser jouer la chance. Qu’est-ce que tu décidais ?
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Mer 25 Juil 2018 - 23:48
J'avais tort. Evidemment que j'avais tort. Comment ça aurait pu être autrement? J'ai jamais su prendre les bonnes décisions au bon moment. J'aurais jamais dû ouvrir cette porte. J'aurais dû sortir. Aller n'importe où, ailleurs. J'aurais dû... Mais qu'importe. Je ne l'ai pas fait. J'ai déverrouillé la porte, et j'ai laissé un fantôme revenir me hanter. Toujours recroquevillée sur moi-même, mon débardeur serré contre moi, je regarde fixement le sol, les yeux brouillés de larmes. J'ai mal. Au pied, au coeur, partout. Tout ce que j'avais tartiné de super glue pour que ça tienne tant bien que mal, tout ça, c'est en train de foutre le camp.

Il s'étale sur le canapé, mort autant de rire que de la même frustration qui suinte par tous les pores de ma peau. En d'autres circonstances, le mettre dans cet état et partir ça aurait été mon type de vengeance. Je lui avais quelques fois fait le coup. Manière comme une autre de lui montrer mon mécontentement. Puisque gueuler servait juste à le faire gueuler plus fort. Mais ce n'était pas une querelle d'amoureux. Et s'il y croyait, il se leurrait. S'il ne voyait pas que son retour remettait tout en question... Peut-être que ça ne l'atteignait pas. Il avait toujours été égoïste. Conséquence logique de sa propre histoire. J'avais simplement eu la faiblesse de croire qu'une petite fille de bourge des quartiers presque riches pourrait le faire changer d'avis. De croire que je serais suffisamment importante pour lui pour qu'il comprenne la notion de sacrifice. Qu'il ait envie de rester, envers et contre tout.

De croire qu'on aurait pu vivre ensemble jusqu'à la fin de nos jours, seuls, libres.

Mais il était parti. Il avait laissé une Holli en mille morceaux, l'écho de la voix de tout mes proches qui me disaient qu'il partirait sans moi et sans se retourner, et un petit fœtus, quelque part dans mon utérus.

Je me mords la lèvre, presque trop fort, pendant qu'il se marre toujours, et chaque éclat de rire me tue comme autant de balles. Il a raison pourtant. C'est risible. Notre histoire, ma vie. On s'est aimé comme des fous, il est parti. J'aurais dû faire une croix dessus il y a bien longtemps déjà. C'était risible que je n'ai jamais pu réussir à l'oublier. Comment j'aurais pu, quand chaque coin de cette foutue ville me le rappelle? J'avais pu renoncer à l'idée d'être véritablement heureuse au profit de cette joie maternelle que me procurait notre fils à chaque instant.

Notre fils. Je n'ai pas dit "mon", cette fois.

Je relève la tête et doucement, je le regarde alors qu'il me caresse doucement le dos, m'embrasse le cou. Je sens les frissons remonter le long de ma colonne vertébrale, et je ne rêve que de me blottir contre son torse, suivre du doigts l'encre de ses tatouages. Comme avant. Comme à l'époque, ou pour la première fois de ma vie, j'ai cessé de me sentir seule.

Je ferme les yeux douloureusement, alors qu'il allume une cigarette.


- La suite? Qu'est-ce que ça pourrait être, la suite. Tu restes, on s'aime, on vit heureux, on a beaucoup d'enfants?

Ce coup-ci, c'est moi qui rit. Un rire tout ce qu'il y a de plus triste. Je ne sais pas quoi lui dire. Je ne me sens pas capable de lui mentir, mais trop faible pour lui avouer la vérité.


- Je ne serais jamais assez pour toi, Darren. Entre ta liberté et moi, tu as choisi il y a des années. Pourquoi ça serait différent cette fois? Je ne suis pas... mieux qu'avant.

Il y a tant qu'il ne sait pas. Tant qui influe. Pourquoi ce jour-là, la police a débarqué comme une fleur et a tenté de nous embarquer. Pourquoi je ne lui ais jamais donné de nouvelles. Pourquoi j'ai coupé les ponts avec presque toute notre ancienne vie. Presque. Il ne sait rien, je crois. Je pourrais être mariée et mère de famille. Je pourrais être droguée, alcoolique. L'ombre de l'ombre de moi-même.
Mais je ne suis qu'une version un peu différente de qui j'étais. Pas beaucoup. Pas assez pour lui.

Je me lève, mon haut à la main, et en le fixant droit dans les yeux, sans me cacher, sans fausse pudeur, je me rhabille à mon tour. Je me penche vers lui, tout près, et mes doigts volent sa cigarette. Comme ce jour où on s'est rencontré. Comme tant d'autres fois. Son odeur est encore partout sur moi, et la mienne sur lui. Je tire doucement sur la clope et me rassoit à côté de lui.

Je fume en silence quelques instants, mes yeux dans les siens. Puis je détourne le regard et glisse, alors que je souffle doucement la fumée qui envahit mes poumons.


- Quant tu m'as quittée, il y a treize ans, j'étais enceinte. Je l'ai appris en taule.

Sans me presser, pour mesurer le poids de mes paroles, je tire la dernière latte, et j'expire lentement. Je veux savoir sa réaction. Ce qu'il a a dire là-dessus. Son éternel je-m'en-foutisme et je ne poursuivrais pas cette confidence. Mais s'il montre... quelque chose, peut-être que je continuerais. Peut-être. J'écrase le mégot dans le cendrier.

- Tu aurais pu être papa.
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Ven 10 Aoû 2018 - 14:42
Putain j'aimais pas la voir chialer, c'était horrible. Ok, là c'était pas les grandes eaux, mais je voyais bien qu'elle avait les larmes aux yeux et j'arrivais pas à comprendre pourquoi. La frustration ? En même temps c'était elle qui avait interrompu le truc, pas moi. Mais nan, y avait quelque chose d'autre et impossible de mettre le doigt dessus. Ca pouvait être tellement tout et n'importe quoi avec elle ! Le fait de me voir débarquer après tout ce temps ça devait jouer, sûrement, mais elle moulinait tellement dans sa caboche et partait tellement loin parfois qu'il fallait pas trop chercher. Alors pour une fois, j'ai fermé ma gueule et je l'ai écouté. Ouais, comme quoi les miracles arrivent, c'est elle qui devait être contente. Mais j'ai pas pu m'empêcher d'éclater de rire à sa description de conte de fées. On était pas aussi cons l'un ou l'autre pour imaginer qu'en restant ensemble ça serait un long fleuve tranquille. Nous, ça avait toujours été explosif et y avait pas de raisons que ça change. Le Yin et le Yang, le feu et la glace. Putain si ça c'était pas un signe qu'on était fait pour être ensemble, il lui fallait quoi ? Sans parler de notre histoire, on s'était jamais quittés en 5 ans, avant ce braquage foireux, et on aurait été encore ensemble et blindés de thunes si elle avait pas merdé...

Elle a ri mais pas vraiment d'un rire joyeux, plus comme si elle était blasée de ce qui se passait. Désolé ma puce, mais tu aurais préféré quoi ? Que je revienne à Edimbourg et que je te prévienne pas ? Qu'on se croise dans la rue et qu'on tape la discut' comme si de rien n'était ? J'étais obligé de passer, y avait bien un moment où elle allait le comprendre ou merde ? Et elle repartait sur des histoires de choix, que je l'avais abandonnée et toutes ces conneries. Putain mais on pourrait en parler des heures qu'elle continuerait à chouiner sans qu'on arrive à faire changer l'autre d'avis. Pourquoi elle avait l'air si étonné alors qu'elle me connaissait par cœur ? Bien sûr que ma liberté c'était tout pour moi ! Et là elle venait me le reprocher et dire qu'elle était pas assez bien. Un peu plus et je lui hurlais dessus rien que pour qu'elle arrête de jouer aux victimes. Soit elle acceptait ce qui s'était passé et on continuait, soit elle restait accrochée à toute cette merde et elle la laissait la pourrir jusqu'à la fin. Entre le bonheur et le malheur, t'allais choisir quoi ma puce ?

J'ai pris une latte pour me calmer, mais j'ai pas pu m'empêcher de lui répondre sur un ton un peu agacé.


- C'est quoi ces conneries d'être assez bien ou pas ? De devoir choisir ? Bordel Holli, on est bien ensemble, il te faut quoi de plus ? Treize ans et la première personne que je viens voir, c'est toi. La seule à qui j'ai pensé, c'est toi.

Je l'ai fixé de toute ma hauteur avant qu'elle se lève pour se rhabiller. Même pas envie de la mater tellement elle commençait à me gonfler putain. Elle m'a pris ma clope sans me lâcher des yeux, vieille habitude. J'aurais pu la prendre dans mes bras, je sentais sa chaleur à quelques centimètres de ma peau, mais non. Elle avait visiblement encore des trucs à me dire et si elle déballait pas son sac tout de suite, je sentais qu'on en aurait jamais fini. Autant qu'elle crache le morceau et qu'elle arrête de me prendre la tête avec les merdes qui polluaient la sienne. Mais rien n'était simple avec toi ma puce, hein ? Non, elle devait prendre son temps, faire son petit effet. Je me suis retourné pour chercher mon paquet de clopes et m'en allumer une et c'est là qu'elle a lâché la bombe. La putain de bombe, bordel. Bravo, là elle m'avait soufflé. Pour une fois dans ma vie, j'avais rien à dire. J'étais figé sur place comme un con de lapin devant les phares d'une voiture. La clope au bec, le briquet allumé devant, mais sans connecter les deux pour autant. Comme mon esprit qui arrivait pas à lier à nous ce qu'elle venait de me balancer.

C'était pas possible, elle pouvait pas avoir été enceinte ! J'ai repris un peu mes esprits et j'ai allumé ma tige. Ma première pensée a été que le gosse était pas de moi. Merde, on avait toujours été prudent pour éviter ça ! Pas que je voulais pas de gosses, mais on savait qu'on était trop jeunes et cons pour en avoir, c'était pas le moment. La deuxième qui m'est venue, c'est que jamais elle m'aurait trompé. Nan, je pouvais lui reprocher beaucoup de choses à la miss, mais pas ça. Avec tous les connards qui lui avaient tourné autour, jamais j'avais eu peur qu'elle aille voir ailleurs. Jouer les jaloux et les envoyer se faire foutre, ça oui, parce que fallait pas déconner, mais j'avais confiance en elle. C'était un truc que je savais, dans mes tripes, comme elle savait que c'était pareil pour moi. Restait donc ma troisième pensée.
« Tu aurais pu être papa. ». Ca voulait dire quoi ça ? Qu'elle l'avait pas eu le gosse ? Avortement ou fausse couche ? Ou au contraire qu'elle avait accouché mais refilé à l'adoption ? Ouais, comme si sa connasse de mère l'aurait laissé faire ça. Ou alors...

Je me suis retourné, doucement, en fumant et je suis venu me poser sur la table basse devant elle. Putain Holli, je te connaissais trop bien. Toi et ton petit cœur d'artichaut. T'avais pas pu t'en empêcher hein ? Tu l'avais gardé le gamin, bien sûr. J'aurais pu être père si j'étais resté, c'était ça que tu voulais me dire. Parce que c'était une partie de moi, de nous que t'avais dans ton ventre et ça, jamais t'aurais pu le détruire. Je t'en voulais pas, j'étais juste... putain, sur le cul ouais. J'avais un gamin. Et elle me l'avait jamais dit.


- Il ou elle s'appelle comment ?

Mon ton était pas énervé, juste... curieux. Fallait que j'encaisse avant de me laisser prendre par le fait qu'elle m'avait caché un truc aussi gros. J'ai pris la bouteille de scotch posée à côté de moi et j'en ai descendu une bonne partie en attendant qu'elle me réponde. Un cliché vivant, mais là j'avais besoin d'un remontant. Je l'ai regardé droit dans les yeux, le visage neutre. J'arrivais pas à dire si j'étais heureux ou non, c'était trop... bizarre comme sensation. Jamais je m'étais imaginé père, y avait qu'à voir la gueule du mien pour comprendre pourquoi. J'étais soit trop jeune, soit en train de voyager aux quatre coins du monde. Mais je savais que si un jour ça arrivait, ça serait avec elle. Je pensais juste pas que le gosse serait déjà un ado quand elle me l'apprendrait.
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Dim 2 Sep 2018 - 21:53
Je m'étais demandé des fois si j'étais faite pour ces couples qu'on voit à la télé. Les couples parfaits, ou les disputes tournaient plus autour de qui n'avait pas sorti la poubelle que de qui avait merdé pendant un cambriolage. Ceux dont on dit qu'ils sont un couple "harmonieux", "des gens bien" ou ce genre de conneries. Et quand je le regarde, là, près de moi, cet enfoiré qui m'a brisé le coeur, mais qui a bien su s'accrocher aux morceaux, je me dis que non, sans doute pas.

De Darren et moi, on dirait plutôt qu'on est des gamins, des irresponsables, des petites frappes, peut-être. Enfin. C'est ce qu'on disait à l'époque. Mais à quel point on a changé, lui et moi? Pas des masses, à mon avis, sinon, mon palpitant serait clairement pas en train de s'emballer comme il s'emballer. Mais j'ai un fils. Je ne peux plus être... aussi égoïste. Je dois protéger Kenny. Pas de son père, non. Darren ne lui ferait aucun mal, c'est un connard opportuniste, violent à l'occasion, mais pas contre un fils... pas contre moi non plus. Je n'ai jamais craint pour ma sécurité avec lui. Même, je savais qu'il veillait sur moi, toutes ces nuits qu'on a passé à dormir sur un matelas défoncé dans une maison sans porte ni fenêtre. Je n'ai jamais eu peur, parce qu'il était là.

La peur, j'ai connu quand il est parti.
Ouais, et ça m'avait fait tout drôle. C'est aussi pour ça que je ne suis jamais retournée à Muirhouse, dans les squats, voir nos anciens potes. Parce qu'il n'était plus là pour me protéger. De moi-même, particulièrement. Je n'avais pas peur des mecs qui essaieraient de me prendre ce que je ne voulais pas leur donner. Mon pouvoir était assez puissant pour repousser n'importe quel truand des bas-quartiers. Mais dans l'état dans lequel j'étais... j'allais m'auto-détruire. Boire. Fumer. Me taper des rails. J'allais me battre contre des adversaires trop forts pour moi, j'allais provoquer les mauvaises personnes. Tout pour oublier, pour ne plus penser à lui, ou au contraire, pour essayer de le faire revenir, comme par magie. Il avait promis qu'il me protégerait. Alors, si je me mettais en danger, une force supérieur allait forcément le faire revenir, non?

Crédulité de môme. Je ne pouvais pas prendre le risque. Parce qu'alors, j'avais une petite crevette de quelques mois, qui avait ses yeux, qui avait quelque chose de son attitude quand elle riait, qui m'attendait dans un berceau. C'était tout ce qui me restait de lui. De nous. Tout ce qu'il me restait à moi, dans un monde qui ne voyait que mes crimes, un monde ou je n'avais plus de mère, et ou mon père ne pourrait jamais, malgré tout ses efforts, comprendre qui j'avais été, ces dernières années.

Alors, j'avais vécu pour Kenny. Parce qu'il était le fruit d'un amour tellement fort, tellement beau, qu'il ne pouvait être qu'une belle personne, lui aussi. Et même si Darren avait disparu, même si je l'avais pensé mort... Même si notre histoire était partie en fumée quand j'avais incendié cette bijouterie alors que résonnait encore le bruit de sa fuite... Kenny n'y était pour rien. J'aurais pu le haïr, pour être le fils de celui qui m'avait réduit le coeur en éclat de glace. Au contraire, je lui donnais tout mon amour pour avoir été celui qui m'avait ramené à la vie et au monde. Je lui devais tout, à ce môme.

Alors, oui, il fallait à tout prix que je continue de le protéger de moi, lui aussi. De celle que j'étais, et que je risquais de redevenir. De la nana perdue entre son cœur et sa raison. Il fallait que je sois l'adulte, pour une fois. Il n'avait pas tort. Je m'accrochais au passé. J'avais mes raisons de le faire, mais à un moment, il faudrait que je décide de quel côté de me positionnais, plutôt que de rester éternellement entre les deux, pas foutue de décider.

On verra ça plus tard, quand je pourrais y réfléchir. Quand il sera parti.

Pour le moment, je le regarde, muet -pour une fois- à la nouvelle que je viens de lui balancer. Une partie de moi jubile, d'avoir, enfin (!) réussi à lui faire fermer sa gueule. On savoure ses victoires quand on peut.

Ouais, ma grossesse, ça avait été une putain de surprise. Enfin, moi, j'étais assez irresponsable, à ce niveau, du genre à penser que ça arriverait quand ça devrait arriver. Trop bête pour penser à ce genre de détail. Pire, presque amusée de tenter le diable. Mais lui, avec son histoire... Avec les parents qu'il se traînait... Il voulait pas merder comme eux. On en avait un peu parlé, jamais trop sérieusement. On était jeunes, on était des idiots. Pas des parents en devenir. Et pourtant...

Je verrais presque les rouages tourner dans sa tête. Je guette, du coin de l'oeil, sa réaction. A vrai dire, je m'attends à me faire pourrir. Pour lui avoir caché, pour lui annoncer comme ça. J'attends qu'il explose, et avec un peu de chance, il m'emportera avec lui.
Mais il s'assieds face à moi, le cul sur la table basse, la clope au bec, et il me regarde. Et puis, il me demande son nom.

Putain, si je m'étais attendue à ça.

Je reste silencieuse un moment, le temps de réaliser que sa voix n'est pas pleine de colère qu'il retient, ni de dégoût qu'il peinerait à masquer. Il veut juste savoir comment son fils s'appelle.
Bon, tout en buvant un quart de bouteille de whisky, mais hé, j'vais pas le blâmer, j'ai fait la même tout à l'heure. Il me regarde, et j'ai un petit sourire résigné, plus une grimace, enfin, quelque chose entre les deux.

Je me lève, et je vais chercher un polaroid que m'a donné Friedrich, qui date d'il y a quelques semaines. Mon fils et sa fille en train de faire les cons dans le jardin de la PH. Kenny a un de ses sourires. Il est beau, notre fils. Il a pris le meilleur de nous deux, pour faire quelque chose qui n'est rien qu'à lui. Quelque chose de bien différent de ses foutus parents.

Je lui tends la photo, et me rassieds.


- Kenny.

Putain, il me faut une autre clope.
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Mar 16 Oct 2018 - 13:48
Ouais, la vie s’était jamais un putain de long fleuve tranquille. J’aurais dû le savoir hein depuis le temps, mais là c’était un sacré coup que je me prenais dans la gueule. Pas un mauvais coup, mais bordel elle m’avait mis K.O. J’étais père. Avec tout ce qu’on avait détruit dans notre vie, on avait réussi à créer quelque chose. Un putain d’être humain, moitié elle, moitié moi, qui avait réussi à grandir dans ce monde de merde. Franchement, chapeau bas. J’aurais jamais pensé qu’on aurait été capable de faire un môme viable, avec tout ce qu’on s’enfilait et ce à quoi on était exposé. Faut croire qu’elle avait bien fait son taf de mère. En même temps, je la connaissais assez ma puce, sous son allure de dure à cuire, elle avait un cœur tendre et même si elle envoyait chier le moindre truc qui l’emmerdait, être maman, ça lui allait bien au fond. Je la voyais assez comme une louve prête à mordre à la jugulaire le connard qui oserait s’attaquer à son mioche. Elle l’avait gardé en vie le gamin et sûrement sans l’aide de sa putain de famille bourgeoise, alors je pouvais lui reprocher vachement de conneries, mais là elle avait toute ma gratitude. Elever un gosse, le mien, le nôtre, sans l’aide de personne et faire en sorte de pas être aussi irresponsable que mes putain de darons, je pouvais que la remercier.

Elle avait dû s’attendre à ce que je lui gueule dessus vu comment elle s’est contenté de me mater sans rien répondre pendant un moment. Pas que ça m’ait pas traversé l’esprit, parce que quand même elle m’avait caché un sacré truc là, mais fallait que je digère avant de savoir si je lui en voulais ou pas. Sûrement que oui en fait, mais là pour l’instant je me concentrais sur le fait d’en apprendre plus sur lui ou elle. J’aurais pu téter sa bouteille de scotch jusqu’à la dernière goutte mais je me suis calmé et je l’ai posé à côté de moi au cas où j’en aurais encore besoin. Non parce que bon, après une nouvelle comme ça, tout était possible. Elle pouvait m’annoncer qu’on avait eu des triplés ou une autre connerie du genre. J’étais pas super à l’aise et j’avais qu’une envie, c’est qu’elle réponde à ma putain de question avant que ça devienne insupportable. Je tirais sur ma clope comme un taré jusqu’à ce qu’elle se lève pour ramener une photo en me disant enfin son prénom. Putain de merde, j’avais un fils. Et c’était effrayant de le voir là, sous mes yeux avec son grand sourire et ses yeux que je reconnaissais. Pas besoin de test ADN, il était bien de moi le mouflet.

J’ai pris la photo dans une main et j’ai posé l’autre devant ma bouche, parce que de toute façon, j’aurais rien pu dire. Qu’elle me dise qu’on était parent, ok, c’était une chose, mais là ça devenait réel. Il était bel et bien là le petit rascal putain. Il avait l’air d’aller bien, d’être heureux, de manquer de rien. Je l’ai observé pendant je sais pas combien de temps pour essayer de faire rentrer dans ma caboche que ce gamin était le mien. Je pensais même pas aux responsabilités, à la suite ou quoique ce soit, juste que j’étais papa. Merde alors. J’ai un peu tout oublié autour de moi le temps de réaliser. J’ai pas vu le temps passer, ma clope s’était éteinte toute seule entre mes doigts avant que je lui rende le pola, toujours un peu sonné.


- Kenny… J’aime bien ce nom.

Je sais, même si j’avais trouvé ça ultra moche, c’est pas comme si j’avais mon mot à dire ou si on pouvait changer quelque chose maintenant. Mais bon, je sais pas, c’était peut-être une manière de lui montrer que je validais le gamin ? Ou j’avais juste dit ça parce que j’aimais bien le prénom qu’elle avait choisi. On en avait discuté quelques fois de ce genre de trucs, quand on était un peu déchirés, je crois qu’on avait même une liste. Mais putain je m’en souvenais pas et j’avais aucune idée si « Kenny » en faisait partie. Bref, ça avait pas beaucoup d’importance. Maintenant que j’avais plus son visage devant moi, j’arrivais à me concentrer et les questions elles me sont tombées dessus d’un coup. Et là, je voulais bien être sympa et pas la renvoyer dans les cordes parce qu’elle m’avait caché ça, mais fallait pas pousser. Elle avait intérêt à y répondre.

- Tu lui as dit quoi sur moi ? Que j’étais mort ? Parti ? Que je t’avais abandonné ?

J’avais de la peine à décider si elle aurait été du genre à me pourrir. Oh bah clairement que si hein, mais avec son gosse ? Pas sûr. J’ai pris une nouvelle clope avant de continuer.

- Il a un don ?

Je savais pas trop comment ça fonctionnait ces conneries de pouvoir. Je savais juste que j’étais le seul dans ma famille à en avoir, à ma connaissance. Idem pour Holli. Enfin sa mère avait le don d’être la plus grande pétasse d’emmerdeuse que je connaisse, mais je savais pas si ça comptait. Allez, je pouvais bien lui laisser ça à la AmyLynn. D’ailleurs j’étais curieux de savoir comment elle avait pris la nouvelle celle-là. Ca avait dû tellement lui péter les ovaires d’avoir un petit fils mais qu’il soit de moi. Bordel rien que pour cette prouesse de lui mettre le cul éternellement entre deux chaises, j’aimais déjà ce gosse. Pouvoir ou pas, même si j’espérais quand même qu’il en ait. C’était un putain d’atout franchement et toujours pratique pour se défendre si on en avait un pas trop couillon. Rien que de penser à tout ça, j’ai pas pu m’empêcher de sourire. J’étais même à deux doigts de me marrer, mais elle aurait pas compris et je risquais de m’en prendre encore une, alors je me suis retenu.
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Jeu 22 Nov 2018 - 3:46
Je me suis retenue approximativement 4 secondes. Ouais, le tabac, c'est mal, mais merde, foutez-moi la paix. Retrouvez votre amour perdu et annoncez-lui que vous avez un mioche ensemble, et après, on verra si vous arrivez à tenir dans une clope. Ou un verre. Ou les deux, ou peu importe quelle est votre addiction. Mes mains tremblent un peu, alors que doucement, je mets le tabac dans la feuille, et je roule le tout. Je le regarde du coin de l'œil, faussement concentrée sur cet exercice que je pratique quotidiennement depuis vingt ans . Ma clope, je pourrais la rouler à l'envers et les yeux fermés. En temps normal. Là, avec mes mains style Parkinson et mon coeur qui bat tellement fort qu'il me secoue toute entière, c'est un poil plus dur. Un poil.

J'aimerais savoir ce qu'il pense. Il moufte pas, scotché, devant la photo. Je crois que je l'ai jamais vu immobile aussi longtemps. C'est, genre, un exploit. Peut-être qu'à un autre moment, je serais fière d'avoir réussi à lui faire fermer sa gueule pendant plus d'une minute.
Bon, ok.
Je suis fière.
On va pas déconner, un, c'est peut-être la première fois que j'ai le dessus. Le fait que ça soit grâce à l'annoncer choc de sa parenté est une coïncidence malheureuse. Il avait qu'à pas se tirer, voilà.

Je continue de fumer ma clope. "Tranquillement". Enfin, ça, c'est l'air que j'essaie de me donner. Aucune chance que ça marche sur Darren, hein, il me connaissait trop bien, mais j'ai trop l'habitude de faire comme si. Ça a la peau dure, cette vacherie. Quelques taffes plus tard, il me rends le polaroid, et je le pose un peu plus loin. Face cachée. Je veux pas que Kenny m'observe, même si c'est juste en photo. J'ai honte. Honte de lui avoir caché qui il était. Honte de n'avoir pas grandi, pas évolué d'un pouce. Honte d'avoir le cœur qui bat à m'en faire mal quand il me dit qu'il aime bien le prénom.

Ça me fait un peu plaisir. J'avais mis longtemps à le trouver. Quand on m'avait emmenée à l'hôpital, pour l'échographie, quand la nana au sonar m'avait dit que j'allais avoir un petit garçon, je ne savais pas quoi dire. J'étais terrorisée par cette grossesse, que j'allais devoir vivre seule. Terrorisée par la vie que j'étais en train d'imposer au gamin, moi qui avait encore 34 mois à tirer. Je me souviens de discussion avec mon bidon, en pleine nuit, pour lui demander pardon. Lui dire que j'étais désolée qu'il soit tombé dans mon ventre, et pas dans celui d'une maman plus chouette. Il allait passer les premières années de sa vie en orphelinat. Aucune chance que ma mère accepte de s'occuper d'un petit-fils illégitime, le môme de Darren, en plus. Je me souviens de mes discussions avec lui, ou les souvenirs de lui, plutôt. Je lui avais demandé de revenir m'aider. Je lui avais dit que j'y arriverais pas toute seule, que j'avais besoin de lui. Qu'il fallait qu'il m'envoie une lettre, un signe, maintenant. Que si j'étais incapable de trouver un prénom à notre fils, comment on pouvait s'attendre à ce que j'arrive m'en occuper? J'avais même failli l'annoncer à Dan, dans une lettre. Si y'avait quelqu'un qui savait ou était barré ce foutu con de Mister Freeze, c'était Dan. Mais j'avais surmonté ma peur, quand Jake m'avait dit que s'il fallait, si ma mère ne revenait pas sur sa décision, il s'en occuperait lui-même, de mon fils. Que je n'étais pas seule. Et là... ça m'est venu. Kenneth. "Né du feu". Comme le héros dont mon père me racontait les aventures, quand j'étais petite.

Quand j'y pense, si Jake s'était occupé de mon fils, je crois que je l'aurais épousé, le jour ou il me l'a demandé. En partie par reconnaissance. Je ne sais pas si ça aurait duré, parce que se marier à un type un peu parce que tu l'aimes, beaucoup parce qu'il t'a sauvé les miches, et surtout malgré le fait que tu es désespéramment amoureuse d'un connard qui ne reviendra jamais... Ça m'a l'air d'un mélange un peu explosif. Je le regarde, sans rien dire. Il l'aurait buté, je crois. Si un autre que lui, Jake surtout, avait adopté et élevé son fils... Je crois qu'il l'aurait buté, ouais. Ou peut-être salement pété la gueule. Dans tous les cas, j'étais bien contente de pas devoir être témoin de ce genre de scène. Quant au fait que Kenny appelle Jake "Tonton"... on en parlera plus tard, je crois.

Darren, de son côté, semble se ressaisir. La preuve, il commence à enchaîner les questions. Il reprends une clope, et moi, je termine la mienne.


- Je lui ais rien dit. Quand il était petit, c'était trop tôt. Et la première fois qu'il a posé la question, il devait avoir pas loin de cinq ans, j'ai pleuré.

Maintenant que tout était sorti, ou presque, autant continuer sur ma lancée, être franche jusqu'au bout. Et puis une petite partie de moi, mesquine, se disait qu'il méritait de savoir qu'il m'avait vraiment fait souffrir, pendant que lui s'enfilait les rails et les putes à Port-Amsterdam. Ou ailleurs.

- Il s'est excusé. Putain, il s'est excusé de m'avoir rendu triste. Et il a jamais redemandé. Pas à moi en tous cas.

Il avait toujours eu une empathie de dingue, et un instinct de loup, ce môme. A cinq ans, il avait pigé que je voulais pas en parler. Alors il n'avait pas demandé. Mais le connaissant, je me doutais qu'il avait pas dû s'arrêter là. Je me lève et passe ma main dans mes boucles. Je m'éloigne un peu, et disparait derrière le paravent qui cache mon lit. De là-bas, il entends ma voix qui réponds, et le bruit que je fais en farfouillant dans mon placard.


- Si tu veux mon avis, il a demandé à mes parents. Quant à savoir ce qu'ils ont répondu...

Je reviens en haussant les épaules. Et je lâche une boîte à chaussure un peu défoncée sur la table.


- Par contre, je sais qu'il a trouvé ça. Mais il m'en a pas parlé pour autant.

Bon, faut dire que c'est pas forcément bien caché, pour un gamin qui a envie de fouiner. Dans cette boîte, toutes les photos de la bande, à l'époque. Les couleurs ont un peu fané, y'en a des floues, des mal cadrés, des ridicules aussi. Mais c'est toutes les souvenirs que j'ai gardé de mes quinze à mes vingt et un ans. Y'a tout. Dan et sa putain de guitare, Charlie et ses carnet à dessins. Ivy et Carol, en train de taper la pose avec le clebs d'Ivy. Mickey et sa gueule de branleur. Jim. Y'a même Jim. Et puis, nous deux, évidemment. En train de rire, en train de boire, de fumer, de nous embrasser. Ces photos, c'est notre histoire, et j'ai jamais pu la foutre en l'air. J'ajoute d'une petite voix, où il entendra forcément mon émotion.

- Son deuxième prénom, c'est Jim, d'ailleurs.

Je ne savais pas du tout s'il avait appris, pour l'overdose de Jim. Ni s'il savait ce que les autres étaient devenus. Perso, je n'écrivais plus qu'à Dan, en taule, de temps en temps.


- Et pour répondre à ta dernière question : oui.

Ouais, il allait kiffer, ça. J'imaginais déjà son sourire narquois et le commentaire bien senti qu'il allait très probablement penser. Avec un peu de chance, en rapport avec ma mère.


- Cryokynésie. Vas-y. Jubile.
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Sam 19 Jan 2019 - 19:03
Elle avait beau faire style « tout va bien », je voyais bien qu'elle en menait pas large ma puce. En même temps, elle avait de quoi anticiper hein, vu l'annonce qu'elle venait de me balancer à la gueule. Bordel j'avais toujours de la peine à m'en remettre. Bravo Holli, pour une fois dans notre relation, t'avais réussi à me fermer le caquet, pas à dire, c'était une putain de prouesse de sa part. J'avais jamais le dessus par la force, je laissais ça aux connards qui étaient assez pourris pour taper sur leur meuf et leurs mômes. Chez moi, c'était plus subtil que ça et on le savait tous les deux. C'est ça qui était le plus fou en fin de compte. Elle savait pertinemment qu'elle pourrait jamais m'avoir, que j'allais toujours la retourner comme une crêpe et pourtant, elle arrêtait pas de revenir. Alors soit elle était complètement maso, soit elle m'aimait plus qu'elle me détestait. Ouais, c'était fait pour durer nous deux, qu'elle le veuille ou non, parce qu'elle aurait beau chercher ailleurs, jamais elle aimerait un autre que moi. Jamais elle accepterait ce qui se passe entre nous si ça venait d'un autre mec. Et ça, y avait pas à chier, j'en étais bien conscient. J'avais une putain de chance d'avoir quelqu'un qui m'aimait à ce point et maintenant on était lié pour toujours avec notre fils.

Et elle allait devoir répondre à mes questions là d'ailleurs, parce que j'avais le droit de savoir tout ce qu'elle m'avait caché pendant treize ans putain. La clope au bec, je l'ai fixée sans rien dire alors qu'elle me racontait ce qu'elle avait bien pu lui raconter. A priori, rien. J'arrivais pas à dire si c'était une bonne nouvelle ou pas à vrai dire, mais je savais qu'elle sortait pas cette histoire de tristesse pour rien. Putain, elle voulait faire pleurer dans les chaumières, hein ? Pas que ça me laissait indifférent, mais c'était pas le moment de lui montrer, ça lui aurait trop fait plaisir. Bien sûr que ça me touchait putain, c'était atroce de se dire que le gamin pensait que c'était sa faute et qu'il avait pas osé en reparler. Mais ce qui me faisait vraiment chier, c'est qu'il ait eu des réponses de l'autre salope et de son mari. Encore le padre était pas trop chiant, mais putain je savais parfaitement ce qu'elle avait pu dire la AmyLynn. Je la voyais bien avec son petit tailleur trop serré parce qu'elle avait pas encore réussi à se faire à l'idée qu'elle avait pris du cul, prendre son ton condescendant de merde et balancer toutes ce qu'elle pensait de moi au mioche. Que j'étais un raté, un incapable, une mauvaise influence, qu'elle était bien contente que je sois plus dans la vie de sa fille et que lui, Kenny, manquait rien de pas me connaître. Well, guess what, bitch ? J'étais revenu et j'allais pas me barrer de sitôt.

Rien que de penser à ça, je tirais sur ma clope comme un taré alors qu'elle allait chercher je sais pas quoi. Quand elle est revenue, elle a bien dû voir que ça me pétait les couilles que sa grogniasse de mère ait bavé sur moi, mais j'ai pas eu le temps de m'arrêter là-dessus vu ce qu'elle a posé à côté de moi. J'ai pris la boîte et pour la deuxième fois en moins de dix putain de minutes, j'ai plus réussi à parler. J'arrivais qu'à sourire en revoyant nos gueules de petits cons. Toute la bande réunie putain, ça faisait plaisir à voir. Et ça faisait bizarre aussi. Ça me paraissait tellement loin cette époque où on était tous inséparables, où on vivait les uns sur les autres, où on délirait comme jamais. Mais après le braquage, tout avait foutu le camp et j'avais gardé contact qu'avec Dan. C'était lui qui m'avait appris pour Jim, putain ce que ça m'avait mis un coup. Même des années après, j'arrivais toujours pas à accepter, c'était trop triste putain. J'étais dég de pas avoir pu passer aux funérailles et rien que de penser qu'il y aurait pas grand monde, j'avais chialé des jours. Alors quand elle m'a dit que c'était le deuxième prénom de Kenny, je l'ai même pas regardé, j'ai pris sa main pour l'embrasser rapide.

Un peu plus et elle allait me faire pleurer, j'étais pas mécontent qu'elle embraye sur un autre sujet. J'avoue que j'étais même ultra hilare quand elle m'a avoué que le rascal avait le même pouvoir que le mien. Je l'ai enfin regardé, tout sourire. Ouais, je jubilais, comment ne pas le faire sérieux ! On avait autre chose en commun que les gènes et ça, mais alors ça...


- Oh putain plus tu m'en parles et plus je l'aime ce môme ! Et j'imagine que ta chère daronne ça a bien dû lui faciliter le transit, hein ?

Je lui ai fais un clin d’œil en me marrant et je me suis replongé dans mes souvenirs en reprenant quelques gorgées de scotch. J'aurais pu rester des heures comme ça si mon téléphone avait pas sonné. Merde, Jamie. J'ai coupé le téléphone et je me suis levé en le rangeant dans ma poche.

- Faut que j'y aille, réunion de famille ce soir. Je vais enfin revoir Al et Eili. Rien qu'à cette idée j'ai pas pu m'empêcher de sourire. Ils m'avaient manqué putain. On s'appelle bientôt, ok ?

Elle m'avait pas donné son numéro, mais ça se trouvait. J'ai passé mon blouson, écrasé ma clope après une dernière taf et j'ai posé ma main sur sa hanche pour la tenir contre moi. Juste le temps de lui embrasser le front, j'étais pas sûr que j'avais le droit à plus. J'ai pas fait durer le truc, j'étais à la bourre, alors un dernier clin d’œil à la meuf de ma vie et je me suis taillé. J'crois qu'on avait chacun pas mal de choses à digérer là.
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