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Babe, I'm back !

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Dim 18 Mar 2018 - 23:45
Treize ans. Treize putain d'années que j'avais pas remis les pieds à Edimbourg. Ca faisait un bail, presque la moitié de ma vie. J'avais bougé à gauche à droite, mais c'était ici ma maison. Ici qu'était ma famille et Holli... Jamie était venue m'accueillir à l'aéroport, elle avait pris exprès congé à son boulot pour passer la journée avec moi. On s'était appelé de temps à autre quand j'étais loin, mais de la voir ça faisait du bien après tout ce temps. Elle était plus que ma sœur, elle m'avait quasiment élevé avec Alban et Eilidh. Vu les parents qu'on s'était tapé, je crois que je serais déjà mort si elle avait pas été là pour nous. Elle avait jamais été très d'accord avec mes choix de vie mais elle ne m'avait pas jugé et j'étais assez content de voir que même avec notre enfance de merde, elle s'en était bien sorti. Un mari, deux enfants, un job d'assistante sociale. Tout ce dont elle avait rêvé. Les petit avaient bien réussi aussi et elle avait déjà prévu un dîner pour ma première soirée, histoire qu'on se retrouve tous. Maintenant que nos darons étaient morts, les choses allaient être plus faciles pour nous. Plus besoin de gérer leur bordel, leur manque de camés, leurs overdoses, leur putain d'incapacité à prendre soin de leur quatre gosses. Ouais, les parents de l'année ceux-là. Au moins je savais ce que je ferai pas le jour où j'aurais un gamin.

On était tranquillement en train de causer quand le boulot a appelé pour une urgence. Un cas difficile qu'il fallait gérer et Jamie suivait le dossier de près. Obligée d'y aller. Du coup ça me laissait un peu de temps avant le dîner pour aller faire un tour et je suis descendu en ville avec elle. Rien n'avait changé et en même temps tout. C'était les mêmes odeurs, la même ambiance, mais je reconnaissais plus rien. Fou comme une dizaine d'années ça pouvait transformer une ville. J'avais en tête d'aller dans les quartiers où je zonais avant de partir, mais je savais que si je rencontrais du monde, aucune chance que je sois à l'heure pour le repas. Ni même que je rentre en fait. Du coup je me suis décidé à prendre la direction d'un coin que je connaissais pas vraiment. Pendant au moins vingt minutes j'ai galéré à trouver l'adresse qu'un pote m'avait refilé avant que j'arrive. Ca servait d'avoir toujours des contacts. Surtout quand on voulait retrouver son ex-copine qu'on avait pas vu depuis un certain braquage. Elle vivait dans une rue assez agitée, mais gentiment. Rien à voir avec ce qu'on avait connu à l'époque où on était ensemble.

J'ai sonné et ai attendu qu'on vienne m'ouvrir. La dernière fois qu'on s'était vu, je me cassais alors qu'elle restait plantée là devant les flics, sans rien faire. Pas question que je me laisse choper à cause d'elle. Je me suis barré vite fait et j'ai pas attendu avant de prendre un ticket pour Londres sans même me retourner. J'avais beau l'aimer comme un dingue, j'allais pas faire de la taule pour ses beaux yeux. Tout ça parce qu'elle avait eu des scrupules à utiliser son pouvoir pour pouvoir s'échapper avec moi. Comme je lui en avais voulu à l'époque. Je sais qu'elle a jamais donné mon nom, ça je peux pas nier que c'était plutôt cool de sa part. C'est p'têtre bien pour ça que j'étais là d'ailleurs. Que c'était la première personne à qui j'avais pensé en atterrissant. Même après treize ans, je l'avais toujours dans la peau. Elle s'était infiltrée le jour où elle avait passé la porte du squat où on traînait avec la bande. Avec son uniforme complètement défoncé et sa répartie, elle nous a tous conquis direct, moi surtout. Un coup de foudre bordel ! Je suis pas le mec le plus romantique du monde mais là franchement, je vois pas trop comment appeler ça autrement.

Après ça, on s'était plus quitté d'une semelle. Qu'est-ce qu'on avait pu faire comme conneries ! Ca rendait dingues ses parents. Sa mère surtout. Putain de pimbêche bourgeoise celle-là. Le père était OK, il avait compris que plus il imposait des règles à Holli, plus elle allait les piétiner après leur avoir craché dessus. Mais pour la madre, tout était de ma faute. Bien sûr... Comme si elle avait eu besoin de moi Holli pour avoir envie de liberté. Suffisait de vivre sa vie pour se sentir étouffé et avoir envie de se tailler. Juste pour ne plus avoir à subir cette psychorigide et son balais dans le cul. Je me demandais s'ils avaient encore gardé contact ? Je voyais pas de raisons pour que ce soit le cas, mais en même temps, y en avait pas non plus des masses pour que je vienne toquer à sa porte après treize ans. Enfin si, elle m'avait manqué. Et j'avais bien l'intention de reprendre là où on s'était arrêté, même si j'avais de gros doutes sur le fait qu'elle soit d'accord. Y avait plus qu'à espérer que mon charme légendaire fasse encore effet comme quand on était ado.
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Dim 25 Mar 2018 - 0:17
C'était une Journée de Merde. Avec des majuscules, ouais. Celles qui arrivent de temps en temps et où t'as juste une envie, c'est de rentrer chez toi, te faire couler un bain, prendre un verre de vin et écouter un bon vinyle de Nina Simone. Enfin, je dis Nina Simone, ça, c'est pour moi. Pour les autres, j'sais pas, mais vous voyez le principe. Le problème, c'est que j'avais pas de baignoire, pas de vin, et que ma platine était cassée depuis deux mois sans que puisse mettre la thune pour remplacer le diamant. Quand je dis que c'était une journée de merde...

Ça avait commencé super simplement. Un réveil à la bourre à cause d'une panne de courant dans la nuit. Banal. Mais pour moi qui ait besoin de minimum une heure et un litre de café pour ouvrir les yeux, ça partait mal. Je me suis levée, la gueule collée, mais d'un bond, pour aller réveiller Kenny. En dérapant à moitié sur mes fringues de la veille qui évidemment traînaient par terre, je me suis beigné l'épaule contre le mur, et j'ai fait tomber le cadre photo qui nous montrait, mon gamin et moi, la première fois qu'il avait vu la mer. J'étais pas tellement accros aux bibelots et autre souvenirs -les photos en faisaient partie- mais la bouille qu'il avait sur celle-là était tellement chouette que j'avais voulu l'afficher.

- Merde!

Le juron était sorti tout seul. Si Kenny n'avait pas été réveillé par la succession de bruits, il le serait définitivement par ma voix qui résonna dans tout l'appart. De fait, il émergea, la tête un peu chiffonnée lui aussi.

- Quelle heure il est?

Aucune idée. Quelle heure il était? Me courbant en arrière pour voir l'horloge de la cuisine par l'encadrement de la porte, je jure une seconde fois.

- MERDEUUUUH!

7h31. Aucune chance qu'il soit à l'heure en cours, et moi j'avais déjà une demie heure de retard au boulot. De là, organisation d'urgence. Le temps qu'il s'habille, je lui avais préparé un truc à manger sur la route et envoyé un message à Alex pour le prévenir, et à mon patron pour m'excuser. Un bisou et il descendait déjà les 3 étages pour aller prendre son vélo. Je retourne en catastrophe dans le salon et pousse mon troisième juron depuis que j'ai ouvert les yeux. Le cadre s'est brisé en touchant le sol. Comme si j'avais besoin de sept ans de malheur en plus... Attends, c'est le verre ou les miroirs, les sept ans de malheur? Je me secoue. J'ai pas le temps pour ça. Je saute dans les premières fringues, choppe ma board et une pomme pour contenter mon estomac qui gronde, et me rends au boulot.

Je bouscule dans l'entrée de l'immeuble la petite vieille du rez-de-chaussée, celle qui peut pas me blairer. Je sais que si je la laisse faire, elle va partir pour un sermon de dix minutes, et je pense pas que j'arriverais à me retenir de la tuer si jamais je l'écoute ce matin. Alors je trace. Je zigzague entre les quelques passants du quartier dans la rue à cette heure, me faisant traiter de vandale et de danger public au passage.

A mi-chemin, la board se met à déconner. Sévère. Elle toussote, hurle et perds vitesse et altitude. J'évite de justesse d'atterrir dans les poubelles.Matinée de merde. Le propulseur droit a rendu l'âme. J'étouffe l'expression corsée qui me vient aux lèvres et termine en courant. Une heure de retard. Je m'excuse auprès de mon boss et promet que je rattraperais mes heures. Ma chance, c'est qu'il est réglo. Et là, ça continue à s'enchaîner, comme si la poisse me collait à la peau. Rien ne marche comme je veux, je merde sur une découpe qu'en temps normal je serais capable de faire les yeux fermés. Je m'engueule avec un client sur une broutille. Je n'ai plus de clopes. Et lorsqu'enfin je peux rentrer chez moi, et m'arrêter pour acheter un paquet de tabac en chemin, ma carte de crédit est bloquée. Défaut d'approvisionnement... Vie de merde, fin de mois de merde, tiens. Je finis par dénicher un vieux billet froissé au fond d'une poche, et paie mon tabac. La chance me sourirait-elle, enfin? Après tout, je suis bientôt chez moi. Qu'est-ce qu'il pourrait arriver, maintenant?

Un message fait vibrer mon téléphone. Mon fils qui me prévient qu'il va dormir chez Elizabeth, via le portable de Friedrich, son père, et mon ex par la même occasion. Heureusement qu'il est pas rancunier. Malgré moi, je pousse un soupir de soulagement. Mon môme est un chouette môme, mais après une journée comme ça, je serais contente de me servir un verre et de rouler un joint, et ça, je peux pas le faire si Kenny est là... La poisse m'a enfin abandonnée, semblerait-il... Je respire, enfin.

Quand je rentre dans l'appartement silencieux, je savoure son calme. Sans me presser, je mets l'eau à chauffer, et puis, je ramasse le verre brisé dont je n'avais pas pu m'occuper ce matin. Je pose la photo sur mon lit. Ça attendra que je trouve un autre cadre, tant pis. Pas ce soir. Ce soir, je veux juste être Holli, plus Holli-la-maman-célibataire. Pas me soucier de ce que je vais pouvoir préparer à manger. Pas avoir à vérifier si les devoirs sont faits, la douche prise, l'heure de coucher respectée - faudra que je pense à remercier Friedrich, ça tombait à pic. J'allume la radio, et je vais prendre une douche en chantant à tue-tête. Bordel, ça fait du bien. J'enfile un sarouel confortable et un vieux débardeur délavé, et me roule un pétard, que j'allume avec délice, affalée sur le canap' avec les pieds sur la table basse.

C'est bon, je suis tirée d'affaire. Plus rien ne peux me déranger.

C'était sans compter le destin et son sens de l'humour... Quand la sonnette retentit, je ne me méfie pas, persuadée d'avoir assez morflé pour la journée. Je pose mon joint, et vais ouvrir. J'ai même un sourire sur le visage.

Il se fige bien vite en découvrant qui se tient de l'autre côté de la porte. Un fantôme. Mon coeur loupe un battement, deux, trois. Peut-être bien qu'il s'est arrêté pour de bon. En un sens, ça m'arrangerait. Je reste figée deux, trois secondes, sans rien dire, mes yeux fixés dans les siens. La surprise la plus totale. Un putain de fantôme, vous dis-je.

Parce que le mec qui sonne à ma porte, là, c'est le mec qui m'a abandonné y'a treize ans, L'enfoiré qui s'est tiré et m'a laissé me faire chopper par les flics. Le connard pour qui j'aurais tout donné, et qui s'est barré comme un lâche dès que la situation à dégénéré, en me brisant le coeur au passage. Le père de Kenny.

Darren.

Je claque la porte pour la lui refermer au nez. Un réflexe. Et un plutôt bon, d'après la petite partie de mon cerveau qui arrive encore a fonctionner correctement, celle qui n'est pas submergée par les souvenirs, la colère, le ressentiment. Je m'adosse à la porte, une main devant la bouche. Je ferme les yeux, très fort. Puis je crie au travers du bois.


- Fous-le camp!
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Dim 25 Mar 2018 - 19:37
Adossé au chambranle de la porte, je me suis allumé une clope en attendant qu'elle vienne m'ouvrir. Je me demandais si elle avait changé en treize ans, si elle avait arrêté les conneries, si elle s'était assagi. Sûrement que non. La connaissant, elle devait toujours être aussi déjantée et tête brûlée. A l'époque personne n'arrivait à lui imposer quoique ce soit et elle n'en faisait qu'à sa tête. Elle se faisait respecter alors qu'elle était une ado à peine haute comme trois pommes. Ce qui était cool, c'est que généralement on avait les mêmes idées donc ça ne posait pas de problèmes entre nous. C'est bien pour ça que ça avait collé aussi longtemps d'ailleurs, parce qu'on était sur la même longueur d'ondes. Ou en tout cas c'est ce que je pensais jusqu'à notre dernier braquage. Putain de merdier ce coup-là. Pourtant on avait tout planifié comme d'hab, mais à croire qu'on s'était fait baiser. En tout cas après ça, je l'avais plus jamais contactée, c'était mieux de laisser ce bordel derrière moi et de faire profil bas un moment. Après tout ce temps, il devait y avoir prescription et je ne pensais pas qu'elle me donnerait si je réapparaissais dans sa vie. Alors autant aller la voir.

J'ai entendu des pas derrière la porte et je me suis reculé en tirant sur ma clope. Elle a ouvert avec un grand sourire qui s'est vite fait la malle avant de me fixer sans rien dire. Elle avait l'air vachement surprise de me voir, mais je pouvais pas trop la blâmer pour ça. Moi aussi j'aurais été le cul par terre de me voir débarquer comme une putain de fleur après une douzaine d'années sans nouvelles. Elle était complètement déconnectée, presque comme les gens en état de choc qu'on voyait parfois au journal. J'ai hésité à lui passer une main devant les yeux pour être sûr qu'elle avait pas complètement décroché. P'têtre qu'elle avait pris un truc un peu trop fort ? Mais au final je lui ai souri, de ce sourire qui la faisait fondre à l'époque, et j'ai pris une nouvelle taffe.


- Salut ma puce.

J'ai pas vraiment eu le temps de dire autre chose qu'elle me claquait la porte au nez sans un mot. Et là, j'ai explosé de rire. J'ai pas pu m'en empêcher. Après tout ce temps, elle était resté la même putain. La Ash de la bande, volcanique, qui s'embrasait comme de rien dans tous les sens du terme. Celle qui avait pas peur de ruer dans les brancards et de gueuler. Et ça s'est confirmé quand elle m'a « gentiment » demandé de partir. Alors là Holli, s'était mal me connaître. J'avais pas galéré pendant treize ans en pensant à elle pour m'en aller si près du but. Après tout ce qu'on avait vécu, elle pouvait bien me faire entrer. J'ai toqué à nouveau et je lui ai parlé d'une voix douce, celle que j'utilisais déjà à l'époque pour me faire pardonner quand elle estimait que j'avais déconné.

- Allez Holli, ouvre... Je suis revenu aujourd'hui, j'avais envie de te voir. Petit silence. Tu m'as manqué.

Ce qui était pas faux en fait. J'avais jamais pu retrouver une nana comme elle. Toujours partante pour tout, téméraire, qui n'avait d'yeux que pour moi. Et une déesse au pieu putain... Ouais, ça pour sûr que ça m'avait manqué. Pas que j'aie été un moine hein, mais c'était pas pareil. Aucune miss ne lui était arrivé à la cheville dans aucun domaine. En même temps y en avait aucune que j'avais aimé comme elle. Pas pour rien que j'avais pas fait recouvrir le tatouage qui nous symbolisait. Et d'après ce que j'avais entre-aperçu, elle non plus. A croire qu'elle m'avait elle aussi toujours dans la peau malgré ces retrouvailles mitigées.

La fin de notre histoire, c'était moche, c'est pas comme ça que je voyais notre futur ensemble. Je pensais qu'on se ferait un max de thunes, assez pour se mettre au frais pour un bon moment. Se barrer dans une Arche du Sud, s'acheter une baraque au bord d'un lac et passer notre temps à fumer, boire, rire et baiser. Tout ce qu'on faisait si bien ensemble. Mais il avait fallu que Mademoiselle se prenne de scrupules tout à coup. Putain comme si elle le maîtrisait pas son pouvoir ! Comme si elle n'aurait pas pu foutre le feu à un truc quelconque pour faire diversion et les empêcher de passer pendant que nous on se carapatait ! J'avais aucune idée de ce qui lui était passé par la tête à ce moment-là. Elle avait freezé, comme maintenant et ça... Ca j'arrivais pas à le comprendre. C'était pas la Holli que je connaissais, celle qui n'avait peur de rien. Et je lui en voulais d'une force putain. Elle avait foutu en l'air notre histoire, notre avenir. Tout ça parce qu'elle avait eu peur au pire des moments.
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Mar 3 Avr 2018 - 0:04
Honnêtement, je ne sais pas quoi faire. Une partie de moi se demande combien de temps je peux rester cachée ici, derrière la porte, à attendre qu'il se barre. Et surtout, combien de temps il tiendra avant de laisser tomber. Disons que Darren, c'est pas tellement le type à laisser tomber comme ça, en haussant les épaules. Il était plutôt du genre doberman, à chopper sa proie à la gorge et à ne pas lâcher jusqu'à ce qu'il ait obtenu ce qu'il voulait. Il obtenait toujours ce qu'il voulait. Suivant cette logique, à quoi ça servait que je résiste? Autant lui ouvrir la porte en grand, non?

Je me fous une baffe mentale, et je suis à deux doigts de m'en foutre une vraie, juste pour être sûre. Nan mais il croyait quoi? Qu'il n'avait qu'à se pointer comme une fleur, la clope au bec et son sourire aux lèvres, et que je lui ouvrirais les bras bien grand? Putain, ouais, c'est ce qu'il croyait, manifestement. Je l'entends rire derrière la porte. Foutu enfoiré, il se fout de ma gueule, en plus? Je me retourne et fout un coup sur la porte, juste pour qu'il arrête. Qu'il se taise. Et alors, peut-être que je pourrais faire comme s'il était pas là. Comme si j'avais juste halluciné. Ma vie pourra reprendre son cours, et quand Kenny rentrera, tout...

Oh putain de merde.

Kenny.

J'ose même pas imaginer ce qui se serait passé si Kenny avait été là. S'il avait ouvert la porte, et était tombé nez-à-nez avec Darren. Il aurait pas pigé, le gamin, il aurait juste vu mon état et ça l'aurait fait flipper. Mais Darren, lui, il aurait compris. Malheureusement pour moi, il avait jamais été la moitié d'un con. Ni même le quart, à vrai dire. Il aurait vite fait le calcul, et de là, le lien...

Je jette un regard paniqué sur mon appart. Sur les preuves qu'un gamin de 13 ans habite ici. Dans le couloir, mon connard de lâche d'ex prend sa voix suave. Il me connaît, l'enfoiré. Il sait que j'ai été folle de lui. Que j'aurais tout fait. Il le sait, et il en joue. Mais j'ai changé, maintenant. Je ne suis plus la gamine qu'il a rencontré, l'ado qui a fait mille conneries en sa compagnie. Je suis adulte, j'ai construit ma vie et mon foyer sans lui, et je m'en suis plutôt bien tiré. Il n'a plus aucun pouvoir sur moi.

Plus aucun? Je me mens à moi-même. Si c'était le cas, pourquoi son retour m'affecterait autant? Et surtout, pourquoi mon cœur se met à battre à tout rompre quand il me dit que je lui ai manqué? Je me déteste. Viscéralement. Parce qu'une partie de moi, celle qui réfléchit, sait que je vais finir par céder. Parce que je cède toujours. Parce que je ne sais pas me tenir hors des ennuis. Je suis comme ça.

Je serre les mâchoires. On dit qu'au moment de mourir, on voit toute notre vie défiler devant nos yeux. Ben je dois être près de la crise cardiaque, parce que je vois, dans une succession sans queue ni tête, une enfilade moments passés avec lui. Notre rencontre, nos rires, nos beuveries, nos moments d'adrénaline, aussi. Comment avait-il pu me faire ça? Comment avait-il pu me laisser tomber? S'il était resté avec moi, on s'en serait sortis. On s'en sortait toujours. Il aurait maîtrisé celui qui me braquait de son flingue, je me serais occupé de l'autre. On se serait barré, avec la moitié du butin, mais en riant comme des cons. Je frappe de nouveau la porte, avec force. Je lui en voulais, tellement.

De l'appart d'à-côté, le voisin tambourine au mur, en m'insultant dans je ne sais quelle langue slave. Il doit trouver que je suis trop bruyante. Parce qu'après tout, lui, il s'en fout que je me retrouve en pleine crise de nerf parce qu'un fantôme est venu toquer à ma porte.

Je sors une clope que j'allume d'une main tremblante, de colère ou d'émotion. Puis je récupère les fringues qui sèchent, et le calendrier qui porte, bien en vue, la mention "Dentiste Kenny". Le trophée de football qui squatte la commode du couloir. La paire de baskets à crampons. Méthodiquement, je pose tout ça dans la chambre de Kenny, espérant n'avoir rien oublié, et je ferme la porte à clé.

Je tire sur ma clope, et la cendre tombe par terre. Tant pis. Je nettoierais en même temps que les morceaux de ma vie qui va pas tarder à tomber en miette. Et, alors qu'une petite voix dans ma tête m'insulte copieusement, j'ouvre la porte, laissant la chaîne.

Après une inspiration, je lève les yeux et croise son regard. J'aurais envie de hurler. De toute casser, de l'insulter. De faire quelque chose de terrible. Tout ce que je vois dans ses yeux…

A la place, je m'entends demander, d'une voix presque calme:


- Je suppose que tu ne partiras pas, de toute manière?

Et comme je sais qu'il va répondre par la négative, parce que je le connais, j'ouvre la porte.
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Mar 3 Avr 2018 - 9:07
Elle avait pas l'air ravie de me voir débarquer à sa porte tout sourire. Je pouvais pas vraiment la blâmer, je lui avais pas donné des nouvelles depuis tellement de temps qu'elle m'avait sûrement effacé de sa vie. Et pourtant... Et pourtant j'étais bien là et rien ne semblait avoir changé. Je la faisais tourner en bourrique, elle s'énervait, je m'excusais et elle cédait. C'était un schéma qu'on avait l'habitude de pratiquer à l'époque et qui m'avait toujours réussi. Là elle était dans sa phase « Je t'emmerde pauvre con ». Y avait qu'à voir le coup qu'elle avait frappé à la porte quand j'avais éclaté de rire. Mais au lieu de me calmer, je suis reparti de plus belle, alors j'ai mordu mon poing pour pas qu'elle m'entende. La connaissant, elle aurait pu ouvrir la porte rien que pour me rôtir la gueule. Putain ça faisait du bien de la retrouver elle et son tempérament de feu ! Même si là elle disait pas grand chose. En même temps ça devait tourner à toute vitesse dans sa tête pour savoir si elle allait me laisser entrer ou pas. Franchement, moi aussi j'étais un peu stressé de la retrouver, même si je le montrais pas. En tout cas ça expliquait son silence.

Mon beau discours a pas eu l'air de faire grand effet, à part un nouveau coup sur la porte. Fallait espérer qu'elle soit solide parce qu'à ce rythme-là elle allait la défoncer dans pas longtemps ! Et voilà le connard de voisin qui s'y mettait maintenant. Pouvait pas laisser les gens se retrouver tranquille non ? Surtout qu'il faisait plus de bruit que ma puce en braillant comme un porc à travers la cloison. Tout l'immeuble pouvait l'entendre. Tu parles d'un exemple à suivre... Mais du côté d'Holli, toujours rien. J'entendais du bruit à travers le panneau de bois, mais aucune idée de ce qu'elle pouvait bien foutre là-dedans. J'allais toquer à nouveau quand elle a ouvert la porte en laissant la chaîne. Par sûreté ? Elle me connaissait bien. J'aurais été capable de débouler dans l'appart qu'elle le veuille ou non. Elle a pris une inspiration et m'a regardé dans les yeux alors que je lui souriais toujours, les deux en train de fumer, et elle m'a enfin parlé. J'ai encore éclaté de rire et je lui ai répondu sur un ton amusé.


- Y a peu de chances.

Ouais, elle me connaissait bien. Si bien qu'elle a refermé la porte et l'a rouverte pour me laisser passer. Je suis entré en la frôlant au passage, si près que j'aurais pu la toucher si j'avais fait un petit écart sur le côté. Mais moi aussi j'étais familier avec la miss et je savais que là elle n'aurait pas hésité à me foutre dehors. Alors je me suis contenté de me diriger vers le salon et de m'asseoir sur le canapé, devant la table basse où trônait un cône encore fumant.

- Jamie te passe le bonjour.

Bon, c'était pas vraiment vrai, rapport qu'elle savait pas que j'allais rendre visite à Holli. Mais elle l'avait toujours bien aimé et s'entendait vachement bien avec elle. Du coup je partais du principe qu'elle l'aurait saluée si elle avait su que j'étais venu la voir. Elle était pas stupide, elle se doutait bien que ça serait un des premiers trucs que j'allais faire en revenant à Edimbourg. Mais c'était barge comme ma famille l'avait accueillie les bras ouverts alors que la sienne voulait voir ma tête sur une pique. Rien que de penser à sa garce de mère, ça me mettait en rogne, alors j'ai préféré me concentrer sur elle. Je l'ai dévisagée des pieds à la tête. Elle avait pas changé. Toujours aussi belle avec ce regard flamboyant. J'ai tiré une taffe sur ma clope et j'ai entamé la conversation.

- Ca fait plaisir de te voir. T'as l'air en forme ma puce.

C'était un réflexe de l'appeler comme ça. Même après tout ce temps putain, elle restait ma puce. La femme que j'avais aimé comme un taré et que j'avais jamais oublié. La voir devant moi ça avait quelque chose d'irréel. J'aurais voulu la toucher, la prendre dans mes bras, l'embrasser. Mais là c'était l'aller direct pour les urgences avec brûlures au troisième degré. Autant j'étais à l'aise de débarquer comme ça après une douzaine d'années, autant j'étais conscient de ses limites à elle. Fallait pas pousser mais plutôt la jouer finaude si je voulais sortir d'ici sans trop de dégâts. Bon, j'avais toujours eu le dessus en ce qui concernait nos dons respectifs, alors j'étais pas franchement inquiet de ce qu'elle pourrait me faire. N'empêche, elle avait eu le temps de s'améliorer, alors j'avais intérêt à rester prudent sur ce coup. Je me suis contenté de continuer à fumer en attendant qu'elle me réponde. Ou qu'elle m'envoie un truc à la gueule.
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Mer 4 Avr 2018 - 16:56
Il éclate de rire. C'est un jeu pour lui? Voir à quelle vitesse il arrive à me faire craquer? 500 points si je l'ignore, 1000 si je l'insulte, 5000 si je le frappe? Je lui jette un regard noir, les mâchoires tellement contractées que j'ai l'impression que je vais les briser. Je tire sur ma clope, comme si ma vie en dépendait, et je le laisse rentrer, avec la très nette sensation de faire une connerie monumentale, mais que je ne pourrais pas empêcher même avec toute la volonté du monde.

Vous croyez à la destinée, vous? Moi non. Jusqu'à ce que je le rencontre, lui. A ce moment, j'ai commencé à croire au concept d'âme sœurs. Au fait que, peut-être, j'avais rencontré la mienne. C'est ce qui avait rendu son abandon encore plus déchirant. Je ne m'y serais jamais attendu. On avait eu beau me prévenir, qu'un type comme ça on pouvait pas compter dessus... Je les avais envoyé chier. Je l'aimais. Il m'aimait. On vivait une histoire fantastique, et rien ne pourrait venir gâcher notre folle aventure. Tu parles. Il avait suffit d'un casse qui avait mal tourné.

Depuis, j'avais envoyé chier la destinée. Mais avec ce retour imprévisible, elle se rappelait gentiment à moi, avec un gros doigt d'honneur et un sourire narquois en prime. Merci, hein. Je retiens.

Il me frôle et ma respiration se coupe, automatiquement. Un réflexe. Comme si, si j'arrêtais de respirer, il ne pourrais plus me voir. Pas me dévorer vivante, corps et âme. Ou peut-être que ça allait me réveiller. Parce qu'au fond, même si je commençais sérieusement à en douter vu la réalité du bouzin, j'espérais que je m'étais endormie comme une masse sur le canapé. Je me réveillerais probablement en pleurant de rage, mais c'était mieux que de me mettre à pleurer devant lui. Je lui ferais pas ce plaisir.

Il passe devant moi et va directement au salon, sans un regard pour le reste de l'appart. Tant mieux. Il se pose sur le canapé, et toute la pièce à l'air de lui appartenir. Je haïssais cette confiance en lui qu'il avait systématiquement, et que moi j'avais feint toute ma vie. A le voir là, le cul posé sur mon sofa, sa clope aux lèvres, tout semblait tellement... normal. Comme s'il avait passé les treize dernière années à Edimbourg, avec moi. Je m'attendais presque à le voir allumer la télé, poser ses pieds sur la table basse et me demander ce que j'avais prévu de faire à bouffer.

Je me secoue intérieurement : il n'y a rien de normal là-dedans. Pense à la vie qui aurait été la tienne. A Kenny élevé dans un squat, avec deux parents défoncés du matin au soir. A l'alcool que t'aurais avalé pour te réchauffer en hiver, pendant que tu faisais la manche pour avoir de quoi soigner ton môme qui avait une pneumonie. Au minuscule cercueil que t'aurais dû enterrer parce que t'aurais pas été capable de t'occuper d'un gamin qui avait pas demandé à naître avec de tels déchets pour parents.
Putain, je me fous la trouille rien que d'imaginer. J'ai un frisson. Rien de tel qu'un scénario catastrophe pour se remettre d'aplomb. Je termine ma clope, et l'écrase dans ma main, rageusement, alors qu'il me transmet les salutations de sa sœur. Bien joué. J'avais beaucoup de respect et d'admiration pour Jamie. Elle avait été comme une mère pour lui et les autres. Une nana bien, que j'appréciais beaucoup... et que je n'avais évidemment pas vue depuis la fuite de Darren. Trop honte. Et puis je leurs aurais dit quoi? Que leur frangin c'était tiré en me laissant croupir en taule, qu'ils avaient un neveu qui avait passé ses premiers mois d'existence avec ses grands-parents, parce que sa mère avait été condamnée pour incendie criminelle et que les associations anti-prodiges lui chiait à la gueule? J'avais coupé les ponts avec cette vie-là, essayant de reconstruire la mienne, déjà.

Mais je ne laisserais pas cette mention à Jamie me mettre dans de meilleures dispositions.


- C'est bien, y'a au moins quelqu'un à Edimbourg à qui t'as donné des nouvelles.

En réalité, je ne sais pas comment j'aurais réagi s'il m'en avait donné, des nouvelles. J'aime me dire que je l'aurais envoyé se faire foutre, mais connaissant l'emprise qu'il avait sur moi, et les sentiments que j'avais pour lui, probable qu'à ma sortie de taule, ça aurait recommencé comme avant. Enfin... si j'avais pas été enceinte. Parce que, j'avais beau n'avoir d'yeux que pour lui, je savais parfaitement qu'il aurait foutu le camp devant la responsabilité d'un gosse. Vu les parents qu'il s'était tapé, peu de chance qu'il ait envie de risquer de reproduire les mêmes erreurs... Ou... peut-être pas? Bordel, Ash, ressaisis-toi.

Il me regarde. Me détaille. Qu'est-ce qu'il se passe, Darren, tu mesures les effets du temps sur ton trophée? Tu comptes les rides, les kilos en plus?

Il commence à parler. Tu déconnes, là? Tu m'as pris pour la boulangère?


- Tu veux pas qu'on parle du temps qu'il fait, tant qu'on y est?

Nan mais on nageait en plein délire. Le mec disparaît plus d'une décennie qu'il avait probablement passé à se droguer dans des squats ou à servir d'homme de main à des barons du crimes ou du sexe dans les capitales du monde, et là il se repointe, se pose sur mon canap' et me fait la discussion. Je secoue la tête.

- Et je suis plus ta puce.

Je le regarde à mon tour. J'aurais aimé me dire que je ne comprenais pas ce que je lui avais trouvé à l'époque. Me rendre compte que j'avais oublié son visage ou que je l'avais embelli dans mes souvenirs. Lui découvrir un strabisme, un nez crochu. Quelque chose, putain. Mais non, il était toujours le même. Pour mon plus grand malheur. Pour éviter de le regarder trop longuement, et de me perdre à mon propre jeu, je vais droit jusqu'au meuble télé, dont je sors ma bouteille de scotch bon marché. Je l'ouvre et m'en enfile une rasade, à même le goulot.

Je repose la bouteille et mes yeux reviennent sur Darren. C'est plus fort que moi. Et alors que l'alcool me brûle la gorge, je renonce définitivement à l'hypothèse du rêve. Je me penche et récupère mon matos sur la table basse, pour me rouler une autre clope. Me faudra bien ça.


- Qu'est-ce que tu veux, Darren?
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Ven 6 Avr 2018 - 14:18
Ca faisait pas trentes secondes que j'étais posé et je me sentais déjà à l'aise chez elle. Une main posée sur l'accoudoir, l'autre sur le dossier du canap', je la scrutais avec attention, la clope au bec, une cheville posée sur un genou. Je savais pas trop où ça allait nous mener ces retrouvailles, mais je laissais rien paraître, comme d'habitude. J'avais toujours confiance en moi et si c'était pas le cas, il suffisait que je fasse comme si et le tour était joué. Holli, elle, c'était pas la reine pour cacher ses sentiments. Un vrai livre ouvert. Une nana entière, ça oui et c'était bien pour ça que j'étais tombé raide dingue d'elle dès la première rencontre. Mais malheureusement pour elle, ça permettait aux autres de savoir ce qui se passait dans sa caboche et là je pouvais mettre ma main à couper qu'elle luttait de toutes ses forces entre sa rage et ses sentiments pour moi. D'ailleurs il suffisait de voir comment elle avait éteint sa clope en la réduisant en un petit tas de cendres. J'avais toujours aimé la voir faire ce genre de trucs, c'était tellement dans son caractère de brûler ce qui lui passait sous la main. Et puis ça en jettait aussi ! Une p'tite miss comme elle qui pouvait s'enflammer comme de rien, dans tous les sens du terme. Ouais... elle m'avait manqué putain. Elle et son sale caractère qui rendait notre relation tellement explosive et imprévisible. Qu'est-ce qu'on était bien ensemble, fait l'un pour l'autre. Je croyais pas à ses conneries mais fallait dire qu'on avait eu de la chance de se trouver. Et maintenant on en avait une seconde.

J'ai pas pu m'empêcher de rire et de lever les sourcils d'un air étonné quand elle m'a répondu. Toujours cette répartie qui rabattait le caquet à la plupart des gens. Mais j'en avais plus qu'elle.


- A parce que tu aurais voulu que je t'en donne ?

Franchement, je voyais pas trop ce que ça aurait changé de le faire. Moi je devais me mettre à l'ombre et elle, elle devait sûrement faire profil bas aussi. Pourquoi risquer de la contacter ? Et puis après le coup qu'elle m'avait fait, j'avais pas envie. J'étais furieux de sa lâcheté, qu'elle ait foutu en l'air tous nos plans, notre avenir à deux. Ca m'as mis un moment à passer outre et à réaliser que j'arrivais pas à me la sortir de la tête. Et pourtant j'ai essayé putain ! Drogues, meufs, alcool, coups fourrés. Rien n'a réussi à la remplacer. Alors c'était logique au final que je débarque, même si elle avait l'air de m'en vouloir à mort et prête à tout péter. Et qu'elle faisait aucun effort pour me faciliter la tâche. Fallait pourtant bien commencer quelque part, alors pourquoi pas par un compliment ? En plus j'étais sincère. Mais elle avait pas l'air de vouloir baisser sa garde pour l'instant, alors j'ai rien dit et j'ai tiré sur ma clope en la regardant, à deux doigts d'éclater de rire.

Je me suis retenu, encore une fois et je l'ai écouté me dire qu'elle n'était plus ma puce. Ce qu'elle comprenait pas, c'est qu'elle le serait toujours. Comme moi je serais toujours babe à ses yeux. Son premier amour. Y avait des trucs qui s'effaçaient pas, même avec le temps et j'ai coulé un regard vers son poignet, un sourire en coin, avant de la regarder droit dans les yeux. Son tatouage était intact, elle l'avait pas fait enlever, elle l'avait pas recouvert. Et après elle voulait me faire croire qu'elle était plus ma puce comme quand on passait nos journées ensemble sans se lâcher une seconde ? Ouais, bien sûr... J'ai pas pu m'empêcher de la renvoyer à la réalité.


- Je vois ça.

Et je voyais aussi que mon retour la faisait complètement partir en vrille vu qu'elle s'était mise à siffler une bouteille de scotch à même le goulot. Je savais que j'avais toujours eu de l'effet sur elle, mais là c'était une première ! Elle était complètement sur les nerfs et récupérait déjà de quoi se rouler une autre clope alors que je finissais tranquillement la mienne. Au moment où elle tendait la main vers la table basse, je me penchais pour tapoter ma tige au-dessus du cendar. Nos doigts se sont touchés, une fraction de seconde, juste assez pour que je me rappelle la douceur de sa peau et tous les bons moments que j'avais passé à la caresser en long, en large et en travers... Je lui ai lancé un regard qui en disait long sur tout : moi, elle, nous. Et puis j'ai continué sur un trait d'humour en la voyant si agitée.

- Tu devrais rallumer ton joint, ça serait plus efficace.

Non parce que vu son tempérament, manquerait plus qu'elle foute le feu à la baraque sous le coup d'une forte émotion ! A moins que ce ne soit de la peur qu'elle ressente, dans ces cas-là je savais qu'elle ne bougerait pas.

Quand elle m'a posé sa dernière question, je suis resté un moment à la fixer en fumant en silence, en réfléchissant à ce que j'allais lui répondre. Autant dire la vérité pour le coup.


- Je voulais te voir. Je te l'ai dit ma puce, tu m'as manqué.

Et ça, j'avais beau être difficile à lire, elle savait que c'était vrai. J'avais repris une expression un peu plus sérieuse et je ne rigolais plus du tout. Je la regardais intensément en changeant de position et en m'avançant au bord du canapé, éteignant ma clope au passage. J'ai joint mes mains, les coudes posés sur les genoux en attendant qu'elle réagisse. Ou qu'elle me propose un verre tiens, ça serait pas de refus. Y avait pas qu'elle qui en avait besoin, on était deux à se retrouver après s'être quitté dans des circonstances pas du tout agréables.
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Dim 8 Avr 2018 - 0:03
Je déteste quand il me met face à mes propres incohérences. Non, je n'aurais pas voulu de ses nouvelles. Ou peut-être que si? Moi-même, je n'en savais rien. Peut-être qu'il y avait une explication simple. Un détail que j'avais oublié. Peut-être que c'était normal qu'il se tire comme il l'avait fait, qu'on l'avait prévu. Peut-être que c'était ma faute, après tout...? Je me secoue, une fois de plus. Je déteste qu'il arrive à me mettre dans de tels états, à me faire douter de moi et de ce que je sais. Il s'est tiré et m'a laissé face aux flics. Y'avait rien d'autres à dire. C'était un lâche doublé d'un beau salaud. Le côté enfoiré, j'étais plutôt au courant, c'était même quelque chose qui m'attirait, en fait. Ma période rebelle-bad boys, tout ça. Mais lâche? J'aurais pas pensé.

Il continue sur sa lancée avec une petite phrase, trois mots minuscules, mais qui me mettent hors de moi. Il regarde mon poignet et à ce petit sourire qui le caractérise. Cette suffisance. Je lui arracherais bien du visage, son sourire à la con. Seulement, il avait raison. Même si je ne supportais ça. Il s'est pas passé une semaine de ma vie sans que je pense à lui d'une manière ou d'une autre. J'ai jamais réussi ni à l'oublier, ni à laisser derrière moi cette période de ma vie. Le phénix blanc, sur ma peau mate, en était le témoin. Je n'avais même jamais pensé à le faire recouvrir. C'était une idée qui ne m'était jamais venu en tête. Si c'était pas une preuve, ça... Ce phénix faisait partie de moi, et de nous. Il avait -avait eu?- le même sur l'omoplate. Un symbole fort : le feu et la glace... J'aimerais me dire que si ce tatouage est toujours là, c'est parce que je m'assume en tant qu'individualité, que j'assume mes erreurs, ou pour me rappeler de mon passé et pas recommencer. Ce genre de connerie hipster bobo hippie bien pensant. La vérité, c'est que même après 13 ans sans le voir, il prend encore une place monstrueuse dans mon cœur. Darren était la raison pour laquelle j'étais seule aujourd'hui. Au début je m'étais menti. Je pensais être passé à autre chose, au bout d'un moment. Alors j'avais essayé de voir des types. Entre ceux qui ne s'intéressaient qu'à la pyromane givrée que les journaux avaient fait de moi, ceux qui fuyaient en apprenant que j'avais un petit garçon et ceux qui simplement ne convenaient pas...

Et puis il y avait eu Jake. Mon ami d'enfance... Mon meilleur ami, en fait. Qui m'avait vu m'éloigner à quinze ans sans comprendre et sans pouvoir rien faire. Il m'avait retrouvé à vingt-trois ans. Et un temps, j'avais cru que ça marcherait. Il avait les qualités du "boyfriend idéal". Il était intelligent, bosseur. Adorable avec Kenny. Il me faisait rire. Les choses étaient naturelles. Calmes. J'avais besoin de ça, après avoir galéré. Après avoir essuyé le regard des passants, la méfiance des employeurs et des propriétaires. On était bien. Et puis... et puis au bout d'un an, un an et demie, il m'avait demandé de l'épouser. J'avait dit non. Et ma seule raison de refuser ce futur qui semblait fait pour plaire, c'était juste cette chose, toute conne. Jake n'était pas Darren. Aucun d'entre eux n'était Darren. Et c'était pour ça que ça n'avait pas pu coller avec Friedrich non plus. Je l'adorais... mais il n'était pas... mon âme soeur.

Et c'est à ce moment-là que je m'étais rendue compte que le mec le plus parfait ne pourrait jamais le remplacer. Que je l'avais craint surtout. Je me disais qu'il me fallait du temps. Qu'on effaçait pas une histoire si forte en quelques années. Alors j'avais attendu. Et ça paraissait bien parti, jusqu'à ce qu'il se repointe. Parce qu'à le voir là, devant moi, je réalise mon erreur : il a toujours été dans un coin de mon cœur, à attendre son heure. Et j'ai beau le détester pour ce qu'il m'a fait, je l'aime. Je l'aime parce que notre relation a été puissante. Parce qu'il m'a donné Kenny. Et parce qu'il a été le premier, il serait le dernier. J'étais trop entière pour que ça se passe autrement. Là voilà, ma foutue âme soeur. Mais pour le moment, j'étais à deux doigts de lui incinérer la gueule.

Je déteste avoir tort.

Mon regard retombe un instant sur la bouteille d'alcool. Bordel, je vais pas non plus virer alcoolique à cause de lui, si? Secoue-toi, ma fille! Ne le laisse pas t'atteindre... Ouais, enfin, pour ça, trop tard, et il lisait tellement facilement en moi qu'il s'en était probablement rendu compte dès le moment où j'avais ouvert la porte.

Et quand nos doigts se rencontrent, par hasard, ou parce que c'était comme ça que ça devait se faire, je sens de nouveau ces picotements. Ceux qui m'avaient électrisée à notre première rencontre. Mais cette fois, je retire ma main aussi vite que si je m'étais brûlée... enfin, j'imagine, à vrai dire, je ne sais pas ce que ça fait, de se brûler les doigts... Mes yeux rencontrent les siens, et j'ai l'impression d'être un lapin perdu devant les phares d'une voiture. Mon cœur accélère. Je sais ce que ses yeux me disent. "On était bien". "Pourquoi tu veux gâcher ça". "Tu sais que tu en as envie."

Je récupère mon tabac et me roule une clope, ignorant délibérément son commentaire sur mon joint. Parce qu'il serait capable de me le taxer après. Et que je dirais oui. Ça transformerait ces retrouvailles électriques en une simple dispute de couple. Et c'était bien plus que ça. C'était de ma vie qu'on parlait. Du fait que j'avais pris trois ans de taule. Que ça avait transformé toute mon existence. C'était pas une engueulade pour savoir pourquoi j'avais plus de tabac ou pour insister sur l'importance d'avoir le gaz dans un appartement pour avoir accès à de l'eau chaude. Ce casse avait foutu ma vie en l'air. Alors, on était d'accord que je m'étais démerdée toute seule pour les charges d'incendie criminel et de violence à l'encontre d'un agent, mais rien ne serait arrivé s'il ne s'était pas tiré. Ou peut-être que si, mais on aurait plongé ensemble. Comme le couple de criminels qu'on était, putain.

Je sens ma rage monter. Et comme d'habitude, ma température corporelle augmente. J'avais beau maîtriser bien mieux mon pouvoir, il résistait rarement à ma colère. Et là, il me balance la phrase de trop. Je lui ais manqué? La belle affaire. Le pire, c'était que je sentais que c'était vrai. Et c'était le pire parce que j'aurais pu comprendre un silence de 13 ans s'il en avait rien eu à foutre. Qu'il revienne pour me soutirer du fric, me faire chanter, tenter de crécher chez moi. J'aurais compris. Enfin, non, mais disons que ça aurait eu du sens. Là? Avouer qu'il avait pensé à moi, que je lui avais manqué, et pourtant avoir attendu si longtemps? C'était ridicule. Il n'avait pas le droit.


- Je t'ai manqué?

Je me mets à rire. D'un rire sans joie, plutôt atterré parce que qu'il est en train de me raconter. Je répète lentement, comme pour imprimer ses mots dans mon crâne. Il n'avait pas le droit de revenir après m'avoir lâchée comme il l'avait fait, sous la simple excuse que je lui avais manqué. Pas le droit de se pointer comme une fleur, sans raison, comme s'il était juste parti en vacances. Pas le droit de faire comme s'il ne s'était rien passé. De me montrer que j'avais encore une place dans son cœur. Pas maintenant. Pas après 13 ans. Je recommence à rire, mécanique.

- Je t'ai manqué. Putain, tu sais quoi, va te faire foutre, Darren.

Mon regard n'est pas moins intense alors que j'allume ma clope en dressant mon majeur.
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Dim 8 Avr 2018 - 19:05
Les regards rageurs qu'elle me lançait ne me faisaient ni chaud ni froid. C'était mignon de la voir fulminer, perdre ses moyens. Je lui avais coupé la chique et elle n'avait pas su répondre à ce que je lui avais dit. Mais vu comment elle m'avait fixé après lui avoir fait remarquer qu'elle ne m'avait pas oublié, elle était sûrement à deux doigts de me foutre le feu. C'était ça de se prendre la vérité en pleine gueule ma puce. J'avais raison et elle en était parfaitement consciente. Elle avait même l'air prête à reprendre une bonne gorgée de scotch, toujours sans m'en proposer. Sa mère n'aurait sûrement pas apprécié ce manque de bonne manière ! En même temps, on l'emmerdait sa mère. Même si je devais avouer que sans son éducation stricte à la con, Holli n'aurait sûrement pas viré comme elle l'avait fait. Peut-être qu'un jour je devrais la remercier la vieille grenouille de bénitier ? Ouais, un beau bouquet de fleurs à l'occase... Genre une couronne.

En attendant elle continuait à me fusiller du regard et a enlevé sa main à toute vitesse quand je l'ai frôlé. Si ça se trouve, elle avait plus l'habitude qu'on la touche. Bon point pour moi ça. Ah ma puce... J'étais sûr que tu ne m'avais pas oublié. J'avais des flashbacks de nos ébats qui me revenaient pendant qu'elle roulait sa clope et continuait à m'ignorer. Ou à ignorer ses sentiments. C'était pareil au final. Et puis enfin, elle m'a parlé en se marrant. Même si c'était pas très joyeux. Elle aurait pu me crucifier sur place que ça aurait eu le même effet. Je revenais après tout ce temps et elle se foutait de ma gueule alors que je lui montrais mes sentiments ? Sympa. Putain ça m'apprendrait à faire ce genre de trucs. Surtout venant d'elle qui râlait parfois parce que j'étais pas du genre à dire des mots doux...

Elle a continué à se foutre de moi et m'a envoyé chier en me faisant un doigt. J'ai dû la regarder quelques secondes sans rien faire, mon visage tout de suite plus fermé avant de me bouger. Je me suis allumé une clope sans la lâcher, comme un ennemi qu'on ne quitte pas des yeux et je lui ai répondu d'une voix douce, mais presque menaçante.


- Et oui ma puce.

Elle m'avait pas repris tout à l'heure quand je l'avais appelé comme ça, pour moi c'était un putain de signe qu'elle avait repris ses bonnes vieilles habitudes. Et en parlant de ça, je me suis levé et je me suis posé devant elle en lui lançant un regard mauvais. Elle voulait me rabaisser ? Vraiment ? Alors qu'elle savait que j'avais toujours le dessus ? En étant aussi près d'elle j'ai senti la chaleur qui se dégageait de son corps, signe qu'elle allait pas tarder à exploser. Ca faisait un moment que j'avais pas dû maîtriser une de ces petites « crises », mais ça ne s'oubliait pas. Si elle voulait jouer à ça, j'allais pas me dégonfler.

- Moi aussi je t'emmerde. A me faire la gueule, pas capable d'être civilisée, à me rejeter et à faire semblant que j'existe plus dans ta vie alors que clairement je suis toujours là.

Je lui ai attrapé le poignet pour bien lui montrer de quoi je parlais avant de le lâcher et d'enlever mon blouson que j'ai balancé sur le canap'. J'ai continué à la fixer, sans un sourire cette fois, ai enlevé mon t-shirt et me suis retourné. Le phénix était toujours là, sur mon épaule, notre histoire gravée dans ma peau. Quand je me suis remis face à elle, j'ai tiré une longue bouffée sur ma tige avant de reprendre.

- Ca fait 13 putain d'années qu'on s'est pas vu et tout ce que t'as à me dire c'est que tu m'emmerdes ? Rien de plus élaboré pour l'amour de ta vie ? Non ?

J'ai tiré une nouvelle taffe avant de me pencher vers elle pour attraper la bouteille de scotch et boire une bonne rasade.

- Ouais, je me pointe comme une fleur mais jure-moi que t'as jamais eu envie que ce soit le cas et je me casse.

Je jouais avec le feu, littéralement, mais je sentais qu'elle pourrait jamais m'avouer ça. On s'était trop aimé putain. Trop pour qu'elle me fasse ce coup foireux après tant d'années. Alors ouais, elle avait jamais eu l'air de me chercher, c'était peut-être un signe qu'elle en avait rien à foutre. Mais de la voir si en colère là, pour moi c'était la preuve qu'elle espérait me revoir. Je la dominais de toute ma hauteur, ma clope au bec. J'ai posé la bouteille pas loin et je me suis préparé au cas où elle se décidait à ne plus avoir peur et à utiliser son don.
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Mar 10 Avr 2018 - 21:15
Alors que je l'envoie au diable -si seulement! - son visage se ferme. D'un coup. Parfait. Au moins il ne se marrait plus. J'avais réussi à lui retirer ce putain de sourire de la face. Ce qui l'avait remplacé était loin d'être prometteur, mais je préférais largement affronter sa colère glaciale plutôt que son je-m'en-foutisme. Parce que, par égoïsme, je n'aurais pas supporté qu'il en ait rien à foutre. Même si, paradoxalement, le fait qu'il exprime ses sentiments me rendait folle.

Hey, j'ai jamais dit que j'étais logique.

Il se lève et s'approche de moi, et tout mon corps se tends. Préparation à un affrontement, ou à cause de cette soudaine proximité? A le voir devant moi, je réalise de plein fouet combien il m'a manqué. Il me répond et mes yeux se plissent sous la colère. Une colère incrédule qu'il ait l'impression que tout aurait dû être normal. Je savais pas ce qu'il avait pris ces dernier temps, mais ça avait bien dû lui cramer le cerveau pour qu'il me reproche de faire la gueule. Il s'empare de mon poignet et me l'agite devant le nez. Comme si je savais pas de quoi tu parlais, putain. Je me dégage avec rage, et regarde son visage, qui devait être aussi furax que le mien, ou pas loin. Il enlève ce blouson d'un geste fluide, avec cette violence contenue, et je porte ma clope à mes lèvres pour ne pas exploser. Pour tenter de contrôler cette rage qui menace de m'emporter. Darren continue avec le tee-shirt. Oh, tu fais quoi, là? Mais la pensée ne sort pas de mon esprit. Ma main s'arrête en plein geste, l'extrémité de ma cigarette à quelques centimètres de ma bouche. Mes yeux, passent de son cou à son torse, descendent sur le ventre. Je n'arrive pas à m'en empêcher. Ma respiration s'accélère, dans un réflexe primaire que je ne contrôle pas. Il se tourne, et je vois le phénix, dans son dos. Cela interrompt presque le flux de souvenirs qui me submerge. Sa peau contre la mienne. Sa respiration dans mon cou. Nos corps, enlacés, notre fièvre...

Je déglutis. Tout mon corps réclame sa présence contre la mienne, pour être enfin complète. Je le veux. Mais je veux aussi lui faire mal. Qu'il souffre comme j'ai souffert. Je veux qu'il ait le cœur brisé, qu'il ait envie de se l'arracher hors de sa poitrine tant la douleur sera insupportable. Je veux qu'il vive ce que j'ai vécu le jour où il m'a abandonné. L'impression que sa vie explose en millier de tessons de verre. Que rien de ce qu'il ne croyait était vrai. Je tire sur ma clope, au bord de l'implosion, comme si la nicotine pourrait me calmer par miracle. Il se tourne vers moi, et à cet instant, je déteste d'être aussi transparente. Je ne voulais pas qu'il voit ça. L'effet qu'il me fait toujours, même après tout ce temps. Il y a un silence, pendant lequel on se regarde, la clope au bec. Un miroir. On se ressemble tellement, tout en étant fondamentalement différents. Il reprend, et une vague de colère remplace le désir. Il était l'amour de ma vie. C'était indéniable. Mais qu'il se qualifie de lui-même en tant que tel, ça, c'était pas acceptable. Mais le pire c'est qu'il n'avait pas l'air de comprendre.


- Putain, mais ça t'étonnes que je t’envoie chier? Sérieux?

Ma voix est incrédule, alors que je le regarde boire à la bouteille de scotch à son tour. Dans ma main, le papier de ma cigarette se noircit, sous la chaleur de ma peau et s'enflamme. Je ne lui accorde aucune attention et laisse les cendres s'échapper d'entre mes doigts. Et là, il me demande l'impossible. Il n'y a qu'une phrase entre moi et ma liberté. Et cette phrase, lui comme moi savons que je serais incapable de la prononcer. J'ai souhaité qu'il ne réapparaisse pas dans ma vie et me laisse construire une existence plus paisible, ou je saurais protéger mon fils de la femme que j'étais, et de sa parenté douteuse. Une vie où je n'aurais jamais été qu'Holli Maxwell, maman sans histoire, et pas Ash, ado révoltée prête à tout cramer, qui avait enchaîné les conneries avec un mec pour qui elle avait tout abandonné. Ça aurait été plus simple. De tout effacer, même si ce n'était qu'en surface. Me gérer moi, ça aurait été possible. Vivre avec ma solitude et mes histoires sans lendemain, me consacrer à mon môme et à ce que j'aimais. S'il n'était jamais revenu, j'aurais pu vivre comme ça. Mais maintenant qu'il était là?

C'était bien plus facile de gérer un souvenir, un fantôme, que l'homme de sa vie, en chair et en os. Y’avait trop de souvenirs. Trop de non-dit, trop de restes, putain. Mais cet ultimatum, en me postant face à mes propres limites, fait exploser les barrières mentales que je m'imposais pour conserve ma fureur en moi. La gifle part toute seule, sans même que je ne m'aperçoive que je l'ai voulu. Un réflexe de femme trahie. Ma main rencontre sa joue, et en plus du coup, il pourra sentir la chaleur de ma peau lui brûler l'épiderme. J'explose
.

- De quel droit tu débarques après treize ans sans nouvelles? De quel droit tu fais irruption dans ma vie après m'avoir quitté comme tu l'as fait?

J'avance vers lui. Il fait une tête de plus que moi? Il a toujours été plus fort que moi? Son don est bien plus puissant que le mien? Peu importe. Il m'a poussé jusqu'à ce que j'en arrive là. Il a voulu ma colère, eh bien, il l'a maintenant. De toute manière, j'ai jamais su choisir mes batailles. Mes mains se pose sur son torse, cuisantes, et s'enflamment au contact de la peau Je le pousse en arrière sèchement, jusqu'au canapé : le contact est bref. Pas assez pour que la brûlure soit grave, et pas assez pour que la vague de souvenirs de ses mains sur mon corps me submerge et que je lui succombe. Il bute sur le bord du sofa et y retombe. Maintenant, c'est moi qui domine, et même si je sens que ça va pas durer longtemps, je savoure.

- Tu t'attendais à quoi, bordel? Que je te saute au cou? Tu m'as laissé face aux flics et tu t'es barré sans un regard! J'ai pris trois ans putain. TROIS ANS! Mais ça t'en a rien à foutre, hein Darren? Parce que si t'en avais eu quelque chose à carrer, tu l'aurais su, ça!

Mes mains s'enflamment pour de bon, et je dois faire appel à ce qui me reste de maîtrise pour de pas foutre le feu par mégarde à l'appartement. Je me retourne et donne un coup dans le mur, de mon poing fermé. Une gerbe d'étincelle jaillit, et quand je me retourne à nouveau pour faire face à Darren, une marque de suie noire orne la peinture blanche. Je lui ai manqué, mon cul. Si je lui avais vraiment manqué, il aurait décroché son téléphone pour me parler. S'excuser. S'expliquer, au moins.

J'ai chaud. Il faut que je me calme. Mais sur mes mains, les flammes ne semblent pas prêtes à mourir. Au contraire, elles rampent sur ma peau, plus vives que jamais. Je reprends, avec toute la froideur dont je suis capable.


- Des choses à te dire, j'en ai un paquet. Mais ça m'étonnerait qu'elles te plaisent, tu vois. Donc tu pourrais te tirer de chez moi avant que je reprenne quinze ans pour homicide? On sait tous les deux, que te casser sans rien dire, tu sais faire.

Je lui montre la porte, et me dirige vers la cuisine. Il me faut de l'eau.
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Sam 14 Avr 2018 - 22:06
Elle était pas réellement dans le mood pour parler, ça c'était indéniable et de toute façon son visage parlait pour elle. Je l'avais rarement vu aussi en colère et lorsqu'elle a dégagé son bras, elle s'est mise à fumer frénétiquement, comme si sa vie en dépendait. Et après elle voulait me faire croire qu'elle en avait rien à carrer de moi ? Très convaincant oui. Encore plus quand elle a commencé à me reluquer quand j'ai enlevé mon t-shirt. Comme quoi y avait pas que moi qui se rinçait l'oeil pour se rappeler des bons souvenirs. Putain d'hypocrite qui montait sur ses grands chevaux alors qu'elle faisait pareil. Pas foutue d'admettre qu'elle crevait d'envie de me revoir et que je lui avais manqué. Qui me dévorait des yeux comme si elle allait me sauter dessus dans la seconde pour qu'on s'envoie en l'air comme on savait si bien le faire ensemble. Et maintenant elle faisait celle qui comprennait pas ma réaction en finissant de cramer sa clope pour de bon ? C'était censé faire quoi ça, m'impressionner ? Non parce que je le connaissais son petit numéro et j'avais beau savoir qu'il fallait pas trop la chercher, je savais aussi qu'elle ne me ferait jamais de mal. Rien de grave en tout cas. Elle s'en voudrait trop et jamais elle assumerait. Alors je n'ai rien répondu et j'ai continué à la fixer d'un regard noir jusqu'à ce que je lui laisse le choix. Et là, bizarrement, ça lui a pas plu. Putain de gonzesse.

Elle m'a foutu une claque que j'ai reçu en plein dans la gueule. Elle avait oublié d'être une bille pour viser putain. Mais des coups, j'en avais déjà pris et c'était pas ses mini-poings qui allaient me renvoyer dans les cordes. Par contre la brûlure, je l'ai bien senti passer. Si ça voulait pas tout dire qu'elle s'énerve juste à ce moment-là ! Et après ça, les vannes avaient lâché. Elle m'aurait explosé à la gueule que ça aurait eu le même effet. Elle a commencé à me hurler dessus en me poussant à travers la pièce jusqu'à ce que je tombe sur le canap'. Non mais elle s'écoutait parfois ? La miss la plus incohérente au monde putain ! Et ses mains sur mon torse nu, j'avais beau aimer le cul, je versais pas dans le SM, surtout pas avec une hystérique qui semblait plus rien contrôler. Et ça commençait à me fatiguer là ses cris sans queue ni tête. Apparemment elle aussi elle arrivait au bout de sa patience parce que ses mains se sont embrasées pour de bon et qu'elle a décidé de foutre une beigne dans le mur pour essayer de se calmer. Pas très efficace, au contraire même. Elle a continué à flamber et à me hurler dessus en me demandant de me casser parce qu'apparemment j'étais un lâche. Sérieusement ?

Y avait une certaine dose de conneries que je pouvais supporter et même si je lui avais passé beaucoup de choses, là elle avait dépassé les bornes. J'ai pas attendu qu'elle atteigne la cuisine pour me lever et l'attraper par le phénix pour la retourner vers moi. Je lui ai enserré les mains dans les miennes et j'ai plongé mon regard furieux dans le sien pendant que mes doigts lui gelaient les extrêmités. Juste ce qu'il faut pour l'empêcher de foutre le feu à l'appart' et éteindre les flammes qui me mangeaient les paumes. Heureusement pour moi, je m'étais perfectionné à ce petit jeu au fil des ans et ça n'a pas pris plus de quelques secondes pour maîtriser son don. Comme une lettre à la poste. Surtout qu'elle, elle ne maîtrisait franchement plus rien là. J'en ai profité pour me pencher vers son visage et lui parler d'une voix sourde. Un grondement qui roulait sur elle maintenant que c'était mon tour de tout laisser sortir.


- Tu te fouterais pas de ma gueule là Holli ?! Un coup tu dis que tu veux de mes nouvelles, un autre tu fais mine que ça t'intéresse pas. Tu me demandes de partir et pourtant tu m'en colles une quand je te laisse le choix. TU MERDES pendant le braquage et c'est MOI qui prend ?! C'est pas MA faute si t'as freezé comme un putain de lapin devant les phares d'une voiture, ok ? Tu me traîtes de lâche mais c'est TOI qui a pas eu les couilles de rôtir le cul de ces flics ! Alors je suis désolé que t'aies fait de la taule, mais rejettes pas la responsabilité sur moi ! Je t'ai pas menacé pour faire ce coup, t'étais partante, de A à Z, tu connaissais les risques, t'as eu le choix. Mais t'es incapable d'en faire putain, regarde ! Rien que là t'es pas foutu de te décider si tu veux me buter ou me sauter !

Cette fois, c'était mon regard qui était flamboyant et j'avais bien l'intention de sortir ce que j'avais à sortir

- Tu crois quoi ? Que ça a été facile pour moi de me barrer ? Alors j'ai peut-être pas fait de taule ma puce, mais crois-moi que j'ai pas vécu un putain de conte de fée pour autant, alors viens pas me faire chier ! OUI tu m'as manqué et j'ai pas arrêté de penser à toi, d'avoir envie de te voir, mais putain la vie c'est pas une connerie de comédie romantique, ok ? T'as tout fait pour m'oublier sans un regret et tu me reproches d'avoir fait la même chose et de ne pas avoir essayé de savoir ce qui se passait dans ta vie ?

Ma voix s'était élevée de plus en plus fort jusqu'à ce que je marque une pause et la repousse en même temps que je relâchais ses mains.

- Va t'acheter une dose de cohérence ma puce.

C'était franchement pas comme ça que j'envisageais nos retrouvailles. Qu'elle soit en colère, ok, mais qu'elle me brûle la face et me fasse des reproches qui n'avaient pas lieu d'être, merde ! Elle m'avait peut-être demandé de partir, mais je ne bougeais pas. J'avais pas l'intention de le faire avant qu'on se soit expliqué pour de bon ou que les flics débarquent. Et connaissant la tête de mule devant moi, c'était possible qu'on en arrive à la deuxième solution. Heureusement j'avais réussi à calmer ses « ardeurs » et les pompiers débarqueraient pas pour sauver les gens d'un immeuble entier en feu. Putain de retrouvailles.
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Dim 15 Avr 2018 - 15:14
La cuisine, je ne l'atteins pas. Il me retient par le poignet et enroule ses doigts autour de mes mains. Son contact amène un curieux mélange de nostalgie, de dégoût et d'attirance. Je me débats, et alors que je sens le froid émaner de ses paumes, je déclenche mon pouvoir en conséquence. J'essaie de lutter. De pas me laisser éteindre, pour de bon... Les flammes lui lèchent les doigts, mais il avait progressé, l'enfoiré. Ça ne lui a pris que quelques secondes pour les éteindre, et contrôler mon pouvoir... Enfin, sa manifestation visible... Parce que ma colère est encore trop présente pour que ma température baisse vraiment. Résultat, ma tête me brûle, et mes mains sont glacées. Je ne sens plus mes doigts.

Il se penche vers moi et je m'interdis de détourner le regard, sans cesser d'essayer de le faire me lâcher. Je tortille mes bras pour essayer de les dégager. Tu parles. Autant tenter de faire bouger Excalibur.

Moi j'ai merdé?

Un instant, je cesse de bouger, comme pétrifiée par ce qu'il raconte. Par les conneries qu'il raconte, plutôt. Mais il n'a pas fini et continue de m'aligner, méthodiquement, appuyant précisément là ou ça fait le plus mal. Un artiste. Un boucher, surtout. Il n'épargne rien. Je suis sonnée. Il m'aurait mis une série de gnons, ça m'aurait fait le même effet. Il met le doigt sur cette incohérence que je déteste, ces sentiments contradictoires que je ressens et que je n’arrive pas à traiter, parmi lesquels je n'arrive pas à me décider. Et il a parfaitement raison. Et je lui en veux d'autant plus.

Mais là, je suis plus motivée par l'option "buter" que "sauter", et ça se voit à mon regard furieux d'animal blessé qui n'a plus rien à perdre. Qui sait qu'il est déjà fait comme un rat et qui tente une dernière offensive. Pour faire le plus de dégâts possible.


- Compare pas ton existence à la mienne. T'es parti avec le magot, et même si t'as galéré par la suite, c'est entièrement ta faute. Avec ce que t'as empoché t'avais de quoi te mettre à l'ombre pendant quinze ans, en faisant gaffe. Mais t'es aussi incapable de moi de faire gaffe. T'as mis combien de temps à tout dépenser en drogue et en putes, hein?

Une question à laquelle je ne veux pas de réponses, absolument pas. Mais j'suis plus à une incohérence près.

- J'ai fait de la taule et j'ai mis 13ans à me reconstruire une vie, en essayant de t'oublier. Parce que j'en avais le droit. Tu m'as trahie, tu m'as abandonné et tu m'as brisé le cœur, bordel! Parce que tu as préféré fuir face aux flics au lieu de te battre, comme on l'avait toujours fait! J'avais droit de t'oublier! T'étais l'homme de ma vie, Darren, et t'as tout brisé.

Je tente de serrer les poings, mais son foutu pouvoir m'a complètement engourdie.

- Lâche-moi putain ! J'ai besoin d'eau!

Il finit par me lâcher. Me repousser même. Et la colère qui ne laissait pas la place pour grand chose d'autre finit par se tasser un peu pour faire place à ses copains, Insécurité et Rejet. Mes mâchoires se serrent alors que mes yeux se lèvent vers lui. Son discours martelé à 120 décibels s'est bien ancré dans mon crâne. Est-ce qu'il se rends compte à quel point il me blesse? Il l'a sans doute fait exprès. La loi du Tallion, ce genre de chose. J'arrive pas à croire qu'il soit persuadé que c'est moi qui l'ait trahi. Il savait que j'étais bien trop fière pour fuir sans tenter de maîtriser les flics. Il me connaissait, non? Alors comment...? Pourquoi..?

Je le regarde sans rien dire encore une seconde, puis recule et bifurque jusque la cuisine. Je pose mes deux mains de chaque côté de l'évier, regardant mon reflet dans le chrome d'une cuillère qui traîne là. Je me mords la lèvre, violemment. Je ne lui ferais pas le plaisir de pleurer devant lui, même pas la peine d'y penser. Les flammes ont beau s'être éteintes, la température du reste de mon corps, elle, ne redescends pas. Il faut que je me rafraîchisse, vite. Sur mes bras, sur mon cou, je sens la sensation cuisante des brûlures. Des rougeurs apparaissent.

Je m'empare d'un verre qui traîne là, ouvrant le robinet de l'autre main. Mais mes doigts rendus maladroits par le froid le laissent échapper au sol, où il s'éclate avec fracas. Un vertige me prend. Parer au plus urgent. Le robinet est toujours ouvert, et sans plus réfléchir, je me penche et met ma tête sous le jet d'eau, profitant de la fraîcheur bienvenue pendant quelques secondes. Je me redresse vivement, foutant de la flotte partout alors que des gouttes d'eau ruissellent sur mon visage, dans mon cou, trempant au passage mon débardeur. Je tire mes cheveux détrempés en arrière des deux mains, essuyant mon visage. Et je suis prête à y retourner.

D'un pas décidé, je m'empale sur un tesson, poussant un juron au passage. J'avais réussi à oublier le verre...

J'exploite toute la richesse de mon vocabulaire grossier et retire le morceau de verre, que je jette dans l'évier. Je choppe un torchon et esquive comme je peux le champ de bataille, foutant du sang partout. Et à la sortie de la cuisine, je recroise le regard de Darren, toujours aussi furieuse.


- Tu aurais voulu quoi? Que je te dise que je t'aime et que tout est pardonné? Tu me connais si mal que ça?
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Ven 15 Juin 2018 - 20:50
Elle a bien essayé de se débattre pour que je la lâche, mais c'était franchement peine perdue. Elle croyait quoi ? Que pendant toutes ces années mon don s'était pas développé ? Que j'étais resté au même niveau qu'il y a 13 ans ? Que j'avais laissé mes pouces dans mon cul et que j'avais pas tout fait pour développer ma maîtrise du truc ? Ma pauvre. Si j'arrivais à te contenir avant, y avait pas de raisons que ce soit pas le cas maintenant. J'avais toujours eu le dessus et malgré tout elle pensait qu'elle pouvait retourner la situation. Elle était clairement pas de taille à lutter, elle le savait, mais elle tentait quand même le coup. C'était presque mignon de la voir se débattre comme ça avec son regard furieux. Et puis j'ai ouvert ma gueule et là, elle s'est figée comme si je lui avais gelé tout le corps. Ah ça... Ca faisait mal de s'entendre dire ses quatre vérités, hein ma puce ? On dit que la vérité fait mal et vu le regard qu'elle m'a lancé, elle s'en prennait plein la tronche. Je voyais bien que ce que je lui disais l'affectait, elle a répondu pour se défendre mais ça a pas pris. Foutue incohérence putain.

Je l'ai repoussée au moment où elle avait clairement besoin d'aller s'hydrater. Elle m'a fixé quelques secondes sans rien dire et puis elle a tourné les talons et s'est barré dans la cuisine en emportant sa chaleur corporelle dans son sillage, C'est là que j'ai remarqué qu'elle devait arriver à ses limites parce que tout à coup il faisait beaucoup plus frais et que des plaques rouges apparaissaient sur sa peau. Je suis resté sur le pas de la porte, les bras croisés, à l'observer de dos pendant qu'elle essayait de se rafraîchir en répondant à ses conneries.


- Ouais, t'as fait de la taule et j'ai déjà dit que j'étais désolé pour toi, je vois pas trop ce que je peux faire de plus. Et puis je veux pas dire, mais t'as fait 3 ans. J'ai du me barrer 13 putain d'années loin de ma famille et de mes potes, en laissant Jamie élever les petits toute seule ! Tout ça parce qu'elle avait foiré putain, mais je me suis bien retenu de lui dire histoire d'éviter qu'elle ne se consume sur place. J'ai du me planquer comme un rat. Alors ouais, tu sais ce qu'ils font les mecs qui vivent en sous-terrain, qui ont tout perdu et qui touchent à la drogue, tu sais ce qu'ils font quand ils ont de la thune ? Ils consomment ma puce. J'ai fixé son dos et j'ai détaché chaque mot sur un ton qui voulait tout dire. Comme. Des. Malades. J'ai fait une pause et j'ai ajouté pour qu'elle comprenne bien. Comme mes parents.

Et ça, ça voulait tout dire. Elle croyait franchement que j'allais pas me droguer avec cette thune ? Ca faisait quand même un peu parti de notre plan initial, alors sûrement pas autant que ce que j'avais pris, mais quand même. Elle s'attendait à quoi ? Ma vie était parti en vrille sévère avec ce braquage et ma consommation avait pris l'ascenseur en conséquence. Et les putes, même si j'avais voulu j'aurais pas pu m'en taper beaucoup. J'étais bien trop défoncé à longueur de journée pour arriver à bander assez longtemps pour m'amuser. En tout cas au début. Après je me suis calmé, surtout parce que j'avais quasiment cramé tout le pognon et je me suis amusé, mais j'ai eu comme l'impression que si je mettais ce sujet sur le tapis, elle allait pas apprécier.

Je l'avais pas raté et elle a pété un verre à cause de ses mains gelées. C'était pas la première fois, mais la dernière remontait à longtemps. Elle avait clairement besoin de s'hydrater et elle a plongé sa tête sous le jet d'eau froide alors que je continuais à lui répondre d'une voix moins énervée mais plus moqueuse.


- Arrête de chouiner putain, je t'ai pas vu te battre non plus « comme on l'avait toujours fait ». J'ai pris le même ton qu'elle quand je l'ai cité, elle allait pas apprécier mais tant pis, j'ai continué. Sinon t'aurais pas été en taule. T'étais bien assez capable de te débarrasser de ces flics, alors lâche-moi la grappe avec ça putain ! Et tu crois quoi, que t'étais la seule à avoir des sentiments ? A avoir morflé ? J'ai baissé d'un ton et j'ai rajouté froidement, comme si je faisais un constat indéniable. Je le suis toujours ma puce.

C'est à ce moment qu'elle s'est retournée vers moi. J'avais beau être en colère, la voir me faire face avec ses cheveux et son t-shirt trempés, ça me rappelait trop de choses pour pas me laisser en plan un moment. Je l'ai maté avec un petit sourire, sincère cette fois, en repensant à des souvenirs qui n'étaient qu'à nous. Du coup j'ai pas vu les éclats de verre par terre et j'ai réalisé trop tard que sa manie de faire le bulldozer l'avait encore foutu dedans. J'ai pas pu m'empêcher d'étouffer un rire en l'entendant jurer comme un putain de charretier. Ça, ça m'avait manqué tiens. Je l'avais pas réalisé jusqu'à ce que je l'entende mais ouais, c'était un des trucs que j'adorais chez elle. Elle était entière.

Elle a pris une serviette pour essayer de pas en foutre partout, mais peine perdue. Elle était tellement maladroite et en colère qu'elle perdait tout contrôle, incapable de pas enchaîner les conneries. Et ça me faisait tellement craquer putain. Elle est revenue vers moi comme elle a pu et j'ai pas pu m'empêcher de lui répondre du tac-au-tac.


- Je voulais rien du tout, mais je te connais assez bien pour savoir que tu peux me dire une de ces deux choses sans que ce soit un mensonge.

Elle aurait beau nier et se mentir à elle-même, elle savait que j'avais vu juste et moi aussi. Je la connaissais par coeur. Je l'ai regardé de toute ma hauteur sans rien dire d'autre. Des petites gouttes tombaient sur le sol et se mélangeaient au sang. Elle en foutait vraiment partout. Elle allait s'amuser avec le ménage. Je lui ai pas donné le temps de me répondre et je l'ai prise dans mes bras pour la porter jusqu'au canapé. Elle s'était pris un sacré tesson dans la plante du pied et puis la voir comme ça... merde. Qu'est-ce que je pouvais l'avoir dans la peau cette meuf même quand elle me cassait les couilles à faire l'hystérique. L'avoir comme ça contre moi, sentir les restes de sa chaleur sur ma peau nue, putain ça ramenait bien trop de trucs à la surface.

Je l'ai posée doucement et j'ai attrapé la bouteille de scotch, le torchon et j'ai désinfecté comme j'ai pu. Ensuite j'ai emballé son pied dans la serviette et je l'ai surélevé en le prenant dans mes deux mains. Un peu de froid ça allait pas lui faire de mal pour éviter la douleur. Je lui ai lancé un regard par-dessous en souriant, près à éclater de rire au vu de la situation. Putain mais fallait vraiment qu'on s'en balance plein la gueule, ça devenait absurde.
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Dim 17 Juin 2018 - 22:57
Je rêve, ou il est en train de me mettre tout sur le dos, là? Son exil, sa conso de drogue abusée de toxico? Nan mais faut se calmer là, mon petit père, assume ta merde. Je t'ai jamais poussé dans un vaisseau hors de l'Arche d'Edimbourg, et à ce que je sache, c'est pas moi qui t'ai garroté et enfoncé des aiguilles dans le bras. On parle de mon incohérence mais la tienne, on l'évoque ou bien..? Me met pas sur le dos ton passé de camé et la peur que t'as eu de finir comme tes vieux. J'y suis pour rien.
Et ton exil non plus. Tu t'es barré comme un lâche, alors que t'aurais pu choisir les 3 ans de taule. Avec un peu de chance, tu serais sorti en même temps que moi et t'aurais vu ton fils grandir. Et t'aurais su que t'avais un fils.

Parce que là, j'ai clairement plus envie que tu apprennes son existence, au môme. A mon avis, il s'est construit une image bien plus glam' que celle d'un loser effondré sur un matelas, à peine capable de lever le bras pour se refaire un shoot. Surtout s'il a un peu fouiné et qu'il a vu les photos de nous deux, de toi à 16 piges, à 18, à 20. Du temps où on était heureux, où on avait tout l'avenir devant nous et qu'il s'annonçait libre, donc beau.

Et là tu reviens, je t'assassines, tu m'assassines, on se tue à coup de phrases mesquines.

A quoi ça ressemble? Je t'aime, putain. Je t'aime à en crever et je m'aperçois juste maintenant que vivre sans toi, c'était un calvaire quotidien. Sans tes vannes, sans ton ironie, sans nos coups de gueule, sans nos fous rire. Sans ta peau contre la mienne aussi. Bien sûr que tu m'as manqué, espèce de connard, mais je suis trop fière pour te pardonner, pour faire le premier pas et accepter qu'au final, rien de ce qui s'est passé n'a plus d'importance, que t'es revenu et que c'est tout ce qui compte. Je suis trop fière pour retomber dans tes bras sans me débattre, sans essayer de me faire croire que je ne suis plus cette gamine en colère contre tout le monde sur qui ton putain de charme avait autant d'effet. Trop fière pour te laisser chambouler le fragile équilibre que j'ai construit et trop faible pour avoir la patience d'en reconstruire un avec toi. Trop fière pour te laisser avoir un fils qui a fait mon bonheur quand tu t'étais barré, pour te laisser profiter de cette lumière dans ma vie, pour la partager avec toi.

Je t'aime, Darren, mais faut que tu disparaisse de ma vie. Je suis trop fragile pour ces conneries. Pour te résister. Pour ne pas me laisser bouffer par toi. Avec toi je ne craignais rien ni personne. Mais t'es parti, et t'as laissé que des morceaux de moi, éparpillés sur le sol d'une cellule craignos.

Dans mon pied, la douleur irradie par vague. Et tout ces mots que j'ai en tête, ils se contentent de tourbillonner à 200 à l'heure et ne passent pas la barrière de mes lèvres. Celle de mes yeux peut-être, encore faudrait-il qu'il n'ait pas perdu l'habitude de les lire. Il ne s'est écoulé une seconde, deux, trois? Pas plus, si?

Pars, Darren. Oublie moi et laisse moi apprendre à t'oublier. Je n'ai plus rien à t'apporter, et je ne peux pas te laisser ce dont j'ai besoin pour tenir le coup.

Mais il reste ce con. Ce foutu con. Il me prends dans ses bras.
Et d'un coup, je ne sais plus si je dois le frapper ou le mordre, crier, pleurer, le laisser faire.
Et d'un coup, j'ai de nouveau 18 ans. Je suis dans ses bras, nos doigts entremêlés, notre peau encore moite, son souffle dans mon cou, ses lèvres sur mon épaule. On vient de faire l'amour, aussi passionnément que d'habitude. De deux, nous étions devenus un seul être bicéphale, à deux voix, à deux cœurs. Allongés sur un matelas à moitié défoncé, dans une pièce vide, le drap nous couvre à peine, laissant voir la courbe d'un sein, une hanche, une jambe. Je me contorsionne pour l'embrasser et souffle :


- Je t'aime, putain. Tellement que ça me fait mal. J'adore.

Ma main passe dans ses cheveux, et je me perds dans l'étude de ses traits

- Promets-moi qu'un jour on partira tous les deux, loin d'ici. Ailleurs.

Le flashback n'a duré que quelques secondes. Je sais pas si j'aurais supporté plus. Déjà, il me dépose sur le canapé. J'ai les larmes aux yeux. Je ne sais pas si c'est à cause de la douleur, du souvenir, ou de l'odeur de sa peau. Je les chasses en battant des cils, rapidement.

Il s'occupe de moi avec douceur, alors que je le regarde faire. L'alcool sur ma plaie me fait me mordre la lèvre avec force pour ne pas gémir sous la douleur lancinante. Mais si j'ai mal, c'est que je suis encore en vie. Il entoure mon pied du torchon, et entre ses mains, je sens un froid qui me fait remonter un frisson le long de la colonne vertébrale. La douleur part. Moi, j'ai ses yeux dans les miens. Ou l'inverse. On s'en fout.

T'aurais dû partir tant qu'il était encore temps, Darren. Tant que je te haïssais pour les saloperies que tu me balançais méthodiquement en me regardant droit dans les yeux, comme l'enfoiré que tu es. Tant que tu n'étais qu'un fantôme sorti de mes cauchemars, un connard prêt à me reprocher mes erreurs comme les siennes, sans discerner. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que tu redeviennes humain? Pourquoi, dès qu'il s'agit de toi, je deviens aussi conne?

Je le regarde sans rien dire. Je vois qu'il est prêt à rire. Moi je suis plus prête à pleurer, tellement je me trouve pitoyable. Je retire mon pied et me redresse un peu.

T'as gagné, Darren. Ou j'ai perdu. Qu'importe. Qui sait encore à quoi on joue, tous les deux?

Je me penche, et ma main se pose sur sa joue. Je pourrais encore le gifler, le griffer, lui bouffer la carotide peut-être. Lui faire mal comme il m'a fait souffrir. Mais là, c'est mon cœur qui me fait mal. Qui se bat, pour ne pas que je l'oublie. Qui me dis "c'est lui, c'est lui, c'est lui" avec sa régularité mécanique, et que je n'arrive pas à ignorer.

Pars, merde. Rappelle toi que t'as un endroit ou être. Une pute à voir. Des potes à revoir. Lève-toi et pars, je t'en prie. Moi je suis pas assez forte pour m'écarter. Sois-le pour moi, une dernière fois. C'est tout ce que je te demande.
Je supplie pour que le téléphone sonne, qu'on frappe à la porte, que quelqu'un défonce un mur. Qu'on m'empêche de bousiller ma vie, encore et encore.

Sur sa joue, mon pouce caresse sa pommette. Et doucement, je murmure:


- Je te déteste.

Mes lèvres joignent les siennes. Il a toujours le même goût. Celui de ma liberté.
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Sam 7 Juil 2018 - 13:49
Etonnamment, elle n'a pas moufté et s'est contenté de me fusiller et de me dévorer du regard en même temps. C'était assez perturbant mais je me doutais bien de ce qui se passait sous sa caboche vu son comportement. Elle était toujours indécise et ne savait pas comment réagir face à mon retour. Ca, je m'y attendais quand même un peu, c'est pas comme si on s'était quitté avec des grands sourires. Alors j'ai pris sur moi de décider pour elle et je l'ai prise dans mes bras pour m'occuper de sa blessure. Ma puce, toujours prête à foncer dans le tas sans réfléchir, même après toutes ces années. Pourquoi elle avait pas été capable de le faire au moment le plus critique putain ? Ca nous aurait épargné bien des emmerdes à elle comme à moi. On n'en serait pas là à s'envoyer des saloperies dans la gueule. Ou peut-être que si au final. C'est pas comme si se prendre la tête ça faisait pas partie intégrante de notre relation. C'est comme ça qu'on fonctionnait, on était trop passionnés pour discuter calmement quand une merde arrivait. On sortait du même moule et fallait pas nous pomper l'air, c'est aussi ça que j'aimais avec elle.

Mais là elle disait plus rien. Je savais pas si c'était parce que je l'avais mouché mais ça faisait du bien un peu de silence. Juste sa peau contre la mienne avant que je me pose sur la table basse pour m'occuper de cette connerie de tesson. J'ai pas pu m'empêcher de remarquer qu'elle était sur le point de pleurer sans vraiment comprendre pourquoi. Putain ça pouvait être à cause de tellement de choses, valait mieux pas essayer de chercher, surtout qu'elle faisait tout pour pas laisser les larmes sortir. S'il y avait bien une chose que je supportais encore moins que l'hystérie de ses crises, c'était ses pleurs. Ça me touchait trop, j'avais horreur de la voir comme ça, alors mine de rien, je lui étais reconnaissant de les ravaler. Moi, je gardais mon sourire sur mes lèvres alors qu'elle enlevait son pied de mes mains pour se poser un peu mieux et me faire face sans rien dire. Est-ce que l'orage était passé ou est-ce que j'allais encore m'en prendre une dans la gueule ? Pas que j'aime pas ça, mais y avait des circonstances plus plaisantes que d'autres.

J'ai failli avoir un mouvement de recul quand elle a approché sa main, mais heureusement elle n'a fait que la poser sur ma joue, tout doucement. Comme quand on se réconciliait dans le temps, qu'on faisait l'amour tendrement pour se rappeler qu'on était trop cons de se prendre la tête comme ça. Le calme après la tempête. Mais là j'étais pas trop sûr de ce qu'elle avait en tête. Pour une fois, et c'était franchement rare, j'arrivais pas à lire en elle comme dans un livre ouvert. Si ça se trouve, elle allait me cramer la face maintenant qu'elle s'était rafraîchi, ou me repousser et me faire tomber à la renverse. Elle en était bien capable. C'était putain de troublant de pas deviner à l'avance et le fait qu'elle reste là sans rien dire ça n'aidait pas. Instinctivement, j'ai posé une main sur sa cuisse sans même penser à ce qu'elle pourrait me faire. En même temps je venais de la prendre dans mes bras, le fait que je l'approche ne la dérangeait peut-être plus ? J'ai pas eu le temps de creuser la question qu'elle s'est mise à me caresser la peau avant de me murmurer des mots doux qui ont failli me faire marrer. Ça, c'était sa déclaration d'amour préférée. Et celle que j'adorais entendre parce qu'elle résumait bien ce qu'on ressentait l'un pour l'autre. Même dans les moments de merde, on était raide dingue de l'autre.

Si j'avais besoin d'une preuve qu'elle s'était calmée, ça c'est confirmé quand elle m'a embrassé. Là j'ai plus pensé à rien d'autre qu'à elle, qu'à nous. Treize ans que j'avais qu'une envie, la sentir près de moi, la toucher. Ma main a remonté sa cuisse pour aller se réfugier dans le creux de son dos alors que je passais l'autre derrière sa nuque pour l'attirer à moi et lui rendre son baiser. Rien n'avait changé, les gestes étaient toujours aussi naturels avec elle, on se connaissait par cœur. On se complétait, elle était ma moitié. C'était beau putain.

Je me suis détaché pour la regarder en souriant avant de lui répondre.


- Moi aussi ma puce, moi aussi.

Je l'ai prise dans mes bras et j'ai murmuré à son oreille.

- Tu m'as manqué.

Peut-être que j'allais m'en prendre une, peut-être pas mais là j'étais clairement plus en état de réfléchir correctement. La chaleur de sa peau sous son t-shirt trempé contre la mienne, la sentir contre moi, passer ma main dans ses boucles. Merde. L'effet qu'elle avait encore sur moi après tout ce temps. Elle m'inspirait plus qu'une chose et elle a bien du le sentir quand je l'ai renversé sur le canapé en l'embrassant avec fougue et que je me suis allongé sur elle. J'avais jamais eu autant envie de quelqu'un qu'à ce moment et pour un mec comme moi qui rechignait pas à baiser, ça voulait tout dire. Le phénix renaissait de ses cendres putain.
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