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G.O.D. - II [solo]

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Jeu 7 Fév 2019 - 20:57

Ça faisait bizarre de me retrouver à nouveau à l’agence, après presque deux mois complets d’absence. Dont un et demi à l’hosto. L’endroit était comme si je ne l’avais jamais quitté, et je savais que Roxy et les filles en avaient pris soin en mon absence. Mon associé avait même mis en pause ses cherche pour bosser uniquement ici, assurant l’intérim pendant ma convalescence. J’avais beau me sentir coupable de l’avoir arraché à son autre boulot, une autre partie de moi était particulièrement fier de Roxy, et des filles. Elles avaient assuré sans moi, et mon assistant était presque à égal avec moi désormais, niveau compétences. Et puis, Roxy me l’avait dit : la recherche, c’était comme un hobby pour elle. Tandis que l’Agence, c’était son boulot, son avenir. Peut-être qu’elle disait ça pour que je me sente moins mal, mais je la sentais néanmoins sincère.

Bien sûr, il n’y avait plus aucune trace de l’agression. Les vitres avaient été –encore une fois- changées, le sang nettoyé. Malgré tout, des souvenirs surgissaient par moment. De cette agression. De celle que j’avais subie à New-York, il y a 10 ans. Putain de PTSD. Mais le psy avait dit de l’accepter, que c’était normal, que ça revenait pour une raison. Et que je devais les affronter, au lieu de glisser ça sous le tapis. Sans alcool, si possible. Alors, pour cette fois, je m’en tins à ces ordres. Et allais machinalement me faire un café. Retrouver ma bonne vieille cafetière aida à me sentir un peu mieux. Et encore un peu plus avec ma tasse en main.

Je me tenais devant l’ordi, ne sachant pas très bien par où commencer. Petit à petit, on m’avait laissé regarder certains dossiers. Pas trop non plus, et j’avais l’interdiction de m’en mêler. Juste donner 2-3 conseils à Roxy pour avancer, mais elle en avait pas vraiment besoin. Je me sentais vraiment inutile. Alors, j’ai ressorti le bouquin que Sigrid m’avait offert. Sur des cold cases du siècle passé. C’était flippant comme on se ressemblait, parce que c’était exactement ce dont j’avais besoin pour pas péter un plomb. Je m’assis donc à mon bureau, café en main, et parcouru à nouveau le livre, sortant mon carnet de notes. Je me sentais déjà un peu plus à l’aise.

Plongé dans ma lecture, je n’entendis pas les pas dans l’escalier et failli renverser mon café lorsqu’on toqua à la porte. Je poussais un juron, avant de finalement crier d’entrer. Ça devait être Roxy, ou les filles. Voire Alice, pour voir comment j’allais. Alors que j’avais vécu chez elle depuis que j’avais eu la permission de sortir de l’hôpital. Ce fut dont une totale surprise de tomber sur Elias, j’en restais sans voix plusieurs secondes.

Je n’étais clairement pas préparé, ni prêt. J’avais attendu sa visite à l’hosto, avec appréhension. Avant de réaliser que son absence me décevait, et que quelque part, j’attendais qu’il vienne. Mais il ne l’a jamais fait. Pas même lorsque je restais chez Alice. Je ne savais pas comment le prendre. Ou pourquoi il avait brillé par son absence, alors qu’il avait été l’un des premiers à venir pendant que j’étais en train d’être opéré. Est-ce que j’avais réveillé un quelconque trauma chez lui ? Ça ne m’étonnerait pas, idiot que je suis. Mais rester sans nouvelles de lui, c’était aussi inhabituel que douloureux, alors que j’imaginais les pires scénarios. Qui se terminaient toujours par le fait qu’il ne voudrait plus jamais me voir. Et qui me serraient toujours le cœur.

Alors, le voir débarquer presque comme une fleur, oui, ça me fit un choc. Un peu atténué par un petit sourire timide qu’il affichait, loin de son assurance habituelle. Mais peut-être que c’était pour mieux me planter un couteau dans le cœur après…

"Salut, Dany…"

"Salut, Elias…"

Je ne savais pas quoi faire. J’hésitais entre fuir –la fenêtre était la seule issue, vu qu’il se trouvait devant la porte-, ou courir vers lui pour l’étreindre. Ou juste rester immobile, en espérant que ça passe. Au final, ce fut lui qui choisit. En une seconde, sans comprendre ce qui se passait, je me trouvais dans ses bras, à moitié étouffé par son étreinte. Que je finis par lui rendre, un peu maladroitement.

"Je suis désolé de ne venir que maintenant…" dit-il d’une voix émue et hésitante. Mais qu’est-ce qui s’était passé pendant mon absence ? Est-ce qu’on l’avait changé pour quelqu’un d’autre ? Je me contenais donc de caresser son dos en silence, jusqu’à ce qu’il relâche son étreinte pour m’observer avec un sourire, sa main caressant sa joue. "Je suis tellement content que tu sois là…"

"Moi aussi." répondis-je avec un vague sourire. Avant de me reprendre. "Enfin, que tu sois là aussi…"

Léger moment de malaise. Il s’éclaircit la voix, et m’indiqua le canapé.

"Il faut qu’on parle."

Ah. Voilà. Le moment où il allait me dire qu’on ne pourrait plus se voir. Que j’étais devenu un poids, soit parce que je vivais trop dangereusement, ou que j’étais devenu immortel et donc permanent. Je me sentis trembler légèrement. Il dut s’en rendre compte, car il m’adressa un sourire rassurant en me prenant la main. Ça marcha, un petit peu. J’inspirais profondément, et m’assis à ses côtés.

"Je t’aime, Dany."

C’était tellement inattendu, tellement soudain que je faillis tomber du canapé. Je le regardais, surpris, et incapable de dire quoi que ce soit d’autre qu’un inélégant :

"Hein ?"

Il serra un peu plus fort ma main, en continuant à me sourire.

"Je t’aime Dany. Et si je n’avais pas été si idiot, je te l’aurais dit depuis le début. Au lieu d’attendre le moment où j’ai cru te perdre pour de bon. Au lieu de penser qu’Owen et toi, vous seriez mieux ensemble, sans moi… Et de vous faire souffrir inutilement…" Il se gratta la nuque, avant de me regarder à nouveau : "Mais on ne peut pas changer le passé, alors je viens te le dire maintenant."

Je sentis la tête me tourner, et une puissante envie de vomir. J’inspirai profondément pour me calmer, ce qui réussit à moitié. Sans que cela m’aide à savoir quoi répondre. Elias poursuivit malgré tout, et je n’étais pas au bout de mes surprises.

"Et j’aime Owen, aussi." Je ne pensais pas pouvoir être encore plus surpris, et pourtant, ce fut le cas. Je devais être en train de rêver, parce que rien de tout ça n’avait de sens… Elias posa une main sur ma joue pour me forcer à le regarder, et il ajouta : "Comme toi Dany. N’est-ce pas ?"

"N’importe quoi !"

C’était la première réponse qui m’était venue à l’esprit. La plus logique, la plus sensée. Pourtant, à l’intérieur, je me sentais agité comme jamais. Je voyais venir les prémisses d’une crise d’angoisse, et sans que je réalise qu’il s’était absenté un instant, Elias me tendit un verre d’eau. Je le bus d’une traite, ce qui m’aida un peu à me calmer.

"Ce n’est pas possible…"

"Pourquoi ?" me demanda-t-il avec douceur.

"Parce que… Owen et toi… vous ne pouvez pas… voulez pas… tomber amoureux."

Dit comme ça, ça semblait drôlement prétentieux et cruel. Ils avaient souffert tous les deux d’anciennes relations. Alors, se mettre avec quelqu’un comme moi…

"Tu crois que ça se choisit ?" continua-t-il, toujours aussi calme et doux.

Je déglutis, avant de finalement secouer la tête. Mais c’était impossible. Impossible…

"Pourquoi ?" continua-t-il. Je me rendis compte que j’avais pensé à voix haute, et que j’avais commencé à pleurer. Quel idiot, vraiment. Il chassa les larmes de mes joues de ses mains, ce qui ne fit que redoubler mes pleurs.

"Parce que… c’est trop…"

"Trop quoi ?"

"Trop… trop."

Je ne parvenais pas à exprimer ce que je ressentais. Les choses ne pouvaient pas être aussi faciles. Je ne pouvais pas juste accepter mes émotions. Je ne pouvais pas juste leur dire à quel point je tenais à eux… Je ne pouvais pas…

"Pour toi, rien ne m’est impossible."

J’essayais de l’observer à travers les larmes. Il était étonnamment calme et serein. Comme si c’était une évidence. Mais bon sang, qu’est-ce qui lui était arrivé pendant que je n’étais pas là ? C’est seulement maintenant que je remarquais qu’il avait un léger œil au beurre noir. Et intérieurement, je m’entendis penser que la personne qui avait osé lever la main sur lui allait le payer. Que celui qui lui faisait du mal allait le regretter. Lui, lui que j’aimais tant…

Je m’effondrais dans ses bras. Épuisé et à bout de forces. Incapable plus longtemps de retenir quoi que ce soit. Surtout pas mes sentiments. Oui, je l’aimais, bordel. Je les aimais, lui et Owen. Et si quoi que ce soit devait leur arriver, comme ça m’est arrivé à moi, je deviendrais dingue. Je remuerais ciel et terre pour eux, je tuerais s’il le fallait. Parce qu’ils me rendaient putain d’heureux, tellement que ça n’aurait pas dû être permis. Et pourtant… j’étais là, comme un abruti, à déverser un autre torrent de larmes sur Elias. Comme si je ne l’avais pas déjà assez inquiété…

Mais il resta là, à me tenir contre lui, à me consoler. Moi… moi qui n’étais rien. Il était là. Et au bout d’un moment, je n’avais plus rien à faire du reste. Il était là, c’était tout ce qui comptait. Après un temps infini, je finis par me calmer, hoquetant simplement entre deux sanglots.

"Et maintenant ?" Ma voix était si faible, je m’en serais baffé. Je devais faire pitié à voir. Mais je savais qu’Elias ne pensait pas comme ça. Mon Elias…

"Maintenant, tu te reposes." Il déposa un baiser sur mon front, et me serra un peu plus. "Et demain, j’irai parler à Owen, si tu veux."

Je hochai doucement la tête. Je ne savais pas ce qui allait se passer. Sincèrement. Mais je n’avais pas envie d’y penser. Tout ce que je voulais, c’était de garder Elias avec moi. D’avoir sa présence et son sourire rassurant avec moi…

"Tu ne vas pas me laisser ?" demandai-je d’une voix épuisée et craintive.

"Bien sûr que non. Je vais rester avec toi. Je resterai toujours avec toi."

Je m’agrippai à lui, soulagé et encore plus fatigué. Il m’aida à me lever pour m’amener jusqu’à la chambre. Je m’effondrais sur le lit, sans cesser de le tenir contre moi. Je n’en pouvais littéralement plus. J’avais besoin de sommeil. J’avais besoin de lui. Et j’avais besoin de revoir Owen… Il caressa avec douceur mes cheveux, et je me blottis un peu plus contre lui, me laissant complètement aller et enfouissant mon visage dans son cou.

"Je t’aime Elias… depuis le début…"

Même sans le voir, je sentis son sourire et je m’apaisais un peu plus. Je ne luttai même pas contre le sommeil qui me tomba dessus. Pour la première fois depuis des années, je me sentais calme, capable de dormir comme un loir. Et il le faudrait. Car à mon réveil, j’allais devoir lui dire. Toutes ces choses que je n’ai jamais su lui dire. Ce qui m’est arrivé quand il est parti. Et pour Owen. J’aurais besoin de mes forces pour avancer, peu importe ce que l’avenir nous réservait. Mais au moins, je ne me sentais déjà plus aussi seul.

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