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[CLOS] Never Let Me Go || Vox

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Dim 29 Juil 2018 - 20:53
Gin
IDENTITE : Alice Moore
GROUPE : Habitants
SPHERE : Economie
AGE : 36 ans
ETAT CIVIL : En couple
PROFESSION : Barwoman et tenancière du Alice’s Club, inventrice et mécanicienne
POUVOIRS : Peau résistante au feu et à la chaleur
ETAT DE SANTE :Bon
LIENS : Dinah – Compagne. Data – Meilleur ami. Gear – ancien mentor. Dastan – Ami.


Juillet 2014

Il était presque deux heures du matin, et Dinah commençait déjà la tournée pour annoncer aux derniers clients que le bar allait fermer. Lorsque la serveuse s'occupait de cette tâche, les gens semblaient plus enclins à mettre les voiles. Les quelques fois où Alice s'en était chargée, moins souriante et conciliante que sa compagne, les choses se passaient un peu moins facilement. Néanmoins, cela convenait parfaitement à la barwoman, elle qui préférait se charger des derniers rangements au bar et de la caisse. Dinah avait beau être charmante et sociale, les règles de la comptabilité semblaient souvent lui échapper. Heureusement, elle pouvait compter sur des pourboires assez conséquents pour compenser les quelques erreurs de calculs qu'elle commettait encore, et qu'Alice lui laissait donc passer. Cela faisait partie des nombreuses choses pour lesquelles elle aimait la serveuse.

Cependant, concernant sa clientèle, elle devait admettre avoir de la chance. Le Alice's Club avait beaucoup d'habitués, des gens sympathiques et des visages connus qui venaient dans le bar pour sa bonne ambiance et son atmosphère rassurante. Cela n'avait pas toujours été le cas, et au début, elle et Dinah avaient dû surmonter de nombreuses difficultés quand le bar avait ouvert. Le fait qu'il soit ouvertement ouverts à tous, et ciblaient particulièrement la population LGBT+, avaient suscité de nombreuses critiques dans le quartier. Il fallait dire que Dean Village était un endroit calme et légèrement décentré. Charme qui avait justement plu aux deux femmes. Les premiers mois, de nombreuses dégradations avaient été commises contre l'établissement, sans parler des clients qui venaient les menacer directement. Un avait même commencé à suivre Alice jusque chez elle régulièrement. Puis, Dany s'était assuré personnellement que le stalker se tienne éloigné du bar et de sa tenancière. Dieu savait comment, et Alice n'était pas certaine de vouloir vraiment le savoir.

Toujours était-il que, depuis ce jour et assez miraculeusement, les choses étaient devenues beaucoup plus tranquille au Alice's Club. Dany, qui n'avait été jusque-là qu'un client ponctuel, était venu plus régulièrement. A force de lui offrir des verres et de discuter avec lui, les filles s'étaient même attachées à lui. En particulier Alice, dont le caractère prononcé s'accordait assez bien à celui du détective. Bien sûr, il lui tapait parfois sur les nerfs, avec son comportement buté et ses réflexes de vieux loup solitaire. Mais à force de le côtoyer, elle savait aussi qu'il était quelqu'un de loyal, et de plus agréable compagnie qu'il voulait le faire croire. Et on pouvait toujours compter sur lui.

Alors qu'elle terminait de ranger les bouteilles, Alice eut un léger sourire à la pensée de son ami. Le connaissant, il devait certainement être en train de travailler, ayant des horaires encore plus fous que les leurs. Mais, entre deux acharnés du travail, il se comprenait. Elle en profita d'ailleurs pour arrêter le petit train mécanique, grande attraction de son bar steampunk et dont les rails servaient à amener les boissons tout le long du comptoir et même du bar. Une création d'Alice, en bonne ancienne assistante de la House Mechanics. Elle en vint ensuite à se demander si ce n'était justement pas ces jours-ci que des changements allaient se faire à la PH.

Elias avait laissé le rôle de directeur de la House Mechanics à Alex depuis maintenant deux ans, et l'horloger s'en sortait parfaitement. A tel point qu'on disait qu'il pourrait bientôt prendre la place de Wisdom à la tête de l'école. Qui l'eût cru. Surtout quand on l'avait connu il y a des années, comme Alice. Il avait beaucoup changé depuis l'époque. En bien. Et puis, d'un seul coup, Gear avait décidé de retourner en Amérique pour au moins plusieurs mois. Des questions relatives à ses entreprises, mais également à des écoles partenaires en Californie et à New Victoria, d'après ce qu'Alice avait compris. Il avait déjà fait cela par le passé, étant originaire de là-bas, mais cela faisait bien plus d'une décennie qu'il n'avait pas quitté Edimbourg aussi longtemps. Quoique, la barwoman ne s'inquiétait pas trop. Il finissait par revenir. Normalement.

Elle et Dinah étaient en train de mettre les chaises sur les tables, dernières tâches d'une longue nuit avant d'aller enfin se reposer chez elles, lorsque la porte du bar s'ouvrit. Alice se retourna, et par réflexe, annonça d'une voix ferme et fatiguée :

"Désolée, le bar est fermé. Revenez une autre..." Elle se figea, reconnaissant l'individu qui lui faisait face. Quoique qu'elle n'était pas vraiment certaine de le reconnaître. "Dany ?"

Il lui semblait n'avoir jamais vu le détective dans un état aussi déplorable. Il était détrempé de l'averse torrentielle qui tombait sur la ville depuis le début de l'après-midi, et ses vêtements étaient même maculés de boues à certains endroits. Quelque chose était d'ailleurs étranges dans ses habits, plus chiffonnés que d'ordinaire. Sa chemise, toujours impeccablement faite, était mal et à moitié boutonnée. Mais c'était son visage, particulièrement fermé et absent, qui inquiéta Alice. Inquiète, elle s'approcha de lui.

"Tout va bien, Dany ?"

Au moment où elle posa une main sur son épaule, il sembla se réveiller, et se dégagea d'un mouvement brusque et presque violent. Tellement violent qu'il tituba, et se serait certainement effondré si Alice n'avait pas eu le réflexe de le rattraper. Il ne pesait pas lourd d'ordinaire, mais à cet instant et au grand effroi de la barwoman, il semblait particulièrement maigre et léger. Comme transparent. Son épuisement était tel que, même s'il tenta de se dégager, il n'en eut pas la force. Aidée de Dinah, Alice le posa sur une chaise, avant de chercher s'il était blessé quelque part. A première vue, non. Toutefois, son mutisme persistant, malgré leurs nombreuses questions, l'alarmait de plus en plus. Les seules réactions qu'il avait était un grognement absent et une agitation lorsque les deux filles parlèrent de l'amener à l'hôpital. Il était clair qu'il n'allait pas se laisser emmener facilement.

"Que faire ?" demanda Dinah. "On a besoin d'aide..."

Alice tâcha de se calmer pour réfléchir. Qui pouvait-elle bien appeler ? Elias aurait été son premier choix, mais il était loin désormais ? Quelqu'un à la PH ? Dany n'était proche d'aucun d'eux, à sa connaissance. Sauf peut-être... Elle attrapa son téléphone, et composa nerveusement le numéro. Lorsqu'on décrocha, elle poussa un soupir de soulagement.

"Owen ! Désolée de te déranger, mais je crois que Dany a un problème..."

Elle lui expliqua rapidement la situation, avant de lui demander s'il pouvait venir jusqu'au bar au plus vite. Peut-être que lui saurait quoi faire, ou au moins, tirer quelque chose de leur ami. En l'attendant, Alice alla retrouver Dinah auprès de Dany, essayant d'obtenir une réaction de lui, en vain. C'était à peine s'il leur répondait. Et pourtant, quoi qu'il se soit passé, il était venu jusqu'au bar. C'était donc qu'il cherchait de l'aide. Ce qui, venant de sa part, était assez inquiétant.


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Dim 29 Juil 2018 - 21:38
Déjà plusieurs années que Owen était revenu s'installer sur l'Arche Ecossaise et il ne se passait pas un jour sans qu'il ne soit conforté dans son choix. La vie de bohème qu'il avait vécu jusque-là avait été formidable en bien des façons, mais elle ne lui manquait pas. Il était heureux de se rendre chaque jour de la semaine à la Potential Home et d'y enseigner l'art de la musique. La routine était un concept qui lui faisait horreur, mais il avait été surpris de réaliser à quel point son métier de professeur en était dépourvu. Il était confronté chaque jour à des leçons différentes qui n'étaient jamais appréhendées de la même manière selon ses élèves. Il devait être en constante adaptation, trouver des solutions et des exercices pour que ses explications soient non seulement comprises mais assimilées. Un véritable challenge journalier !

Et afin d'assurer ses arrières, il intercalait dans ses moments libres des collaborations musicales de-ci de-là qui lui permettaient de ne pas perdre la main et d'entretenir son inspiration. Comme cette session d'enregistrement qu'il venait de quitter après une dizaine d'heures passées à travailler dans une ambiance agréablement décontractée. Il aidait à la production du premier album d'un artiste de talent, multi-instrumentiste, à qui il prédisait une belle carrière. Il avait encore besoin de conseils techniques parfois, mais l'essentiel était là : la passion. Sans elle, vous pouviez être le meilleur guitariste ou la meilleure batteuse au monde, cela sonnerait toujours faux aux oreilles de Vox. Il ne cherchait pas à travailler avec les plus grands s'ils n'étaient qu'une machine à fric sans âme. Ce qui l'intéressait, c'était ce qu'ils donnaient, sans concession.

Il était tard lorsqu'il arriva chez lui, ce qui n'était pas rare lorsqu'il se plongeait dans le boulot mais il était tout de même content de retrouver son lit sous peu. Après avoir ôté ses chaussures d'un mouvement rapide dans l'entrée, il avait enchaîné avec le reste de ses vêtements, les semant dans tout l'appartement jusqu'à la chambre à coucher. C'est au moment où il allait se couler sous la couette qu'il entendit au loin son téléphone sonner. Il n'y aurait pas prêté la moindre attention au vu de son état de fatigue si la sonnerie n'avait pas été aussi insistante. Il se releva en ronchonnant et arriva juste à temps pour décrocher en marmonnant d'un air bougon et ensommeillé. Il n'avait pas prêté attention au numéro de son interlocuteur et il fut passablement surpris d'entendre Alice à l'autre bout du fil, d'autant plus avec une voix aussi paniquée.

Une véritable claque mentale le frappa instinctivement et il fut tout à coup aussi éveillé qu'après une bonne nuit de sommeil. Surtout lorsqu'elle mentionna leur ami commun. Que Dany ait des problèmes était une chose qui devait lui arriver au vu de son travail. Du moins le musicien s'en doutait, il n'avait jamais osé demander. Mais ce coup de fil à une heure tardive ne semblait pas contenir un quelconque élément lié à son job de détective et il en eut la confirmation lorsque la tenancière lui expliqua rapidement la situation.


- J'arrive.

Fut tout ce qu'il lui dit avant de raccrocher et de se rhabiller en quatrième vitesse. Ni une ni deux il était dehors et avait réussi à miraculeusement trouver un taxi pour l'emmener dans cette partie de la ville. Il n'habitait pas si loin que ça, mais à pied cela représentait une vingtaine de minutes qu'il préférait ne pas perdre. Les sourcils froncés sur la plage arrière, il observait nerveusement les rues défiler sous ses yeux, ses doigts tapotant un rythme saccadé sur ses genoux. Lorsqu'enfin il arriva à destination, il paya la course et se précipita hors du véhicule comme si le diable était à ses trousses avant de s'engouffrer dans le bar.

Son regard se posa sur les trois personnes présentes qu'il rejoignit en quelques enjambées en lançant un regard inquiet et interrogateur à Alice et Dinah. Data, lui, n'avait pas esquissé le moindre mouvement, ce qui était plutôt inhabituel pour lui. En temps normal il aurait réagit, il aurait voulu voir, savoir qui débarquait ainsi, mais là... rien. Et lorsqu'il se trouva enfin face à lui, Owen prit définitivement peur. Son ami était amaigri, pâle, le regard perdu dans le vide sans une quelconque réaction à ce qui l'entourait.


- Cooper ! Hey, Cooper !

Il s'était agenouillé devant lui et avait délicatement posé une main sur son genou en lui parlant d'une voix douce avant de regarder les filles.

- Vous n'auriez pas une couverture qui traîne ? Et un whisky bien tassé...

Son allure complètement débraillée en-dehors du fait qu'elle ne lui était pas non plus coutumière, allait aussi lui faire attraper la crève à ce rythme-là. Dieu seul savait depuis quand il était dans cet état. La bonne nouvelle c'est qu'il était venu jusqu'ici, encore fallait-il maintenant qu'il leur en explique la raison. Pour le moment, Vox privilégiait la manière douce, il ne savait pas ce qui venait de se passer et il ne voulait pas le brusquer s'il pouvait l'éviter. En revanche s'il n'obtenait pas de résultats, il serait obligé de muscler un peu son jeu en espérant que cela provoquerait un déclic. Et si vraiment rien ne fonctionnait, ça serait l'hôpital, qu'il le veuille ou non.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:01
A bien réfléchir, j’avais peut-être déjà connu ça. Cette sensation de vide, de gouffre. La perte progressive de la réalité pour finalement se mettre en pilote automatique. Parce qu’on a rien trouvé d’autre pour continuer. Mais cette fois-ci, c’était bien pire. Cette contradiction était devenue de plus en plus écrasante, entre s’anesthésier complètement et hurler ce qu’on a sur le cœur. Le pire, c’était que je ne savais pas ce qui se passait. Ça avait commencé presque doucement, avec plus de travail, encore moins de sommeil. Puis des repas de plus en plus rare, jusqu’à inexistants. En dehors de l’alcool et du café. Et peu à peu, la déconnexion. Mais pourquoi au juste ? Comme si quelque chose de fort, de puissant, avait envie de sortir. Et que je ne le laissais pas. C’était d’autant plus agaçant de ne pas savoir. Alors, je plongeais d’autant plus, pour ne pas y penser.

Seulement, un soir, ça a complètement foiré. J’ai levé la tête de mon bureau, et j’ai réalisé à quel point j’étais seul. Ou plutôt, à quel point je me sentais seul. C’était ridicule, car c’était toujours ce que j’avais voulu. Et pourtant, là, sur le moment, ça m’a fait tellement mal que j’en ai eu le souffle coupé. Pourquoi maintenant plutôt qu’avant ? Peut-être parce que les autres vivaient leur vie. Alice et Dinah avait leurs projets, leur couple. Owen avait sa musique. Et Elias… était parti. C’était de ces moments de rechute où je me dis : et si je disparaissais, est-ce que quelqu’un s’en rendrait seulement compte ? Le doute était de plus en plus fort. Et pourtant, j’étais toujours vivant. Et ça m’énervait de me voir me mettre dans de tels états pour quelques petits changements. Je n’avais pas besoin d’eux. Je pouvais très bien m’en passer, combler le vide avec autre chose.

Plus rien n’avait plus d’importance. Tant qu’on m’enlevait ce gouffre en moi.

Le bar n’avait pas vraiment été un choix, c’était celui-là parmi tant d’autres. Tant qu’il y avait des gens comme moi, ça n’avait pas d’importance. Ce n’était pas mieux qu’ailleurs, et l’alcool non plus. Mais tant qu’il y en avait, ça n’avait pas d’importance. La musique était mauvaise, trop forte, mal réglée. Un supplice pour les oreilles. Mais ça n’avait pas d’importance. De toute manière, j’étais bien trop ailleurs pour vraiment le remarquer. Tout ce que je voyais, c’est la série de verres qui s’enchaînait sous mes doigts. Tellement vite que j’ai l’impression qu’il s’agissait d’un de ces putains de tonneau de Danaïdes. Pas que je m’en plaignais.

Et d’un coup, je me retrouve avec trois gars accoudés autour de moi. Plus âgés, plus bruyants ; plus tout. Ils comblaient les vides de mes non-réponses sans que ça semble les déranger, sans aucune finesse. Mais ça n’avait pas d’importance. C’était à peine si j’avais réalisé le déplacement du comptoir jusqu’aux toilettes. L’insalubrité, les lumières blafards. Ça n’avait pas d’importance. Ni le fait que je n’avais pas la moindre idée de l’ordre qu’il avait choisi. Ni de ne pas faire attention à leur visage. Ou à de ce qu’ils faisaient avec mon corps, avec le leur. Aux notions de décence de et de sécurité élémentaires. Peu importait.

Plus rien n’avait plus d’importance. Tant qu’on m’enlevait ce gouffre en moi. A tout prix.

*

Petit à petit, les choses commençaient à se remettre en place. Je reconnaissais certains éléments du bar d’Alice. Puis sa voix, et celle de Dinah. C’était comme si tout se trouvait derrière un voile. Plus rien ne pouvait m’atteindre. Sauf une chose. Une pensée insidieuse, qui se frayait un chemin jusqu’à mon cerveau. Quelque chose n’allait pas. Et c’était ma faute. Personne ne devait me toucher. Être contaminé par ma stupidité. C’était tout ce qui importait.

Et puis, une autre voix. Bien connue, trop belle pour être confondue avec une autre.

"… Morrison ?" Avant de réaliser qu’il venait de poser sa main sur mon genou. Ce fut comme une décharge électrique. Je me levai d’un bond, renversant la chaise. "Ne me touche pas !"

Le cri était apeuré, presque désespéré. Peut-être que je l’avais blessé, mais c’était préférable à ce qu’il devienne comme moi. Tout, sauf ça.

Je sentis alors une couverture se poser sur mes épaules, et la voix lointaine d’Alice qui me disait, avec calme et douceur :

"Ça va aller Dany. Tout va bien. Tu es avec nous..."

Le brouillard s’estompa peu à peu, et je pus les voir clairement tous les trois. L’inquiétude dans leur regard fut la dernière chose nécessaire à me sortir de cet état vaseux dans lequel j’étais. Je sentis mes jambes faiblirent, et fus heureux que Dinah remette la chaise pour que je puisse m’y effondrer. Le verre de whisky fut aussi accueilli avec reconnaissance. Je le vidai d’une traite, alors que tous les souvenirs de ces dernières heures revenaient petit à petit. Mon corps me lançait, du bas du dos jusqu’au sommet de mon crâne. Je me pris le visage dans les mains, et poussais un long soupire.

"Je… je crois que j’ai besoin d’aller aux urgence..."

Avec le retour de mes esprits, la honte avait remplacé tout le reste, grandissante et terrifiante. J’inspirai profondément, et relevai le visage pour leur faire face. Je ne savais même pas par quoi commencer, tellement c’était affligeant. Même à eux, qui méritaient pourtant de savoir. Et de ne pas être aussi inquiet.

"J’ai… fait une connerie."

Pour le reste, les mots « flou », « pas sûr » et « inconnus » parvinrent à s’échapper de mes lèvres. Je ne réalisais pas encore parfaitement, mais je n’étais pas certain de le vouloir.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:04
L'inquiétude avait envahit le musicien dès qu'il avait posé son regard sur son ami et amant. Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, mais leurs affinités musicales avaient tissés de solides liens entre eux. Pas qu'ils en aient jamais discuté, ce n'était pas le genre de l'un ou de l'autre, mais il le sentait. Cet homme affalé sur une chaise devant lui, les yeux perdus dans le vide, était bien plus qu'un mec qu'il appelait quand il avait envie d'un peu de sexe. C'était un ami, un proche et il avait horreur de le voir dans cet état-là en se sentant si désemparé. Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu'il se retrouve déconnecté ainsi du monde qui l'entourait ? Il s'était fait agresser ? Il avait consommé une drogue qu'il aurait dû éviter ? Aucune de ces hypothèses ne lui semblait probable et il avait hâte de savoir ce qui s'était passé afin de l'aider au mieux. Car ce qui était plus insoutenable pour lui que de voir une personne qu'il aimait souffrir, c'était de ne rien pouvoir faire pour l'épauler.

Heureusement, son arrivée sembla provoquer une réaction chez le détective qui sortit de sa léthargie pour prononcer son nom. Un sourire rassurant se dessina sur les lèvres de Vox mais il n'eut pas le temps de répondre quoique ce soit qu'il bondissait de sa chaise en s'écartant précipitamment comme s'il avait la peste. Son injonction et le ton terrifié qu'il avait pris pour la lui lancer lui arrachèrent un regard effaré et soucieux mais ne l'empêchèrent pas de s'approcher à nouveau tandis qu'Alice revenait avec une couverture et un verre d'alcool. Lorsqu'il s'écroula sur la chaise, il s'approcha encore un peu plus et se planta devant lui alors qu'il descendait son whisky cul sec. Son visage exprimait une inquiétude qu'il n'arrivait pas à dissimuler et qui s'empira lorsque Data émit le souhait de se rendre à l'hôpital. Jamais il ne l'avait vu agir de la sorte, ni demander de l'aide comme il le faisait à présent. Le professeur était prêt à le conduire aux urgences sur le champ, mais à présent qu'il avait repris ses esprits, son ami semblait plus apte à leur expliquer ce qui lui était arrivé.

Le récit fut décousu et il ne fut pas facile de suivre le déroulement des événements. Cependant Owen en saisit l'essentiel et cela ne lui plut pas du tout. Il sentit une colère monter en lui alors qu'il observait Dany avec une nouvelle froideur. Il se releva lentement en fermant les yeux pour tenter de se calmer mais ce fut peine perdue. Il ne pouvait garder son sang froid, pas face à cette inconscience, à cette stupidité crasse qui pouvait affecter et infecter d'autres que le principal concerné. Il l'observait à présent comme si c'était la première fois qu'il le voyait réellement. Pourquoi avait-il fait ça ? Était-ce la première fois ? Devait-il lui-même s'alarmer ? Autant il ne jugeait jamais quiconque sur sa vie sexuelle, autant il avait une sainte horreur des irresponsables qui agissaient de la sorte. Il avait une sexualité active, mais jamais au grand jamais il n'aurait mis qui que ce soit en danger.

Le coup parti sans qu'il ne fasse quoique ce soit pour le retenir, tout comme les mots qu'il lui cracha au visage sur un ton furieux.


- Comment est-ce que tu as pu être aussi con Cooper ?! T'es sérieux ?! Fais-toi baiser par qui tu veux, où tu veux, mais bordel protèges-toi !!

Il l'attrapa par le col de sa chemise débraillée et le remit sur pied afin qu'ils soient face à face. Il était hors de question qu'il se cache et ne le regarde pas droit dans les yeux après ce qu'il venait de leur avouer.

- C'est quoi ton délire ? Tu veux tellement t'auto-détruire que tu es prêt à te faire contaminer ? A mettre en péril ta santé ? Ta vie ? Celles des autres ? De tes amants ?!

Il ponctua ses phrases en secouant Data comme un prunier, comme s'il avait pu ainsi le réveiller et lui faire réaliser ce qu'il venait de faire, ce qui était en jeu. Le dernier mot fusa sur un ton acerbe accompagné d'un regard assassin pour lui faire comprendre qu'il parlait de lui à cet instant. Lui avait-il menti par le passé ? L'avait-il exposé à des maladies ? Ils avaient toujours été prudents, mais taire une possible infection était déjà hors limites pour Vox qui le repoussa avec violence sans le quitter des yeux. Il l'emmènerait à l'hôpital, il serait là pour lui, il resterait son ami. Mais là, tout de suite, il le méprisait comme jamais il n'aurait pensé le faire. Une partie du profond respect qu'il avait pour lui s'était évanoui et il attendait qu'il prenne la parole pour savoir s'il pourrait la retrouver.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:06
Les connexions avaient toujours de la peine à se faire dans mon cerveau, mais j’en avais de plus en plus conscience. Ce qui commençait à devenir à la fois frustrant, mais également anxiogène. Plus je revenais à la réalité, plus je réalisais à quel point j’avais foiré durant mon black out. Pourquoi est-ce que j’avais été me mettre dans ce merdier ? Et pourquoi je n’avais rien fait ? Qu’est-ce que je cherchais à faire ? Et comment avais-je pu aller aussi loin sans réagir ? Savoir que j’avais pu laisser faire ça me terrifiait. Car, si j’avais été capable de le faire une fois, qu’est-ce qui me prouvait que tout n’allait pas déraper à nouveau et échapper à tout contrôle ? Sans parler des conséquences beaucoup plus directes…

Alice, Dinah et Owen s’étaient rassemblés autour de moi, essayant de comprendre le récit décousu que je parvenais à peine à dire. Mais l’essentiel était dit, et il ne fallut pas longtemps pour que la barwoman ne réagisse.

"Putain Dany ! Mais qu’est-ce qui…"

Elle non plus ne dut pas voir arriver le coup. Ni Dinah, qui poussa un léger cri. Ce fut tellement soudain que j’eus l’impression qu’on venait de me donner une décharge. Au moins, j’étais désormais bien sorti de ma léthargie et réveillé, quoique absolument pas préparé au reste des coups verbaux qui s’écrasèrent sur mon visage. Incrédule, je regardai le visage furieux d’Owen me déballer ce qui n’était que la vérité. Et cela faisait d’autant plus mal que je le réalisais en même temps. Qu’est-ce qui ne tournait pas rond chez moi ? Pourquoi, maintenant qu’il fallait assumer les conséquences, je me trouvais incapable d’expliquer ce qui m’avait poussé jusqu’à cet extrême ? A moi-même, et aux gens que j’aimais…

Cependant, la dernière phrase me fit enfin réagir. Lorsqu’il me repoussa, je tins bon, et revins vers lui pour l’agripper à mon tour. Je me sentais à la fois blessé et en colère qu’il puisse penser ça de moi. Qu’il puisse me connaître si mal, alors que… alors que nous étions plus que de simples connaissances. Il était plus que cela. En réponse, je haussais le ton à mon tour.

"Jamais je n’ai mis quelqu’un en danger. Personne et surtout pas toi, jamais ! Je préférerais plutôt mourir que de..."

Ce n’était pas la chose à dire, et je le réalisai subitement. Mon énergie retomba d’un seul coup, et je laissai son col glisser entre mes mains pour le relâcher. Ça aussi, c’était la vérité. Je n’avais jamais voulu faire de mal à qui que ce soit. Ni les inquiéter tous les trois. C’était même la dernière chose que je pouvais souhaiter. Alors… pourquoi ? Pourquoi est-ce que j’avais été aussi con et égoïste ? Je passai mon visage entre mes mains, sentant la brûlure du coup encore palpitante sur ma peau. Je me sentais si vivant, si entier. Comment avait-il pu en être autrement ?

"Je… je ne sais pas ce qui m’a pris… jamais… jamais je ne fais ça. Et jamais je n’ai voulu..."

Ma tête bourdonnait, comme après une cuite monumentale. Voulu quoi ? Les blesser ? Me faire du mal ? M’autodétruire ? Tout ça ? Mais alors, pourquoi ? Pourquoi je m’étais senti assez mal pour en arriver là ? Et maintenant, maintenant… Mes jambes vacillèrent à nouveau, et je parvins miraculeusement à retomber sur la chaise, frissonnant malgré la couverture sur mes épaules.

"Ça suffit maintenant." intervint Alice d’une voix ferme et autoritaire en se mettant à mes côtés, tandis que Dinah posait une main sur l’épaule d’Owen pour le retenir et le calmer. "On réglera ça plus tard, et ne crois pas en échapper aussi facilement, Dany. Mais pour l’heure, je crois qu’on est tous d’accord pour dire qu’il faut qu’on aille direct à l’hôpital, et au plus vite."

Elle fixa Owen, puis moi. Je baissai simplement la tête, ne trouvant rien à redire. Ou à dire tout court. Rien de plus qu’un murmure :

"Je suis désolé..."

"Allez, on verra ça après." reprit Alice en m’aidant à me relever, tandis que Dinah partait chercher leur VAP. "Il faut pas traîner, mais ça va aller. D’accord, tous les deux ?"

Il me fallut quelques instants avant de vaguement hocher la tête. Alice esquissa alors un rapide sourire, avant de partir chercher quelques affaires au pas de course. Ce qui me laissait seul avec Owen. Serrant la couverture contre mes épaules, je le fixais en silence, trop épuisé et faible pour faire quoi que ce soit d’autre.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:10
Le coup de sang d'Owen prit tout le monde par surprise, en premier lieu son ami qui le regardait d'un air hébété mais visiblement assez conscient pour absorber ce qui était dit. La violence ne faisait pas partie du caractère du musicien, il fallait le pousser dans ses retranchements pour qu'il y ait recours ce qui était clairement le cas ici. Il avait horreur de ça, de se laisser submerger de la sorte et il se sentirait mal. Plus tard, lorsqu'il aurait eu le temps de digérer et que les choses se seraient tassées. Mais pour le moment, il se sentait à la fois terrorisé par la confession qu'il venait d'entendre et les conséquences qu'elle pourrait avoir et hors de lui face à tant de bêtises. Ce n'était pas Dany qui venait de faire ça, c'était impossible ! Lui si prudent et réfléchi s'était mis dans une situation diamétralement opposée à ce qu'il était et à bien y penser, c'était peut-être ça qui était le plus effrayant et rageant.

Il ne savait pas si c'était le coup de poing ou ses paroles qui l'avaient enfin ramené du monde des zombies, mais Vox ne s'attendit pas à ce que le détective passe à la charge. Sous le coup de la surprise, il se laissa attirer vers lui et l'écouta en lui lançant un regard incrédule. Il ne comprenait donc pas ? Il était certes touché de l'entendre dire de manière détournée qu'il tenait autant à lui et il lui suffisait de plonger son regard dans le sien pour savoir qu'il était sincère et que jamais il ne lui avait menti. Cependant ce n'était pas l'unique problématique ici et il était temps qu'il le comprenne enfin. Qu'il réalise qu'il avait des amis pour qui il comptait et qui se maudissaient de le voir se détruire à petit feu comme il le faisait sans rien pouvoir faire pour l'aider.

Sa colère sembla retomber instantanément et mourir en même temps que ses paroles morbides sur ses lèvres. Il s'écroula à nouveau sur la chaise en bafouillant ce qui s'apparentait à des excuses, mais le professeur n'était pas prêt à les entendre, pas tant que Data ne l'aurait pas écouté. Il reprit donc sur un ton toujours aussi courroucé mais où la froideur avait été remplacée par le chagrin.


- Si Dany ! TU t'es mis en danger ! Et tu n'en as peut-être rien à foutre mais ce n'est pas mon cas !

C'était la première fois qu'ils s'avouaient ainsi mutuellement le lien qui les unissait. Belle entrée en matière qui fut toutefois interrompue par l'intervention d'Alice qui parait au plus pressé. La main de Dinah sur son épaule calma Owen qui lança un regard entendu aux deux jeunes femmes. Il n'en resterait pas là mais il était d'accord de mettre entre parenthèses cette discussion houleuse le temps de s'assurer que tout allait bien pour leur ami commun qui s'excusait à nouveau d'une voix faible. Le musicien dut se mordre la lèvre pour ne pas lui lancer une réplique cinglante et observa à la place le couple s'éloigner, les laissant seuls face à face.

La colère était toujours présente mais de voir Data aussi misérable et honteux l'adoucit quelque peu. Il s'approcha avec lenteur et prit son visage entre ses mains en lui lançant un regard insondable. Il voulait être présent et l'aider, c'était le plus important en cet instant, mais il y avait encore beaucoup trop de questions qui attendaient des réponses concrètes. Alors tout ce qu'il put dire fut :


- Ça va aller Cooper.

Pour la première fois depuis qu'il avait débarqué affolé dans le bar, il lui sourit. Rien de charmeur, rien de rayonnant. Un simple et léger sourire couplé à une pression de ses mains sur son visage pour lui signifier qu'il était là pour lui. Sans trop y réfléchir, il réajusta la couverture sur ses épaules et le prit dans ses bras avec fermeté pendant un bref instant. Il était toujours furieux, mais Alice avait raison : cela devait attendre. Le plus urgent était qu'il reçoive les soins préventifs appropriés afin de mettre toutes les chances de leur côté pour que rien ne lui arrive.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:12
C’était la première fois que je voyais Owen s’énerver. Alice, j’avais l’habitude et même Dinah avait ses moments. Mais le musicien, je n’aurais pas cru. C’était un peu comme Elias, le genre de personnalités qu’on imaginait pas piquer une colère. Alors que c’était complètement con, ils étaient humains comme tout le monde et avait le droit de ne pas être toujours de bonne humeur. Je fus cependant assez surpris de cet accès de colère soudain, d’autant que je n’étais toujours qu’à moitié en train de réaliser ce qui m’arrivait. Au moins, maintenant, j’étais pleinement présent. Et prêt à riposter. Parce que c’était comme ça que je fonctionnais.

La surprise fut alors partagée, mais ce ne fut qu’une maigre consolation. Surtout après les paroles qu’il venait de me dire, et qui ne faisait que de m’asséner la vérité. J’étais le seul responsable, et j’avais commis une connerie qui me dépassait largement. Dire que je ne comprenais pas ce qui m’avait pris ou que j’étais désolé ne suffirait pas. J’étais maître de mes mouvements et de mes choix, même si en l’occurrence, cela échappait complètement à ma logique. Ce n’était pas une excuse, et ne réparerait certainement pas les tords que j’avais commis envers mes amis.

Seulement, Owen n’en resta pas là. Je relevai le visage pour le fixer, à la fois étonné et atterré de voir que cela l’avait autant attristé que je me sois mis en danger. Surpris, peut-être parce que j’aurais pensé qu’il n’accorderait pas une aussi grande importance à ce qui m’arrivait. A part Alice et Elias, personne d’autre ne le ferait après tout. Et triste de voir que cela lui avait fait autant de peine, parce que cela m’importait. J’en étais à la fois reconnaissant, mais également inquiet de réaliser que notre relation prendre un tournant plus… sérieux.

J’aurais voulu lui rétorquer qu’il n’avait pas à ‘inquiéter pour mon cul, si c’était plus facile et vivable pour lui, vu que je ne lui avais rien demandé. En pur égoïsme, et pour tenter de me rassurer. Heureusement, Alice intervint en premier, nous ramenant à des considérations plus urgentes. Ma protestation mourut dans l’œuf, et je retrouvais mon état de désœuvrement total, incapable de dire autre chose que des excuses. Que pouvais-je dire de plus ? C’était même déjà trop. Je restais donc seul face à Owen, silencieux et misérable, m’attendant à subir d’autres insultes ou remontrances. Je l’avais bien mérité, après tout.

Et je pensais que c’était ce qu’il allait faire, en attrapant mon visage entre ses mains pour me fixer. Je sentis mon estomac se retourner, et en aurais sans doute régurgité son contenu, si toutefois il y en avait eu. Son regard avait quelque chose de perçant et d’intense, tout en étant d’une beauté fascinante. En d’autres circonstances, j’aurais maudis ma capacité à succomber face à de tels détails purement esthétiques. Mais le sourire et les paroles douces en décidèrent autrement.

Plongeant un peu plus dans la perplexité et la surprise, je le sentis me serrer contre moi. Avant que je ne le serre également dans mes bras, un léger sourire apparaissant brièvement sur mes lèvres.

"Merci." fut tout ce que je pus dire, en un murmure néanmoins sincère. Puis, avec un peu plus d’assurance : "Ça va aller."

Alice débarqua alors en nous faisant signe vers la sortie.

"On y va les garçons ! Dinah nous attend."

Elle s’approcha de moi pour m’aider à me relever, et même si je me sentais plus en forme que quelques minutes auparavant, ce ne fut pas de trop. On se dirigea vers la porte du bar, puis vers le véhicule parqué devant et dont le moteur tournait déjà. Je pris place à l’arrière, à côté d’Owen, tandis qu’Alice vint s’installer aux côtés de Dinah après avoir fermé l’établissement. A peine la porte fut-elle fermée que la serveuse démarra en trombe, s’élevant dans les airs avant de foncer à travers les rues désertes. Instinctivement, j’attrapais la première chose qui se présentait à moi, à savoir le bras d’Owen. Même au plus mal, je détestais toujours ce genre de trajets. Et Dinah n’y allait généralement pas de mains mortes. Au moins, mon estomac vide ne pourrait pas rendre quoi que ce soit ce soir.

Comme si elle devinait mes pensées, Alice se tourna dans ma direction, m’observant d’un regard sévère :

"Dany, c’est quand la dernière fois que tu as mangé quelque chose ? Un vrai aliment ?"

Je fermais les yeux, autant pour me concentrer sur la question que pour ne pas regarder la route. Cela me prit un peu de temps. Déjà, pour arriver à me souvenir. Ensuite, pour le dire, sachant que ça ne leur plairait sans doute pas.

"Un reste de pâtes. Il y a deux jours, je crois… Sinon, j’ai bu de l’eau..."

Comme prévu, cela me valut une flopée d’injures de la part d’Alice. Sachant qu’il était inutile ou même dangereux que je réponde quoi que ce soit, je laissais couler les insultes. Là encore, je l’avais cherché. Pourtant, je ne l’avais pas fait volontairement, ou dans le but de m’affamer. C’était juste… que je n’y avais pas pensé. Je n’avais pas eu faim. Cela m’arrivait, parfois. Surtout depuis l’attentat. Mais jamais à ce point. Et si ça ne rassurait pas Alice, c’était également mon cas...
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Dim 29 Juil 2018 - 22:18
L’aveu qu’Owen lui fit sembla déstabiliser le détective, ce qui n’améliora aucunement son humeur. Pourquoi était-il aussi surpris de compter à ses yeux ? N’étaient-ils pas proches ? Malgré le fait qu’ils ne se soient jamais avoués que leur relation était plus que du sexe, cela coulait de source dans l’esprit du musicien. Ils étaient amis et donc il était normal qu’il ressente de l’inquiétude dans une telle situation, comment ne pouvait-il pas en être conscient ? Cela le dépassait qu’il ne s’avoue pas l’évidence et le tuait qu’il puisse penser autrement. Etait-ce simplement parce qu’il avait l’habitude de se déprécier ou parce qu’ils n’étaient au final pas sur la même longueur d’ondes ? Que cette amitié était à sens unique ? C’était une possibilité désagréable qu’il préférait ne pas envisager, mais il ne put s’empêcher un regard blessé à l’homme qui se tenait devant lui tandis qu’Alice intervenait pour mettre fin à leur discussion houleuse.

Lorsqu’elle s’éclipsa en les laissant seuls, Vox ne fut pas certain de pouvoir rester de marbre avec toutes les questions qui tournaient dans sa tête. Cependant il se devait d’être là pour son ami, que celui-ci le veuille ou non. Qu’ils aient ou non autant de considération l’un pour l’autre. A cet instant, cela n’avait aucune importance et il rendit les armes pour le prendre dans ses bras, heureux de le sentir lui retourner son étreinte. C’était un signe qu’il reprenait du poil de la bête, qu’il redevenait lui-même. Le professeur, dans l’ambivalence de son attitude, faillit répondre à ses remerciements par un « Attend un peu avant de dire merci, on n’en a pas fini avec toi… », mais se retint à nouveau. Il se contenta de se détacher de lui sans un mot et de répondre par un hochement de tête à son affirmation. A sa confirmation même. Comme si le fait de le dire ainsi avec aplomb pouvait conjurer le destin et les assurer que tout irait bien.

Pour se faire cependant, il n’y avait pas de temps à perdre et c’est ce que leur rappela Alice lorsqu’elle revint dans la pièce, aidant Data à se lever pour rejoindre le VAP. Ils sortirent tous les trois et Owen aida son amant à monter dans le véhicule avant de prendre place à ses côtés. Dès que Dinah mit les gaz, il sentit qu’on lui empoignait le bras et déposa calmement mais avec fermeté une main sur celle de l’homme qui détestait tant ce genre de moyen de transport. Il avait oublié ce détail qui devait être la goutte d’eau d’une soirée déjà forte en émotions et espéra que ce contact bienveillant le rassurerait. Mais cela ne ferait sûrement pas le poids pour contrer les questions de la jeune femme qui s’était tournée vers eux.

Le professeur observa cette dernière avec attention avant de porter son regard sur Dany tandis qu’il semblait lutter pour se souvenir de la réponse. Celle-ci, à nouveau, déplut fortement à ses proches et tandis qu’il se prenait les remontrances de la tenancière, Vox resserra ses doigts autour de sa main, peut-être un peu trop fort, en signe de protestation et de mécontentement. D’accord, il était sûrement mal placé pour lui jeter la pierre étant donné le nombre de repas qu’il s’autorisait à sauter lorsqu’il travaillait trop. Mais la faim et son organisme fatigué le rattrapaient toujours et jamais il n’avait passé autant de temps sans manger. En tout cas pas quand il allait bien, ce qui en disait long sur l’état du détective. Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu’il se comporte de la sorte ? Il essayait de trouver la solution au problème en l’observant avec attention, mais rien ne semblait émerger.

Il tourna donc son visage vers l’extérieur tout en gardant sa main enserrée autour de la sienne. Il n’avait pas besoin de le fixer alors que son amie lui remontait les bretelles. Cela ne lui apporterait pas plus de réponses et il ne souhaitait pas ajouter un regard inquisiteur et désapprobateur au déluge qui s’abattait sur lui. Etrange d’ailleurs qu’il tente ainsi de le préserver alors que quelques minutes plus tôt, il l’avait frappé sans ménagement. Mais il n’était pas à une contradiction près et il avait encore beaucoup de peine à faire cohabiter sa colère et son inquiétude.

Le trajet ne prit heureusement que peu de temps, Dinah étant une habile conductrice. Elle les déposa à l’entrée des urgences et partit se parquer un peu plus loin alors que Vox passait un bras autour de la taille du détective pour l’aider à parcourir les quelques mètres qui les séparaient de l’entrée des urgences. D’un geste souple, il l’assit sur une chaise de la salle d’attente puis s’avança vers l’accueil. Instinctivement, il avait pris les choses en main et expliquait à présent de manière concise à l’infirmière de garde ce qui les amenaient. Celle-ci nota les informations principales et leur demanda d’attendre leur tour ce qui, au vu de la faible affluence, ne devrait pas prendre trop de temps. Owen la remercia et rejoignit Dany avec un visage fermé, s’assit à côté de lui et posa une main sur sa cuisse.


- Ca ne devrait pas être trop long.

Il ne restait plus qu’à attendre maintenant. Attendre qu’il voit un médecin. Attendre qu’il fasse des analyses. Attendre qu’il soit mis sous traitement. Attendre de longues semaines pour savoir si ce dernier avait été efficace. Oui, une attente interminable se déroulait devant eux sans qu’ils ne puissent rien y faire. Et c’était ça le plus terrible à l’heure actuelle et qui faisait que le musicien se mordillait la lèvre en fixant d’un regard inquiet un point dans le vide. Cette parenthèse, ce sursis avant que la sentence tombe. Et il n’y avait rien qu’il puisse faire hormis être présent, ce qui lui paraissait bien peu. Instinctivement, sa main se resserra un peu plus, avec douceur, sur sa jambe.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:20
La situation restait confuse, malgré le fait que mes esprits me reviennent peu à peu. Et je ne parlais pas seulement de l’incident dans les toilettes du bar, auquel j’essayais de ne pas trop penser tant que je le pouvais. Mais cette réaction d’Owen, puis la mienne, me laissaient extrêmement confus également. Je ne me rappelais pas lui avoir jamais dit que je le considérais comme un ami proche, mais d’un autre côté, ce n’était clairement pas mon genre. Et pourtant, je fus surpris de voir que, non seulement je le considérais comme tel, mais que lui aussi. Difficile de dire lequel des deux était le plus inattendu. Quoiqu’il en soit, j’étais plongé dans une profonde perplexité, hésitant entre faire comme si de rien n’était et un geste dans sa direction. Sans savoir lequel. Le voir aussi blessé n’aidait clairement pas à choisir, et était beaucoup plus douloureux que le coup qu’il venait de m’assener.

On opta cependant pour une trêve, au moins le temps de nous rendre aux urgences. Je ne doutais pas du fait que j’allais encore me prendre un sacré savon, mais pour l’heure, une brève étreinte. C’était clairement mieux qu’un coup ou des insultes, même mérités. Ce fut cependant de courte durée, puisqu’Alice vint nous chercher pour nous amener au VAP qui allait nous conduire à l’hôpital. Je n’y étais pas à mon aise, mais il aurait été plus que malvenu de me plaindre. Je me contentais donc de serrer le bras d’Owen, attendant que le trajet se termine en serrant les dents. Mais avoir une main dans la mienne s’avéra être une distraction plus que bienvenue.

Jusqu’au moment où l’aveu de ma non-nutrition dut être fait, m’attirant les foudres d’Alice. La poigne sur ma main faillit m’arracher un petit cri de douleur, mais je pris sur moi pour l’étouffer. L’un et l’autre avait le droit de me sermonner, de la manière qu’il le souhaitait. Même si, curieusement, Owen n’ajouta rien et ne me regarda même pas. Je craignais de l’avoir à nouveau blessé, mais difficile d’en placer une quand Alice s’y mettait. Je restais donc silencieux jusqu’à notre arrivée, serrant doucement la main du musicien en réponse.

Les hôpitaux et moi, c’était une grande histoire d’amour. Au moins, cette fois-ci, j’étais plus ou moins capable de marcher jusqu’à l’intérieur, même si c’était aidé par les deux autres. Là encore, je ravalais ma fierté mal placée. Et même si j’aurais aimé aller prendre moi-même les devants pour expliquer la situation dans laquelle je m’étais mise comme un grand, je laissais Owen s’en charger, m’asseyant dans la salle d’attente avec Alice. Lorsque le musicien revint, je hochai simplement la tête en guise de réponse, prêt à attendre le temps qu’il fallait.

Étrangement, je me sentais d’un seul coup plus serein. Peut-être que c’était la fatigue. Ou juste la présence rassurante d’Alice et d’Owen. Mais dans tous les cas, je ne ressentais aucune peur ou crainte. Contrairement aux deux autres, visiblement à cran. Et cela me faisait encore plus mal de le voir que tout le reste. Doucement, je posais une main sur l’épaule d’Owen pour l’attirer à moi, tandis que mon autre main allait chercher celle d’Alice, un léger sourire sur les lèvres.

"Ça va aller."

Et je le pensais vraiment. Quoiqu’il arrive, cela allait bien se passer. Parce qu’ils étaient là. Dinah arriva juste au moment où une infirmière appela mon nom. Je lui laissai ma place, et lançai un dernier regard rassurant aux deux autres avant de suivre la soignante jusqu’au cabinet de consultation du médecin de garde. Je fis de mon mieux pour expliquer la situation, d’après ce que je me souvenais. Ce n’était pas agréable, mais je me forçais à ne pas mettre de côté tous les détails, comme s’il s’agissait d’un cas autre que le mien. Le médecin me posa ensuite des questions, puis procéda à plusieurs examens. Dans ma malchance, j’avais semblait-il eu la chance de tomber sur un médecin compréhensif, qui ne me jugea pas ou ne me posait pas de questions personnelles qui n’étaient pas nécessaires à ma santé.

L’examen se passa relativement vite, et il finit par me demander si je voulais que l’on aille chercher mes proches pour le diagnostic. Et c’était la putain de moindre des choses que je pouvais encore faire que de les laisser venir.

"La bonne nouvelle, c’est que vous êtes venu très rapidement." commença-il lorsque tout le monde fut rassemblé dans la salle d’examen. "Il y a donc de fortes chances pour que la trithérapie d’urgence marche."

J’entendis Alice pousser un soupir de soulagement. L’homme reprit :

"Cependant, il s’agit de soins lourds et difficiles. Ils perturbent notamment le transit et l’estomac. Vu votre état de malnutrition, je préfère vous garder quelques jours sous surveillance, et sous perfusion. Pour être certain qu’il n’y aura pas de complications."

Je pensais tout de suite à l’agence, au boulot qui allait s’accumuler. Mais cette pensée fut vite balayée lorsque j’observais Owen, Alice et Dinah. J’inspirais profondément.

"C’est entendu. Merci."

Je lui serai la main, et il me conseilla de me rendre à l’accueil de l’hôpital pour les formalités administratives. Après quoi, je serai redirigé vers ma chambre pour commencer mon traitement. Mais avant cela, il me laissa quelques minutes avec les autres. Le temps de nous remettre.

"Vous n’êtes pas obligés de rester avec moi…" dis-je finalement. "Vous travaillez demain, et je vais être pris en charge."
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Dim 29 Juil 2018 - 22:22
L'angoisse que ressentait Owen à ce moment lui était tellement étrangère que cela le déstabilisait quelque peu. Lui si joyeux, plein d'entrain et de légèreté subissait rarement l'attaque de cet étau qui enserrait sa poitrine au point de le faire suffoquer. Son regard perdu dans le vide lui conférait une expression déconnectée de la réalité mais il ne fallait pas s'y fier. Son esprit tournait à plein régime pour tenter de comprendre ce qui avait bien pu passer par la tête de Data pour qu'il se comporte de la sorte. Mais peu importe dans quel sens il prenait le problème, il ne saisissait pas ce qui avait pu déclencher une telle confusion et cela n'arrangeait en rien son humeur et son anxiété. Il avait les nerfs à fleur de peau, il le ressentait d'autant plus maintenant qu'ils étaient tous installés à attendre et il ne put s'empêcher un léger sursaut lorsque son ami passa un bras autour de ses épaules pour l'attirer à lui. Il se laissa faire sans rien dire mais se maudit de se laisser aller de la sorte. Après tout, c'était à lui de le rassurer et pas l'inverse, non ?

Lorsqu'enfin une infirmière vint appeler le détective après ce qui avait paru un temps interminable à Vox, il tenta de lui rendre son sourire mais ne parvint à produire qu'une torsion étrange de ses lèvres. Celui que lui avait lancé Dany ne l'avait pas apaisé malgré toute sa bonne volonté et lorsqu'il disparut au détour d'un couloir, il ne put s'empêcher de pousser un soupir. Il pouvait à présent laisser place à toute son inquiétude et la laisser prendre les rênes sans avoir à jouer un rôle. Il était mort de peur et il se prit le visage dans les mains quelques instants afin de retrouver une contenance. Il fallait qu'il discute avec Alice et Dinah qui venait de les rejoindre. Qu'ils tentent de trouver une explication à ce qui venait de se passer. Mais avant cela, il avait besoin d'air. Il s'excusa auprès des filles et se dirigea vers la sortie des urgences. L'air frais le sortit de sa torpeur et la cigarette qu'il alluma termina de le détendre. Il fuma lentement, profitant du silence relatif de la nuit et resta encore quelques minutes avant de retourner dans la salle d'attente.

Il ne put se résoudre à rester assis et commença à arpenter la pièce de long en large en silence. Il était incapable de tenir une conversation pour le moment, il devait continuer à calmer ses nerfs au mieux avant. Il jetait de temps à autre un regard à l'horloge disposée sur un mur de la salle, impatient que Dany les rejoigne pour les informer de la suite. Mais cela n'apaisait aucunement la tension qu'il ressentait dans son corps, bien au contraire et c'est presque malgré lui qu'il posa la question qui lui brûlait les lèvres.


- Vous avez une idée de ce qui a bien pu lui passer par la tête ? Parce que je sèche là...

C'était peut-être idiot, mais il ressentait un besoin impératif de comprendre le pourquoi du comment afin de l'assimiler. De l'accepter aussi. D'accepter que son ami si sérieux, si raisonnable, ait pu déconner autant sans raison apparente. Cependant il devrait attendre une autre occasion pour continuer la discussion car une infirmière vint les chercher pour les amener auprès du détective. Vox se posta à ses côtés, les bras croisés et le visage fermé, ses yeux rivés sur le visage bienveillant du médecin. Il l'écouta attentivement et lorsqu'Alice poussa un soupir de soulagement, il posa une main sur l'épaule de Dany en la serrant légèrement. La suite du discours était un peu plus préoccupante mais rien d'alarmant et le musicien prit bien soin de resserrer son étreinte quelques secondes le temps de lancer un regard au principal concerné qui disait bien : Ne pense même pas à y couper, tu restes ici.

Il remercia le praticien et attendit qu'il les laisse seuls avant de regarder Data avec sévérité, un sourire en coin, presque moqueur, sur ses lèvres.


- Parce que tu penses sincèrement qu'on va te laisser seul ? Tu rêves Grincheux.

Il tendit une main vers lui en continuant à l'observer avec une expression qui ne laissait place à aucune discussion, tout comme le ton qu'il employa. Il n'eut même pas besoin d'utiliser son don pour être entendu.

- Les clés de l'agence. Tu as besoin d'une bonne douche et d'affaires propres. Je passe en vitesse le temps que tu t'installes. Besoin d'autre chose ?

Il parait au plus pressé pour le moment, un sac avec quelques vêtements et ses affaires de toilettes étaient tout ce dont il avait besoin. L'avantage d'être un ami et surtout un amant régulier c'est qu'il connaissait l'appartement et ne perdrait pas de temps à chercher. Il espérait simplement qu'il ne lui viendrait pas à l'esprit de demander son ordinateur portable, déjà qu'il devait se retenir de ne pas lui arracher son téléphone... Mais il y avait certaines choses que le détective aimerait peut-être faire lui-même, comme prévenir des clients de son absence. Owen s'était donc résigné à lui laisser son outil de travail, mais rien de plus et qu'il ne compte pas sur lui pour lui amener quoique ce soit qui perturberait son repos.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:24
Gin
IDENTITE : Alice Moore
GROUPE : Habitants
SPHERE : Economie
AGE : 36 ans
ETAT CIVIL : En couple
PROFESSION : Barwoman et tenancière du Alice’s Club, inventrice et mécanicienne
POUVOIRS : Peau résistante au feu et à la chaleur
ETAT DE SANTE :Bon
LIENS : Dinah – Compagne. Data – Meilleur ami. Gear – ancien mentor. Dastan – Ami.


Si Owen n’en menait pas large, ce n’était pas le cas d’Alice non plus. Pourtant, elle avait déjà été témoin de ce genre d’événements. Elle avait même bénévole pour des événements de prévention avec l’une de ses ex, très active dans le milieu. Et il n’était pas rare d’être confronté à des situations semblables. Mais jamais aussi directement. Et surtout, elle n’aurait jamais imaginé cela de Dany. Sans doute l’homme le plus sérieux et le plus prudent qu’elle connaisse. La stupeur avait vite laissé place aux réflexes et cela les avait amenés rapidement à l’hôpital. Mais maintenant qu’il fallait patienter, l’angoisse revenait, se battant avec la logique pour lui faire perdre le calme qu’elle arrivait encore à afficher. Le détective était serein, ce qui aidait un peu. Mais pas totalement, et c’était également le cas pour Owen, dont le visage cachait mal ses propres inquiétudes.

L’arrivée de Dinah l’aida un peu à passer son stress, d’autant que Dany était parti et que le verdict ne devait plus tarder. Alice se serra contre sa compagne, hésitant à rejoindre le musicien pour aller en fumer une dehors. Elle discuta donc un peu avec Dinah, dont la bonne humeur, même si un peu forcée, était une distraction appréciable. Owen finit par revenir, et posa la question que la barwoman se posait également, y réfléchissant sans cesse.

"Je ne sais pas vraiment… Mais peut-être…"

Il y avait bien une idée. Mais c’était peut-être juste une coïncidence. Cependant, elle ne put jamais terminer sa phrase, puis qu’une infirmière vint les chercher. Le soulagement aux nouvelles fut tel qu’Alice ne put s’empêcher de le manifester. Ce qui ne l’empêcha pas de rejoindre Owen pour lancer un regard noir au détective lorsqu’il fut question de son hospitalisation. Il n’y avait pas à tergiverser.

"Je t’ai toujours dit que tu devais manger plus, Daniel."

"Et puisque c’est comme ça, on va aussi rester pour y veiller." Enchaîna Dinah, avec un sourire.

Owen se proposa ensuite pour aller chercher des affaires, ce qui les laissait seules avec le détective. Et des réponses, espérait Alice.




C’était vraiment mal fait, qu’Alice et Owen soient plus inquiets que moi sur mon propre sort. Mais, je pouvais comprendre. A leur place, je ferais sans doute pareil. Tout ce que je pouvais faire, c’était ne pas leur donner encore plus d’inquiétude, à défaut de pouvoir les rassurer. Ce n’était presque rien, mais tout ce qu’il y avait à ma portée. J’affichais un léger sourire lorsqu’il fut temps d’aller faire les examens, lançant un dernier regard aux autres. L’attente allait être encore plus longue pour eux à partir de maintenant. Tout ça à cause de moi. Sans que je sois foutu de leur donner une réponse au pourquoi de ce merdier.

Au moins, j’eus le temps d’y penser durant les différents examens médicaux et questions. Revenir sur ces événements me forçait à les analyser plus attentivement. C’était toujours un peu flou, et j’avais davantage l’impression d’assister à tout comme un spectateur et non un acteur. Mais cela répondait à quelques interrogations purement pratiques du médecin. Et c’était toujours ça. Lorsqu’il eut terminé, je demandais à ce que les trois autres viennent pour écouter le diagnostic, ne me voyant soudainement pas affronter ça seul. Et même s’ils semblaient toujours aussi inquiets, leur simple présence me redonna un peu plus confiance.

Le verdict fut très vite rassurant, et j’en fus soulagé. Surtout pour Owen et Alice, je réalisais, mais je me gardais bien de le dire. Surtout après ce que le musicien m’avait dit, et qui me faisait toujours réfléchir. Je posais une main sur celle d’Owen, croisant son regard et celui d’Alice alors qu’il était bien clair que j’avais intérêt à rester ici. Je remerciai le médecin, avant de me retrouver seul avec les autres. Peut-être le moment que je craignais le plus, paradoxalement. Heureusement, la discussion s’orienta plus sur le fait qu’aucun des trois ne semblait vouloir repartir chez lui. Incapable de protester, je me contentais donc de secouer la tête, résigné.

"Comme vous voulez." De même, je n’opposais aucune résistance face à l’ordre du musicien, lui tendant les clés comme demandé. Je n’étais pas si entêté, et il fallait bien être pragmatique dans une telle situation. Plus ou moins. "Mon tourne-disque et quelques vinyles ? Oh, et la cafetière de ma grand-mère ? Le café est toujours infect dans les hôpitaux."

Je tentais à mon tour un petit sourire en coin, qui réussit à moitié. J’hésitais un instant, et le prit maladroitement dans mes bras, en grommelant des remerciements. Encore. Mais je ne savais pas quoi faire d’autre. Et cela restait sincère.

Lorsqu’il fut parti, je restais seul avec les filles. Et à voir Alice, les bras croisés et le regard dur, je sus que c’était à son tour de me tomber dessus. Mais, avant toute chose, je voulais préciser un point important. Je pris donc les devants, avant que les foudres me tombent dessus.

"Je sais que je n’ai pas le droit d’exiger quoi que ce soit, mais… j’aimerais que tout ça reste entre nous quatre. S’il vous plaît."

Surprise, Alice me dévisagea.

"A qui voudrais-tu que je dise ce que..."

La réponse sembla la frapper d’elle-même. La seule autre personne que nous connaissions tous les deux. J’haussai les épaules.

"Pas besoin de l’inquiéter. Surtout si c’est pour rien..."

A ma surprise, le regard de la barwoman eut une brève lueur et son expression fut soudain plus éclairée. Comme si elle venait de comprendre quelque chose. Ce qui me laissa perplexe, et je la dévisageais en retour en haussant un sourcil. Après quelques secondes de silence, elle finit par pousser un soupir.

"On verra. Rétablis-toi déjà. Et mange, Dany. Il faudra te le dire combien de fois ? Pour le reste, on va attendre Owen. Tu lui dois aussi des explications."

Les filles m’accompagnèrent jusqu’à la chambre, où m’attendait déjà la fameuse blouse du patient. Que j’enfilais, sans grand enthousiasme. Le médecin repassa un peu plus tard pour commencer le traitement, accompagné d’une infirmière qui m’installa une perfusion. Le repas en tube. Mais je l’avais cherché, alors je ne dis rien.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:27
Peu importait par quel bout il prenait cette affaire, le musicien était incapable d'entrevoir une quelconque réponse à ses interrogations et cela le rendait fou. Pour quelles raisons un homme tel que Dany Cooper avait pu opérer un tel virage dans sa conduite et ses principes ? Cela n'avait aucun sens pour lui comme pour les deux jeunes femmes qui l'accompagnaient. Alice ne semblait pas comprendre plus de choses que lui de prime abord, cependant elle parut avoir une idée qu'elle n'eut pas le temps de développer. Une infirmière était venu les chercher pour les amener auprès de leur ami et recevoir le diagnostic rassurant. Un léger poids s'était envolé des épaules du professeur sans pour autant qu'il ne ressente plus la charge de l'inquiétude peser sur lui. Les clés de l'agence dans la main, il lui rendit son sourire en coin en arquant un sourcil. Et puis quoi encore ? Le café, ce n'était pas bon lorsqu'on devait ménager son estomac, alors sa cafetière, il pouvait l'attendre assis. Quand aux vinyles, bien qu'il soit totalement d'accord que la musique était essentielle, il était d'avis de choisir un appareil moins encombrant.

Le regard qu'il lui lança tandis qu'il se faisait sermonner était emprunt d'une tristesse que le soulagement n'arrivait pas à faire partir. Il avait eu vraiment peur. Il avait encore peur à vrai dire, car la partie n'était pas gagnée. Et rien qu'à la pensée des conséquences désastreuses que pouvait avoir son comportement irresponsable, son estomac se contracta si violemment qu'il était pris de nausée. Le contact de son étreinte l'apaisa quelque peu. Ses bras autour du corps amaigri de Data, il le serra avec douceur et lui tapota la tête, peut-être un peu trop fort. Malgré les gestes tendres et le soutien, la colère était toujours présente. Il était temps qu'il parte avant de ne plus pouvoir la contenir, qu'il se calme avant de, il l'espérait, recevoir des explications. Il ne les comprendraient peut-être pas, il les apprécieraient encore moins, mais il se devait de les encaisser sans se laisser déborder par ses émotions comme cela avait été le cas au bar.

Après un rapide bisou aux filles, il s'éclipsa et partit à toute vitesse à la recherche d'un taxi pour l'amener à l'agence. Il regarda défiler la ville d'un air absent durant tout le trajet, perdu dans ses pensées, se mordillant la lèvre sous le coup de la nervosité. Arrivé à destination, il demanda au chauffeur de l'attendre et s'engouffra dans l'immeuble en montant les marches quatre à quatre. Il connaissait l'endroit par cœur et il lui fallut peu de temps pour rassembler ce dont le détective aurait besoin. Il trouva au fond d'une armoire un vieux sac de sport dans lequel il fourra hâtivement les vêtements, sous-vêtements et autres affaires de toilette, puis il se dirigea vers la sortie d'un pas pressé. Une fois dans l'entrée cependant, il stoppa net et resta planté là quelques secondes avant d'éclater en sanglots. Les mains sur son visage, le sac pendouillant mollement à son bras, il se laissait aller. La pression qu'il avait accumulé depuis le coup de fil d'Alice avait besoin de redescendre et il se laissa le temps de se calmer sans se forcer. Il préférait prendre le temps de tout évacuer maintenant plutôt que devant Dany.

Il sécha ses larmes d'un revers de la main au bout de quelques minutes et sortit d'une allure plus posée dans la rue pour constater que le taxi était toujours là. Il remercia le chauffeur de l'avoir attendu et se cala au fond de la banquette en soupirant. A présent, il ressentait une certaine nervosité à l'idée d'entendre ce que son ami avait à leur dire pour justifier son comportement. Ne pas savoir à quoi s'attendre l'inquiétait et il décida de faire un détour par chez lui avant de les retrouver à l'hôpital. Cela lui donnerait encore un peu de temps et lui permettrait de récupérer quelque chose dont Data aurait grandement besoin.

Lorsqu'enfin il passa les portes des urgences pour se retrouver, après un dédale de couloirs, devant la chambre, il prit quelques profondes inspirations et toqua trois petits coups avant de rentrer. Le choc qu'il subit de voir son amant dans la blouse d'hôpital, une perfusion au bras, le prit aux tripes, mais il garda contenance et posa le sac sur le lit.


- J'espère que je n'ai rien oublié, sinon tu me dis et je repasserai.

Il lui rendit ses clés avant de sortir quelque chose de sa poche qu'il lui mit dans la main.

- Ce n'est pas la qualité d'un vinyle et c'est un peu vieux, mais ça fonctionne toujours.

C'était un vieux lecteur MP3 accompagné d'écouteurs, le tout ayant visiblement connu des jours meilleurs. Il ne fallait pas s'y fier, le son était excellent et la sélection de musique conviendrait sûrement à l'homme allongé devant lui. Il lui fit un bref sourire avant de s'asseoir sur le lit, à ses pieds, en le fixant avec intensité. L'heure de vérité était là. Il allait devoir répondre de ses actes et bien qu'Owen ne se sente pas prêt à l'écouter, il se força à garder un esprit ouvert et bienveillant et à garder la colère éloignée. Tout ce qu'il espérait, c'était de comprendre ce qui l'avait motivé à faire ce qu'il avait fait et qu'il pourrait l'aider à remonter la pente, quel que soit le problème.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:30
J’aurais aimé pouvoir leur donner une réponse qui puisse expliquer tout et les rassurer. La vérité, c’était que mon esprit était encore un bordel sans nom. Comme après un black-out total, avant qu’on vienne rallumer la lumière pour constater les dégâts. Et que je n’avais pas la moindre foutue idée de ce qui avait causé ces dégâts. Pourtant, c’était mon boulot. Partir du résultat pour remonter à la cause. Mais fallait croire que ça s’appliquait moins facilement à soi-même. Et quand je sentais encore ma main trembler. De fatigue, de peur, de déception, de honte.

Alors, pour commencer correctement, il fallait me calmer. Histoire de déjà limiter la casse, surtout chez les filles et Owen. Et pour être prêt à affronter la suite le mieux que possible. Quoique, cela ne semblait tromper personne. Le musicien se proposa pour aller chercher mes affaires, mais je sentais bien que sous son sourire, ça n’allait pas aussi bien. Et que je leur devais encore des comptes. Et je ne pouvais même pas me dire que j’avais jusqu’à son retour pour réfléchir à ma réponse, car le médecin et les infirmières vinrent installer le début de mon traitement. Déjà, un cocktail de différents nutriments par perfusion pour compenser le manque de nourriture, avant de passer à la sonde.

Je fis de mon mieux pour écouter les explications médicales, mais malgré moi, mon esprit continuait à tourner pour trouver quoi répondre aux interrogations de mes amis. Investiguer, trouver des pistes. Cela restait mon travail, et difficile de le mettre en sourdine, même dans cette situation. Après que le corps médical soit reparti pour préparer le reste, j’eus pleinement le temps de m’y consacrer, analysant la situation sous tous les angles. Les filles semblèrent le comprendre, puisqu’elles restèrent dans leur coin, à discuter de choses personnelles que je n’écoutais pas.

Le retour d’Owen mit fin à mes investigations mentales, mais je ne me sentais toujours pas prêt à leur parler. Ni quoi vraiment leur dire, à part une impression vague. Surtout en croisant le regard du musicien lorsqu’il posa les yeux sur moi, et qui me donna envie de m’enfoncer six pieds sous terre et de rendre le contenu de mon estomac. Si celui-ci avait été rempli.

"Je suis sûr que c’est parfait..." J’esquissai un sourire maladroit qui ne devait pas être aussi convainquant que le sien. Je tirai le sac pour ranger les clés dedans, avant d’observer l’objet que me tendait Owen, curieux. Je restais quelques instants à regarder le MP3, silencieux et plus touché que j’aurais pu le dire. Alors, je me contentai de serrer les lèvres et de murmurer un bref : "Merci."

Je le rangeais avec précaution dans le sac, plaçant ce dernier sur une des chaises à côté du lit, à un endroit facile d’accès et qui ne gênerait pas les soignants. Puis, je le relevais lentement la tête, sentant trois regards inquisiteurs sur moi avant même de les voir. Je pris la plus grande inspiration que je pus, et commençai à chercher par où commencer. Sans doute par l’essentiel.

"Je ne sais pas ce qui m’a pris, je vous promets… Jamais je n’aurais fait une chose pareille si j’avais eu tous mes esprits. Et je ne me l’explique pas à moi-même..." Ce qui était à la fois honteux et rageant. Et certainement pas une excuse. "J’essaie de me rappeler dans quel état j’étais ces derniers jours. Ça m’arrive de me plonger trop dans mon travail, pour oublier le reste. Les choses dont je ne veux pas me rappeler… Mais jamais à ce point."

Je pris une nouvelle inspiration, avant de faire une légère grimace de douleur alors qu’un mouvement trop brusque du bras avait dérangé la perfusion. C’était pathétique, il n’y avait rien d’autre à dire.

"Je crois que c’était une de ces périodes où je me sentais vraiment mal… Seul, et vide. Alors… je n’ai pas pensé à venir vers vous pour chercher de l’aide, plutôt que ce que mon stupide cerveau dérangé a trouvé comme solution inutile et dangereuse… Je suis désolé d’avoir été aussi con et faible… et de vous avoir fait du mal, avec mes conneries..."

Un bip strident se fit entendre, alors que mon poing se resserrait tellement fort de frustration et de honte que cela en affectait la circulation de mon bras, et la perfusion. Je relâchais lentement, me laissant tomber contre mon oreiller en fermant les yeux et en poussant un long soupir las. Je me sentais tellement épuisé et mal… et je ne méritais sûrement pas d’avoir des amis à mon chevet comme ça.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:31
Le regard braqué sur son amant, Vox détaillait chaque geste, chaque parole, alors qu’il rangeait ses affaires avec soin. Il avait eu l’air d’apprécier l’attention du lecteur de musique, il ne manquait plus qu’à espérer que les chansons qu’il y trouverait l’apaiserait également. Pour le professeur, sa belle maîtresse avait cette capacité à faire ressortir tout ce que l’on tentait de garder au fond de soi, peu importe la profondeur avec laquelle on avait tenté d’ensevelir les problèmes ou les sentiments. Elle mettait un miroir devant le nez de celui qui y prêtait attention et il savait que Cooper était de ceux-là. Même s’il serait peut-être moins réceptif dans le cas présent, perdu comme il avait l’air de l’être. Ce qui se confirma lorsqu’il prit la parole pour leur donner des explications sur son comportement. Installé à ses pieds, les bras croisés et le visage concentré, Owen gardait éloigné la froide colère qui tentait encore de se frayer un passage jusqu’à son cœur, et ce afin d’entendre véritablement ce qui était dit. Sans fioritures, sans préjugés, juste les faits tels quels.

Il écoutait le discours de Data avec attention, il voyait à quel point il était conscient de sa stupidité, des risques encourus, du mal qu’il avait causé par son attitude. Mais ce qu’il retenait principalement, c’est qu’il ne savait pas pourquoi il avait agi de la sorte. Ca, plus que toute autre chose, était un véritable signal d’alarme pour lui. Sans compter l’aveu qu’il leur fit sur son mal-être. Pourquoi n’était-il pas venu les voir bon sang ?! Etait-il à ce point tête de mule et renfrogné qu’il était prêt à se détruire à petit feu plutôt que de se confier ? Peu importait à qui au final, tant qu’il ne laissait pas ses peurs et ses problèmes le ronger de l’intérieur. Il n’était pas inconcevable qu’il ne soit pas du genre à s’étendre sur ses soucis, certes, mais dans un cas aussi extrême, le musicien était presque blessé qu’il n’ait pas pensé à venir leur parler. A lui, à Alice, ou à Elias, même si celui-ci n’était pas en ville. Il savait qu’il ne devait pas le prendre personnellement, qu’il ne s’agissait pas de lui et qu’il ne devait pas tourner le problème vers lui, de manière égoïste. Il ne put toutefois retenir sa mâchoire de se crisper, faisant légèrement grincer ses dents.

L’alarme du moniteur de la perfusion le fit légèrement sursauter et il décroisa les bras pour poser une main sur la jambe du détective dans un geste apaisant. Il la caressa doucement et dans un mouvement lent, par-dessus la couverture, en attendant qu’il reprenne ses esprits. Il était évident que cela lui avait coûté de leur parler et qu’il ne se satisfaisait pas lui-même de ce qu’il leur avait dit. Owen pour sa part ne savait pas quoi en penser. Ils avaient voulu des explications, il leur en avait donné, bien qu’incomplètes. Cependant il était persuadé qu’ils n’obtiendraient pas plus de lui ce soir-là au vu de la fatigue qui semblait s’être abattu sur lui dès qu’il avait terminé de parler. Il laissa donc un court silence s’installer avant de se racler la gorge et de prendre la parole, choisissant ses mots avec soin.


- Dany… Sa voix était étonnamment douce au vu du regard un peu dur qu’il lui lançait. Quelles que soient les raisons qui t’ont poussé à te détruire de la sorte, en travaillant trop, en ne te nourrissant pas, en couchant sans protection avec trois types dans les toilettes d’un bar, il faut que tu trouves ce que c’est. Et vite. Il resserra son étreinte sur sa jambe. Je me fous de savoir à qui tu en parles. A tes amis, à un psy, à ton boucher, à Dieu, je m’en fous. Promets-moi juste que tu vas faire ton job et chercher.

C’était ça le plus étonnant venant de lui : qu’il ne sache pas ce qui avait pu provoquer cela. Vox était conscient que sa vie n’avait pas été une partie de plaisir et qu’il avait son lot de traumatismes à gérer. Au fil du temps et de leurs conversations, il avait glané des informations ici et là et avait pu se faire une image de ce qu’avait été la vie de son ami jusqu’à leur rencontre. Tout n’avait pas été rose, loin de là, et il l’avait déjà connu dans des périodes moins optimistes. Mais jamais il ne l’avait vu dans une telle détresse, une telle confusion qui altéraient aussi drastiquement son caractère. Il ne savait pas si cet appel à l’aide, car il était persuadé que c’en était un, avait été causé pas son passé ou par autre chose. Il repensa à l’éclair qui avait traversé les yeux d’Alice alors qu’elle était sur le point de lui faire part d’une idée. Il devrait lui en parler, plus tard, après avoir terminé cette discussion.

Il se leva pour s’asseoir un peu plus près de la tête du lit et prit le poing de Data, toujours un peu crispé, entre ses mains. Il n’était pas habitué à faire preuve de ce type de tendresse avec lui, mais il était des occasions où il fallait savoir oublier les convenances.


- Hey, Dany… Il secoua son poing avec douceur pour le ramener parmi eux et pour qu’il le regarde dans les yeux. Tu me le promets ?

Il attendait que ses paupières s’ouvrent et qu’il accepte de faire ce travail sur lui-même afin de ne plus se retrouver dans une telle situation. Car au-delà du fait qu’il avait eu très peur, ce qui terrorisait encore plus le musicien à présent, c’était que cela se reproduise. Rien qu’à cette idée, un léger frisson lui parcourut l’échine et il chassa cette éventualité de son esprit. Non, Cooper avait merdé mais jamais il ne le referait. S’il y avait une certitude qui ressortait de ce merdier, c’était qu’il avait bien appris sa leçon.
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Dim 29 Juil 2018 - 22:33
Le dire à voix haute rendait mon récit encore plus stupide et incompréhensible. J’étais vraiment pathétique. C’était mon boulot de trouver des réponses. Et là, j’étais incapable de le faire pour quelque chose que j’avais fait. Plus que le traitement et ce qui pourrait en découler, c’était cette incompréhension qui m’effrayait, ce décalage avec moi-même. Et si ça se reproduisait ? Pourquoi maintenant, alors que j’avais toujours réussi à tenir mes démons éloignés ? Peut-être que c’était là qu’il faudrait chercher. Mais je sentais, au fond de mon estomac, quelque chose protester. Comme pour ne pas me faire aller dans cette direction. Un sentiment si puissant que je ne pouvais pas faire autrement. Et continuer à ignorer, quoi que soit la réponse. Et oublier que cette porte était là…

L’alarme me tira de mes pensées, et je fis ce que je pus pour me calmer, et éviter de rameuter tout le personnel hospitalier. Je tressaillis légèrement lorsqu’Owen posa sa main sur ma jambe, mais l’effet fut immédiat. Je sentis le poids sur ma poitrine s’alléger un peu, et ma respiration reprendre un rythme normal. Les bips finirent par cesser, et je ne pus m’empêcher de pousser un soupir de soulagement fatigué. Après un moment de silence, je relevai la tête pour regarder le musicien lorsqu’il reprit la parole. Le rappel de chacune de mes conneries me frappa comme une flèche en plein cœur, mais je tins bon. J’écoutais, aussi difficile que cela soit. Et la douceur de sa voix aidait un peu à faire passer le tout.

"Mon boulot…" Il avait raison. Bien sûr.

"Dany." intervint Alice, s’approchant à son tour du lit. "Tu as besoin d’aide. Et si ce n’est pas la nôtre, alors…" Elle lança un regard à Dinah, avant de revenir vers moi. "Depuis combien de temps tu n’as pas suivi ta thérapie ? Si ça ne marche pas avec ton psy, change. Va voir quelqu’un d’autre. Il doit bien y avoir quelqu’un qu’on peut te conseiller, peut-être à la PH…"

Elle croisa le regard d’Owen, ayant de toute évidence déjà une idée en tête. Je n’avais même pas l’énergie de protester. Et puis, après tout, pourquoi pas. Personne ne pourrait être aussi con que le psy qu’on m’avait assigné…

Je restais perdu dans mes pensées, jusqu’au moment où Owen s’assit un peu plus près pour me prendre la main. Je concentrais ce qui me restait d’attention et d’éveil pour fixer ses yeux clairs, dissipant le brouillard de mon esprit épuisé. J’adorais son regard, je réalisais. Mais j’adorais encore plus le timbre de sa voix, surtout quand il me parlait avec cette douceur. Cela m’apaisait tout de suite. Et la dernière chose que je souhaitais, c’était de voir de la peur dans ces yeux, ou de la sentir dans cette voix. A cause de moi. Je n’avais qu’une chose à faire, et cette fois-ci, je ne pouvais pas échouer. Je serrai sa main en retour, la levant avec tendresse pour l’embrasser, dans un geste un peu maladroit mais sincère. Sans le quitter des yeux.

"Je te le promets. Je trouverai, et je ne recommencerai pas. Plus jamais."

Cette certitude dans ma voix me rassura. Me mettait dans un état second, d’une clarté parfaite. Elle me donna un dernier sursaut d’énergie pour me redresser et le tirer vers moi. Je l’embrassais avec douceur, dans un geste assuré malgré les tremblements de fatigue. Cette dernière me faisait oublier mes réserves, ou la présence d’autres personnes dans la pièce. De toute façon, connaissant Alice et Dinah, elles détourneraient le regard. Il n’y avait qu’Owen et moi. Qu’Owen et moi… Je sentis un léger pincement au cœur, mais retombai sur le lit, plus fatigué que jamais.

"Et promis Alice, je changerai de psy… pour qui… qui que ce soit que tu me conseilles… promis…"

Mes paupières devenaient de plus en plus lourdes, et je sombrai dans le sommeil. La main d’Owen toujours dans la mienne.

Gin
IDENTITE : Alice Moore
GROUPE : Habitants
SPHERE : Economie
AGE : 36 ans
ETAT CIVIL : En couple
PROFESSION : Barwoman et tenancière du Alice’s Club, inventrice et mécanicienne
POUVOIRS : Peau résistante au feu et à la chaleur
ETAT DE SANTE :Bon
LIENS : Dinah – Compagne. Data – Meilleur ami. Gear – ancien mentor. Dastan – Ami.


Dinah esquissa un mouvement en direction du lit, mais Alice la retint avec un petit sourire. Il n’y avait plus rien à faire, à part laisser le sommeil faire son effet. Une infirmière entra dans la pièce pour prendre note des constances. La blonde se tourna vers Owen pour poser une main sur son épaule.

"Merci d’être venu. Je ne sais pas ce qu’on aurait fait sans toi…" Elle lui adressa un sourire reconnaissant. "C’est à lui de faire le boulot, maintenant. Et ne te laisse pas submerger par ça non plus, Owen. Je t’aurai à l’œil."

Après un dernier sourire, elle alla vers l’infirmière pour s’enquérir de la suite du traitement, et ce qu’ils pourraient faire pour aider leur ami dans ce qui l’attendait. Malgré l’angoisse qui la tiraillait encore, elle se sentait un peu plus sereine, sachant que Dany ne serait pas seul. Ce qui l’attendait ne serait pas facile, et elle ne pensait pas uniquement au traitement…




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