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One of us || Wairua

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Mer 18 Juil 2018 - 19:52
J'étais en route pour l'université. Dernière possibilité pour m'inscrire là-bas : il faut dire que j'avais hésité jusqu'au dernier moment. Peur de ne pas être capable, de ne pas être assez douée, assez concentrée. Peur de ces pertes de conscience de moi-même, aussi. Qu'un jour, je ne reviennes plus à moi. Mais l'idée restait tentante. Je voulais garder le niveau. Et pouvoir présenter un double cursus serait crucial, quand je prétendrais à un emploi dans la recherche. Le master de Climato d'Edimbourg était bon. Mais pas assez pour que je surpasse nombre de bons chercheurs dans le monde. Et puis... les maths étaient mon premier amour. C'était pour moi logique d'y revenir, de les étudier plus avant pour résoudre ce phénomène qui m'avait doté d'une queue de poisson et de branchies...

Je m'étais souvent demandé si j'étais née prodige, ou si c'était une de ces tempêtes qui m'avait transformée. Personne n'avait pu me répondre, à l'orphelinat : ils n'avaient fait que m'accueillir quelques années. Je m'étais alors tournée, durant l'adolescence, vers le flic qui avait géré le dossier de mes parents biologiques. Il n'avait pas grand chose à me dire. Au moment de leur décès, il y avait bien trois ans que personne n'avait entendu parler d'eux. Sur mon acte de naissance, rien n'était déclaré. Simplement leurs noms et le mien. Et je n'avais presqu'aucuns souvenirs de cette époque.


*** Moi, j'en avais. Tout ce qui était à elle, ou l'avait été, m'appartenait à moi aussi. J'avais accès à des zones obscures de sa mémoire. Mais je doute qu'elle veuille se rappeler de ses premières années. Ses parents biologiques étaient des éco-incapables. Pleins de bonnes intentions, plein d'amour, mais irresponsables. J'avais moi-même vécu dans le dénuement, d'amour et d'eau fraîche. J'ai perdu trois enfants sur les cinq que j'ai portés. L'avancée technologique et médicale a parfois du bon.

Et puis... je n'avais aucun intéret à ce qu'elle se souvienne de l'Atchafalaya. De moi. Alors je gardais ces souvenirs pour moi, et moi seule.
***

L'université est un dédale de couloirs. Comme elles le sont sans doute toutes. Mais les couloirs vidés d'étudiants paraîtraient presque tristes. J'ai déposé mon dossier dans les mains d'un secrétaire souriant, et je m'en suis retournée. Seule dans les corridors, je commence à me demander si je ne me suis pas perdue. Une lumière au bout du couloir. Une salle éclairée, encore. Autant que je demande mon chemin.

*** Cette présence... impossible de me tromper. Je la reconnaîtrais entre mille. Pardonne-moi, Madeline... ***

Et soudain, je prends forme. Je me faufile dans cette enveloppe de chair menue, je renonce à mes sens éthérée contre le toucher et la parole. Et je rayonne, de cette aura de déesse que personne ne voit ni ne sent, sauf ceux qui la connaissent déjà...

Tranquille, je fais les quelques pas qui le séparent de la porte ouverte, et m'adosse au chambranle, les bras croisés.


- Toujours à gratter du papier, à ce que je vois.

Il ne se laissera pas tromper par le petit bout de femme qui se dresse face à lui. Nous n'avons fait qu'un autrefois.

- Bonjour, Anima. Il y avait longtemps.
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Jeu 26 Juil 2018 - 12:46
L’été avait l’avantage d’être plus calme à l’université, ce qui me laissait davantage loisir d’y travailler. Cnossos rechignait à envoyer ses sbires ici, à l’inverse de chez moi. C’était d’autant plus salvateur que nos relations s’étaient détériorées dernièrement. Et que la sorcière n’était pas à son dernier revers, après l’arrestation de son mari. Mais cela, je me retenais bien de le lui dire. Je me terrais dans mes travaux universitaires, ignorant volontairement les recherches pour le sérum avec Kassianov. De toute manière, ce dernier m’insupportait tellement que je ne pouvais garantir de le voir sans que cela se termine mal pour lui. Je restais donc dans ma tour d’ivoire, n’oubliant toutefois pas d’avoir une petite fenêtre pour observer ce qui se passait. Car assurément, cela allait être très intéressant.

Mon bureau à l’université était, aux dires de beaucoup d’étudiants et d’assistants crédules, une véritable « caverne d’Ali Baba ». Il s’y entassait des objets divers et variés, glanés au cours des siècles et de mes voyages. Le tout avait plutôt des allures d’un petit musée désordonné, où les vases grecques côtoyaient des outils de pêche polynésiens. Un véritable capharnaüm, où toute source d’information était bonne à prendre. Des livres emplissaient les étagères, des cartes les murs et des photographies des classeurs. Ma table était à l’image du reste de la pièce : bien remplie, laissait simplement un petit espace de travail. Espace où j’étais en train de corriger plusieurs travaux de Master en cours, certains plus intéressants que d’autres. Comme toujours.

Fut un temps où j’aurais été beaucoup plus enthousiaste, et un professeur passionné. Une personne passionnée, tout court. Aujourd’hui, il ne restait qu’une sorte de bureaucrate, corrigeant avec lassitude des copies. La recherche m’intéressait toujours, tout comme l’enseignement, mais cela ne parvenait pas à percer les nuages noirs au-dessus de ma tête depuis la mort de ma famille. La lassitude a laissé place à la curiosité. La morosité à l’optimisme sans faille qui m’animait autrefois.

Toutefois, tout absorbé à mon travail et à la situation avec Strega, je n’avais pas remarqué qu’un fantôme de mon passé se manifesterai à nouveau dans ma vie. Ce fut comme un picotement le long de ma colonne vertébrale, au début. Puis, une sensation lointaine mais connue. Ma tête se releva de mes copies au moment où une silhouette se profilait à travers la porte laissée ouverte pour aérer la pièce. Ce corps n’avait jamais connu la Déesse, mais mon âme ne se trompait pas. Et n’oublierai jamais cette présence si particulière, porteuse de souvenirs intarissables. Après un moment de flottement, à rattraper plusieurs décennies et siècles, mon visage se dérida pour afficher un léger sourire nostalgique, mais sincère.

"Bonjour Iemanja." Je détaillai un instant le visage qui me faisait face. Malgré le fait que je la voyais pour la première fois, il y avait un air de ressemblance. "Et toujours à choisir les mêmes hôtesses."

Je me levai, me frayant un passage à travers mes affaires pour aller à sa rencontre. Malgré nos antécédents, je gardais toutefois une légère distance entre nous, nouvelle. Héritée de ce corps à la dérive que j’habitais désormais. Et qui ne laissait personne l’approcher. Ou du moins, c’était ce qu’il tentait de faire. Je continuais toutefois à lui offrir un sourire un peu plus franc, teinté des moments passés ensemble. Plusieurs vies auparavant. Malgré l’apparente fragilité de son corps, son âme rayonne comme autrefois. Je ne pensais pas que c’était encore mon cas…

"Si tu es là, je suppose que ça ne se passe pas trop mal ? Le temps a été clément avec toi ?"

D’un geste, je l’invitais à s’asseoir sur l’un des fauteuils devant mon bureau, tandis que je faisais de même. Mes travaux pouvaient attendre. Nous avions certainement beaucoup à rattraper. Et peut-être à planifier. Car le retour de la Déesse dans ma vie et à Édimbourg, à ce moment, ne pouvait pas complètement être dû au hasard.
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Mer 15 Aoû 2018 - 21:27
Mes yeux errent sur la pièce, les objets qui la composent. Anima était un accumulateur. Un sujet sur lequel nous étions en désaccord, à vrai dire. De mes précédentes vies, je ne conservais que mes souvenirs. Je n'avais de toute manière pas les moyens de transmettre des objets de corps en corps. Mes hôtesses étaient trop différentes, et lorsque je les quittais, j'étais immatérielle, incapable de prendre sur elle un souvenir. Je n'avais fait exception que pour ce pendentif gravé d'une vague, taillé dans l'un des fragments d'os d'Hypathie, que j'avais trouvé après son martyre. C'était Sveda qui l'avait actuellement en sa possession. Je lui avais promis mon aide, en échange de la sienne, à l'époque de Venise. Ce pendentif, n'était qu'un moyen pour elle de me contacter. Et un moyen pour moi de savoir qu'une partie de cette femme que j'avais aimé avec passion et dévotion, ne disparaîtrait jamais tout à fait.

Sur mon visage, il y a un sourire semblable au sien. Celui qui naît lorsque l'esprit flotte dans le passé, dans des souvenirs paisibles. Nous nous étions rencontrés à Alexandrie, lui et moi. Grâce à Hypathie, toujours elle. J'en avais été jalouse, au départ. Jusqu'à comprendre qu'il ne me la ravirait pas. Malgré ça, nous avions conservé une certaine rivalité, malgré une amitié sincère. Nous nous étions perdus de vue à sa mort. Il avait été l'un de ceux, venus me voir au port, alors qu'une vague immense dénudait la plage se dressait face à la ville qui m'avait volée, par jalousie, celle que j'aimais. Il avait voulu m'en dissuader. M'avait dit que la plupart des gens qui vivaient ici ne méritaient pas ma colère. Il avait raison, évidemment. Mais la vague s'abattit quand même, et je disparus avec le reflux des eaux. L'on retrouva le corps de mon hôtesse, Aria, et on l'ajouta au nombre des victimes. Et moi... je fuis.

Nos routes s'étaient recroisées, quelques fois. Le privilège des Immortels. Il est rares qu'ils ne se côtoient qu'une fois... Je ris, doucement.

- Que veux-tu, j'ai la nostalgie de celle que j'étais à ma naissance. Celle-ci, dis-je en montrant d'un geste de la main mon apparence actuelle, lui ressemble beaucoup. Plus chétive, cependant.

Mais il était difficile de faire plus chétif que Madeline. Elle n'aurait probablement jamais pu survivre dans des temps plus obscurs.

Je le regarde s'avancer vers moi, observant son nouveau corps avec un certain intérêt. Celui de la femme qui avait connu plusieurs de ses apparences. Mais j'observe aussi au-delà. Sa présence. Son âme. Elle semble... abîmée. Je le sens réticent. Non pas à ma présence, mais à franchir le dernier mètre qui nous sépare. Je l'y aide. J'avance d'un pas, de deux, et pose ma main sur sa joue, avant de l'attirer contre moi, avec douceur. L'étreinte d'un corps tangible, mais surtout d'une Déesse de compassion et d'amour... Même si je n'étais pas que ça. Je finis par reculer, cependant.

- J'ai observé la souffrance, vu la mort. Mais l'amour, aussi. Je continue de croire en eux.

Ma foi dans l'humain était inébranlable, malgré les nombreux exemple de leur capacité de destruction. Je plonge mon regard dans celui d'Anima.

- Puisque je suis toujours là pour leur bien, l'on peut dire que le temps a été clément pour moi, effectivement. Mais cela ne semble pas être ton cas.

Je ne m'embarrassais pas de tact. Je lisais au delà de son visage, et je voyais devant moi une personne très différente de l'homme, de la femme que j'avais connu, même si elle leur était toujours fondamentalement identique. Vivre des millénaires. Grand bonheur, ou grande malédiction. J'avais pour ma part la chance de vivre la plupart du temps au travers d'une autre. Et d'avoir vécu ce que je pouvais vivre de pire il y a près de 2000ans. Je n'étais pas guérie pour autant... mais avec les années, la douleur s'apaise. La vengeance aide, il faut avouer.

Je ne demanderais pas l'homme qui me faisait face de parler de sa vie. Nous étions deux personnes différentes, maintenant, et le moins que je pouvais faire, c'était de respecter un minimum sa vie privée, à défaut de son espace personnel, et m'assieds à son invitation. Les jambes croisées, les bras reposants sur les accoudoirs, ma posture est assurée, bien différente de celle, plus chiffonnée, qu'adopte Madeline habituellement. Mais avec Anima, je n'ai cure de maintenir les apparences. C'est moi qu'il voit, et pas mon hôtesse.

Je le regarde en silence, quelques secondes avant de demander:

- Sveda, toi, Nikolas... Les astres ou le destin préparent une drôle de farce, tu ne crois pas?

Nous étions quatre immortels, chacun liés par une part d'histoire. Le fait que nous nous retrouvions tous ici, maintenant, cela pouvait présager le pire comme le meilleur. Et si dans mon cas, cela n'avait rien d'un hasard, j'étais curieuse de savoir ce qu'il en était pour lui.

- Qu'est-ce qui t'as poussé à venir à Edimbourg?
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Dim 16 Sep 2018 - 16:03
Nous avions beau partager le point commun de survivre à nos enveloppes corporelles, Iemanja et moi n’en restions pas moins différents sur de nombreux aspects. Il suffisait de voir la manière dont elle observait mon bureau pour s’en rendre compte. Nous n’avions pas la même manière d’aborder la vie, et nos souvenirs du passé. J’étais un archiviste dans l’âme, m’accrochant à ces bouts de papier ou ces cailloux comme pour oublier un instant que rien n’était immuable. Pas même nous, d’une certaine manière. Le temps passait d’une autre manière, pour nous autres immortels. Et plus il avançait, plus il était difficile de vivre avec le poids de son passé. Mon esprit ressemblait un peu à cette pièce : un amas de vieilleries, de sentiments que je ne savais plus vraiment à quoi relier. Des fragments qui devenaient de plus en plus dur de situer. Mais qui faisaient partie de moi, malgré tout.

Il y avait aussi nos corps, évidemment. Mon interlocutrice choisissait les siens, les partageait, là où je ne faisais que renaître dans un nouvel hôte, généralement chez l’un de mes descendants. Son cas était peut-être le plus sain, vu le culte que ma présence et renaissance avait pu être dans ma famille, à certaines époques. Quoiqu’il en soit, je ne pouvais que m’amuser de voir le paterne suivi par ma vieille amie. Et qui ne changeait pas, malgré les siècles.

"Tu dois en garder des bons souvenirs." acquiesçai-je doucement, avant de prendre un ton un peu plus sérieux, celui que je gardais pour mes cours. "L’évolution. Plus besoin d’être adapté pour survivre à un environnement hostile. En général."

Il y avait encore des exceptions, bien sûr. Mais l’être humain avait survécu à la montée des arches, et s’y était parfaitement adapté. Preuve que l’humanité avait fait un sacré pas depuis ses débuts. Et depuis le moment où j’avais commencé à la côtoyer. Pour le meilleur, et pour le pire. Mon âme n’y était pas sortie indemne. Mais cela ne sembla pas effrayer Iemanja, qui réduisit à néant l’espace entre nous deux pour me serrer contre elle. Son étreinte avait une sensation particulière, nostalgique mais agréable. Rassurante. Je finis par la serrer contre moi à mon tour, un peu plus apaisé par cette présence familière.

"C’est vrai. C’est ce que j’admire chez toi, et tu as toujours été une source d’inspiration pour moi." Je posais une main sur sa tête pour la caresser doucement, un sourire plus léger sur mes lèvres. Avant de soutenir son regard et de pousser un soupir. "Ma vie actuelle n’a pas été des plus tendres. Et je me sens vieillir. Mon esprit supporte de moins en moins les années qui passent."

Ce n’était pas une nouveauté. Mon mental s’érodait doucement, comme la roche contre les vagues de l’océan. Lentement, mais surement. Et c’était quelque chose qui arrivait à de nombreux immortels, mais peu arrivaient à l’âge que j’avais atteint. Et les nombreuses et différentes vies n’aidaient pas à garder de la stabilité, quoiqu’elles fussent plus enrichissantes en même temps. Je m’asseyais à nouveau à mon bureau, fixant la silhouette étrangement connue de mon interlocutrice, bien que ce soit la première fois que je vois son corps. Mes lèvres s’étirèrent en un nouveau sourire, lorsqu’elle énonça tout haut ce que je pensais.

"Peut-être que ce n’est pas dû au hasard. Quelque chose doit arriver, et notre présence sur cette arche n’y est pas étrangère." Mon côté mystique, dû à mon accointance avec la clairvoyance. Pas quelque chose de concret, du moins à l’époque. "Mais il y a effectivement quelques connaissances dans le coin. Des opportunités de travail, aussi. Et la fille de mon corps actuel…"

Bien que ce soit une situation difficile, et que Lily-Rose n’en sache rien. Mais pour combien de temps encore cela allait durer ? Peut-être pas très longtemps. Les choses avançaient, et mon arrangement avec Cnossos s’amenuisait de jour en jour. Les pions bougeaient sur l’échiquier, et les prochains mois allaient être particulièrement intéressants. Mon regard se posa à nouveau dans celui d’Iemanja, plus alerte et attentif.

"Comptes-tu faire quelque chose contre Nikolas ?"

Son aversion pour la sorcière ne datait pas d’hier. Mais j’avais toujours considéré que cela n’était pas mes affaires. Est-ce que cela pouvait encore être le cas aujourd’hui ? Sans doute pas. Toutefois, la question restait purement factuelle, et certainement pas dans le jugement. Car la neutralité ne me réussissait pas vraiment, ces derniers temps. Il fallait l’admettre.
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Mer 21 Nov 2018 - 21:32
De bons souvenirs? Oh, oui. Ma première enveloppe, même si je n'avais jamais connu ni l'enfance, ni l'adolescence par son biais, m'avait beaucoup apporté. J'était apparue sur terre pour servir un but précis, et incroyablement compliqué. Protéger et aider l'humanité. La nourrir, la bercer, lui apporter la Vie. La réponse des Dieux aux suppliques des hommes qui voyaient les plantes se flétrir, les grossesses s'interrompre, les nouveaux-nés ne pas survivre. Ils priaient pour contrer ce qu'ils pensaient être une malédiction... Et je suis née. J'aimais mon histoire. J'aimais le but de mon existence, même si les années avaient parfois mis ma foi à rude épreuve. J'aimais les Hommes. J'aimais leur être utile, même s'ils étaient nombreux, ceux pour qui le nom de "Iemanja" n'avait aucune signification. J'aimais les chants, les tambours, les danses en mon honneur, aussi. Ceux qui perduraient encore maintenant, dans quelques endroits ou la Santeria avait encore un sens. Et si je pouvais voir la beauté d'une femme des contrées du nord ou d'Asie... J'avais du mal à m'identifier à elles. J'aimais ma peau d'ébène, mes yeux sombres, mes cheveux crépus. Et je ne m'était jamais trop éloignée de cet archétype. Car les corps que j'habitais, que je partageais... Ils devenaient miens. Ils appartenaient à deux personnes : elles, et moi. J'avais la chance de pouvoir choisir mon apparence : m'obliger à quelque chose qui ne me convenait pas n'aurait eu aucun sens.

Une source d'inspiration? Je secoue la tête, contre lui, avec un rire un peu triste. J'avais fait ma part d'erreur. Il arrivait que je ne pardonne pas. Que j'oublie l'amour et que je me laisse dévorer par la haine. J'avais submergé toute une ville sous mes flots. Et j'étais intransigeante avec mes hôtesses, les condamnant à un contrat dont elles ne connaissaient pas les termes. Me décevoir, c'était prendre le risque de perdre la vie.

- Perdre la foi pour l'erreur d'une minorité, ça serait condamner les autres.

Oh, je ne suis pas une déesse de fin du monde. Mais ma colère est légendaire en certains endroits... Mais si je cessais d'y croire, alors les sorcières comme la Goas gagnaient. Si je cessais d'y croire, je cesserais dépérirais aussi sûrement que les terres qui m'ont vues naître. Qui sait alors comment les Dieux réagiraient.

Je le regarde intensément, de ces yeux qui ne le connaissent pas encore. Puis, je dis, tranquille.

- Tu sais que je pourrais prendre ta mémoire. Si tu décides que savoir devient trop douloureux. Je peux te faire oublier. Recommencer à zéro. A toi de voir quel prix tu préfères payer. L'oubli n'est pas toujours une bénédiction.

Je l'écoute changer de sujet. Il reviendra sur celui-ci s'il le souhaite : je ne compte pas le forcer.

- Tu sais que je ne crois pas au hasard, Anima. Il y a une tapisserie dans ce monde, et nous en sommes les fils. Si nous sommes tous réunis ici, c'est pour une raison, fut-elle minime.

Nous nous regardons en silence, jusqu'à ce qu'il pose la question. Mon sourire s'élargit, devient presque mauvais. Cnossos était ma plus vieille ennemie. Depuis qu'elle avait corrompu Akharis, l'Ingrate. Elle m'avait volé une partie de ma vie. Elle m'avait volé mon futur... Et surtout, elle m'avait battue. Et s'il y avait quelque chose que je n'aimais pas, c'était perdre. Surtout lorsque je me battais du côté de l'humanité.

- C'est pour elle que je suis revenue. Quant à savoir si c'est pour la détruire... L'avenir nous le dira. J'essaierais, en tous cas. Comme à chaque fois que je la retrouve, au fil des siècles. J'essaierais, jusqu'à réussir.

Un silence. Je le jauge, tranquille, étendant mes bras sur ces du fauteuil. Auparavant, jamais il n'aurait pris parti dans cette guerre entre nous. Mais aujourd'hui... Qui sait.


- Et toi? Tu comptes faire quelque chose?
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Mar 15 Jan 2019 - 20:56
Si mon existence avait toujours été liée à la science et à la curiosité, celle de Iemanja était liée à la foi et à la protection. Deux aspects de l’Humanité, qui nous avaient très vite rapprochés. Dans le fond, nous partagions la passion, l’optimisme, la compassion. Les choses avaient cependant changées depuis ces temps lointain. Mais pas l’affection et le respect qui nous liaient, fruit de plusieurs siècles à œuvrer ensemble. Elle avait peut-être oublié ses objectifs, dans des moments de colère légitime. Mais elle était toujours revenue à ce qu’elle était. Je n’étais pas certain que ce serait mon cas.

Quoique. Le temps finit par réparer même les plus grandes fractures. Et c’était bien ce que j’avais en abondance, du temps. Je lui souris avec douceur, hochant doucement la tête.

"Tu as raison. Et ta sagesse fait grandement partie de ce que j’admire chez toi."

Elle avait un point de vue ancien, mais différent du mien. C’était une bénédiction, de retrouver des points d’ancrages comme elle ou la Famille au fil des siècles. Une manière de me retrouver également. Mon regard la scruta, s’habituant à sa silhouette différente pour retrouver l’âme que je connaissais. Et qui finissait toujours pas se fondre avec sa nouvelle identité.

Sa proposition ne me surprit pas vraiment. Au contraire, je la reconnaissais bien là. Généreuse, mais rationnelle. J’esquissai un nouveau sourire, avant de secouer la tête.

"Je sais. Mais je ne veux pas que tu portes mon fardeau. Sans compter que ce serait trop facile… Malgré tout, je pense que les souffrances font partie de qui nous sommes, nous apprennent à devenir qui nous seront."

Peut-être étais-je dans une période de transition. En train de devenir autre. Quoi, je ne savais pas encore. Mais je ne pouvais que sortir grandi des épreuves que j’avais traversées. Une fois que les blessures auront cicatrisé et que le deuil aura fait son temps. La présence des autres, qu’ils soient amis ou ennemis, me forçait à ne pas tomber dans l’inaction totale. C’était ce dont j’avais besoin pour continuer, présentement.

Et on pouvait dire qu’il y avait du mouvement sur ce bout de rocher. Et j’étais d’accord avec mon interlocutrice : ce rassemblement inhabituel d’immortels et de puissances significatives n’était pas un hasard.

"Minime, je ne pense pas. Je pressens ce qui se trame dans l’ombre… et tout le monde en sera impacté. Reste à savoir dans quels camps se positionner."

Celui de ma vieille amie n’était pas non plus une surprise. Sa colère contre Cnossos ne date pas d’hier, et si j’ai toujours soigneusement évité de m’en mêler, peut-être que le temps était venu que cela change enfin…

"Vous partagez au moins cela toutes les deux : la ténacité." Je croisai les bras, la quittant des yeux pour observer le fouillis de mon bureau. Iemanja a énoncé ses plans avec clarté, une réponse de ma part était donc nécessaire. Toutefois, le jeu qui se jouait était complexe. Et je n’étais pas encore certain de trouver la motivation à y prendre part. Je savais toutefois qu’il ne me faudrait pas tarder, sous peine de rater le coche et de me retrouver sur la touche. "Peut-être."

Je reportai à nouveau mon regard sur elle, pour préciser ma réponse :

"Pour des raisons indépendantes de ma volonté, j’ai été forcé à travailler avec elle. Cela ne se passe pas bien. Mais elle s’affaiblit. Je te laisserai faire ce que tu souhaites, mais pour ma part, je compte en profiter pour me libérer d’elle, et commencer quelque chose de nouveau. Quelque chose qui pourrait empiéter sur certains de ses plans et de ses prérogatives magiques."

La magie s’animait énormément ces temps. Là encore, de nombreux individus la pratiquant se trouvaient sur Edimbourg, ou proche. Et cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de développer cet aspect de mes nombreux savoirs. Du moins, en ce qui concernait l’enseignement et la passation de connaissances. Si on voulait affaiblir l’ennemi, il fallait former la génération qui le ferait tomber. Monter mon propre couvent, ou mon propre ordre. Voilà qui promettait au moins de l’animation.
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Sam 16 Fév 2019 - 2:29
Nous n'avions fait qu'un, autrefois. Et si j'avais pu l'apprécier en tant qu'être à part entière, cela m'avait découvrir une toute autre partie de sa personne. A celle qu'il fut à ce moment-là, j'ai souvent parlé. Une des seules qui avait eu connaissance de ma présence en son corps. Une complicité de deux êtres dans un même corps. Je l'avais parfois ennuyée à lui voler les commandes sans qu'elle ne l'ait voulu, mais c'était plus pour m'amuser à ses dépends que par réel ennui. Anima était beaucoup de chose, mais il n'était pas assommant. Une partie de moi se satisfaisait de l'entendre me dire que j'avais raison. De voir que sous ce que la vie lui avait fait subir, il était toujours le même. Oh, il avait changé, mais si son essence lui restait semblable, cela me suffirait.

"Sagesse " était rarement le qualificatif que l'on me donnait. Mais j'étais mère. Mère des orishas, mère de l'humanité, et je veillais, parfois sévère, sur mes enfants. Anima, d'une certaine manière, en faisait partie. Son âge, sa naissance, ces paramètres ne rentraient pas en compte. Il existait, et sa nature intrinsèque était bonne. Je n'avais pas besoin de plus. Ma proposition avait été sincère, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il l'accepte. Cela ne lui aurait pas ressemblé. Il aimait trop apprendre pour accepter d'oublier.

- Et tu as raison. Je n'insiste pas. Je voulais juste que tu te rappelles que si a un moment tu estimais que le coût pour oublier était moindre que celui que tu avais a payer pour te souvenir, j'étais là pour toi.

Rien de plus. Rien de moins non plus, ceci étant dit.

Je l'observe, grâce à tous mes sens. Je le vois, l'entends. Mais je le ressens aussi, au fond de moi. Et un léger sourire s'étends à mes lèvres. J'aime ces noeuds dans la toile du destin, où les mailles sont plus serrées, ceux qu'on peut toucher du doigt, où l'on peut ressentir une anomalie.
Ceux où l'on se dit : "Quelque chose vient." Anima me mettait de très bonne humeur en m'annonçant qu'il y aurait des conséquences. Mais cela change vite quand il parle de notre ténacité. Erreur. Il n'y a rien qui soit à "nous". Juste à "elle" et à "moi".

- Elle s'accroche à ce qu'elle a comme le parasite au tronc qu'il colonise jusqu'à le recouvrir. Elle ne change pas. N'évolue pas. Elle persiste, comme la peste, dormante. Elle grandit, aussi, étends ses ramifications. Ses doigts de sorcière, qui font pourrir tout ce qu'elle touche.

Mon regard flamboie. Je hais cette femme avec assiduité. Si je suis très généreuse avec mes amis et mes enfants, il vaut mieux éviter d'être mon ennemi. Quelques unes de mes hôtesses l'ont payé de leur vie. Et Goas le paiera aussi, en temps et en heure. Il avait raison, j'étais tenace. Mais à l'inverse de mon adversaire, je n'étais pas que moi. J'étais moi, j'étais l'eau, et j'étais toutes les femmes qui m'avaient accueillies au cours de ma longue existence. J'apprenais de chacune d'elle, de leur vie, de leur expérience. J'apprenais parce que j'étais elles, et pas moi, dans un corps volé. Cette manière de survivre, je la trouvais profondément abjecte. Et tristement représentative de Cnossos. La vie, à n'importe quel prix. Même s'il fallait pour ça voler des vies et s'approprier leur corps. Ecraser, au lieu d'accompagner.

Ma mâchoire se contracte, je gronde, piquée à vif.

- Ne me compare pas à elle. Nous n'avons rien en commun.

Mais c'est à lui de parler, pour le mieux : alors que je l'écoute m'exposer son point de vue et ses buts. Cela me permet de prendre le recul nécessaire à me calmer, afin de ne pas exploser contre lui, qui ne l'aurait pas mérité. Se libérer d'elle... L'expression était juste. Oh, le jour ou Goas mourrait, il y aurait plus d'une personne qui se sentirait libre. J'en ferais partie. Deux millénaires de haine qui enfin trouveraient leur fin.

- Il y a des sorcières ici.

C'est une affirmation. Je ne les connais pas, mais j'ai sentis leurs énergies. Mitigées.

- Font-elles parties de son...Ordre? Où se placeront-elles en cas de conflit?

Fraîchement arrivée, j'allais avoir besoin d'informations. Et si Anima travaillait avec elle... il serait peut-être capable de me les donner.

- Si les fils du destins nous mènent à une guerre... Qui se dresserait contre elle?

Je souris, découvrant des dents blanches qui contrastent avec l'ébène de ma peau.


- Il est probablement temps que je me fasse connaître de mes... Alliés.
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Lun 13 Mai 2019 - 18:14
La solitude n’a jamais vraiment fait partie de mon train de vie. Du moins, jusqu’à aujourd’hui. Certes, j’ai connu des périodes où j’étais plus reclus du monde, mais cela ne durait pas. Toujours, quelque chose me poussait vers les autres, vers le monde. L’ennui finissait toujours par m’envahir. Il y avait eu la folie pour combler ce vide, mais ce n’était pas une méthode que je pouvais approuver, au vu de ce qu’elle avait fait de moi. Malgré tout, il était bon de se rappeler régulièrement que l’on peut compter sur des visages amis, et que leur soutien nous sera toujours offert. Dans des situations millénaires comme les nôtres, c’était même primordial. Et presque un miracle, de conserver une entente aussi longtemps. Mais Iemanja et moi-même nous ressemblons assez pour nous comprendre, et nous compléter.

"Merci. Peut-être qu’un jour…" On ne savait jamais de quoi l’avenir était fait. Même moi. C’était aussi l’intérêt de la vie. Il n’était pas faible de vouloir se décharger de ses peines, d’une manière ou d’une autre, et je ne rejetais donc pas complètement cette possibilité. "De même, si je peux quoi que ce soit, n’hésite jamais."

La conversation ne pouvait que tourner vers Cnossos, inexorablement. C’était comme si la Sorcière catalysait les discussions, en ce moment, tout comme les énergies. Mais la magie s’agitait beaucoup sur l’arche ces derniers mois, ce n’était donc peut-être pas si étonnant.

"Tu sais comme moi que le parasite a aussi sa place comme maillon de la chaîne." tempérai-je doucement.

Elle n’allait toutefois pas apprécier, tout comme la comparaison. Mais ce n’en était pas moins un fait. J’esquissais un léger sourire, la regardant s’animer. Toujours cette même énergie, cette passion qui l’animait et qui m’avait peu à peu quittée… Mais qui peut-être reviendrait. Avec ce qui se tramait, c’était possible. Je la fixai un instant, puis, après un battement de cils, les rideaux de mon bureau se fermèrent, pour ne laisser que la lumière tamisée d’une vieille lampe nous éclairer.

"Ce que je vais te dire restera entre nous, et relève d’un futur hypothétique… Mais avec de grandes chances de réussite." Je fis une pause, avant de reprendre. "Un putsch se prépare au sein de l’Ordre. Tout le monde n’apprécie pas Cnossos, loin de là. Sa propre disciple va lui ravir sa plance pour tenter de la pousser hors du jeu."

Le genre de guerres intestines dont je me tenais volontairement à l’écart, ayant assez donné. Toutefois, je n’étais pas opposé à ce changement, comme je le lui avais signifié juste avant.

"Tu devrais peut-être voir avec ces potentielles alliées, si tu souhaites t’opposer à la Duchesse. Pour ma part, je vais lancer mon propre coven, loin de tout ça, le plus possible… Toutefois, si l’envie te prenait de venir me rejoindre, comme membre honoraire ou autre… Tu es la bienvenue." Je la regardais, un sourire un peu plus franc. "L’envie d’enseigner me revient. Comme au temps d’Hypathie…"

Les souvenirs traversent un instant ma rétine. Les apprentissages sous les étoiles. Les cours dans l’atrium. Les rires. Puis les émeutes. La haine. La mort… Des souvenirs communs, avec mon interlocutrice. Et des blessures similaires…
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