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Sur le chemin des écoliers (Siren)

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Mer 23 Mai 2018 - 19:53
“ Toute légende a un fond de vérité. ”

Strega



L'approche des examens de fin d'année mettait les étudiants dans une drôle de frénésie. C'était comme si tout à coup le temps s'accélérait. Les paresseux devaient se mettre au travail. Et les studieux, entamaient un régime à base de coca et de petits gâteaux, pour survivre à des sessions de révisions. Le parc du manoir devenait l'endroit le plus occupé de l'école. Des petits groupes se formaient au quatre coin, manuels sur les genoux et cœurs aux abois. Ce qui n'était dû qu'au trac scolaire seulement une fois sur deux. En définitive tout allait bien.

Catherine Kent s'était proposée pour donner quelques cours de rattrapage au volontaires. Raison pour laquelle, elle arrivait aux abords de la propriété, en ce beau début d'après-midi. Elle se déplaçait en vélo, comme chaque jour, depuis que le temps était plus clément. Une veste en jeans la protégeait du petit vent. Elle portait des sandales à lanières et elle avait même vernis ses pieds, sous le regard curieux de Samuel. Un teint halé témoignait des heures passées à construire le potager derrière leur maison. Elle pensait aux bulbes de roses qu'elle avait planté le matin même avec un sourire heureux. Car elle l'était heureuse.

Un parfum de glycine flottait dans la rue. Les passants portaient des chapeaux et des lunettes de soleil. La chaleur et l'atmosphère générale, donnait un avant-goût de vacances. Tant et si bien que Sveda se sentait le cœur léger. Elle chantonnait une chanson qui passait à la radio, un peu plus tôt dans la matinée, sans même en connaître le titre. Dans ses souvenirs revenait le rire de Dante, quand elle était venue le taquiner pendant qu'il se rasait. Son sourire s'embellissait en entendant de nouveau leurs mots d'amour. Portée par ces pensées doucereuses, Tohum allait virer sur la gauche.

« Madeline ? » La blonde actionnait le frein et descendait de selle.

La jeune femme était pareille à ce que l'Immortelle s'en souvenait.

« Incroyable! » Sveda se souvenait très bien de cette jeune femme. Elle l'avait eu comme étudiante. Madeline Lafayette une personnalité brillante, dont elle gardait un bon souvenir. Et bien qu'elle n'ait suivi que quelques semestres... sa vivacité d'esprit avait marqué la chercheuse. « Qu'est-ce que tu deviens ? Il faut absolument que tu me racontes. Est-ce que tu as quelques minutes ? J'allais à la PH. Faisons quelques pas ensemble ?! Ça alors... quel bel hasard. »

Sveda aimait savoir ce qui arrivait aux personnes qu'elle avait un jour rencontré. Plus encore quand il s'agissait de ses anciens élèves. Elle était curieuse de savoir quel chemin ils avaient finalement pris. Aussi c'est vrai si les sciences faisaient encore partie de leur vie. Bien sûr elle était toujours heureuse quand c'était le cas. Pour Madie, la piste s'était tournée vers des études en physique appliquée, pour la météo. Kent ignorait encore que leur route se recroisait sur les bancs de l'école.

« Es-tu en ville ?» La familiarité de la cardiologue allait de paire avec son entière sincérité. Elle était une enseignante investie, passionnée même, et qui ne pouvait pas s'empêcher d'aimer ses protéger. Madie avait d'ailleurs ce petite quelque-chose de finesse qui lui avait souvent rappelé Natacha. Oui Natacha était un peu partout dans ces jeunes esprits inventifs. Cette pensée i teintait la joie de la nomade d'une ombre. Mais la vie reprenait le pas aussitôt. Catherine souriait avec une douceur naturelle. « J'aimerais que tu rencontres l'un de mes protégés, si tu veux bien... »

Pendant tout cet heureux verbiage Tohum ne s'était rendue compte de rien. Iemanja cachée là-dessous ? Cela faisait des siècles, ou presque, que les ces deux-là s'étaient perdues de vue. Les seuls échos étaient des racontards de marins ou de fous. La Siren aimait garder un voile de mystère autour d'elle. La rose des sables ne pouvait pas de figurer qu'elle était à présent sur le même bloque qu'elle et tous les autres immortels.
Tohum
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Ven 15 Juin 2018 - 0:29
Je marche, depuis une heure, peut-être plus. Je profite de la douceur du temps. Cette ville m’avait manqué, réellement, profondément. Si c’était en Louisiane que j’étais née et que j’avais passé mes premières années, c’était ici, sur l’Arche Ecossaise, que j’avais grandi et connu mes premiers bonheurs. Et que j’avais trouvé ma voie. Tout est ici si… calme. Je n’étais là que depuis quelques jours, et j’étais déjà persuadée que Juno avait eu raison de me renvoyer chez mes parents. Que même si cela avait été difficile de quitter notre appartement après deux ans de vie commune, revenir à Edimbourg était ce qu’il fallait faire.

- Comment tu fais pour avoir tout le temps raison, et pour me connaître aussi bien ?

Dans mes écouteurs, je l’entends éclater de rire, et involontairement, je souris. Elle a cet effet-là sur moi, je ne peux pas m’en empêcher.

- Cherche pas à comprendre et contente-toi de m’écouter, va. J’dois aller en cours, Love. On se rappelle plus tard ?
- Ok. Tu me manques, June.
- Toi aussi. On se parle vite.

Elle raccroche, et je grimace. On avait beau avoir vécu notre début de relation à distance, y revenir maintenant, ça n’allait définitivement pas être simple. Enfin. Encore un mois, et c’était les vacances. On se verrait à ce moment-là, avant qu’elle ne commence son stage en laboratoire à New Victoria. Ils se l’arrachaient. Juno, c’était une tête. Une doctorante qui se spécialisait en biomécanique, y’en avait pas des tas. C’était un champ encore trop novateur. Pas assez porteur. Mais avec ses compétences et ses envies de recherches, pas de doute qu’elle allait trouver quelque chose. Elle parlait de ce stage depuis des mois, déjà. Excitée comme une puce de pouvoir bosser dans un vrai labo, et de réellement commencer ses expériences sur les prothèses mécaniques qu’elle tentait de mettre au point. Son sujet de thèse.

Sur mon téléphone, je lance une playlist romantique. La bande-son parfaite pour cette promenade, et la mélancolie mêlée de joie que je ressentais. J’aime accorder ma vie en musique. Ça m’aide à réfléchir. Mais j’ai à peine le temps de me lancer dans la Symphonie du Nouveau Monde que j’entends une voix, familière, m’interpeller. Je retire un écouteur, et le chant des cordes et des vents se perds bien vite dans le bruit de la vie citadine.

Revenir dans sa ville après l’avoir quitté 4 ans, ça à l’air de rien comme ça, mais on a quand même l’impression que tout est différent. Les gens. Les paysages. Les magasins. Mais, parmi toutes ces choses en constantes évolutions, il en reste, quelques unes, fixe. Un foyer, souvent. Des amis, parfois… et en l’occurrence, une professeur.



*** Oh, voilà qui allait être intéressant. Cette chère Sveda. Le hasard avait conduit les pas de Madeline jusqu’à mon ancienne alliée. Je m’étais parfois demandé s’il fallait que je me manifeste à elle. J’avais fini par décider qu’elle avait moyen de me joindre, grâce au pendentif dont je lui avais fait don. S’il était resté silencieux, c’était qu’elle n’avait pas besoin de moi. Pourquoi alors réapparaître dans sa vie ? Cette femme avait bien d’autres choses à faire… Et j’aimais assez mon anonymat. Puis, c’était intéressant d’apprendre à la connaître au travers du regard de Maddie. Comme si je la rencontrais de nouveau. Mon hôtesse la regarde, et je l’examine moi aussi. Elle avait eu un enfant. Je sentais ces choses-là, déesse nourricière que j’étais. Un autre enfant, devrais-je dire… Sveda avait toujours été une mère dans l’âme.***


Je fourre mes écouteurs dans la poche de mon jean et y enfonce mes mains, avec un sourire un peu mal à l’aise, mais pas mécontent pour autant. J’ai jamais vraiment été à l’aise avec les gens, de toutes manières…

- Bonjour, Mrs. Kent !

Sa question me prend de cours. Je ne m’y attendais pas forcément. Les gens que j’ai revus depuis mon retour, il y a quelques jours, c’est principalement des voisins. Passé l’usuel « bon retour, réinstalle-toi bien », ils ne cherchent pas à grand-chose à part à s’enfuir.

- Oh, je…

***Détends-toi donc, petite. Tu es en terrain sûr, auprès d’elle.***

Elle continue sur sa lancée et je me dandine un peu d’un pied à l’autre, avant de me forcer à respirer. Mrs. Kent, je la connaissais. Elle avait suivi mon parcours à la House Science, et m’avait encouragée sur la voie de la science. Un peu plus détendue, j’entreprends de répondre à ses questions.

- Je suis revenue de New Victoria il y a quelques jours. Je ne pensais pas croiser qui que ce soit…

J’arrive même à avoir un petit rire. Je me moque de moi-même, à vrai dire. On habite à New Town, et mes pas m’ont conduit sur la route de la PH. L’habitude, peut-être bien. Je lui fais signe de la tête que je peux la suivre, et nous reprenons la route, tranquillement.


- Et pour ce qui est de ce que je deviens, euh… J’ai eu mon Bachelor en Physique au MIT l’année dernière et euh là… je suis plutôt en année sabbatique, on va dire.

***Elle ne dit rien sur les trous noirs, évidemment. Comment le pourrait-elle, alors que ses mères ne sont pas au courant ? Pourtant, Sveda pourrait l’aider, si seulement cette tête de mule acceptait de demander de l’aide, plutôt que de s’obstiner. Mais Madeline est comme ça. Aussi secrète que moi… alors comment l’en blâmer ? Je me prends à sourire. Je l’aime, cette petite. J’ai aimé toutes les autres, mais Maddie… peut-être est-ce à cause de notre rencontre, mais j’ai un attachement tout particulier pour elle. Au point que j’ai, maintes fois, hésité à lui parler. Je me suis toujours abstenue, par peur de sa réaction. Oserait-elle embrasser ma présence, ou chercherait-elle à se débarrasser de moi ? Je ne veux le savoir. Tant que cette question reste en suspens, Madeline ne peux pas me décevoir. Mon ego ne souffrirait pas une trahison de sa part.***

Je me tais un instant. J’aurais envie de parler du MIT avec elle. De ce que j’ai appris. De ce que je veux faire, après. Mes projets, mes envies, mes questions. Mais pas ici, pas comme ça, en pleine rue. Elle doit avoir plein de choses à faires. Alors, je la lance sur elle, plutôt.

- Et de votre côté ? La Potentiel Home se porte toujours bien ?

Mais j’ouvre de grands yeux quand elle me demande de rencontrer quelqu’un, et me voûte un peu plus, ma main effleurant mes cheveux tondus court.

- Je euh… je suppose que oui ? J’peux aider à quelque chose?
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Dim 1 Juil 2018 - 12:58
“ Toute légende a un fond de vérité. ”

Strega




Le sourire aux lèvres Tohum, calait le vélo contre sa hanche, tout en vérifiant rapidement la rue. Celle-ci était vide. Il y avait peu de circulation à cette heure et dans cette zone. Paradoxalement le manoir était autant une source de fascination que d'inquiétude pour les édimbourgeois. Aussi l'exclamation de la blonde se fit bien entendre.

« Toutes mes félicitations !! Bravo ! Je savais que tu y arriverais. »

Ce qui dans la bouche de Sveda n'était que pure sincérité. Elle était confiante par nature sur le potentiel du genre humain. Madeline avait l'éclat de l'intelligence en elle. C'était une grande joie de savoir que celle-ci avait été remarquée. Cela voulait dire que l'équipe avait fait son travail correctement avec elle. C'était encourageant quand on était un enseignant et un chercheur.

« Tu as raison, profites ! Avec ce diplôme en poche tu as accès à toutes les portes. » Une fierté, un peu maternelle, luisait dans les yeux de l'ancienne professeur. Elle était très curieuse de savoir ce que Miss Lafayette allait faire de ses atouts. « Est-ce que tu as déjà prévu des projets ? »

Un VNP de la municipalité arrivait de la rue d'en face. Kent attrapait son vélo pour le porter et monter sur le trottoir. Ce n'était pas l'endroit le mieux pour parler. Sveda n'avait pas envie de précipiter les choses. Elle voulait profiter de cette rencontre un maximum. La proposition lui paraissait donc tout à fait logique :

« Viens ! Prenons un café en salle commune ! On sera plus tranquille. Tu me racontera tout. Après, je te montrerais nos nouveaux labos. » Ajoutait-elle avec l'enthousiasme qu'on les passionnés.

Ainsi embarquait-elle la jeune diplômée ver son ancien refuge. L'ombre des arbres était agréable. On entendait peu à peu l'animation qui émanait du parc. Avec la fin de l'année les activités extérieures étaient nombreuses. Certains collègues donnaient même des cours dans l'herbe. Tohum reprenait le fil de la conversation avec un grand sourire.

« L’École va bien oui. Nous avons de plus en plus d'élèves qui arrivent des autres arches pour participer aux programmes inter-archipel. C'est très stimulant. D'ailleurs cela pourrait t'intéresser. Je te présenterais, si tu le souhaite. » Kent tournait la tête vers Maddie pour partager un sourire complice. « Les autres vont être contents de te revoir. Tu sais qu'il y a une association des anciens élèves. Ils organisent souvent des soirées. C'est une bonne façon de vous créer un réseau entre vous. »

Ce n'était pas que Sveda ne voulait pas parler d'elle. Elle était ouverte. Vous le savez bien. En fait, elle préférait parler de l'autre. Elle avait tellement de questions. Il y avait tellement de choses qu'elle avait envie de dire à cette jeune femme. Comme elle ignorait de quel temps elles disposaient, il fallait aller au plus important. A ses yeux, le plus important concernait l'avenir de Madeline.

A l'angle, la silhouette du manoir s'imposait. Le grand portail d'entrée de la propriété était en face des scientifiques. Une caméra de surveillance était en place. Le gardien identifiait rapidement le professeur Kent et actionnait l'ouverture. A cette époque de l'année le parc était magnifique. La nature verdoyante donnait à cet endroit des airs de Paradis terrestre.

« Alors, ça t'as manqué ? » Demandait l'Immortelle amusée.
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Sam 7 Juil 2018 - 22:40
Je rougis un peu. J'ai tendance à faire ça. Ma chance, avec ma couleur de peau, c'est que ça se remarque un peu moins. Ou alors, simplement que mes interlocuteurs ont la politesse de ne rien dire, je ne sais pas. Je ne suis pas certaine que ça soit vraiment pertinent. Je fais une petite grimace.

- Merci. J'ai eu une bonne moyenne.

*** Une très bonne, pour être exacte. Mais ça, elle ne le dira pas. Madeline est étrangement modeste la plupart du temps. Elle n'aime ni attirer l'attention, ni faire des vagues, et préfère mener ses petites affaires, faire ses calculs dans son coin. C'est un tort. Avec le cerveau et la réflexion qu'elle a, elle pourrait viser un prix Nobel en Physique ou en Mathématique avant quarante ans. Elle n'ose pas en rêver. Ou plutôt : pas à voix haute. Mais elle ne peux rien me cacher. ***

- J'ai simplement eu de la chance de rencontrer les bonnes personnes.

C'est vrai, et je le sais. Je sais que je suis douée pour les mathématiques et la physique. Mais si j'étais restée une orpheline à la Nouvelle-Orléans, jamais je n'aurais eu une seule chance de développer ce potentiel. Il y avait tout à parier que je serais restée à l'orphelinat jusque 14 ans, avant d'être placée dans un foyer d'accueil, que j'aurais accéder au niveau du secondaire peut-être par miracle mais que jamais je n'aurais pu faire d'études, à défaut de quiconque pouvant me les payer. J'aurais fini comme tant de nanas des bas-quartiers, serveuse dans un diner, ouvreuse au cinéma, caissière en supermarché. Je n'aurais jamais même rêvé de mathématiques, de découvrir le secret des tempêtes. Mais j'avais eu la chance de trouver deux femmes prêtes à se battre pour m'offrir une chance. Et je m'emploierais à les rendre fières de moi.

J'ai quand même un petit rire et j'ajoute.


- Pas toutes. Pas celles que je veux. Alors je reprends un Master en Climatologie à la rentrée. J'hésite à le doubler d'un second Bachelor en Mathématique... Il y a des points qu'on a abordé en cours qui m'ont donné envie de développer le sujet. La Conjecture de Syracuse, pas exemple. C'est probablement hors de mon niveau pour le moment, mais je trouve ça tout à fait fascinant.

*** Elle était comme ça. Muette, ou presque, dès lors qu'on lui demandait de parler de sa vie quotidienne, mais dès qu'elle se lançait sur un sujet qu'elle maîtrisait, on ne pouvait plus l'emporter. Sveda était une scientifique, mais j'ignorais en soit si les mathématiques étaient sa plus grande force. Peut-être que Madeline l'avait déjà perdue. Elle s'en rendit compte et laissa là le sujet, avant d'entrer plus avant dans les détails, d'un geste vague de la main.***

J'acquiesce à la proposition de Mrs Kent. L'idée de revoir la PH me plaisait définitivement. Surtout s'ils avaient de nouveau labo. Je n'étais pas une ingénieure ni une biologiste, mais voire que l'école avait réussi à améliorer les locaux était une bonne nouvelle. Il y avait plein de talents à extraire de cette école. Le fait qu'ils soient pour la plupart des Prodiges n'était qu'accessoire. Personnellement, me transformer en femme-poisson ne m'avait été d'aucun secours dans mes études. Mais c'était grâce à la Potential Home que j'avais réussi à comprendre que mon don ne devait pas me freiner dans mes études, et que je pouvais le maîtriser, au moins un peu. Il y aurait sans doute un jour, ou je pourrais me baigner sans me retrouver affublée d'une queue de sirène. Je l'attendais avec impatience. Je la suis vers l'école, tranquillement.

Sa réflexion sur le programme inter-archipel me fait penser à quelque chose. J'avais promis que je poserais la question.


- Vous accepteriez une étudiante du M.I.T. pour une fin de Doctorat? Je sais que vous avez un partenariat avec l'Université d'Edimbourg...

Je ne précisais pas que l'étudiante était ma petite amie. Je ne voulais pas, ni être jugée, ni au contraire que ça pèse dans la balance. On en avait parlé, Juno et moi. Du fait qu'elle vienne faire un an à Edimbourg. Peut-être finir son Doctorat là-bas. Les cours étaient un peu moins pointus, mais son directeur de recherche avait accepté de continuer à la coacher. Et puis, de toute manière, les deux dernières années de Doctorat, c'était de la Recherche et de l'écriture de thèse.
Je dois avouer que ça me plairait bien qu'elle débarque ici. rien que pour qu'elle connaisse l'endroit ou j'ai grandi. Mais... la décision lui revenait. Et j'acceptait toutes les éventualités.


*** Enfin, ça, c'est ce qu'elle essayait de se faire croire. Maddie avait un tort : celui de prendre à coeur beaucoup de choses. Juno était une part importante de son histoire, et de sa vie. Si elle refusait de venir à Edimbourg, même si les arguments étaient tout à fait irréfutables, ça la blesserait. Bien qu'elle s'efforce de penser le contraire. Madeline était comme ça. Pour son bien-être, j'espérais que Juno avait prévu de débarquer en octobre. ***

- En fait, je pensais de plus en plus à demander un poste d'Assistant à la House Science. Ça me plairait bien, de revenir ici, mais plus tout à fait comme une élève. J'hésite encore un peu. Mais j'y réfléchis. Je sais pas si ça vous intéresserait, ni si j'ai vraiment ce qu'il faut.

La discussion dérive sur une association des anciens élèves. J'ai une autre grimace, un peu gênée. Je m'étais fait quelques camarades, pour la plupart perdus de vue à cause de mon habitude jugée agaçante de ne pas donner de nouvelles.

- Vous savez, je ne suis pas tellement soirée. Puis... j'ai pas gardé tant de contacts que ça.

C'était difficile pour moi, le simple fait de "garder contact". Et je n'étais pas certaine d'avoir un quelconque intérêt à être conservée dans une liste de contacts, de toute manière. Sans dire que j'étais asociable, je n'avais pas les meilleurs compétences dans le domaine. Mom se moquait parfois de moi à ce sujet. Mais c'était facile pour elle.

Alors, j'hausse simplement les épaules, alors que mon ancienne professeur nous fait entrer dans le parc. Je lui souris, presque timidement.


- Un peu. New Victoria, ce n'est pas pareil. C'est ici, chez moi. Même si... j'ai réussi à me faire une place là-bas. Mais la vie c'est... différent. Je préfère Edimbourg.

Je ris doucement. Au début, j'avais eu du mal à me faire aux quartiers citadins, aux petits appartements, au bruit, partout, tout le temps. Et c'était juste sur le campus. Je n'osais pas imaginer ce que c'était de vivre dans la ville même. Un conglomérat de ce qu'avait été New-York, Boston, et tant d'autres villes. C'était, pour une fille comme moi qui avait grandi dans un espace clos, puis dans une ville relativement aérée, assez effrayant. J'avais eu un peu de mal à m'y faire.

J'embrasse le paysage, et inévitablement, un sourire monte à mes lèvres.
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Ven 13 Juil 2018 - 11:06
“ Toute légende a un fond de vérité. ”

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Maddie était une jeune femme attachante. La vie ne lui avait pas donné la meilleure des donnes. Ça ne l'avait jamais découragée, ou en tout cas pas assez, pour qu'elle se batte. Sveda admirait cette ténacité. Cela lui remémorait ses propres batailles. Être une scientifique au début du XIV siècle n'était pas une mince affaire. Croyez-moi bien.

« Très bien, je vois que tu as déjà une bonne idée. Je peux t'écrire une lettre de recommandation pour le double cursus. » Lui disait-elle sur un ton devenu sérieux et un rien administratif.

C'était sans le faire exprès. Travailler dans le milieu hospitalier et même de l'éducation rendait quand même protocolaire. Parce que c'était ainsi dans les sociétés modernes actuelles. Tohum s'était adaptée bon grès mal grès. Elle venait d'une époque où il n'y avait pas d'écrit. La prescription se faisait à l'oral comme tout le reste. Alors elle observait cette époque ultra protocolaire avec une sorte de bienveillance amusée.

« Syracuse, Syracuse... les nombres entiers c'est ça ? Mon niveau en maths est surtout adapté pour les calculs biochimiques. »

Un court instant le sourire de la rose se fanait un peu. Elle avait eu une pensée pour Pietro. En effet, Timekeaper était un homme extrêmement brillant. Lorsqu'ils travaillaient ensemble, encore, ils avaient résolus plus d'hypothèse que n'en comptait le laboratoire. Cela avait été une période très enrichissante intellectuellement parlant. Idiot, que cet homme soit en fait complètement fou à lier.

« Sur le principe, oui bien sûr. Il faudra que son projet de recherche passe devant une commission. Mais c'est une formalité. Quel est son thème d'étude ? » Les yeux bleus de la scientifique luisaient d'une sincère curiosité. Elle était toujours attentive aux champs de recherches exploités par la jeunesse. Cela lui permettait de voir leur préoccupation. « Donnes-lui mes coordonnées et dit lui de m’appeler. Comme ça je pourrais lui donner un premier avis et lui donner des pistes pour préparer un entretien. »

Leurs pas s'étaient mis sur le même rythme. Le roulis de la chaîne de vélo les accompagnait. Un son léger qui transpirait la détente et l'été. Les vacances d'été n'étaient plus très loin dans les esprits. Comme la récompense qui viendrait après les ultimes défis de l'année. Le manoir serait alors un lieu totalement différents où les cours d'été tutoieraient les soirées. Catherine ferait probablement des cours en extérieur.

« C'est une bonne idée Maddie. Ce serait un excellent moyen d'enrichir tes connaissances tout en acquérant des éléments pour la pédagogie. J'imagine que tu seras amenée à donner des cours en université plus tard.» Kent pensait tout haut. On la sentait totalement enthousiasmée par les idées de son ancienne élève. Aussi avait-elle déjà à cœur de l'aider au maximum pour obtenir ce qu'elle était venue chercher en revenant vers la PH. « Hum, je vais voir avec le coordonnateur. Que dirais-tu de faire un premier essai en devenant mon assistante ? Comme ça je pourrais t'aider. Si cela te plaît nous verrons pour que tu rejoigne le département qui te concerne ?»

Non, il n'y avait pas besoin de plus pour que Sveda s'engage à aider une inconnue. Elle était une passeuse de savoir. Ses compétences étaient là pour servir le plus grand nombre au sens propre. Tout comme feu Émile de Saint-Agnan elle avait un profond bonheur à amener un peu de lumière dans le regard des jeunes. Elle s'épanouissait autant en classe que derrière les microscopes. Et elle avait conscience que c'était une vraie chance.

« C'est vrai que ceux de ta génération sont partis au quatre coins de l'Arche. C'est que nous avons avant réussi à vous donner quelques billes. »

Le but premier était justement que tout ce beau monde parte. Que tous ils quittent l'Arche pour aller à la conquête de leur temps. Pour la plupart ils y arrivaient. Certains allaient même très loin dans les sphères. Les Prodiges avaient de plus en plus accès à des postes d'importance. Peu à peu cette civilisation s'adoucissait.

« Je vois ce que tu veux dire.» Un sourire amical se lisait sur le visage de la blonde. « Commençons par tes anciens profs. »

Les filles entraient côte à côte sur la propriété de la Potentiel Home. Tohum avait le regard rêveur face à l'effet ruche qui se dégageait du parc. Elle prenait l'une des allées principales d'un pas paisible. Rapidement un jeune Owl arrivait de la droite pour l'interpeller à propos de l'organisation du prochain devoir et des sessions de révisions. Sveda ralentissait et prenait le temps de répondre avec une patience quasi maternelle. Soudain ses sept cent ans se devinaient au coin de son regard.
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Sam 21 Juil 2018 - 23:16
Une lettre de recommandation? J'en demandais pas tant. Mais si elle proposait...

- Oh, c'est gentil. Je sais pas encore trop. J'ai peur que ça fasse beaucoup...

Surtout pour une nana qui se rappelle de la moitié de ses journées. J'étais censée revenir à Edimbourg pour me reposer, par pour enchaîner les diplômes en mode bourrin. Je savais que Juno n'était pas pour cette idée de double-cursus. Et Maman et Mom ne savaient pas trop quoi en penser. Elles ne voulaient pas que je me surcharge de boulot. Moi... Je pensais que je pouvais y arriver. Et surtout, j'espérais que le travail m'aide à me concentrer. Peut-être que c'était de ça dont il était question. Peut-être qu'avec un challenge supplémentaire, je perdrais moins la mémoire. Peut-être que je récupèrerais peu à peu ma vie.

*** Naïve enfant. Mais comment pourrait-elle deviner. J'étais désolée d'avoir dû prendre les commandes de son corps, plusieurs fois. Quelques affaires à régler à New Victoria. Des gens à retrouver. Des pistes à suivre... Et puis, plus tard, la piste d'Edimbourg. Strega s'y trouvait, à ce que j'avais appris. Augmenter ses pertes de consciences, graduellement, allait induire chez elle et ses proches une peur. Elle voudrait se rapprocher de ses origines : ainsi est faite la nature humaine. C'était du moins ce que j'avais espéré, et j'avais été exaucée. Jamais je n'aurais forcé Madeline à revenir sur l'Arche Ecossaise. En revanche, faire en sorte qu'elle y pense par elle-même... C'était là toute la subtilité.***

- Après, je pense faire la 1ère année en majorité à distance. Si je veux pouvoir être assistante et poursuivre mon Master, je n'aurais pas le temps d'être présente à tous les cours.

C'était un des paramètres qui me dérangeait. J'aimais apprendre. J'aimais les mathématiques. mais faire les choses à moitiés... Oh, je m'étais suffisamment intéressée au sujet dans sa globalité pour être capable de suivre un cursus de première année, sans, je pense, trop de problèmes. Mais il faudrait que je passe mes soirées à potasser. Voilà qui n'allait pas aider ma vie sociable. Bah... je n'ai pas grand monde ici, de toute manière.

Je vois son sourire flétrir, rien qu'un peu, quand elle réfléchit à la conjecture de Syracuse. C'est lié? Ça m'intrigue. Ça devrait pas... Mais Mrs. Kent est la douceur. C'était une de mes professeur préférées, même si je ne l'ai jamais spécialement montré. Disons que je n'étais pas une élève compliquée. Timide, mais ne causant pas de problèmes. Et en grandissant, j'avais la même attitude avec tous mes professeurs, que je les apprécie ou non. Du respect pour ce qu'ils m'apprenaient et pour le don qu'ils faisaient aux jeunes.


*** Une chose qu'elle et moi avons en commun ce respect de la connaissance et de sa transmission. C'était ce qui m'avait attiré chez Hypathie. Si en plus, c'était doublé d'un joli visage...***

Mais je passe déjà à autre chose quand elle semble accepter le principe d'un accueil d'étudiante américaine. Il y a probablement des étoiles qui scintillent dans mes yeux. La nouvelle me rassure. Nous nous y étions prise en retard, avec June, alors apprendre que le transfert était toujours possible était un soulagement.

- Elle étudie la biomécanique, et son doctorat porte sur l'hybridation humain-mécanique. De la prothèse simple, esthétique à l'assimilée et intégrée au corps. Genre bras mécanique, quoi. Elle veut terminer sur une analyse de l'hypothétique humain bionique.

Il n'y avait encore que peu d'étudiants qui se penchaient sur les prothèses. Celles qui replaçaient réellement les membres. Cette technologie était accessible par les grandes compagnies uniquement, et très chèee. Avec des taux de rejets assez élevés à vrai dire. Pour Juno, c'était l'avenir. Surtout si elle se penchait sur le sujet, d'après ce qu'elle rajoutait souvent avec un sourire moqueur.

Je passe au sujet suivant.


- Ouais, c'est un peu ça qui me manque : la pédagogie. Je me suis jamais vraiment vue prof, je suis pas assez à l'aise devant les gens... l'idée d'enseigner à un amphi me fait un peu paniquer... mais des petits groupes de jeunes... je devrais m'en sortir. Je crois...

Ma main passe de nouveau dans ma nuque, effleurant les quelques millimètres de cheveux qu'il y reste. A dire vrai, je sais pas si je suis capable d'enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit. Mais je sais que j'avais adorer tomber sur des professeurs passionnés par leur sujet. De ceux qui transmettent leur amour pour leur matière rien qu'en en parlant. J'avais pas le charisme pour subjuguer des foules, ça c'etait clair, mais peut-être qu'un ou deux élèves...

- Euh... vous pensez que je ferais l'affaire ? Je n'ai pas vraiment fait de biologie depuis le lycée...

Tout en disant cela, nous avançons dans le parc. Tout y était aussi paisible qu'avant mon départ, évidemment. Je n'avais pas assez marqué la Potential Home et ses occupants pour que le fait que je sois partie ait changé quoi que ce soit. Je n'étais qu'une élève parmi les autres, une anonymes de plus. Quelque part... ça m'allait.

Je suis Mrs. Kent dans les allées, et esquisse un sourire lorsqu'elle réponds aux questions d'un jeune de son ancienne maison. C'était réconfortant que certaines choses ne changent pas. Il fallait de la stabilité dans ce monde.
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Jeu 26 Juil 2018 - 1:00
“ Toute légende a un fond de vérité. ”

Strega




Sacrée Rose on ne la changerait jamais. Elle partait de ce principe, beau mais assez utopique, que tout le monde était aussi assoiffé qu'elle. Un très que Siren avait du entrapercevoir en son temps. Émile le premier de tous avait tendrement tempéré cette ardeur, lorsqu'ils travaillaient ensemble. A présent c'était ce bon vieux Fuji qui devait faire face à cette tornade d'énergie. Il est vrai qu'en revenant à la Potentiel Kent n'avait pas ménagé sa peine. Elle s'était montré aussi inépuisable qu'à l'époque où ils avaient fait l'ouverture de l'école.

« Je m'emballe c'est cela ? Excuse-moi Madeline. Mon enthousiasme me dépasse parfois. Bien entendu ce n'était qu'une idée. Tu n'auras qu'à me dire ce que tu as besoin et quand. »

Il n'y avait rien que cette femme ne fut pas prête à faire pour le bien de la science. Pour la science au sens large si nous voudrions être plus exacts. Certains se souviendrons peut-être de ses obscures décisions en temps de guerres contemporaines.... Sveda ne les avaient pas oublié. Elle vivait chaque jour avec le poids de ses décisions. Et chaque jour elle faisait amande honorable. Ce qui était devenu beaucoup plus appuyé depuis que Carso était présent dans sa vie. Caleb, le garde de fou ne cessait d'adoucir l'exaltation de sa compagne, dans le domaine de la recherche uniquement.

« D'accord, d'accord. Je crois que je connais quelqu'un qui sera intéressé d'en savoir plus, ici. » Une vive énergie traversait alors la chercheuse. « Nous allons faire au mieux, d'accord ? Mais, il ne faudra pas que l'on perde de temps. »

Les idées allaient bon train.

« Alors c'est parfait comme ça. Nous allons voir ce qui peut se mettre en place. Quand voudrais tu commencer ? Nous allons te laisser profiter de l'été tranquille peut-être ? »

De fait Élias Dewey aurait une notification avant la fin de la journée à ce sujet. Gear connaissait bien sa vieille amie lui aussi. Il savait que Sveda avait ce petit don pour faire germer du potentiel. Sa profonde croyance en l'Humanité n'y était certes pas pour rien. Mais, enfin, elle était loin d'être naïve et elle savait que ce monde avant grand besoin d'esprits neufs et novateurs, pour aller mieux.

Le rire de la Rose était spontanée. Il n'était pas moqueur. Il y avait plutôt une note de tendresse dedans. Les réactions des jeunes cœurs faisaient encore et toujours un effet sur cette vieille âme. Elle se gorgeait de tout ce qui faisait l'innocence et la beauté des siens. Maddie avait cela de beau. Elle était modeste et douce. Par plusieurs aspects d'ailleurs, elle lui rappelait Ava.

« Oui, j'en suis certaine. Tu as tout ce qu'il faut pour. Mais ce sera ton choix. Tu as tout le temps d'y réfléchir avant de me donner une réponse définitive. »

Lorsque le manoir à proprement parlé fût tout prés Sveda ralentissait son pas. Elle voulait sans doute que Miss Lafayette puisse profiter encore un peu de l'air fleurie et du soleil qui régnaient sur le parc. Avec un petit sourire complice, elle appréciait avec elle le charme des arbres en fleurs. Puis tout naturellement, elle les guidait pour monter les quelques marches du perron et pénétrer la bâtisse à proprement parlé. Une fraîcheur nouvelle apaisait la peau de la blonde.

« N'as-tu pas soif ? Moi j'ai soif. Viens prenons cette boisson en salle commune. Elle a changé depuis ton départ et le mien. Tu vas voir c'est moderne ! »

Dévrechef Tohum attirait donc la jeune femme dans l'aile ouest. Elle avait la cadence de ceux qui savent où ils se rendent. Dans le hall, puis les couloirs, les jeunes et moins jeunes fixaient Madeline avec curiosité. Cela n'avait rien à voir avec la curiosité déplacée des inconnus dans la rue. Il s'agissait plus ici de deviner à quelle maison appartenait cette « nouvelle » fille.

Finalement une porte battante leur donnait accès à la pièce. Une lumière solaire illuminait l'espace. L'agencement était fait pour entretenir le confort et l'aisance des étudiants. Canapés, fauteuils, et poufs se trouvaient partout disséminés et sous toutes les formes. Un bar, plus moderne donc, proposait un service de boissons et de collation capable de requinquer n'importe quel goinfre adolescent... ou non ! Catherine se tournait vers une table ronde prévue pour quatre et écartait un fauteuil pour y déposer ses affaires.

« Installe toi, met toi à l'aise. Dis moi ce qui te ferais plaisir. Je m'en occupe ! »

Sveda était définitivement matenante dans le cas présent. Mais il aurait été difficile de lui en vouloir tant le plaisir qu'elle avait à chouchouter Maddie était perceptible. Elle prenait donc sa commande avec le sourire avant d'aller la chercher au bar de son pas plein de bonne humeur. Les jeunes qui tenaient le coin cafétéria la saluait avec entrain. Ils s'occupaient tout de suite d'elle. Si bien que l'opération fût rapide. Kent revenait triomphante, et déposait le plateau sur la table, avant de les servir.

« Voilà ! Maintenant que nous sommes bien installées... dis-moi. En dehors de tes études ? New-York ?? Ta vie ? T'es tu épanouie là-bas ? »

Si elle pouvait moins se permettre de montrer son intérêt pour le bien être intérieur des jeunes quand ils étaient ses élèves, les choses étaient différentes quand ils devenaient des collègues de travail.
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Dim 2 Sep 2018 - 18:53
Je balaie l'air de la main alors qu'elle s'excuse.

- Oh, y'a pas besoin. C'est juste que je veux pas vous donner du boulot si finalement je décide que... j'en suis pas capable, ou que j'aurais pas le temps. Voyez?

*** Du Madeline tout craché, de douter à ce point de ses capacités, et de sa soif d'apprendre. Elle se savait pourtant intelligente. Tout ceci me dépassait. Il m'avait fallu toute ma patience pour ne pas m'emporter et lui faire réaliser son potentiel... Elle me mettait parfois à rude épreuve. Autant par son manque de confiance en elle que par sa manie détestable de manger la moitié de ses phrases. ***

Je crois que tout mon visage s'éclaire au moment ou elle annonce que les projets de June pourraient intéresser au moins quelqu'un à la PH. C'est ce que j'espérais, en fait. Juno avait ce qu'il fallait pour devenir une grande ingénieure. Le M.I.T. lui en donnait bien sûr la possibilité. Mais je pensais, et lui avait déjà dit, que d'explorer le côté "Prodige" de l'affaire serait un plus. Qui lui rajouterait du boulot en plus, évidemment, mais c'était une bosseuse. Et j'étais prête à l'aider autant que je pouvais.

- Non, c'est sûr. June a déjà commencé son dossier, mais on était pas certaines que ça serait possible, cet échange.

Je rougis. une fois de plus. J'ai l'impression que ma phrase nous as trahit. Le fait que je l'appelle June, le fait que je parle d'un "nous" et plus seulement d'un "elle". Tant pis, ce qui est fait est fait... Je la suis, espérant que son énergie naturelle nous permette de ne pas trop pousser le sujet. Mom a beau me dire qu'être lesbienne, c'est ni une honte, ni une maladie, je suis pas forcément certaine de comment les gens pourraient le vivre. Alors, je ne parle pas spécialement du sujet avec la plupart des gens. De toute facon, ma vie privée, ça ne regarde que moi.

- Je commence un stage dans quelques semaines, de toute façons... Je ne serais pas disponible avant mi-septembre, si ça vous va.

Je termine à la Feuerbach Corporation fin juin. Mais début septembre, si tout va bien, Juno devrait venir passer une semaine. Ou peut-être s'installer pour l'année... J'aime autant être disponible. Elle me manque déjà, alors je n'ose même pas imaginer d'ici deux mois.

Nous entrons dans la caféteria, et je regarde, curieuse, analyse les changements. Je suis contente de voir que les choses évoluent. L'évolution, c'est toujours bon signe. Je vois quelques regards se poser sur moi. Des élèves curieux, je suppose. Suis-je une nouvelle, un professeur, une assistante? Une connaissance de Mrs Kent, simplement? Je souris, un peu amusée de leur curiosité. C'est naturel. Je cligne des yeux en arrivant dans la nouvelle pièce, après l'obscurité du couloir. Je pose ma besace sur un siège, et timidement, je lui réponds :


- Oh... euh, un café glacé, s'ils peuvent servir ça? Sinon, un café, simplement, ça sera bien. Merci Mrs Kent, c'est gentil.

Passer outre le fait que la jolie blonde ait été mon professeur n'était pas simple. Même si, visiblement, nous allions devenir collègues. La scientifique revient rapidement avec de quoi les rafraîchir, et pose des questions, tout naturellement. Je me tortille un peu. J'aimerais lui dire, lui parler librement. Mais ce n'est pas si simple, quand on est aussi introvertie que moi.

Bah. Pas à pas, Maddie.


- Hmmm... le changement à été rude. Mais je n'étais pas seule à mon arrivée, et ça a beaucoup facilité la transition. Et puis, le M.I.T. ... Ils ont des ressources, c'est impressionnant. J'ai pu énormément avancer sur pleins de projets...

*** Je ris, intérieurement. De toute manière, je n'ai pas de gorge, de cordes vocales pour émettre le moindre son. Elle a dit, "pas les études", petite. Et comme si elle m'avait entendu, mon hôtesse boit une gorgée de café et reprends***

- Et personnellement... J'ai beaucoup grandi, oui. Vivre seule, ça change la donne. Le côté Boston est super ouverte niveau Prodiges. Je n'ai pas vraiment fait New-York, enfin, juste la Pride, mais c'était hyper enrichissant.

Le rouge aux joues, une fois de plus. Je m'en veux d'avoir parlé de la Pride. La Pride ne regarde que moi, et personne d'autre. Même si Mrs Kent n'a pas l'air du genre à se fâcher sur ce genre de sujets... Je continue, un peu vite, pour changer de sujet.

- La vie là-bas est vraiment très différente d'ici. On a pas le même rythme, pas les mêmes préoccupations. Tout va plus vite, trop, des fois. Vous êtes déjà allée à New Victoria?
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Ven 7 Sep 2018 - 13:23
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« Oui je vois. Je me souviens bien de cette tendance à te brimer. Alors donc ce séjour à l'étranger n'a pas arrangé ça. On va y travailler ! » Lui promettait Tohum avec sa détermination bien connue.

Parce que oui le champ intellectuel était très attractif pour un esprit scientifique. Pour autant, cette rose, aimait sans doute encore plus voir quelqu'un se développer sur le plan personnel. Il lui arrivait de devenir une grand-mère de substitution pour les jeunes qui la touchait au cœur. Elle en parlait avec Dante régulièrement. Ce vieil humaniste l'aidait à prendre du recul sur certaines des situations. Aussi, un peu, à calmer sa tendance à vouloir « sauver la terre entière ». Ils ne le pouvaient pas. Et puis, ce n'était pas non plus leur rôle.

Sveda se doutait déjà de quelque-chose concernant cette « amie » en effet. Mais puisque Miss Lafayette ne confirmait rien d'elle-même, elle se taisait. Elle sentait que ce sujet était délicat. Et même si elle aurait voulu rassurer cette jeune femme, elle savait que l'aborder de front, aurait un effet contre productif. Sans doute, dans quelques temps, se sentirait-elle assez en confiance pour lui parler.

« Elle a bien fait, il faut toujours tenté au cas où. Comme ça le dossier est tout de même dans les archives. » Il n'était pas exclu qu'un dossier refusé, soit ressorti, en cas de besoin. Les équipe dans la structure bougeait même en cours d'année scolaire. Il fallait parfois improviser avec les moyens du bord, pour assurer le programme et les cours.

Les calendriers pour l'année prochaine avait déjà été commencé. Mais à ce stade les dates étaient encore flexibles. Catherine était, quoiqu'il en soit, une supérieure conciliante. Elle n'imposait presque jamais rien à ses stagiaires et encore moins à ses assistants. C'était grâce à son expérience, longue expérience, de la vie. Elle savait que tout venait à point nommé, quand la personne en avait un réel désir.

« Oui cela me va. Hum. On peut même se dire que tu arriveras début octobre. Ce qui te donneras le temps de faire une coupure et de te préparer. Qu'en dis-tu ? » Lui demandait-elle alors avec un charmant sourire.

Il était juste de dire que cette école était un lieu particulier et inspirant. Nombre de professionnels de l'éducation demandaient à pouvoir venir passer quelques jours ici. Pour voir. Ils étaient prodiges ou non. C'était aussi l'une des forces de la Potentiel Home. Ce qui faisait que, malgré des tendances racistes, elle n'avait jamais envisagé de fermer ses portes. De toute façon, tant qu'un fondateur serait en vie ça n'arriverait pas. Et comme, ils étaient immortels...

Kent, adressait alors un clin d’œil amusé, aux jeunes de son cours de biologie humaine. Une façon tranquille de montrer qu'elle les avaient bien vus. Mais qu'ils n'avaient pas à se montrer aussi curieux. Ça ne servait à rien de mettre Maddie mal à l'aise. D'autant que la rose avait envie que son retour se déroule dans les meilleures conditions possible. Cela lui tenait à cœur.

Elle déposait un café -glacé- sur la table, ainsi qu'une assiette pleine de cookies au chocolats. Ils étaient fait par l'une des associations de l'école. Il y en avait beaucoup ici ! Chaque idée individuelle était fortement encouragée par les professeurs. Bien sûr dans la limite des possibles. Il fallait tout de même assurer la part éducative pure. Mais, parfois, ils arrivaient à concilier les deux. Là, c'était parfait.

« Et voici. Mais je t'en pris, maintenant appelle-moi Sveda. Tu veux bien ? » La taquinait-elle avec une tendresse paisible.

Les yeux de Madeline en disaient certainement plus qu'elle ne le voulait. Tohum faisait un effort pour ne pas tricher, en tous les cas pas trop. Elle lisaient les indices sans les exposer. Mais donc cette June en plus d'être une jeune femme brillante avait ravi le cœur de la belle Madeline.

« Il y a quelques années oui. » La nomade se revoyait en train de monter à bord du vaisseau Titanic. Ce splendide appareil, dont la presse avait une légende avant même qu'il n'ait fait son premier décollage officiel. « J'y donnais des cours sur la reconstruction moléculaire, je crois. » Oui, cette période était, à l'exception de l'accident, assez floue dans sa mémoire. Zac, à l'époque, lui faisait de nouveau tourner la tête. « Je me souviens avoir beaucoup aimé la vie nocturne là-bas. » Les nuits à New-York avaient une part de magie.

Sveda prenait un biscuit et se renfonçait dans le fond de la chaise.

« Et les Américains ? Comment les as-tu trouvé ? » Chaque peuple était si différent. C'était aussi pour cela que la paix sur l'Archipel était si compliquée à obtenir.
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Mer 21 Nov 2018 - 16:59
Début octobre.
Cela parait si loin, à l'heure actuelle.


- Pas de soucis pour moi. Je m'occuperais de quelles classes? Que je puisse m'adapter au programme. J'ai tendance à digresser, alors je préfère focaliser sur le programme et préparer correctement cours et TP. Dans une école, le but, c'est aussi de passer des examens.

Parce qu'aucun doutes, je suis du genre à partir d'une expérience de bio toute simple, et a extrapoler sur les applications en physique, en leur faisant des démos de trucs qu'ils n'auront pas au programme. Et si je suis assistante... il va falloir que j'apprennes à m'adapter. A eux, à l'école. Je veux les inspirer, ces gamins... pas les paumer.


*** Je souris. Elle sera parfaite. Je suis sûre que les gamins adoreront son côté maladroit et socialement inadapté. Sans dire qu'elle est faite pour enseigner, loin de là, ça ne lui fera pas de mal de sortir de sa zone de confort. De se prouver aussi qu'elle peut faire autre chose qu'être enfermée dans un labo. Et puis... ne nous voilons pas la face : Madeline m'est plus utile sur le campus de la Potential Home, travaillant avec Sveda, qu'enfermée loin de mon ancienne alliée. ***

La scientifique pose un café glacé devant moi et me reprends sur ma manie à l'appeler par son nom de famille. Je grimace, entre gêne et désolation.

- Pardon! J'ai pas le réflexe, honnêtement, vous avez toujours été Mrs. Kent pour moi alors... Mais j'vais essayer. Au bout d'un moment, ça ira. J'crois.

*** Articule, bon sang. ***

Je l'écoute parler, fascinée par cette femme.


- La reconstruction moléculaire? Tellement bien. Si Juno vient ici, il faudra absolument que vous la rencontriez.

Sans mentir. Elles pourraient parler des heures, je suis sûre. June est ingénieure mécanique, mais son sujet d'études n'est pas si différent. Si on parle du sujet, pas du moyen utilisé. Je n'ose même pas imaginer les débats entre physique, mécanique et biologie. J'espère vraiment qu'elle viendra. Elle me manque. Et elle s'épanouirait ici, je crois. Même si l'université d'Edimbourg à moins de moyen, moins de professeurs, peut-être. Difficile de concurrencer le M.I.T., vrai, mais ils n'avaient honnêtement pas à rougir. Entre l'Arche Ecossaise, et New Victoria, il y avait des différences de moyens et d'intérêt qui posaient des limites, malheureusement.

Je bois une gorgée de mon café. Les Américains?


- Je ne sais pas. J'ai pas l'impression d'avoir réellement rencontré "d'Américains type", voyez?

J'avais parlé à des scientifiques passionnés, qui venaient de tous horizons, sur le campus. Des gens timides, extravertis, mauvais, boute-en-trains, fatigants. Des gens tellement différents. Et en dehors... de belles expériences de vie, quand je mettais les pieds hors de mon appart. Des gens fascinants... ou pas. Une telle diversité en tous cas...

- Je n'ai pas vraiment vu d'archétype, en fait. Sur le campus, la moitié des Arches étaient représentée, et je dois dire que ce n'est pas entre New Victoria et Edimbourg que j'ai rencontré le plus de différence. Ils se prennent peut-être moins la tête, oui... A certains endroits. Mais à d'autres, sont plus intolérants. Je me dis que quand on est un homme cisgenre hétéro, ça doit être plus simple. Mais pour quelqu'un comme moi... Et encore, je coche pas toutes les cases.

Je me mords la lèvre.

- Désolée, je pars dans le politique. Ce que je veux dire, c'est que même maintenant être une femme noire scientifique... ça en choque certains. Heureusement, pas la majorité. Mais j'ai eu affaire à des paternalistes qui ne m'ont pas prise au sérieux. Un petite nana de 20ans qui annonce qu'elle veut mettre fin aux Tempêtes... Ça en a fait rire plus d'un.

J'hausse les épaules. Mom et Maman m'avaient toujours appris à ne pas me laisser décourager par ce genre d'attitudes. Qu'il s'agisse de mon travail, de ma couleur de peau, du fait que j'ai été adoptée, ou de ma sexualité. Même si contrairement à elles, je me dressais rarement pour protester, j'avais appris à très bien encaisser et à laisser glisser. Surtout avec les inconnus. C'était moins facile avec les gens que je connaissais.
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Mer 2 Jan 2019 - 2:20
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    Sveda avait maintenant un rictus amusé en entendant sa jeune consœur. Elle reconnaissant dans ces propos les préoccupations de la jeunesse. L'éternelle jeunesse. Quelque soient les générations, elles se faisaient avec cette crainte de ne pas être à la hauteur. Ce manque d'estime en soi était d'ailleurs assez prégnant chez Madeline pour interpeller son enseigne mentor.

    « Les examens... oui c'est utile pour évaluer un niveau. Mais je ne dirais pas que c'est le but. Vois plutôt cela comme un moyen. C'est surtout le moyen de valider une compétence. L'accès aux écoles supérieures aussi. Mais un esprit déterminé trouve de toutes les façons un chemin vers la connaissance. Tu peux me croire. J'ai assisté à bien des parcours. Alors je t'en prie... Surtout ne te met pas de pression plus qu'il n'en faut avec cette idée de « programme ». » Kent était la première à ne pas être dans les clous. Elle avait souvent du mal à rester dans le cadre institutionnel. Le conventionnel avait, selon elle des limites. Mais c'était plus facile à voir quand on avait vécu autant de temps qu'elle. Elle avait eu le temps, tout le temps du monde, pour voir où était l'important. « Je vais te dire... cette école elle ne sert pas à donner des bouts de papier. Elle sert à les ancrer dans la vie... à les préparer à vivre et à être des êtres autonomes. L'intelligence scolaire disons que c’est un bonus. »

    La chercheuse avait un sourire de compréhension avec l'indulgence qu'aurait une mère pour un enfant. Elle ne voulait pas (trop) brusquer cette jeune femme. Ce n'était pas le but de son opération. Mais elle était comme ces jardiniers qui voient leur fleur préféré. Elle avait envie de la choyer, de l'aider, et savait pourtant qu'elle ne pouvait pas la couver. Exactement comme elle ne devait pas couver Ava, ni même Samuel son dernier né.

    « Oui essaye. Nous sommes d'égal à égal. La distance du « vous » n'a plus tellement de sens. Encore moins qu'à l'époque. »

    La malice de Sveda se manifestait alors d'une nouvelle façon. Elle se permettait de cogner doucement son épaule contre celle de Madie. Sans doute pour témoigner de sa camaraderie. Mais également pour l'encourager à abattre ce mur imposé par la bien séance. Tohum n'avait pas besoin de bienséance. Elle voulait simplement du respect. Or, elle savait que son interlocutrice n'en faisait pas défaut. D'autant qu’elle percevait chez elle un étrange... difficile à dire exactement de quoi il en retournait. Siren faisait son effet sans en avoir l'air.

    « Je ne voyais pas les choses autrement. Je tiens à rencontrer cette jeune femme. D'autant qu'elle semble importante à tes yeux. Je me trompe ? Naturellement cela m'intrigue. » C'était une taquinerie qui n'avait qu'une seule visée en réalité. Montrer à cette jeune personne qu'elle était pleinement et totalement vue. Aussi était-ce la façon de Sveda de dire ; tu n'as rien à craindre en ma présence. « Tu sais de plus que j'adore parler de tout cela. Je tiens à avoir un moment avec elle. Le lui diras-tu pour moi ? »

    La prise de liberté de son ancienne élève. Voilà c'était exactement ce genre de choses qu'elle encourageait à faire. La jeunesse devait s'emparer de la société, la critiquer, la contredire, pour mieux la transformer. Bien entendu les gens comme Tohum, Gear, Caleb, Castiel, étaient là en supporters. Mais un monde appartenait avant tout à sa force vive : cette jeune femme, tous les adolescents inscrits à la PH.

    « Ne t'excuses pas d'avoir une opinion. Ma question était ouverte et pouvait induire ce genre de réponse. Et malheureusement, les problèmes que tu soulèves... sont vieux comme Érode. » Ça n'avait rien à voir avec Constantinople bien évidement. De toute façon plus rien n'avait à voir avec Byzance. Ce n'était pas un mal. Surtout pas pour la Femme dont la condition c'était tout de même un peu améliorée. En tous les cas dans cette partie de l'Archipel. La lutte se poursuivait bien entendu. Comme toutes les autres luttes qui existaient depuis l'Antiquité. Parce que l'Humain était un animal borné et lent pour apprendre. « Vieux comme Érode oui. Ça ne peut s'améliorer que par votre combativité à toutes. »

    Naturellement la rose approfondissait le sujet. Celui-ci était important. Il impliquait directement la jeune prodige. Elles étaient réunies par le plus grand des hasard. Encore fallait-il croire au hasard. Sveda quand elle croyait surtout en l'avenir. Elle avait dans l'idée que Madeline allait tous les surprendre. Une prophétie sans aucun doute présomptueuse. Quoique qu'elle lui été inspirée par l'aura de la demoiselle.

    « Je ne t'apprends rien sur l'éducation et l'apprentissage sans lesquels rien n'avance. Ceci dit vos générations sont beaucoup plus éveillée. Il y a une progression. Je la vois. Elle n'est pas assez rapide... Mais elle donne du courage. Enfin, c'est ainsi que j'aime le voir. Je ne dis pas pour autant que la vie est simple. Mais tout justement, elle vaut la peine que l'on se batte pour elle. »

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Lun 21 Jan 2019 - 18:07
Je souris, vaguement. Son discours sur l'enseignement n'est pas faux. La connaissance, ceux qui sont motivés la trouveront. Probablement. Ceux qui ont la chance d'habiter au bon endroit en tous cas. Parce que l'enfant le plus motivé du monde, s'il n'a pas les moyens de s'éduquer, via une rencontre ou des livres, il aurai beau avoir toutes les capacités du monde, peut-être qu'il restera ignare toute sa vie. Pas stupide. Juste ignare. Mais ce n'était pas tout à fait le sujet.

Je plisse le nez.


- C'est aussi que c'est rassurant, un programme, surtout pour moi qui débute. Je n'ai jamais fait ça. Alors je préfère leur donner des connaissances scolaires en attendant de voir si je peux les inspirer.

Un sourire, presque amusé.


*** Ce n'est pourtant pas comme si elle avait fait une plaisanterie. Au contraire, elle est pour une fois tout à fait lucide sur ses capacités actuelles. Elle a jaugé efficacement et établi une réponse appropriée. C'était dans ces moments où j'étais le plus fière d'elle. Quand elle parvenait à trouver sa place. Ni plus, ni moins. Parce que soyons honnêtes : se sous-estimer ne même qu'à l'inaction... se surestimer, à une perte inévitable. C'était une bonne chose que Madeline commence à rééquilibrer son estime d'elle. Pas trop tôt.***

Mrs Kent - Sveda, Maddie, concentre-toi- est une femme d'une grande simplicité. Son envie de m'aider est réelle, ça se voit. Mais quant à dire qu'elle et moi on est des égales. Clairement pas, non. Peut-être qu'un jour j'arriverais à son niveau. Probablement pas, à moins que pour une raison ou une autre elle cesse de progresser. A sa mort, je suppose. C'est un puits de savoir. Une intelligence hors du commun. J'avais pour elle un immense respect et une envie de prouver ma valeur. Mais j'étais lucide. Je n'étais pas son égale, même si ce n'était probablement pas de cet aspect-là qu'elle parlait. Pas tout à fait. Elle n'était probablement pas consciente des réflexions que les mots pouvaient induire chez moi. Mais à sa décharge... très peu de personne l'étaient.

Lorsque le sujet en revient à Juno, je rougis, et je ne sais pas quoi répondre. Les yeux sur mon plateau, je bois une gorgée de mon café, pour me donner une contenance.


*** Madeline au maximum de ses capacités sociale. Elle rougit, bafouille, ouvre la bouche, la referme. On lui parle de science, de ses projets, aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau. Mais parlez lui de sa vie privée, ou de quelque chose qu'elle n'avait simplement pas prévu... Et la voilà tirée sur le sol, maladroite, agonisante. Pas étonnant qu'elle soit devenu une sirène. C'était d'autant plus étonnant qu'elle refuse avec force cet héritage.***

- Je lui dirais, oui.

Ma voix est fuyante, de même que mon regard. Rien n'est sûr. J'essaie de m'enfoncer ça dans le crâne. Rien n'est certain. Il ne faut pas que je commence à construire des espoirs, parce que dans l'éventualité ou quelque chose empêcherait le bon développement du plan... Je secoue la tête. Arrête de divaguer, Maddie. Concentre-toi. Sveda mérite ton attention.

Heureusement... le combat des femmes au quotidien, je maîtrise bien plus.


- Je vois qu'il y a des améliorations, oui. Surtout quand je m'intéresse à l'histoire. Mais je vois aussi que sur l'Arche de Téhéran, il y a 77 formations interdites aux femmes, parce que ça risquerait de faire baisser le taux de mortalité ou de les détourner du "droit chemin". Alors d'accord. C'est la Grande Perse, et ce ne sont pas les pays qui considèrent le mieux les femmes.

Mais y'a des exemples comme ça partout dans le monde. Même aux endroits qui se disent les plus progressistes. Et je pourrais vous faire une liste, ça fait froid dans le dos. Ça peut donner envie de se battre. Mais des fois, ça décourage aussi beaucoup. J'ai des amies du M.I.T. qui ont abandonné le Bachelor à cause de commentaires sexistes. Et... c'est pas normal.


J'hausse les épaules, désabusée.

- Enfin, je vous apprends rien, je suppose.

Je me tais. Un instant, je ne me rappelle même plus pourquoi on en est venu à parler de ça. J'ai oublié, toute à ma colère contre la misogynie universitaire et scientifique.

- Ça ne m'empêchera pas de me battre et de viser le prix Nobel.
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Ven 1 Fév 2019 - 21:19
“ Toute légende a un fond de vérité. ”

Strega




    Tohum donnait ainsi tout le choix possible à Siren. Elle pourrait étudier les programmes appliqués ici. Voir si la pédagogie de l'établissement lui convenait ou non. Ensuite parler à sa compagne des voies envisageables. Des choses qui ne se décideraient qu'après avoir testé. C'étaient des propositions et non des obligations. Elles n'étaient plus du tout dans le cadre scolaire et les comptes à rendre, quand il y en avaient, se faisaient maintenant entre adultes.

    « Je te remercie. »

    D'une femme, elles venaient à parler de toutes les femmes. Sveda avait alors le défaut de son âge sans aucun doute. Elle profitait d'une expérience très longue et houleuse, qui lui faisait prendre du recul sur les choses. Mais, en écoutant Maddie elle se disait que c'était peut-être trop de recul. Bien entendu, elle était aussi féministe que pouvait l'être une humaniste comme elle.

    « Non bien sûre que ce n'est pas normal... » Confirmait Sveda d'une voix peinée. « Ça ne le sera jamais. Pas ici. »

    Ni les exécutions, les viols publics, les tortures, les humiliations, tout cela simplement pour avoir eu un chromosome différent. Lorsqu'elle y pensait notre scientifique était plus qu'attérée. De toute façon, elle n'avait jamais compris ces distinctions de base. Elle ne les comprenait pas plus à huit cent ans. Elle songeait pourtant que la jeune femme en face d'elle avait son mot à dire. Peut-être fallait-il seulement l'encourager à porter une voix.

    « Non tu ne m'apprends rien. Mais que tu en parles aussi vivement m'interpelle. Peut-être que l'on devrait aussi travailler autour de ce sujet ici. On devrait en parler avec Alex... le directeur. Je suis certaine qu'il sera à l'écoute. » Dastan était connu pour être un chef d'équipe respectueux des membres. Il était aussi un féministe dans l'âme. Pour sûre il écouterait toute idée bonne pour faire avancer la société dans la bonne direction. Il n'y avait pas de doute à avoir.

    Voilà une répartie qui plut beaucoup à la rose. Elle retrouvait un sourire spontané et franc. Pour elle, il est vrai qu'il n'y avait absolument aucun doute que Madeline avait toutes les chances de gagner. Ça n'avait rien à voir avec son appareil reproducteur. Elle aurait pu être hermaphrodite ou asexuée ! Ceci dit leur échange ouvrait une réflexion plus profonde chez la lionne.

    « Je suis sûre que tu vas tout décrocher. Cela te donnera une superbe visibilité. Qui sait tu pourrais t'en servir pour faire avancer les choses un peu plus vite. » Avoir un prix Nobel n'était pas une petite victoire. Non au contraire cela ouvrait des portes closes pour beaucoup d'autres. Ce serait une vraie opportunité pour amener des idées différentes sur la scène internationale. Bien entendu, tout ceci ramenait l'Ordre aux pensées de l'Immortelle. Elle savait, plus ou moins que la Strega poursuivait son œuvre dans l'ombre. Ce qu'elle ignorait cependant c'est qu'une nouvelle génération de femmes allaient bientôt tout bouleverser. Si elle l'avait su, elle aurait probablement sourit. Voilà qui était la preuve la plus forte que cet Archipel allait vers une évolution... irrémédiable.

    « La politique... y as-tu penser ? La Loi est tout de même un outil dissuasif. Il aide. » Ce n'était peut-être pas tout à fait en accord avec un tempérament comme celui de cette jeune femme. Mais être revenue en Ecosse pouvait élargie les perspectives. D'autant que l'Arche avait, en ce moment, un gouvernement plutôt progressiste. Alors, autant en tirer le meilleur. Qu'avaient-elles à perdre !

Tohum
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