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[CLOS] Vol à main armée

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Ven 26 Jan 2018 - 15:55
L’obscurité de la ruelle me cachait à la vue de tous dans cette puanteur qui m’entourait. Cette saleté de ville immonde et déprimante m’étouffait et je la scrutais, aux aguets. Je savais pertinemment qu’il n’y avait que des ennemis, à chaque coin de rue, tant que je ne retrouvais pas ma Rose, ma belle et précieuse Rose. Heureusement, c’était autant de cibles potentielles à frapper au hasard de mes envies et de mes besoins. Je vomissais Edimbourg et je n’avais envie que d’une chose : m’en aller le plus rapidement possible. Mais c’était ici que résidait ma seule piste pour revoir mon épouse et je devais me contenir et attendre. J’avais toujours été patient, mais cela faisait 20 ans que j’attendais ce jour. La lassitude et ma haine de cette cité me rendait d’autant plus dangereux pour quiconque croisait mon chemin. Comme cela avait été le cas pour les deux jeunes inconscients qui avaient tenté de me braquer quelques minutes plus tôt. Leurs corps gisaient à mes pieds, le sang s'écoulant de leur carcasse sans vie à un rythme lent. Cette scène m'arracha un sourire satisfait alors que je me remémorais leurs derniers instants.

Ils m'avaient pris pour une cible facile, terré comme je l'étais derrière une poubelle en observant ma cible du jour. Ils s'étaient approché en ricanant et l'un d'eux avait pointé son arme sur moi tandis que l'autre avait sorti un couteau à cran d'arrêt. Il ne m'avait fallu qu'un coup d’œil pour instiller une telle rage au second qu'il désarme et attaque le premier sans sommation. Je n'avais plus qu'à ramasser le revolver tombé un peu plus loin et me délecter du spectacle. Ils avaient mis plusieurs minutes à s'entre-tuer mais je n'en avais pas perdu une seule miette. Je ne pouvais pas me permettre ce genre de démonstration de force si je tenais à faire profil bas, mais ce soir-là, j'en avais besoin plus que jamais et je m'autorisais un écart. Un léger et minuscule écart qui n'aurait sans doute aucune conséquence. Après tout, je ne les avais pas touché, ils n'étaient que deux morveux qui s'étaient massacré pour de l'argent ou de la drogue. Personne n'y ferait attention et c'était là mon avantage.

Cette montée d'adrénaline m'avait réveillé et je fixais à présent la petite supérette que je m'apprêtais à dévaliser, autant par nécessité que par amusement. J'avais choisi ma cible avec soin et j'attendais, tapi, le moment propice où bondir sur ma proie. Un dernier coup d'oeil à ma montre et je m'avançais sans bruit, mon chapeau vissé sur le crâne, une large écharpe me couvrant le visage, le tout ne laissant dépasser que mes yeux. Dans une nuit aussi glaciale que celle-ci, je n'éveillerai pas les soupçons affublé de la sorte. J'entrais d'un pas alerte et entreprit de jouer mon rôle en prenant une voix enjouée.


- Bonsoir ! Brrr.... quel froid !

Je me dirigeais vers la machine à café mise à disposition des clients et lançais la fabrication du précieux breuvage avant de faire mes emplettes. Le lieu était vide à cette heure tardive en-dehors du propriétaire qui ne me lâchait pas du regard. Dans mon large manteau, impossible de voir l'arme dissimulée dans ma poche. L'imbécile ne comprendrait rien de ce qui lui arriverait quelques instants plus tard. Il me regarderait avec des yeux ronds et terrifiés, suppliant pour que je lui laisse la vie sauve. Peut-être serai-je magnanime, après tout je venais de faire s'entre-tuer deux hommes, c'était déjà beaucoup pour une seule soirée lorsque l'on souhaitait passer inaperçu. J'aurais pu lui mettre une balle dans la tête et prendre tout ce dont j'avais besoin pour me sustenter, mais quel était le fun dans un tel plan ?

Je continuais mes courses encore quelques minutes puis récupérais mon café et me dirigeais vers la caisse. Le vendeur me lança un regard mi-intrigué, mi-méfiant alors qu'il scannait avec lenteur les différents articles. J'attrapais au passage une bouteille de whisky que j'ouvris pour en verser un peu dans mon café avant de la lui tendre pour qu'elle rejoigne le sac rempli à ras-bord. De la rue, personne ne pouvait voir ce qui se passait réellement. J'étais caché par un énorme présentoir installé là temporairement pour faire la promotion d'une nouvelle marque de chewing-gum. C'était ce qui m'avait décidé à frapper ici, une totale impunité aux yeux de tous lorsqu'il m'annonça le montant à régler et que je sortais mon arme. Mon regard si doux et bienveillant à mon arrivée s'était allumé d'une lueur mauvaise et sadique. Je sentais le sang pulser dans mes veines avec délectation alors que son visage se décomposait littéralement. Au milieu de la nuit, qui pourrait le sauver ?
Clyde
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Lun 5 Fév 2018 - 22:45
C'était l'une de ces nuits glaciales ou l'on préfère en général rester au chaud chez soi. Un ciel dégagé, des dizaines d'étoiles, loin, très loin, au-delà des lumières des réverbères. Une de ces nuits ou le thermomètre passe dans les négatifs et où les rues sont désertes.

Sigrid enfouit son nez dans son écharpe de laine et ressert les pans de son manteau contre elle. Il n'avait pas fallu moins que Fritz Lang pour lui faire délaisser son canapé et ses dossiers ce soir-là. Une rétrospective dans un petit cinéma art et essai près de Dean Garden, et le magistral M le Maudit. Un soirée d'anniversaire parfaite. De toute manière, qui aurait-elle pu voir, de qui aurait-elle pu avoir un appel en ce soir du 1er février? Les quelques camarades qui lui restaient de l'Arche Scandinave lui avaient envoyé une carte, l'avaient appelé dans la journée. A Edimboug, personne ne connaissait sa date d'anniversaire... ou presque. Mais ceux qui l'avait su n'appelleraient pas. Trop improbable.
Autant, dès lors, se faire plaisir. Un thé, un bon film. Une brioche à la cannelle, peut-être. Aujourd'hui, elle avait 29 ans : la belle affaire.

Elle avançait d'un pas rapide, ses pas s'entendant à peine sur le bitume. La jeune femme avait beau aimer marcher et avoir une certaine résistance au froid, elle était pressée de rentrer chez elle. Il n'était pourtant pas très tard. La fatigue de plusieurs semaines de travail intensive s'abattait simplement sur elle, et elle ne rêvait que d'une douche, de son pyjama et d'un peu de lecture, enroulée dans un plaid. De calme.

En remontant une rue dépeuplée, ses yeux furent attirés par la devanture encore allumée d'une petite supérette de quartier. Les néons clignotants et les étalages visibles depuis l'extérieur lui rappelèrent le pot de café vide qui criait au secours depuis quelques jours maintenant, attendant d'être rempli, et le tube de dentifrice roulé sur la tablette de la salle de bain pour en extraire les tout derniers mm de pâte mentholée. Les courses passaient au second plan depuis quelques temps maintenant... L'occasion était là, autant la saisir.

Elle fit les quelques pas qui la séparaient de l'entrée du magasin et poussa la porte. Il y avait un autre client, dos à elle, en train de payer ses achats. A l'instant ou elle se manifesta, avant même qu'elle n'ait pu dire un mot, le vendeur lui jeta un regard terrifié, un regard qu'elle ne connaissait que trop et qui la figea sur place. Puis les yeux revinrent au client. Son salut s'étrangla dans sa bouche.

Elle comprit de quoi il était question avant même que l'agresseur ne se retourne. La rouquine avait de l'instinct, et ses yeux suppliants disaient bien suffisamment de chose. Quelque chose entre "aidez-moi", "fuyez" et "appelez la police". Mais c'était elle, la police, ici. Une flic sans arme, sans badge, sans aucun équipement autre que ses poings. Et contre l'arme à feu du voleur qui ne s'était pas encore retourné, mais qu'il pointait très probablement sur le caissier, elle n'était pas certaine que ça suffirait. Une partie d'elle envisagea de reculer et de fuir, afin d'appeler du secours. Une toute petite partie. Elle ne prit même pas une seconde pour lui prêter une attention quelconque. Elle fit un pas de plus.


- Veuillez déposer votre arme et vous retourner lentement, les mains sur la tête.

Sa voix était on ne peut plus calme. Assurée. Alors que dans son esprit, elle réfléchissait à toute vitesse, essayant d'analyser une situation pleine de paramètres inconnus. Mais elle se tenait prête. Prête à faire les deux pas qui la séparait encore de l'inconnu et lui flanquer un uppercut du droit, armée de ses clés, qu'elle inséra entre ses phalanges, comme un coup de poings américain. Il fallait qu'il lâche son arme. En combat en corps à corps, elle aurait une chance. Une chance tout à fait honorable, d'ailleurs.

Elle aurait une fenêtre de quelques secondes, guère plus. Le temps qu'il se retourne, vise et tire.
Un instant, elle se dit que peut-être, elle allait mourir ici, sur le lino douteux d'une superette de quartier, pour avoir été trop confiante en ses capacités.
Ce n'était pas vraiment le moment de ce genre de pensées.
Pourquoi n'avait-elle pas pris son arme de service, pourquoi?
Red
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Jeu 8 Mar 2018 - 23:03
Instinctivement, le pleutre avait levé les mains en l'air et me regardait avec des yeux suppliants. Peut-être allait-il bientôt me sortir le couplet habituel sur un ton geignard « Pitié Monsieur, j'ai une famille, des enfants, prenez tout ce que vous voulez ! ». Pfff... Quelle bande de dégénérés sans imagination. Ce petit refrain fonctionnait sûrement avec d'autres, mais en ce qui me concernait, il n'avait bien évidemment aucun effet. Cependant je ne me lassais jamais de l'écouter. C'était... stimulant de les voir se démener ainsi pour survivre et continuer leur pathétique existence. Jouissif même. Jusqu'aux derniers instants ils étaient persuadés que ça allait marcher, que je serais miséricordieux et que je les épargnerais. Mais je n'étais pas un saint, j'étais un démon et leurs supplications entretenaient mon désir de jouer avec eux. Lorsqu'enfin ils comprenaient durant cette micro-seconde qui précédait le coup fatal, l'éclat de leurs yeux se ternissaient et une profonde horreur mêlée d'une terreur viscérale emprisonnaient leur visage. C'était le plus beau des instants. Mais ce qu'ils ne semblaient pas comprendre, c'est qu'ils n'étaient rien et qu'ils n'avaient rien qui mérite que je les gracie, rien qui ne retiendrait ma main quand le moment arriverait. Et ils ne s'en rendaient même pas compte en croisant mon regard.

Un sourire carnassier, caché par mon écharpe, se dessina sur mes lèvres et j'éclatais d'un grand rire au moment où la porte s'ouvrait. Je me rendis compte de l'arrivée d'un nouveau venu en voyant le vendeur fixer intensément un point derrière moi. Allons bon, un intrus ? Ou plutôt une intruse. Mes épaules se haussèrent et un claquement de langue agacé se fit entendre. Quel besoin avait-elle de venir faire ses courses à cette heure tardive ? J'avais déjà deux cadavres dans la ruelle, je ne pouvais me permettre d'en ajouter deux autres sans me faire remarquer. Et pourtant, l'envie ne manquait pas à présent que les témoins s'accumulaient bien trop à mon goût. Cependant je me devais de rester maître de moi et gérer cette complication en en tirant le meilleur parti. Elle m'avait dérangé et bien que cela compliquait mon plan, simple au départ, cela lui apportait également un peu de piquant. L'espoir se lisait dans le regard du propriétaire à mon plus grand plaisir sadique alors que la femme donnait un ordre sur un ton impérieux. Vraiment ? Poser mon arme et me rendre ? Jamais de ma vie je n'avais fait cela et je n'allais pas commencer ce soir-là. Hilarante la petite dame.

Je sentis mon cœur s'accélérer sous l'effet de l'adrénaline et je tentais tant bien que mal de le calmer. Il était important que je maintienne à distance la possible attaque cardiaque qui pouvait se manifester. J'avais déjà utilisé mon pouvoir peu de temps auparavant, je devais me ménager. Cependant j'avais beau être un homme réfléchi qui ne laissait aucune place à l'impulsivité, depuis que Rose m'avait été arrachée, la folie avait tendance à parfois prendre le dessus. Plusieurs choix semblaient s'offrir à moi, mais au final je n'avais qu'une seule chose à faire : me retourner et faire face à ce nouvel ennemi. Je fixais le vendeur avec un regard d'acier et lui fis signe de me tendre le sac plastique contenant mes courses. Mon arme toujours braquée sur lui le dissuada de faire quoique ce soit d'autre que d'obéir à mon ordre silencieux et il s'exécuta d'une main tremblante. Misérable créature, un peu plus et il se faisait dessus. Je pris le sac dans ma main et me retournais lentement en m'écartant du comptoir et en déployant mon bras, le pistolet toujours pointé sur lui. Je fis face à une jeune femme rousse à l'air assuré qui avait soit un complexe de justicier soit des envies suicidaires. Peut-être même les deux.

Le temps sembla se suspendre et je l'observais d'un œil alerte par-dessous mon chapeau. Elle ne pouvait voir que mon regard froid et fou mais cela lui suffirait pour comprendre à quel genre de personne elle avait à faire. J'aurais pu lui instiller une rage telle qu'elle se serait jeté sur le « malheureux » pour le mettre en pièces. Cela aurait donné un effet des plus comiques et j'hésitais une fraction de seconde. Toutefois je me devais de prendre le moins de risques possibles pour ma santé. Je laissais donc la place à la folie qui se chargea de prendre les décisions sur la suite des événements. Cela n'avait rien de raisonnable, mais si je ne pouvais même plus m'amuser, que me restait-il en attendant de retrouver ma bien-aimée ?

Sans un regard pour le vendeur, je lui adressais la parole sur un ton lugubre dans laquelle pointait une touche de joie. De la folie pure.


- Merci mon brave.

Le coup parti juste après, comme une ponctuation et claqua dans l'air alors que mes yeux étaient plantés dans ceux de la jeune femme. Aucun besoin de regarder le résultat, j'avais visé la tête. Peut-être que je n'aurais pas le plaisir de le voir supplier jusqu'à la fin, mais ce que je lisais dans les traits horrifiés de mon intruse compensait largement ce désagrément. Plus si assurée que ça maintenant, si ?
Clyde
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Ven 6 Avr 2018 - 2:42
La mort.
L’absurdité de la mort.
La première chose que l’on se demande, c’est « pourquoi ». Pourquoi moi, pourquoi lui, pourquoi aujourd’hui ? Parfois, il n’y avait pas de raison, autre que : tu as rencontré le Mal, l’une de ses incarnations. Et il n’y a rien de plus absurde que de mourir en se disant que ça n’était rien d’autre qu’un hasard.

Lorsque le coup de feu partit, atteignant le caissier entre les deux yeux, voilà ce qu’il devait se dire. Qu’il ne reverrait plus sa femme, ses enfants, parce que ce soir, le hasard avait voulu que la mauvaise personne rentre dans son magasin. Ses yeux se figèrent un instant sur cette lueur d’espoir trahi, cette étincelle de déception. Non, la jeune femme entrée dans son magasin n’avait pas été capable de le sauver. Parce que parfois, il n’y a rien que l’on puisse faire contre le Mal.

Jusqu’au dernier moment, la flic avait eu l’espoir d’une fenêtre d’action. De pouvoir faire quelque chose, n’importe quoi. Mais l’homme s’était retourné, son arme toujours braquée sur le propriétaire de la supérette. Le canon n’avait pas même dévié d’un centimètre. Il avait le bras sûr. Malheureusement cela voulait dire qu’il avait l’habitude. Et s’il avait l’habitude, il fallait parier qu’il n’en était pas à sa première victime. Ni même la deuxième. Le regard fou laissait peu de place à l’interprétation. Cet homme était un tueur, un criminel. De ceux qui embrassent la profession à plein bras, comme s’ils avaient été créés pour ça. Il ne lui avait fallu qu’une seconde pour savoir que le petit homme tremblant derrière sa caisse n’allait probablement survivre. Le combat était bien trop disproportionné. Il lui aurait fallu des réflexes stupéfiants dont il était de toute évidence dépourvu, un don salvateur que selon toute logique il aurait pensé à utiliser avant s’il l’avait possédé… ou l’arrivée d’un miracle. Et il avait cru que ce miracle, ça serait cette rouquine qui avait choisi d’entrer dans sa boutique. Qu’elle serait Mikael, venu terrasser la Bête. Elle n’avait été qu’une observatrice impuissante.

Red n’avait pas fait un geste quand le braqueur avait abattu le pauvre homme. N’avait pas bougé d’un pouce. Parce que se déconcentrer, là, maintenant, c’était augmenter drastiquement les chances que la prochaine se loge dans sa poitrine. Elle n’avait pas détourné le regard. De toute manière, avec le don qui affectait ses yeux, cela n’était pas nécessaire. Elle avait parfaitement vu la balle partie, le sang éclabousser les vitrines verrouillées derrière la caisse, le corps s’affaisser et finir par tomber dans un bruit sourd. Un peu trop bien. Chaque image avait été parfaitement enregistrée dans son cerveau, et son visage c’était un instant couvert d’un masque d’horreur.

Puis, c’était le dégoût qui avait fait surface. Cet homme était l’addition de tout ce qu’elle détestait. Un être qui se pensait supérieur parce qu’il avait une arme, qui n’avait rien à perdre, que le chaos amusait. C’était son père, revenu d’entre les morts. C’était l’assassin de sa mère. C’était le salaud qui tabasse sa femme, le fumier qui viole une inconnue dans une rue déserte, l’ordure qui braque une banque et tue pour se protéger, tant d’autres encore. C’était l’incarnation de tous les criminels, tous ceux qui tuaient. C’était le Mal. Elle l’avait lu dans son regard. Et cela la mettait dans une rage qu’il ne soupçonnerait peut-être pas. Le coup de feu résonnait encore lorsqu’elle s’entendit dire :


- Vous êtes complètement malade.

Sa voix transpirait la répulsion. Le téléphone qu’elle tenait en main, et sur lequel elle avait composé le numéro d’urgence quand le braqueur était encore retourné, fit entendre une voix féminine, demandant poliment quel était le problème. Elle répondit d’une voix forte mais rapide, de manière à se faire entendre, et à provoquer la pourriture qui lui faisait face. Autant qu’il s’en prenne à elle, qui avait une petite chance de pouvoir se défendre, qu’à des civils, en fuyant. S’il tirait, elle verrait le geste avant qu’il n’ait eu le temps de l’achever. Une étagère à sa droite lui servirait d’abri.

- Centrale ici Andersson. 10-31 – 10-52 - 10-54 à New Town, demande localisation. Terminé.**

Cela suffirait. Quelqu’un aurait probablement la bonne idée de reporter le coup de feu. Il fallait qu’elle survive jusque là. Qu’elle tienne. Une ambulance était en chemin. Si le vendeur n’en aurait probablement pas besoin, cela ne serait pas son cas, elle était prête à le parier. Et avec un peu de chance, elle ne serait pas encore morte lorsque les secours se pointeraient.

Cela allait être les cinq minutes les plus longues de toute sa vie.
Sans se demander pourquoi il n’avait pas mis à profit les quatre secondes où elle avait appelé les flics sans le quitter des yeux pour essayer de l’achever, elle décida d’agir. Dans sa main gauche, les clés étaient en place.

Elle lança le téléphone droit vers le meurtrier, dans un geste rapide et précis. Elle n’avait pas d’armes mais savait viser. Cela ne lui ferait aucun mal, s’il avait un peu de réflexes, il l’éviterait ou se protègerait de son bras. Mais l’action le ferait bouger, dirigerait son regard ailleurs pendant la seconde dont elle avait besoin. Et sur la question des réflexes, il y avait fort à parier qu’elle était mieux lotie que lui.

Sigrid s’élança au moment où il esquivait le téléphone. Dans la continuité du mouvement, elle banda ses muscles et son bras gauche, concentrant toute la force dont elle était capable, mue par l’adrénaline, remonta en un uppercut qu’elle travaillait depuis un an. Le poing atteignit la mâchoire tandis que les clés arrachaient la peau, ouvrant trois coupures sur le bas de la joue. La seconde d’après, le tranchant de sa main frappait celle qui tenait le pistolet, lâché sous l’impact.
La rouquine sentait les fruits d’un entraînement quotidien mené avec une application forcenée depuis quatre ans. Elle était rapide. Cela ne serait probablement pas suffisant face à ce type, elle ne se faisait aucune illusion là-dessus. Il allait répliquer, et ça allait probablement être douloureux.

Mais au moins, il était désarmé, et jusqu’à ce qu’il parvienne à récupérer son flingue, ça donnait à la Scandinave une chance de survivre. C’était tout ce qu’elle demandait.



** 10-31 : Crime en cours - 10-52 : demande d'ambulance - 10-54 : Possibilité de mortalité.
Red
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Ven 15 Juin 2018 - 20:40
Ce regard horrifié que l'intruse me lançait, combien de fois l'avais-je vu dans les yeux de mes victimes ? Je ne saurais les compter, encore moins m'en rappeler, mais si leur regard d'être insignifiant s'évanouissait dans ma mémoire, le plaisir que je ressentais à les contempler restait intact après toutes ces années. Le sentiment de pouvoir qu'il conférait, de supériorité, bien méritée soit-dit en passant, était des plus exaltants. Rien ne pouvait rendre l'expérience plus douce et plus belle hormis la présence de ma Rose. Partager ce genre de moments étaient l'une des choses qui me manquait le plus depuis que nos chemins s'étaient séparé. Elle seule me comprenait et bien que pour le reste du monde nous étions deux violents sadiques sans foi ni loi, elle savait ce qu'il en était réellement. Nous méritions mieux que cette fange hideuse, nous étions meilleurs que ces êtres sans envergure. Et rien ni personne ne pourrait empêcher notre course folle.

Pas même cette rouquine qui venait de troquer son expression terrifiée pour un profond dégoût. Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire lorsqu'elle y ajouta un constat des plus à propos pour le commun des mortels. J'étais malade, oh oui, j'étais fou, un client de choix pour l'asile. Mettez-lui une camisole et jeter la clé ! Je l'aurais crié sur tous les toits si ce n'était le fait que nous n'avions pas la même conception de la folie. Je n'étais pas bon à enfermer, je me languissais simplement. C'était l'absence de ma douce qui me rendait dingue, pas le fait que je vienne de tuer de sang-froid un misérable insecte dont la vie n'avait aucune importance. Ca, c'était du simple bon sens, voir un service que je faisais à l'Arche Ecossaise. A la planète même. Je la débarrassais des indésirables qui ne méritaient en aucune manière de fouler son sol et qui prenait bien trop de place. Ceux qui vous fatiguaient par leur bêtise crasse et leur petitesse.

Un peu comme la jeune femme qui se trouvait face à moi, bien qu'elle ait soudainement provoqué un regain d'intérêt de ma part lorsque je l'entendis appeler les secours. Une... flic ? Oh Lord, serait-ce mon jour de chance ? Mon anniversaire ? Qu'avais-je fait pour mériter une si belle cerise sur le gâteau de cette soirée ? Rien ne s'était passé comme prévu, certes, mais le hasard avait tout de même décidé de me faire plaisir. Mon sourire s'étira en prenant une forme carnassière tandis que mes yeux s'allumaient d'une nouvelle lueur d'excitation. Je sentais le sang pulser dans mes veines et mon cœur s'accélérer malgré mes efforts pour le contenir. L'adrénaline s'insinuait dans mon système alors que je savais qu'il ne nous restait que quelques minutes avant que la fête ne soit gâchée par l'arrivée des secours. De précieuses et succulentes minutes que je prendrais soin de déguster à leur juste valeur.

A peine quelques secondes s'étaient écoulé entre le coup de feu et l'appel de la policière à ses amis. Tandis que mon amusement et mon excitation redoublaient, elle en profita pour lancer son téléphone sur moi et m'attaquer juste après. Le geste du bras que je dus faire pour esquiver son appareil lui offrit une fenêtre parfaite et elle n'hésita pas une seule seconde à m'envoyer un uppercut qui me fit reculer. Quelle belle salope celle-là ! J'eus à peine le temps de comprendre ce qui avait provoqué le sang qui ruisselait sur mon cou qu'elle me désarmait et envoyait valser le pistolet un peu plus loin. Bien... c'était mieux ainsi, plus équitable. Un bon corps-à-corps avec rien d'autre pour s'en sortir que ses poings et son audace. Cela faisait un moment que j'évitais ce genre de confrontation, mon corps n'était plus aussi solide sans ma Rose. Cependant je me sentais dans une forme telle que je n'en avais pas connu depuis de longues années. Un peu plus et je la remerciais, tiens. A ma manière...

Je tenais toujours le sac de courses dans ma main gauche et je l'envoyais valser au visage de mon adversaire en le tenant fermement. Je n'attendis pas de savoir si cela l'avait assez sonné ou non avant d'en sortir la bouteille de whisky que je brisais sur le comptoir pour en faire une arme acérée. Que de souvenirs s’éveillaient par ce simple geste que j'avais pratiqué tant de fois dans ma jeunesse ! L'odeur de mon sang raviva d'autant plus ces réminiscences et me poussa à déverser sur l'agent une rage que j'avais contenu depuis trop longtemps. Je lui sautais dessus pour la faire chuter dans un rayon situé non loin et plantait mon regard dans le sien, lui souriant de toutes mes dents derrière mon écharpe. Une main sur sa gorge, je plantais le goulot brisé dans son flanc droit en la fixant avec une expression jubilatoire. Le coup n'allait sûrement pas la tuer, dommage, mais au moins elle pouvait voir le bon côté des choses : l'alcool désinfecterait la plaie ! A nouveau un éclat de rire bref et lugubre s'échappa de ma gorge. J'avais bien fait de sortir au final.
Clyde
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Sam 30 Juin 2018 - 3:24


Le combat avait réveillé la part de Sigrid qui ne se manifestait que sous l’adrénaline. Celle d’une poursuite, d’un combat, d’une séance d’entraînement. Mais s’ils étaient humains tous les deux, s’ils avaient chacun deux poings, deux jambes, un corps qui n’était pas étranger à l’ivresse d’un affrontement… Il possédait sur elle un avantage considérable. Il n’avait rien à perdre, et était persuadé qu’il méritait de gagner. Elle n’avait que sa hargne contre elle-même et le monde, et son corps en sacrifice pour sauver une majorité.

Il avait reculé quand elle l’avait frappé, et la rouquine avait apprécié à sa juste valeur son offensive : un beau mouvement, mais qui ne lui sauverait pas la vie. Il saignait, et il avait l’air d’être de plus en plus vivant. Comme un dieu païen se nourrissant du sang et de la douleur, et de l’adrénaline d’un combat. Si la flic avait cru en Dieu, ou lu la Bible, elle aurait pensé à un démon recraché par l’enfer. Il ne pouvait être que ça. Comme si Edimbourg avait besoin d’un autre malade… Comme si le monde avait besoin d’un autre malade.

Ses poings s’étaient dressé devant son visage en une garde efficace, et elle guettait l’occasion de placer son jeu de jambe. Un coup de pied latéral en plein torse devrait le déstabiliser. Le maintenir à distance. Mais cette fois, c’est lui qui attaqua. Il fendit l’air de son sac de courses plein, visant son visage. Elle se tenait prête, et c’est son bras gauche qui reçut la plus grande partie du choc, bien qu’une des provisions l’atteigne à l’oreille la faisant vaciller un instant. Un instant de trop.

Le démon en profita pour briser une bouteille de whisky, et se jeter sur elle. Une main pesait sur sa gorge, elle sentait sa trachée s’écraser sous la pression sans appel de son adversaire. Pas assez pour l’étouffer. Juste assez pour qu’elle sente une douleur désagréable s’ajouter à celles induites par leur chute dans les rayons, et qu’elle doive râler pour chercher l’air qui rechignait un peu à remplir ses poumons. Et puis il planta son arme improvisée dans son corps, déchirant la chair.

Un spasme de douleur la secoua toute entière. Mais pas assez pour ébranler sa haute carcasse. Elle aurait voulu hurler. Mais la Suédoise n’avait plus assez de souffle pour se permettre autre chose qu’un gémissement pitoyable. Ses yeux trop clairs étaient fichés dans les siens. Et il riait. Il riait, l’enfoiré, alors que son corps meurtri hurlait. Sa vue se brouilla. Et elle comprit qu’il s’agissait de larmes de douleur, d’inconvenantes preuves de sa faiblesse. Elle voyait ses yeux fous, la bouteille brisée luisante de son sang dans sa main. Le tissage de son écharpe, jusqu’au pores de sa peau. Mais soudain, c’est son père qu’elle vit rire. Comme autrefois. S’amusant de sa peur, de sa douleur et de son impuissance.

Ses yeux se révulsèrent alors que son système nerveux était saturé de signaux de détresse. Il n’allait pas tarder à abandonner le combat, et faire le nécessaire pour la protéger : ralentir les battements du cœur, abaisser sa tension artérielle. Induire une inconscience pour la protéger de la douleur avant qu’elle ne la rende folle. Ce serait facile, avec cette main sur la gorge qui l’empêchait de respirer correctement. Sigrid se sentait déjà s’éloigner de cette scène, et les ténèbres qui l’attendaient paraissaient accueillants. Tentants, même. Et qu’importe si le démon continuait de la poignarder, si elle ne sentait plus rien.


Non.
Hors de question.
Il se nourrit de la douleur. Fais de même.

Sa conscience dans sa tête se battait pour qu’elle reste présente. Lui intimait l’ordre de réfléchir, de rassembler ses idées, ses connaissances. L’infirmière savait que la blessure ne serait pas plus profonde qu’une quinzaine de centimètres. Et que bien que les points d’impacts et de déchirure soient plus nombreux que pour un coup de couteau, ce qui perturbait son système nerveux en aggravant la blessure, elle s’en sortirait, pourvu qu’on la trouve rapidement. Elle saignait, conséquemment. Mais aucune artère principale n’avait pu être touchée. Et que le coup n’était probablement pas assez profond pour endommager le foie ou l’intestin, et définitivement mal placer pour avoir touché un poumon.

Se superposait maintenant au visage du meurtrier des schémas anatomiques, défilant à toute allure.
Combien de temps était passé ? Une seconde ? Trois ? Impossible qu’il s’agisse des minutes qu’elle avait l’impression de vivre alors que la douleur supplantait ses autres sens. Il était toujours sur elle. Il la regardait toujours, avec ses yeux fous qui se réjouissaient de sa souffrance. Ses yeux voyaient tout. Enregistraient tout. Lui, le plafond, les éclaboussures de sang sur les murs, la lumière clignotant aléatoirement du lampadaire dans la rue, les produits répandus au sol.

Sa main tâtonna un instant, et trouva rapidement ce qu’elle cherchait.


Nourris-toi de ta douleur. Puise-y ta rage. Frappe.

Son bras jaillit, et la boîte de conserve qu’elle tenait fermement en main percuta sans pitié la tempe de agresseur, faisant fi de son couvre chef. L’adrénaline et la rage avaient pris le relais de la technique et de la volonté qui lui faisaient défaut. Y avait insufflé suffisamment de force, pas assez pour le faire tomber dans les vapes, mais assez pour qu’il relâche son emprise sur son corps malmené. Elle prit une bouffée d’air bienvenue, offrant à son cerveau l’oxygène qui commençait à lui manquer.

Il fallait qu’elle se mette à l’abri. Elle n’était plus en état de se battre correctement. Maintenant, elle devait survivre, jusqu’à entendre le bruit des sirènes.
Mais pour l’heure, la rue était encore désespérément silencieuse.

La Scandinave s’arc-bouta pour se dégager et un pic de douleur déchira son flanc. Elle roula sur elle-même pour s’éloigner, retenant le cri qui menaça de s’échapper. Mais la douleur était son fuel. Elle devait la garder en elle. Elle la ferait tenir.

Sa main droite comprimait sa blessure, pressant un pan de son manteau pour tenter d’endiguer l’hémorragie. Il fallait qu’elle se relève avant que le démon ne revienne à la charge.
Il fallait qu’elle se relève, ou qu’elle meure.
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Mar 31 Juil 2018 - 19:16
La voir se débattre ainsi sous mon corps, les yeux noyés de larmes, suffocante, pathétique, avait quelque chose de jubilatoire. J'avais à peine bougé lorsque la douleur lui avait insufflé un sursaut, me contentant de resserrer subrepticement mon étreinte autour de sa gorge pour la maintenir tranquille. Chut, ça n'allait plus être très long ma petite fliquette. Déjà elle perdait à moitié conscience et luttait contre l'inéluctable. Si c'était ça qui devait protéger la population de la ville, mon travail ici serait bien plus simple que prévu. Elle était pitoyable, incapable de se battre pour survivre et sauver sa misérable carcasse, s'en était décevant. Je m'étais presque attendu à un combat épique, difficile, mais comme à chaque fois, la police balayait tous mes espoirs en la matière. Peu importe le pays, l'époque, ce n'était qu'un ramassis d'imbéciles ignorants, incapables de suivre une piste ou de remarquer qu'un plus un égal deux. Je n'allais pas m'en plaindre, cela m'avait facilité la vie à de nombreuses reprises, mais cela en devenait lassant. Rarement nous avions pu faire face à un adversaire à notre mesure avec ma belle Rose et cette denrée rare n'était visiblement pas présente à Edimbourg. En tout cas pas dans ma très chère rouquine qui se débattait toujours avec l'inconscience.

Je l'observais avec un plaisir sadique non dissimulé, mes yeux plantés dans les siens aussi sûrement que la bouteille de whisky l'avait été dans son flanc. Parfois, un phénomène étrange se produisait lorsque l'on prenait le temps d'ôter la vie à quelqu'un de ses propres mains. Une sorte de connexion s'instaurait, un dialogue entre la victime et le bourreau. Je voyais ses méninges cogiter pour trouver une porte de sortie, la résignation qui la prenait par vague, alternant avec une combativité terne et inutile. Elle, en retour, dans la simplicité de son esprit, devait simplement voir la folie brûler dans mes pupilles. Jamais elle ne pourrait saisir la complexité de mon être, ce qui m'habitait, ce qui me poussait à vivre la vie que je menais. Elle, comme tous les autres êtres insipides qui peuplaient cette planète, prendrait un raccourci et lui apposerait le label de « Folie Pure ». Et c'était ça plus que toute autre chose qui faisait que j'avais survécu de si longues années et que les misérables qui se trouvaient sur mon chemin n'avaient pas fait long feu. Comme elle ce soir.

Tout concentré que j'étais à la tuer à petit feu, je ne vis pas le coup partir et me pris la boîte de conserve de plein fouet. Un juron s'échappa de mes lèvres alors que je lâchais ma prise pour poser mes mains sur mon visage dans un réflexe malvenu. Ses forces avaient commencé à l'abandonner et elle n'avait pas pu mettre toute sa puissance dans son attaque, c'était un avantage pour moi, un gros inconvénient pour elle. Car ma patience avait des limites qu'elle venait de franchir. Mon regard s'alluma de plus belle alors que je me remettais debout en ne la quittant pas des yeux, savourant ses veines tentatives pour se mettre à l'abri en rampant comme le mollusque inutile qu'elle était. Je jetais un rapide coup d’œil en arrière avant de reculer sans la quitter des yeux. J'avais été imprudent, on ne m'y reprendrait pas. Lentement j'arrivais à mon but et me baissais pour ramasser le pistolet que je pointai sur elle en réajustant l'écharpe autour de mon visage. Je m'approchais de ma victime en mesurant chaque pas, prenant la parole d'une voix sombre et paternaliste.


- Quelle idée de faire ses courses si tardivement.

Je laissais quelques secondes de silence remplir l'espace qui nous séparait avant de hausser les épaules et de tirer. J'entendis un clic, mais pas le bruit caractéristique d'un coup de feu ni la détonation qui suivait. L'arme s'était enraillée. Je l'observais quelques instants, interdit, avant de rire en la jetant de toutes mes forces sur la femme qui se vidait de son sang à mes pieds, partagé entre l'hilarité et une colère teintée de frustration. Au loin, j'entendis soudainement des bruits de sirène et je sus qu'il était temps pour moi de mettre les voiles. Je ramassais ma casquette et mes courses, attrapait une nouvelle bouteille de whisky que je débouchais pour prendre une rasade en la jaugeant de toute ma hauteur. Quelque chose me disait que ce n'était pas la dernière fois que l'on se rencontrait. Une certitude qui transparaissait dans le fond de son regard vide et larmoyant. Etais-je tombé sur un adversaire plus intéressant que le flic de base ? Seul l'avenir nous le dirait et pour le savoir, je devais d'abord ne pas traîner dans le coin. Après lui avoir fait une révérence des plus grandiloquentes, je passais la porte de la petite épicerie en sifflotant, tournant au coin de la rue pour disparaître dans la nuit avant même que les lumières bleues et rouges n'atteignent la scène de crime. L'une de celle que j'avais provoqué ce soir et qui m'avait redonné un coup de fouet des plus salvateurs. Oui, un peu plus et je l'aurais remerciée la Poil de Carotte.
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Mer 1 Aoû 2018 - 17:32
Elle n'avait jamais autant apprécié l'air. Le simple fait de respirer.
C'était une action si simple, à laquelle on ne pensait pas la plupart du temps. Quelque chose qui allait de soi. Jusqu'à ce qu'on en soit privé. Là, cette mécanique devenait précieuse, inestimable. La rouquine n'eut que quelques secondes pour un profiter pleinement, pour laisser son cerveau se concentrer sur l'air qui emplissait ses poumons avant qu'elle ne l'expire, qui approvisionnait ses cellules, circulait par son sang...

Qui ruisselait actuellement le long de son flanc, imbibait le tissu de ses vêtements, et s'échappait en un goutte-à-goutte implacable sur le sol. La main sur sa blessure, l'agent Andersson essayait de se redresser. Sa main cherchait un support, quelque chose qui lui permette de se tenir debout. De lui faire face, pour quelques secondes encore. Elle avait perdu la notion du temps. La logique lui hurlait qu'il était impossible que la scène ait duré plus de quelques minutes, mais elle avait l'impression que tout était trompeur. Le temps, leur présence, la mort, qui rôdait au plafond. La douleur surtout.

Tout son corps criait. Suppliait que cela s'arrête. Mais son cerveau résistait. Une réaction purement instinctive de son amygdale, qui savait que l'inconscience la tuerait. Que la passivité ne raisonnerait pas un type de ce genre. Il n'y avait rien à raisonner. Il fallait se battre... pour gagner du temps. Tout serait bientôt fini. Mais les rues d'Edimbourg restent silencieuse. Et peut-être au final que c'est la mort qui l'attends. Une fin comme une autre. Cette certitude la frappe soudain de plein fouet.
Sigrid Andersson, 29 ans depuis quelques heures, mourrait probablement ce soir.

Les pas du Mat se rapprochent dans son dos. Sans se presser. Il sait que la pauvre créature qui se débat pour se redresser n'est plus une menace. Sigrid l'entend s'approcher. Il prends son temps. Après tout, n'a-t-il pas déjà gagné? La rousse abandonne l'idée de se tenir debout. Elle sait qu'elle n'y arrivera pas. Mais si elle doit mourir ce soir, hors de question de ne pas regarder son meurtrier dans les yeux.

Elle s'adosse à l'étalage en qui elle cherchait une béquille, devenu sa pierre tombale. Elle n'a plus la force de maintenir son manteau contre son flanc, et sa main retombe. Mais son regard bleu, lui s'accroche à celui de son agresseur. Il ne supplie pas, n'accepte pas non plus. Elle n'a plus la force de rien. Il pointe sur elle son arme. Lui parle. Elle ne comprends pas ce qu'il dit, ne voit que dans un univers ou les ténèbres se rapprochent peu à peu, ses lèvres qui bougent, son regard glacé, l'écharpe qui lui couvre le visage. Elle voudrait parler à son tour.
Mais elle n'a rien à lui dire.

Les secondes s'étirent, comme s'il attendait une réaction de sa part. Mais comme rien ne vient, il se décide à achever cette poupée disloquée.
Sigrid voit tout. La culasse armée, le chien relevé, la gueule béante du canon pointé sur elle, l'index qui presse la détente. Mais il n'y a que le silence. Sur les lèvres pâlissante de la flic, un sourire s'étire, qui se voudrait moqueur. Un sourire qui veut dire "finalement, tu ne maîtrises pas tout.". Le meurtrier se met à rire et lance l'arme inutile en direction de sa victime. Il serait facile de l'éviter. Mais qu'importe. Ses membres ne répondent plus. Elle se contente de détourner le visage, et le flingue l'atteint à l'épaule, dans son indifférence. Il y a plus intéressant qu'un hématome de plus. Les sirènes qui mugissent, au loin.

Le signal du départ pour le Torturé, qui fait une révérence et passe la porte. La Scandinave tends l'oreille, pour guetter des pas qui reviendraient, qui prouveraient qu'il avait changé d'avis. Mais rien, il était parti.

Elle est vivante. Pour le moment.
Maintenant qu'elle est seule de nouveau, qu'il s'agisse de la peur qui refluait ou de l'espoir de survie qui revenait, elle semble récupérer le contrôle de ses muscles.
Sa main gauche, doucement, commence son exploration, puisque bouger la droite induit des vagues de douleurs. Elle passe sur le poignet enflé, remonte le long du bras jusqu'à l'épaule, qu'elle examine de quelques pressions éclairées. Une grimace. Luxation de l'épaule. Postérieure, probablement.
Les doigts fins passent dans le cou, tâtent les cervicales, explorent le cuir chevelu. Bosses, ecchymoses, égratignures. Aucune gravité
Définir un ordre de priorité.

En serrant les dents, elle dégage son cou de son écharpe, qu'elle roule en un boule informe et coince sous son bras. Dans son épaule, la douleur reflue. Avec précaution, elle place son bras sur son thorax. Cela suffirait. La tête lui tourne. Il lui semble qu'il ne lui reste que quelques secondes avant de sombrer.


Tiens.
Encore.

Sa main valide revient compresser sa blessure. Sous sa peau, le manteau est poisseux de sang.

Alors, seulement, elle s'autorise à fermer les yeux. Rien qu'une seconde.
Les sirènes se rapprochent. Tout ira bien.
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