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Life is like a piano || Leo

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Lun 7 Aoû 2017 - 16:03



« Life is like a piano. What you get out of it depends on how you play it. »
Tom Lehrer

Il faisait beau. Il faisait chaud. Les terrasses étaient remplies de monde. Il y avait de l’animation dans les rues. L’été battait son plein dans les rues d’Edimbourg, chassant définitivement le froid et la grisaille habituelle de la capitale écossaise. Les habitants en profitaient donc pour sortir, se prélasser au soleil, boire un verre entre amis. Les fontaines étaient prises d’assaut, surtout par les enfants, qui ne se privaient pas d’éclabousser tout ce qu’il y avait autour dans la plus grande hilarité. Tout le monde était heureux.

Alors, bon sang, qu’est-ce que je pouvais bien faire dehors ?

Je n’aime pas la chaleur, le soleil, la foule. Les gens tout court. Et, en d’autres circonstances, je serais resté calfeutré chez moi, à jouer de la musique, ou simplement couché sous mon piano avec un pot de glace à côté de moi, à broyer du noir. Sauf que c’était là le hic : je n’avais plus de glace. J’avais mal préparé mes réserves, et m’étais retrouvé à court de crèmes glacées plus vite que ce que j’avais prévu. Je n’avais peut-être pas compté sur le fait que Liszt pouvait engouffrer un pot entier de glace à la noisette. Mais jusque-là, je n’aurais pas cru qu’un écureuil puisse manger de la glace. Surtout autant. Et l’adage populaire « Tel animal tel maître » devait donc être vrai.

Et le supermarché qui livrait à domicile et que j’utilisais habituellement pour faire mes courses sans sortir de chez moi était fermé pour l’été. Le destin se liguait contre moi. J’allais donc devoir affronter le monde extérieur, si je voulais me ravitailler en glace. Et, même après une longue hésitation, ma faim a pris le dessus sur ma misanthropie. Je me suis donc préparé mentalement à sortir, comme si je partais en commando d’une mission très dangereuse. Ce n’était pas loin d’être le cas, d’ailleurs. Puis, après une dernière grande inspiration, j’ai passé le pas de mon appartement.

La lumière du jour m’a aveuglé, et j’ai instinctivement reculé dans l’ombre, comme un vampire. Puis, prenant à nouveau mon courage à deux mains, je me suis aventuré dans les rues de la ville. Le plus dur fut d’esquiver tout ce monde, des badauds qui marchaient à la vitesse d’un escargot. Alors que je souhaitais me rendre le plus vite à l’autre supermarché le plus proche. Je n’étais pas prêt d’arriver. Je fis de mon mieux pour raser les murs, préférant aller plus lentement encore que de rester griller au soleil.

Je finis par arriver à une place, non loin de mon but. Mais il me fallait une pause, absolument. Trop de monde, trop de chaleur, trop de tout. Je m’appuyais contre un mur, essayant de reprendre ma respiration. Lorsqu’un tintamarre résonna dans mes oreilles, me faisant faire un bond de surprise. Plus loin, dans un coin d’ombre et sur la terrasse d’un café, un piano était disposé. Pour animer les soirées, certainement. Mais il avait été ouvert, et des enfants tapaient joyeusement dessus. J’en eu vraiment mal pour lui. Heureusement, une mère paniquée apparut l’instant d’après, tirant ses enfants loin de l’instrument, malgré leurs protestations.

J’assistais à la scène, songeur. Surtout ravi que cet affreux bruit se soit arrêté, mais aussi songeur. L’appel de la musique. Jouer m’était d’autant plus salvateur que lorsque je me trouvais dans une situation épuisante, comme actuellement. C’était presque un heureux miracle de trouver ce piano là sur ma route. Aussi, après une légère hésitation, je rejoignis l’instrument et m’installais devant. Le contact familier des touches me rassura immédiatement, et je commençais à jouer. Je n’avais pas vraiment de morceau en tête, me contentant d’improviser. Le jazz n’était pas ma spécialité, mais je m’y adonnais de temps en temps.

Tout de suite, ma synesthésie transforma les sons en sensations, images, couleurs, odeurs, goûts ; me faisant vivre une expérience qui n’appartenait qu’à moi. Tandis que le monde extérieur n’entendait que de la musique, j’étais dans mon monde. Coloré, léger et estival aujourd’hui. Lorsque j’eus terminé, je remarquais alors la foule qui s’était rassemblée autour de moi, et m’applaudis avec force. Mince, ce n’était pas prévu ça, non plus…
McGrenouille
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Mar 22 Aoû 2017 - 11:18
-Adèle, on s’était mises d’accord, arrête de courir s’il te plait !

L’adolescente eut la grâce de s’arrêter, sans se priver de faire une grimace à sa sœur. Léo la rattrapa et glissa son bras sous le sien, avec une certaine fermeté mais sans brutalité, afin qu’elles évoluent bras dessus bras dessous. De cette façon, Adèle aurait beaucoup plus de mal à s’éloigner à toutes jambes.

Pourtant, c’était dans le but de calmer sa cadette que Léo avait proposé une sortie à sa sœur. Il faisait beau, il faisait chaud et Adèle supportait mal l’enfermement. En revanche, Léopoldine serait bien volontiers restée dans son petit appartement à travailler sur les plans de son dernier puzzle. Elle avait du mal à se concentrer quand elle était entourée d’inconnus. Sa sœur, au contraire, était dans son élément et monologuait tout en regardant autour d’elle. Léopoldine, elle, gardait le visage fixé sur son objectif : le glacier. Une bonne glace au citron serait une récompense appropriée pour Léopoldine. Peut être que cette fois-ci, Adèle lui ferait la grâce de ne pas mettre une heure à choisir un parfum. Et quand Léo pensait une heure, il ne s’agissait pas d’une hyperbole. Pour certaines choses, Adèle pouvait se montrer remarquablement indécise.

Autours de Léo et Adèle, des enfants couraient autours de leurs parents qui les regardaient avec indulgence. Des couples étaient assis sur les bancs et profitaient des beaux jours. Léopoldine ne comprenait pas cette manie collective de se retrouver aux mêmes endroits en été. Dans sa boutique, elle pouvait être bien au calme pour dessiner ses puzzles ou préparer une nouvelle présentation de vitrine. Les grands déplacements collectifs ne lui inspiraient franchement rien.

La file d’attente du glacier et Adèle furent moins lentes que prévues et bientôt, Léo dégustait sa glace bien méritée tout en tendant l’oreille aux pépiements d’Adèle qui continuait de parler tout en mangeant. Au loin, Léo entendait les notes dissonantes d’un piano sur lesquels des enfants étaient en train de taper à tort et à travers. Bruit irritant, certes, mais assez supportable quand on avait une glace à la main. Pendant que Léopoldine savourait la sienne avec application, Adèle s’en fichait plein le nez. Mais au moment où Léo allait lui tendre un mouchoir, elle se retrouvait avec deux glaces en main pendant qu’Adèle s’éloignait en courant vers le piano. Un musicien avait prit la place des enfants et offrait aux passants un divertissement. Bien sûr, cette musique inspira Adèle qui se mit à danser. Léopoldine se contenta de s’installer sur un banc en veillant sur les glaces.

Adèle était magnifique quand elle dansait. Le petit bout de dynamite laissait place à une fée, elle était dans son élément. La musique était également magnifique, elle évoquait à Léo des images… des puzzles en trois dimensions, des labyrinthes colorés et le fil rouge, celui qui la menait toujours vers la solution dansait devant ses yeux comme un serpent. Elle voyait enfin le puzzle qu’elle voulait créer, elle le voyait en entier. Quand la musique cessa, Léo aurait bien volontiers applaudi, mais avec une glace dans chaque main, c’était compromis. Bien vite, Adèle vint récupérer son dessert et Léo put reporter son attention sur le musicien, qu’elle reconnut. C’était un habitant de son quartier, quelqu’un de très gentil. En confiance, elle s’approcha pour le saluer et le féliciter.

-Bonjour Sebastian, dit-elle doucement. Dis moi, quel succès, c’était vraiment magnifique !
Léopoldine Sheller
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Dim 10 Sep 2017 - 17:20
La musique me plongeait dans un état second, où tout ce qui m’entourait disparaissait pour laisser place à une multitude de sensations d’une intensité telle que je doutais qu’on puisse ressentir cela dans la vie réelle. Lorsque j’étais plus jeune, on avait tenté de voir avec un scan ce que mon don produisait sur mon cerveau. Je me rappelais d’avoir vu un feu d’artifices de toutes les couleurs alors que les images de mon cerveau lorsque j’écoutais ou jouais de la musique m’avaient été présentés. Au final, si c’était très impressionnant, cela ne reflétait même pas un dixième de ce que je vivais lorsque je me laissais aller dans cet été de transe.

J’étais même parfois en manque de mots pour décrire cette expérience. Parfois, j’avais tout simplement l’impression que c’était durant ces instants uniquement que je me sentais vraiment et enfin vivant. Tous mes problèmes, mes soucis de la vie de tous les jours, mes regrets, mes peines ; tout cela s’envolait l’espace de quelques instants magiques. Mais ce genre de constats, je les gardais pour moi. Je les avais partagés à mes parents, et j’avais bien remarqué leur expression peinée. Je n’étais pas fait pour la réalité, et je ne pouvais me sentir à ma place qu’en allant ailleurs. C’était ce qu’ils avaient compris. Et peut-être que c’était juste, ou peut-être faux. Mais ils avaient déjà perdu un enfant, et savoir qu’un autre était inadapté n’était pas non plus facile à vivre.

Si je perdais contact avec la réalité et ce qui m’entourait, je n’étais pas non plus totalement coupé du monde non plus. Au contraire, d’une certaine manière, j’y étais toujours connecté, mais d’une autre façon. Je ressentais les choses d’une autre façon. Aussi, durant ma performance, je pouvais sentir les cœurs battre en rythme autour de moi, voir les sourires, sentir la chaleur des personnes autour de moi. Et voir quelqu’un se joindre à ma musique pour danser. La personne se fondait avec grâce et naturel dans le tableau que j’étais en train de tisser avec ma musique, s’adaptant à mon rythme. Ou inversement, c’était devenu difficile à dire.

Lorsque je terminais enfin mon morceau, et revint à l’instant présent, le décalage fut un peu brusque. Une foule s’était rassemblée autour de moi, et si auparavant leur présence était un simple élément, c’était désormais une réalité beaucoup plus palpable. Trop, peut-être. Un peu mal à l’aise, je me levais, et saluai, comme je le faisais dans de vrais concerts. Je vis alors la danseuse s’éloigner vers une personne qui me disait vraiment quelque chose. Mais, encore un peu perturbé, je mis quelques instants avant de la reconnaitre. Heureusement, elle vint me parler, ce qui termina de m’aider dans mon processus de recognition faciale.

"Bonjour Leopoldine, bonjour Adèle." les saluai-je en retour, toujours un peu surpris et dépassé par la situation. Mais peu à peu, la magie de la musique me quittait et je parvenais à reprendre mes esprits. "Ce n’était pas vraiment prévu… Mais merci. Alors, eux… vous aussi, vous sortez de chez vous ?"

Elle tenait une boutique de puzzles dans le même quartier où je vivais. J’y passais de temps en temps, ayant remarqué que des casse-têtes pouvaient s’avérer très utile en cas d’insomnie et pour canaliser mes pensées. C’était un hasard de la trouver ici, mais je devais admettre ne pas avoir l’habitude de la voir hors de la boutique. J’avais mes habitudes et mes repères, et hors de cela, j’étais rapidement déboussolé.

"Je ne savais pas que ta sœur dansait si bien…" commentai-je à l’attention de l’aînée, en me grattant le bras dans un geste embarrassé. Mon regard tomba finalement sur les glaces qu’elles tenaient en main, et d’un seul coup, je ne pouvais plus penser à rien d’autre. Un lourd et sonore grognement provenant de mon estomac vint en témoigner.

"Il faudrait peut-être que j’en prenne aussi une." dis-je simplement, en guise d’excuse. Et parce que j’avais vraiment envie d’une glace, tout à coup.
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Lun 9 Oct 2017 - 19:55
Léo désigna Adèle.

-J’aurais bien aimé rester à la boutique mais Adèle n’aime pas beaucoup rester enfermée. Je me suis dit qu’une petite glace nous ferait le plus grand bien.

Traduction : J’ai cru qu’elle allait démolir la boutique alors je l’ai libérée un petit peu. Près d’eux, Adèle continuait ses pirouettes au son d’une musique imaginaire, ou peut-être en se repassant mentalement celle que venait de jouer Sebastian avec talent. Quand ce dernier fit un compliment à propos d’Adèle, Léo rougit presque.

-Oui, elle est très douée, c’est la meilleure de son cour de danse. D’ailleurs, j’espère bientôt lui trouver un nouveau professeur, peut être quelqu’un d’un meilleur niveau.

Il était clair qu’Adèle n’accepterait aucune autre destinée que celle de danseuse. Léo voulait mettre toutes les chances de son côté, alors elle économisait pour essayer de l’envoyer chez le meilleur professeur possible, peut-être même prendre des cours particuliers ! Mais Léopoldine restait tout de même prudente. Elle ne souhaitait pas devenir comme ceux qu’elle avait observés aux cours de danse, qui poussaient leur progéniture vers des ambitions qui étaient en réalité les leurs. Léo trouvait cela malsain et terrifiant.

À présent, Adèle était revenue près d’eux. C’est ce moment que choisit l’estomac du musicien pour se manifester. Adèle éclata d’un rire sonore qui fit d’ailleurs fuir un pigeon craintif. Léo se contenta d’un :

-On t’emmène en acheter une ?

Elle lui indiqua la direction du glacier le plus proche du doigt. Sans les attendre, Adèle s’élança en gambadant et clamant qu’elle voulait une deuxième glace.

- Attends d’avoir fini la première ! Répliqua Léo.

Puis elle reporta son attention sur son interlocuteur :

-Mais, dis-moi, cela fait quelque temps que je ne t’ai pas croisé ! Que t’est-il arrivé depuis ?

Contrairement à Léo dont la vie était uniquement rythmée par les fantaisies de sa cadette, il devait lui arriver des aventures ! Ne croyez pas que Léo l’enviait, loin de là. Elle se sentait bien dans son petit nid, entourée de ses puzzles et énigmes. Cela ne signifiait pas qu’elle rechignait à entendre les récits des autres.

- Tu sais, à la boutique, rien ne change en ce moment. Je travaille sur un nouveau modèle mais je dois encore faire plusieurs ajustements.

Mais quelle tête de linotte, elle oubliait le paon.

-Ah si ! J’ai fini mon puzzle en 3 dimensions du paon qui fait la roue. Il est très joli, j’en expose un terminé pour que les clients puissent le regarder !

La pièce maîtresse, tout de même ! Pendant qu’elle poursuivait la conversation, Léo gardait un œil sur Adèle. Oui, elle n’était pas une enfant certes mais hors de question de la perdre de vue dans une foule ! Un accident était si vite arrivé. Fort heureusement la demoiselle s’était immobilisée devant le glacier et contemplait avec gourmandise la liste des différents parfums. Cela la garderait occupée au moins dix minutes.
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Mar 17 Oct 2017 - 12:05
Je fixais Adèle, qui avait pour habitude de ne pas rester en place. Cela se voyait même maintenant, et c’était cette énergie que j’avais ressenti durant sa danse. Ce qui me permettait de mieux appréhender ce type de comportement si opposé au mien. Même enfant, j’avais toujours été calme et amorphe. Je préférais rester bien au chaud chez moi plutôt que de me confronter au monde et à ces gens parfois si horripilants et incompréhensibles. Pourtant, j’aspirais malgré tout à certaines choses du dehors, et savais que je ne pourrais m’épanouir musicalement qu’en sortant de chez moi. Aussi, j’enviais d’autant plus cette capacité et cette énergie. Mais il me semblait que Leopoldine était davantage comme moi.

"Une glace fait toujours du bien." répondis-je donc avec un haussement d’épaules. "Et il faut savoir trouver des compromis, dans une fratrie."

Les souvenirs que j’avais de ma défunte sœur se rapprochaient un peu de ce qu’Adèle dégageait, une énergie constante. Je fis d’ailleurs la remarque à voix haute sur ses capacités à danser, et je notais le léger rougissement de sa sœur. Elles avaient sans doute un lien assez proche, ou du moins, je supposais que Leopoldine veillait sur elle comme un parent. Je me souvenais d’ailleurs n’avoir pas souvent croisé leur père et leur mère, ce qui expliquait peut-être cela. Enfin, les relations humaines et familiales, c’est toujours compliqué.

"Je connais quelques professeurs, dans le milieu. Tu veux que je regarde pour en trouver un ?"

Je ne comptais plus les fois où j’avais remplacé le pianiste accompagnant pour des cours de danse, au conservatoire ou même à la PH. Ce n’était pas mon domaine de prédilection, mais cela permettait de se faire des contacts dans le milieu, selon mon agent. Et de me forcer à m’habituer à sociabiliser avec des gens qui dépendaient de ma musique.

Mais toutes ces émotions m’avaient donné faim, sans parler des glaces que tenaient les deux sœurs et qui me donnaient sacrément envie. Les bruits de mon estomac semblèrent beaucoup amuser Adèle, ce que je ne compris pas vraiment. En revanche, je compris parfaitement celles de sa sœur, et ne pus qu’acquiescer.

"Très volontiers."

On suivit Adèle, qui était tout aussi impatiente qu’elle d’avoir une nouvelle glace. Je pouvais la comprendre, on n’en avait jamais assez. Surtout que celle qu’elle avait prise était vraiment petite. A la question de Leopoldine, je pris quelques instants pour réfléchir. C’était assez difficile de me souvenir de ce qui se passait exactement dans ma vie, c’était la toujours un peu la même chose, après tout. A quelques différences près.

"Je suis allé me faire une nouvelle tenue de concert. C’était… moins pire que ce que je pensais." Je réfléchis encore quelques instants. "Sinon, je continue à faire quelques concerts, et quelques remplacements par ci par là. Parfois comme assistant chef d’orchestre, donc je suis assez content. Et je continue de donner des cours à la Potential Home, parfois. Rien d’extraordinaire, non ?"

Le jour où je deviendrai chef d’orchestre à part entière, ce sera autre chose. Pour le moment, je me contentais de ce que je pouvais trouver comme place dans le milieu. J’avais la théorie, mais c’était encore loin de la pratique. Et surtout, de la réputation. J’étais plutôt connu comme pianiste et soliste dans le milieu, et ce n’était pas facile de me défaire de cette étiquette.

Mon interlocutrice, de son côté, semblait penser de même. Pourtant, je ne pouvais pas imaginer qu’en travaillant dans une boutique, elle puisse vivre deux jours qui se ressemblent. Moi, j’avais mon quotidien planifié comme du papier à musique, mais interagir avec des clients devait rendre son boulot assez imprévisible. C’était à la fois terrifiant, mais aussi intéressant. Je l’écoutais donc avec attention, d’autant que ses puzzles avaient vraiment quelque chose qui me fascinait. La perfection, la concentration, la logique. Comme en musique, finalement.

"Un paon ? Ce doit être un puzzle très coloré, alors. Il a du succès ? Ou peut-être que c’est trop difficile pour les gens ?" Ces derniers s’extasiaient toujours devant la réussite d’une tâche compliquée, comme la performance d’une pièce de musique. Pourtant, quand on est passionné et travailleur, on peut y arriver. Enfin, je n’étais peut-être pas très objectif sur la question. "Il faudrait que je repasse un de ces quatre. Tu n’as rien en rapport avec la musique, de près ou de loin ?"

J’avais remarqué que résoudre un puzzle était une activité très apaisante pour l’esprit. Cela m’aidait même à dormir, parfois. Mais à force de faire et défaire le même puzzle, cela devenait un peu lassant, et refaire mon stock ne serait peut-être pas une mauvaise idée.

Quand vint mon tour de passer commande, je pris une grande inspiration avant de me lancer sur une voix monocorde :

"J’aimerais une boule chocolat, noisette, praliné, caramel fleur de sel, capuccino, vanille, noix de coco, brownie, cookie et pistache." Devant l’air surpris de la vendeuse, j’ajoutais : "Avec un coulis chocolat, de la chantilly et des paillettes en sucre, s’il vous plaît." Les gens étaient toujours surpris de mon appétit. Au moins, je leur faisais sortir leur énorme cornet réservé habituellement aux groupes qui voulaient partager la même glace. Quelle drôle d’idée, quand même. Je me tournais vers les deux sœurs pour leur demander : "Et toi Adèle, tu as choisi ? Tu veux en reprendre aussi, Leopoldine ? Je vous l’offre…"

Il me semblait que ça pouvait être galant. Enfin en tous cas, moi ça me faisait toujours plaisir quand on m’offrait à manger.
McGrenouille
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Ven 27 Oct 2017 - 15:53
Ce n’était plus une glace, c’était un roc, un cap, que dis-je une péninsule. Un monument à la crème glacée, le mont gourmandise dont l’ascension était réservée à une poignée d’élus… dont Adèle ne ferait pas partie. Léo lui fit signe que non alors que la demoiselle faisait les yeux doux à la glace de son voisin. Un dialogue muet démarra entre les deux sœurs, constitué de mimique suppliantes et de regards implacables.

Léo eu le dernier mot et Adèle se rabattit sur une glace à la fraise. Le dialogue normal put reprendre son court. Rebondissant sur la proposition faite, Léo répondit :

-C’est vraiment gentil !

Bon, le premier réflexe de Léo aurait été de refuser, mais elle avait découvert, en fréquentant le monde extérieur, que refuser ce genre d’invitation était assez impoli. Elle ne voulait pas froisser Sebastian.
Elle se contenta de commander une bouteille d’eau pétillante. Elle devait veiller à sa consommation de sucre depuis qu’elle habitait avec la fée dragée qui tentait de transformer son appartement en annexe de Confiturembourg.

- Tu fais réaliser tes tenues de concert sur mesure ? J’imagine que ce doit être très confortable. Un de ces jours nous viendrons t’applaudir j’espère !

Adèle objecta qu’elle aussi voulait une tenue sur mesure. Léo fronça les sourcils et sa cadette retourna à sa glace. La communication non-verbale : il n’y a que ça de vrai. Léo détestait les disputes publiques. De toute façon, Adèle ne faisait la tête que très peu de temps. Après quelques secondes de moue, elle se remit à sourire. C’était un des avantages qu’il y avait à être Adèle.

- Rien d’extraordinaire, je trouve que ça dépend du point de vue. Tu voyage, tu rencontres des gens très différents et tu vis de ta passion. J’aurais tendance à trouver ça extraordinaire.

Adèle acquiesça en ajoutant qu’elle aussi vivrait de sa passion. Elle voyagerait partout, rencontrerait de grandes danseuses etc. Ces rêves grandioses firent sourire Léo. Quand elle avait l’âge de sa sœur, elle ne pensait qu’à une seule chose : ne pas montrer sa capacité. C’était un peu moins enthousiasmant, qu’importe. Au sujet de la danse, Léo rebondit sur la proposition de Sebastian de l’aider dans sa quête d’un professeur de danse.

- Ce serait vraiment très gentil de ta part. Je dois t’avouer que je ne sais pas toujours comment chercher et surtout être sûre de trouver quelqu’un de bien, de gentil et surtout de patient.

Adèle acquiesça, de la glace plein de museau. Léo poursuivi en évoquant cette fois-ci sa dernière création.

- Il est très coloré, très beau et reflète bien la lumière, j’en suis vraiment ravie. Il est assez difficile en effet, mais pour l’instant il a du succès auprès des clients, c’est une réussite. Mes habitués avaient même fait des précommandes avant d’avoir vu le produit finit, ce qui est plutôt rare donc je suis assez fière du résultat. Il faudra que tu passes voir ça un de ces jours.

Parfois, des gens entraient uniquement parce qu’ils avaient vu le paon depuis l’extérieur de la boutique. Certes, ils faisaient rarement des achats mais c’était tout de même assez agréable qu’on reconnaisse ainsi la qualité de son travail.

- Tu as des concerts de prévu prochainement ?
Léopoldine Sheller
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Mar 7 Nov 2017 - 10:40
Apparemment, je devenais un modèle pour les enfants. Qui l'eut cru ? Mais Adèle semblait vouloir me suivre dans mes goûts pour les boules de glace, un peu comme si je venais de lancer une mode. Heureusement que sa sœur l'en empêcha, je n'aurais vraiment pas quoi su faire si j'avais tout d'un coup été une personne "so in" et à suivre pour être tendance. Surtout si on commençait à lancer des produits dérivés à mon effigie, et que mon nom devenait une marque déposée. Non vraiment, déjà ça ne me ressemblait pas et ensuite, je ne savais pas si j'aurais réussi à supporter autant de pression. Moi qui n'aspirais qu'au calme et à une vie tranquille, c'était tout de même mieux ainsi, même si cela semblait déplaire à Adèle.

Cela valait au moins bien que je leur offre une glace, si ce n'était pas déjà pour les remercier de m'avoir donné l'idée. J'agitais donc mollement la main pour signifier que ce n'était rien, sans toutefois le dire explicitement. Après, on allait finir par s'excuser mutuellement, et c'était le genre de situations sociales étranges que je préférais éviter.

Une fois nos glaces -ou notre bouteille d'eau concernant Leopoldine- en main, on put s'éloigner un peu du marchand pour discuter un peu plus tranquillement. Avoir une tenue sur mesure ne semblait pas être aussi anodin que je le pensais, c'était après tout la norme pour les tenues de concert à un certain niveau. Mais à en croire les deux sœurs, c'était davantage exceptionnel.

"Oh tu sais Adèle, c'est plutôt embêtant à faire. Tu dois laisser des gens te toucher pour te mesurer et supporter leurs discussions inintéressantes. Ça n'en vaudrait presque pas la peine..." Quoique, je me devais de nuancer mon propos, en toute honnêteté. Je me tournais donc vers l'aînée pour ajouter : "Enfin, j'ai trouvé une couturière très gentille et compétente, j'ai eu de la chance cette fois. Et c'est vrai qu'elle m'a fait quelque chose de confortable, mais pas autant que mon pyjama."

Qui lui n'était pas fait sur mesure, fallait-il le préciser ? Sans doute pas. Mais si besoin était, je pouvais toujours leur dire où je l'avais acheté, c'est à dire, bêtement au grand magasin du coin. Et puis, je fus très admiratif de la manière dont Leopoldine communiquait avec sa sœur, presque sans paroles. Ça devait être bien pratique ! Quoique je ne n'eus pas vraiment le temps d'en discuter, puisqu'on était déjà parti sur un autre sujet.

Je restais pensif durant quelques temps, n'ayant jamais vraiment vu les choses sous l'angle de mon interlocutrice par rapport à mon travail. Il était vrai que pour quelqu'un d'extérieur au milieu, cela devait être très dépaysant. Enfin, à cela, j'avais aussi quelque chose à objecter :

"Mais toi aussi, tu rencontres plein de gens et tu as la chance de ne pas avoir à bouger en permanence. Pour moi, c'est plutôt ça qui est serait extraordinaire. Enfin, si ce que tu fais te passionne également ? Mais je te trouve très douée avec les puzzles et les énigmes, en tous cas."

Et c'était la vérité. La preuve, c'était ma référence en la matière. Alors, je pouvais bien l'aider en retour et essayer d'être une référence dans le monde de la musique et de la danse. Je connaissais des professeurs, elle en cherchait. C'était l'évidence même, non ?

"Ça me semble bien, comme qualités recherchées pour un prof. Et, plus important, ça me semble trouvable. D'autres critères que tu voudrais ? Homme, femme, qu'importe ? Classique, moderne ? Cours privés ou collectifs ?"

Mieux valait bien cerner ses besoins pour être certain de ne pas commettre de bourde et lui recommander un prof qui ne leur conviendrait pas. C'était un sacrée impair à commettre en société, non ?

Je fus ensuite heureux de pouvoir l'écouter discuter de sa dernière création. Je ne m'y connaissais pas vraiment dans le domaine, mais si les gens le précommandaient et qu'elle en était fière, alors cela devait être une réussite.

"Félicitations. C'est vrai qu'un puzzle qu'on résout trop facilement, ça serait compliqué pour ton commerce... Et je passerai voir ça à l'occasion, ça me rendu curieux. Enfin, s'il t'en reste encore d'ici là."

Avec ma chance, rien n'était moins certain. Mais bon, au moins, ça me ferait un but de promenade et il y avait d'autres puzzles à admirer dans la boutique de Leopoldine. Mais pas des paons, c'était vrai. Tout en avalant de manière rapide ma glace pour éviter qu'elle ne fonde entre mes mains, je réfléchis pour essayer de me remémorer mon planning de concert. Sans mon agent, c'était plus compliqué, mais pour le prochain, je pouvais encore m'en souvenir.

"Ce sera dans une salle du conservatoire, avec une classe d'élèves. Je ferai les solos de piano et assisterait le chef d'orchestre. Ce sera le Carnaval des animaux de Saint-Saens." C'était une série de pièces qui plaisait beaucoup aux enfants, réalisais-je. Enfin, aussi aux adultes. Je réfléchis une nouvelle fois tout en gobant la boule cookie. "Vous voudriez des places ? Je peux en avoir facilement. Et généralement, je n’ai personne à qui les donner…"

Bon, peut-être que ça ne les intéressait pas. Mais ça me semblait poli de leur proposer quand même.
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Jeu 4 Jan 2018 - 21:23
- Alors tu pourrais faire tes concerts en pyjama non ?

Léopoldine lança à sa sœur un regard désabusé. Cette dernière aimait bien joueur les naïves, histoire de désarçonner ses interlocuteurs. L’ennui, c’est que la plupart des gens semblaient penser qu’elle était un peu stupide. Mais cela ne semblait pas la toucher. Et puis l’image était plutôt amusante, un musicien apparaissant en plein concert sous les bravos vêtu d’un pyjama. Le genre grenouillère recouvert de petits moutons sautant des barrières en bois. Avec un petit bonnet assortit, bien sûr. Sinon cela manquait de charme.

- Tu sais Adèle,
ajouta Léo, si tu devais faire réaliser un vêtement sur mesure, il faudrait que tu restes parfaitement immobile le temps qu’on prenne tes mesures.

-Combien de temps ?


-Beaucoup plus que 15 minutes.


La demoiselle pâlit et Léopoldine comprit qu’elle ne l’ennuierait pas de sitôt avec une tenue sur mesure. Non mais, Léo voulait bien financer les cours de danse, mais pas les extravagances. Ses parents parlaient parfois d’avancer un peu d’argent mais Léo n’avait jamais vu la couleur d’un chèque. Tant pis, le principal c’était qu’Adèle n’en savait rien et vivait dans l’insouciance la plus totale.

Puis vint le sujet de la profession.

- C’est vrai, je croise pas mal de gens même si souvent ce sont les mêmes qui reviennent. C’est assez sympa d’avoir une clientèle d’habitués, je connais leurs goûts et ils me font confiance.

Adèle, qui semblait s’être remise de ses émotions ne put s’empêcher d’ajouter.

-C’est vrai qu’elle a un don pour les puzzles.

Léo se figea. Un don. La gaffe. Elle jeta un coup d’œil à Adèle qui semblait se rendre compte de ce qu’elle avait laissé échapper. Il ne fallut que quelques secondes aux sœurs pour se rattraper.

-Un don c’est peut-être un peu beaucoup, je me débrouille pas trop mal, c’est tout, commença Léo.

-Bon, j’exagère un peu, un don ça fait plus impressionnant quand même ! Ajouta Adèle.

Danger écarté, maintenant passer à un autre sujet, très vite. Heureusement il y avait l’éventuel professeur de danse. Léo laissa Adèle répondre pendant qu’elle se remettait de son coup de stress un peu brutal. Avec un peu de chance, ce serait passé inaperçu. En attendant, Adèle se fichait du genre de son professeur mais souhaitait prendre des cours particuliers. Bon, le prix serait plus élevé mais cela vaudrait sûrement la peine.

Une fois remise, elle put reprendre le cours de la conversation.

-Ton concert a l’air très sympa, tu penses qu’on pourrait venir te voir ?
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Jeu 18 Jan 2018 - 20:06
La remarque d’Adèle me laissa pensif durant plusieurs secondes. Pas que je sois surpris, non, mais ça me laissait songeur. Je n’étais pas vraiment un amateur de mode, il fallait le reconnaître. Mon armoire était constituée de vêtements simples, surtout faits pour être pratique. Légers en été, chaud en hiver. De couleurs sobres, pour surtout ne pas me démarquer visuellement, d’une manière ou d’une autre. Il n’y avait que pour les tenus de concert que je faisais un effort, mais c’était obligatoire et faisait partie de mon travail. Je comprenais que, pour la parade amoureuse, les animaux doivent se montrer sous leur meilleur jour pour parvenir à s’accoupler et perpétuer l’espèce. Mais nous étions au-delà de cela chez les humains, non ?

"J’aimerais bien que ce soit possible, mais ça ne se fait pas." soupirai-je donc, imaginant le bonheur que cela serait de pouvoir vivre en société habillé en pyjama. "Je ne sais pas trop pourquoi, mais, il paraît que c’est mal élevé. Ce serait une idée géniale, autrement."

La petite fille sembla très vite renoncer à l’idée d’avoir des vêtements faits sur mesure en apprenant que cela mettait que quinze minutes à être faits. Pourtant, quinze minutes pour un enfant, c’était déjà beaucoup. Je le voyais bien durant mes cours, et il fallait les tenir presque toujours en haleine pour parvenir à garder leur attention plus que quelques minutes. Autant dire que je n’y excellais pas. D’un autre côté, je pouvais comprendre les craintes d’Adèle.

"C’est vrai que c’est long et que ça peut être ennuyeux. Mais ma couturière est vraiment très gentille et sait faire la conversation pour bien passer le temps. Sinon, ça devient vite un calvaire…"

Je me concentrais ensuite sur l’aînée, n’ayant aucun souci à me concentrer plus que quinze minutes sur l’un de ses puzzles, qui étaient au contraire un très bon moyen de se divertir sans trop d’efforts physiques. Elle semblait à l’aise dans sa boutique, et même avec ses clients. Plutôt une bonne chose pour une vendeuse, c’était vrai. Mais je me demandais parfois si Leopoldine avait vraiment choisi de tenir ce magasin, même si je n’avais jamais osé lui poser la question. Je savais tout de même dire que c’était un sujet délicat.

"C’est mieux que de parfaits inconnus, au moins, tu sais à quoi t’attendre. Et tu peux répondre au mieux à leurs besoins, ce qui est… plutôt bien, non ? En tous cas, j’apprécie cela chez toi. Tu es toujours de bon conseil." J’observais ensuite l’étrange discussion entre les deux sœurs, pas vraiment certain de comprendre ce qui était en train de se tramer. Est-ce que j’avais dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? C’était toujours la première chose qui me venait à l’esprit, car c’était souvent la cause principale de ce genre de gaffes. J’allais donc m’excuser, avant de constater qu’elles semblaient à nouveau être sur la même longueur d’ondes. J’inclinais la tête, pensif. "Euh, je ne suis peut-être pas très doué avec les métaphores, mais je dirais que don peut être approprié. A moins qu’on puisse dire avoir la bosse des puzzles ? Mais ça supposerait qu’à l’époque où on croyait qu’avoir une bosse sur un endroit du crâne était associé aux casse-têtes…"

Je n’étais clairement pas prêt à pouvoir poursuivre ce genre de réflexions plus loin, sous peine de me perdre dans les méandres de tout ce qui m’était incompréhensible dans ce monde. Enfin, heureusement pour tout le monde, le sujet du professeur de danse sembla être un nouveau terrain sûr pour discuter. Et Adèle semblait indifférente au style, ce qui me laissa encore quelques silencieuses secondes de réflexion, avant d’hausser les épaules.

"OK, je vais trouver quelques noms et passerai à la boutique un de ces quatre pour vous les donner. Tu commences à zéro, je suppose, Adèle ? Enfin… tu n’as jamais pris de cours avant ? "

Ce n’était peut-être pas très positif d’employer le terme zéro, assez connoté. Et puis, de ce que j’avais vu, la fillette avait déjà un certain sens du mouvement qui semblait naturel. Alors, on ne pouvait pas vraiment parler de zéro. Je me tournai ensuite vers Leopoldine, pour lui répondre en hochant la tête :

"Bien sûr. Tout le monde est le bienvenu. Par contre, je suis désolé, cela risque de durer plus que quinze minutes…"

J’observais les deux sœurs tour à tour, m’en voulant de ne pas y avoir pensé plus tôt. Je venais de terminer ma glace, et pourtant, mon estomac choisit cet instant pour émettre un gargouillis bien sonore.
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Lun 26 Fév 2018 - 23:10
On venait d’éviter de peu la catastrophe, c’était évident. Si Sebastian avait fait un lien, avait compris un sous-entendu, c’était tout l’échafaudage que la famille avait soigneusement mis en place qui s’effondrait. Depuis qu’elle avait montré sa capacité, Léo vivait dans la terreur d’être découverte un jour, par un ami, par un voisin, par un client. Elle devait être vigilante, ne jamais toucher un puzzle défait devant les clients, ne pas laisser son regard trainer trop longtemps. Combien de fois avait-elle craint la catastrophe ? Combien de fois s’était-elle réveillée en sursaut d’un cauchemar au cours duquel quelqu’un découvrait son secret ?

En attendant, ce n’était pas le cas aujourd’hui et Adèle et elle pouvaient respirer. Mais Léo sentait bien que la joie de vivre et l’énergie de sa petite sœur en avaient pris un coup. Elle avait beau vivre sur sa propre planète, elle avait tout de même conscience des risques. Heureusement, le gargouillement de l’estomac de Sebastian les empêcha de tergiverser longtemps. Adèle se mit tout d’abord à pouffer derrière ses mains, puis à glousser et enfin à rire à gorge déployée. Plus discrète, Léo se contenta de sourire.

- C’est pas un estomac que tu as, c’est un trou noir !
Réussit à articuler Adèle en tentant de reprendre sa respiration.

Il valait mieux éloigner la conversation du sujet qui fâche et vite. Léopoldine profita de l’interlude pour en revenir au concert. Surtout, ne plus parler de puzzle.

- On serait ravies de venir te voir en concert ! Ne t’inquiète pas, Adèle est parfaitement capable de se tenir tranquille plus de quinze minutes quand elle est motivée.

Adèle acquiesça énergiquement, en faisant bouger ses cheveux dans tous les sens. Son fou rire lui avait permis de reprendre des couleurs et la gaffe était presque oubliée. Presque étant le mot clé, Adèle semblait tout de même rester un petit peu plus sur la réserve que d’habitude. Cela ne se voyait que très peu mais Léo connaissant parfaitement sa sœur, elle savait que cette dernière avait peur de recommencer une gaffe. Pour la mettre à l’aise, Léo décida de revenir au sujet de la danse.

- Adèle prend des cours de danse classique depuis qu’elle a six ans.

- Et je suis la plus douée de ma classe ! Claironna la demoiselle, qui s’empressa de se lever pour faire une petite démonstration.

Bon, sans pointes, c’était approximatif, mais la posture des bras était assurée et Adèle était dans son élément. Léo et Victor aimaient voir leur petite sœur danser. Elle se métamorphosait, le petit diablotin plein d’énergie se concentrait afin que chacun de ses mouvements soit parfait. Elle se mouvait avec légèreté et les mouvements semblaient si faciles ! Pour son anniversaire, Léo avait fixé à un mur de sa chambre une barre pour qu’elle puisse s’exercer. Depuis, tous les jours après l’école, Adèle s’entrainait avec une régularité de métronome. Léo devait d’ailleurs souvent veiller à ce que ce ne soit pas au détriment du travail scolaire.

Une fois la démonstration finie, Adèle salua avec une grâce infinie, avant de venir se vautrer sur les genoux de sa sœur aînée. Elle était comme ça, pleine de contradiction et toujours surprenante. Un instant, on aurait dit un félin qui se mouvait avec grâce, et quelques secondes plus tard elle se laissait tomber comme un sac de farine sur sa Léo même s’il y avait un siège juste à côté.

- C’est plus confortable !
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Lun 9 Avr 2018 - 18:33
L’humour était souvent quelque chose qui m’échappait. Pas que je ne puisse pas en avoir, même si je ne voyais pas toujours l’utilité. Non, c’était plutôt celui des autres que je ne comprenais pas toujours. Si je devais me fier au nombre de fois où j’avais fait rire quelqu’un involontairement, j’aurais dû me tourner vers une carrière d’humoriste plutôt que de devenir musicien. Mais je me voyais pas faire des spectacles en faisant rire sans le faire exprès, c’était tout de même hasardeux comme projet de vie. Et je me plaisais bien, dans la musique, alors, je supposais que c’était une bonne raison également.

Aussi, quand Adèle commença à rire, je ne saisis pas tout de ce qui ce qui pouvait provoquer un tel amusement chez elle. Et un peu chez Leopoldine, apparemment. Puis finalement, la raison fut dévoilée : mon estomac semblait être la raison de ces rires. Et ça, je pouvais le concevoir. A force d’expérience, j’avais pu comprendre que mon appétit était beaucoup plus élevé que celui des autres, mais à un point tel que cela en devenait… drôle. J’esquissai un léger sourire pour leur répondre :

"On me le dit souvent. Mais je ne pense pas que ce soit mal, non ?"

Au moins, cela avait remis les deux jeunes filles de bonne humeur, sans que je puisse toujours comprendre ce qui avait jeté un léger froid dans la conversation. Peut-être que ce n’était pas si important que cela, finalement ? Et puis, discuter de musique et de mon travail, c’était toujours un terrain sur lequel je me sentais plus à l’aise, aussi je ne me privais pas de pouvoir enchaîner là-dessus.

"Parfait. Je vous ferai parvenir des places dans ce cas. Et… j’espère que ça vous plaira. Mais les gens semblent en général très satisfaits, enfants y compris."

Je pouvais donc m’avancer sans trop de risque en disant cela. Même si les deux sœurs auraient à faire leur propre avis, au final. On ne pouvait pas généraliser une expérience qui restait finalement très personnelle comme un concert ou un spectacle.

En parlant de spectacle, Leopoldine m’apprit que sa sœur faisait de la danse depuis quelques temps déjà. Je regardai Adèle, et me retint de lui demander sur quel critère elle se basait pour émettre l’affirmation qu’elle était la meilleure. Ce n’était peut-être pas le bienvenue, et de toute manière, elle enchaîna très vite avec une démonstration, ce qui était la meilleure explication finalement. Je la regardais donc faire, surpris de la facilité et la souplesse qu’elle démontrait. Mais surtout, c’était impressionnant de voir une petite fille aussi énergique se plier à des mouvements précis, tout en donnant l’impression que c’était naturel. Elle avait définitivement cela dans le sang.

Lorsqu’elle retomba sur les genoux de sa sœur, j’applaudis avec l’énergie que j’avais encore. C’est-à-dire, pas beaucoup, mais cela n’en restait pas moins sincère.

"C’était vraiment très bien. Et très beau. Je vais donc plutôt regarder pour trouver un professeur d’un niveau avancé, tu mérites au moins ça, Adèle."

Je levai un regard vers Leopoldine, pour obtenir son approbation. Elle n’était, après tout, pas qu’un coussin pour sa sœur, mais semblait en être responsable. Cependant, un nouveau gargouillement d’estomac me rappela que, malgré la glace, je n’avais toujours pas été faire mes courses. Et que j’avais encore du travail qui m’attendait à la maison.

"Je vais devoir vous laisser. Mais je passerai à la boutique pour vous donner les noms de professeurs ainsi que les places de concert. Et pour voir tes nouveautés, Leopoldine. Si ça vous va ?" Puis, après quelques hésitations : "Merci pour la compagnie, et pour la démonstration de danse. On devrait… collaborer une nouvelle fois, Adèle. Je crois que ça donnerait quelque chose de bien."

C’était peut-être étrange, comme demande. Mais d’un autre côté, j’avais vu de mes propres yeux ce que cela pouvait donner. Et mon instinct artistique me disait aussi que c’était une opportunité à ne pas rater.
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Jeu 3 Mai 2018 - 23:30
Visiblement, la prestation d’Adèle avait impressionné son spectateur. En tout cas, la demoiselle était littéralement sur un petit nuage. Surtout qu’à présent, un musicien lui proposait peut-être une future collaboration. Autrement dit, elle allait être intenable toute la soirée. En attendant, le jeune homme semblait devoir partir. Léopoldine obligea sa sœur à se lever de ses genoux en bougeant les jambes. Il fallut quelques minutes pour qu’Adèle se décide à enfin se lever. Léopoldine put enfin secouer ses jambes. Elle était certes solide, mais Adèle pesait son poids, surtout quand elle se laissait tomber sans aucune grâce sur les jambes de sa sœur.

- Merci, pour tout, ce serait vraiment un plaisir de venir te voir jouer.

Cela ferait une sortie de famille sympathique, peut-être avec Victor si c’était possible ? Oui, une sortie familiale. Cela faisait toujours du bien, non ? Adèle semblait ravie à cette idée et virevoltait autours d’eux. Pourtant, Léo commençait à sentir une baisse de rythme chez sa petite pile duracell préférée. Il allait être temps de rentrer à la maison et de dire au revoir à leur interlocuteur. En plus, Léo avait encore un peu de rangement et surtout du travail devant elle. Avec un peu de chance, elle pourrait finir tandis qu’Adèle s’entrainerait en pensant à son/sa futur.e professeur.e de danse. D’ailleurs, à ce sujet :

- C’est vraiment très gentil de ta part, pour cette histoire de professeur, je ne sais pas comment te remercier !


Puis, se tournant vers Adèle qui acquiesçait aux propos de son aînée.

- Adèle, on rentre à la maison.

Oui, Adèle devait être fatiguée puisqu’elle s’approcha de sa sœur sans protester et posa sa tête sur son bras.

- Je te souhaite une bonne soirée, et à bientôt j’espère. N’hésite pas à passer nous voir quand tu veux.

Elle allait s’éloigner avec sa sœur, quand elle se souvint d’une phrase, une question à laquelle elle n’avait pas répondu.

- Au fait, lança t’elle, tu sais, il n’y a rien de mal avec ton appétit, je t’envie plutôt !

Sur ce, elle lui adressa un dernier salut de la main avant de s’éloigner, Adèle sur ses talons. C’était une belle fin d’après-midi, le genre qui vous met en forme pour le jour suivant. Adèle avait encore les doigts collants à cause de la glace, ce qui ne l’empêchait pas de s’accrocher au bras de Léo. En temps normal, elles seraient allées saluer Victor, mais il était absent car parti rendre visite à leurs parents.

Ce qui voulait dire que la prochaine fois, ce serait le tour de Léo. Pas terrible, cela allait demande beaucoup d’organisation, il fallait qu’elle se prépare. Surtout qu’elle ne pourrait pas emmener Adèle, alors il faudrait s’arranger avec Victor, faire en sorte que le séjour ne soit pas trop long…

Mais ce n’était pas le moment de se mettre martel en tête, après tout c’était une belle fin de journée, pourquoi tout gâcher avec des tracas, des soucis et ennuis de toutes sortes ?

- Léo, on fait la course !

Bon, visiblement Adèle n’était pas suffisamment fatiguée, et Léo n’eut même pas vraiment le temps de protester que sa sœur était déjà partie. Et c’est donc au cri de « Adèle, attend moi ! » que Léo s’élança à sa poursuite.
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