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[CLOS] Se revoir sur le sable. [Wairua]

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Ven 24 Juin 2016 - 12:31



Portobello était l’un des endroits que Sveda préférait à Édimbourg. Elle aimait venir regarder le soleil se coucher au dessus de la longue plage. C’était le genre de paysage qui avait le don de l’apaiser. Le sable et le soleil lui évoquaient depuis toujours le bien-être. Ce qui ne vous surprendra pas, maintenant que vous la connaissez.

Ce soir, elle découvrit avec joie, quelle euphorie s’était propagée dans la cité écossaise, au cours des derniers jours. Le départ de l’exposition universelle ouvrait une longue période de festivité. Tohum se souvenait avoir assisté à de pareils événements par le passé. Ils avaient un étrange pouvoir sur les gens. Le faste, les spectacles, la musique, faisaient oublier aux gens la dureté de l'existence, les soucis et les peines. Caleb l’avait d’ailleurs vue puisqu’il les avait tous les deux encouragés à assister à l’inauguration.

Sveda fouillait sa mémoire jusqu’à retrouver trace de sa dernière rencontre avec celui qu’elle attendait. Anima, lui-même, mais je ne vous apprends rien. Elle était en Cornouaille, où elle s’était retirée juste après le décès de Joachim, fin 1999 sûrement. Un sourire nostalgique lui vint, quand elle repensa au père de Camille. Un homme grognon. Et quand je vous dis « grognon » ce n’est pas un euphémisme. Elle avait aimé travailler de concert avec lui pendant quelque temps. Cela l’avait beaucoup aidée à faire son deuil, enfin à le commencer.

En âme loyale, notre amie avait été sincèrement, voire intimement, triste pour Wairua quand elle avait appris la mort de sa compagne, miss Woodehope. Tohum avait conservé une sorte d’affection, que le temps avait transformée en tendre protection. Ne serait-ce parce qu’il avait été un homme doux et attentionné à ses côtés. Sahar était l’incarnation d’une époque bénie. Pourtant, une ombre venait tenir tout cela.

Pourquoi Anima s’était-il rapproché de Strega ?


Bonsoir…

La blonde se porta jusqu’à l’homme pour lui faire une brève embrassade. Il n’avait plus grand-chose à voir avec celui qu’elle avait aimé en Afrique du Nord. Elle était étonnée de voir combien le temps avait encore métamorphosé cet homme. Chaque fois qu’ils se revoyaient, il avait changé, alors qu’elle restait la même… enfin, en brune cette fois.

Je suis contente de te voir. J’aurai aimé que ça arrive plus tôt. … je… j’ai voulu te contacter. À sa mort. Mais je n’ai pas osé. Je suis vraiment désolée, je sais ce qu’elle représentait pour toi, Anima.

Sveda était empathique par nature. Elle percevait les ravages invisibles causés par la mort de Johanna. Elle n’avait pas osé se manifester au moment de l’enterrement. Mais peut-être aurait-elle dû. Ses yeux épiaient ses traits à la recherche de signes annonciateurs. En tant que médecin, et immortelle, elle connaissait le prix de leur longévité. C’était aussi pour ça qu’elle avait cherché une solution scientifique, pour eux, tous.

Merci d’avoir accepté de venir. Lui affirma-t-elle avec une certaine douceur.

Assez naturellement entama un mouvement, pour marcher sur la berge. Le soir était encore chaud. L’air marin faisait du bien après la chaude journée qui venait de se passer. Il soulevait parfois le bas de sa robe de lin blanc. Si Tohum ne s’était pas autant contrainte à rester en retrait, sa peau aurait commencé à dorer. Ce n’était pas si loin, de l’endroit où ils avaient vécus, tous les quatre. Malgré les circonstances, ces retrouvailles étaient plutôt plaisantes. Avoir quelqu’un près de soi que l’on connaissait depuis plus d’une vie.

Merci d’avoir aidé Abigaïl, quand je n’ai pas pu le faire. Nikolas n’aurait reculé devant rien. C’est ce qui m’a encouragée à te contacter. J’ai des ennuis, des gros ennuis.

Et là, Sveda raconta, de la même façon qu’elle l’avait d’abord fait avec Dante. Puis, avec Perceval quand ils s’étaient rencontrés, dans le Jardin botanique. Comment elle était parvenue à confectionner un sérum sans l’aide de Pietro Kassianov, deux ans plus tôt. Comment Nikolas l’avait découvert malgré sa prudence et envoyé à sa poursuite, le seul Prodige qui la connaissait suffisamment pour la battre. Comment Natacha avait été enlevée et libérée, non sans avoir livré quelques secrets au passage. Le laboratoire n’avait pas les moyens de se défendre contre la dynastie Wang. Le temps était compté.

… et ce n’est qu’une question de temps avant que Jao tente autre chose. Si le sérum tombe entre leurs mains, tous les Prodiges seront en danger. Mais sans lui, je ne pourrais jamais aider ceux qui en ont besoin. Ava, je ne pourrais jamais aider Ava… je ne peux pas le perdre… J’ai besoin de ton aide. … Je dois écarter Nikolas.

Non. Kent n’avait pas travaillé toutes ces années pour rien. Elle n’était pas prête à renoncer. Jamais.

Tohum
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Mer 29 Juin 2016 - 22:08



« Au-delà des soleils connus
Et des déserts inconnaissables
Qui répandent sous tes pieds nus
Des étoiles pour grains de sable. »
Aragon


Cette rencontre était, au fond, inéluctable. Même sans lire les cartes ou le destin, il était aisé d’en arriver à cette conclusion, depuis que Sveda et moi nous trouvions dans la même arche. Ni pour déduire que nous avions bien des choses à nous dire. Ce n’était pas la raison de ma venue à Edimbourg, encore moins la présence de deux de mes filles que j’évitais le plus possible, mais j’acceptais ce que cette situation impliquait. J’avais donc répondu favorablement à la demande de la rose des sables, tout en sachant pertinemment que nous risquions d’être fort déçus de ces retrouvailles, elle tout comme moi.

Le lieu choisi ne m’étonna guère, et me prouvait –s’il le fallait encore- que celle qui se faisait désormais appeler Diane traversait sans vraiment changer, fondamentalement. Mais, et peut-être également un choix volontaire de sa part, la mer et le sable restaient également une atmosphère que j’affectionnais tout particulièrement, et même encore aujourd’hui. Je m’attardais donc quelques instants pour observer le soleil couchant, et ses milliards de reflets sur les vagues. Un autre jour qui s’achevait, mais un autre prendra sa place demain matin. Encore, et encore. L’illusion de Johanna se tenait à mes côtés, marchant pieds nus jusqu’à l’écume et se tournant de temps à autre vers moi pour m’adresser un sourire.

Malgré tout, mes pensées partirent vers le passé, et les années passés en compagnie de Sveda. Des souvenirs qui ne m’évoquaient que bonheur et tendresse, avec Sahar et Azenzâr. Mais que j’observais désormais comme ce dont il s’agissait : d’une autre vie. Pourtant, avant la mort de ma femme et de ma fille il y a dix ans, je l’avais croisée à nouveau, en Cornouaille. J’esquissais un bref sourire en me remémorant à quel point mon père avait été mécontent de sa présence, finissant par l’ignorer comme il l’avait toujours fait avec moi. Mais c’était encore des souvenirs heureux, malgré la perte que venait de subir Sveda. J’avais encore un cœur à l’époque, et une énergie qui me manquait à présent. La vie m’était devenue bien fade et sans réel but. Le bruit de la marée balaya ces pensées et me ramenèrent au présent.

Pourtant, une fois proche d’elle, je la laissais me serrer brièvement dans mes bras, esquissant presque mécaniquement une embrassade en retour. Plusieurs siècles ne pouvaient après tout pas s’oublier complètement.

"Bonsoir, Sveda."

Je l’observais quelques secondes, et malgré le changement de couleur de ses boucles désormais brunes, elle semblait pareille à elle-même. Lorsqu’elle évoqua Johanna, mon regard convergea un bref instant vers son illusion, qui observait désormais le large. Mon interlocutrice ne pouvait la voir, du moins pour l’instant et jusqu’à preuve du contraire. L’illusion ayant pris l’habitude de se manifester à sa guise, mais toujours devant des personnes bien précises. Comme Delight, ou Aby. Et peut-être la mère de cette dernière.

"Tu aurais pu, mais ça ne fait rien. C’était quelque chose… qui m’incombait de traverser par moi-même." Tu dois savoir ce que c’est. Je secouais doucement la tête, avant de lui répondre, avec un petit sourire doux mais comme toujours empreint de tristesse et de fatigue : "Moi aussi, je suis… content de te revoir. Et je crois que te devais au moins cela."

La revoir était, il est vrai, plus plaisant que je l’avais imaginé, nostalgie d’un bonheur passé oblige. Et du moins, pour le moment. Je la suivis naturellement, lui emboîtant le pas tout en gardant cependant une certaine distance. Celle que je mettais entre le monde et moi depuis mon réveil et mon arrivée sur cette arche. Même avec des connaissances vieilles de plusieurs siècles. Mais, comme pour Delight, ces barrières ne demandaient qu’à être ajustées. En bien, ou en mal.

Je détaillais rapidement sa silhouette familière, mais étrangement pâle. La robe de lin sur le sable m’évoqua à nouveau des souvenirs que je m’efforçai bien vite de repousser pour me concentrer sur ses paroles. Ainsi, j’eus la confirmation que c’était moi, ou plutôt l’illusion de ma femme, qui avait aidé Aby lors de la soirée de la Duchesse. Cette fois-ci, je parvins à ne pas détourner le regard pour regarder Johanna, qui nous suivait à quelques pas de nous, mais dont le sourire me parvenait même sans que je ne le voie.

"Tu n’as pas à me remercier, ce n’était pas vraiment de ma volonté…"

Je ne m’étendis pas sur le sujet, mais j’estimais en effet avoir peu à voir avec ce sauvetage, puisque l’illusion avait agi de son propre chef. Du moins, n’avais-je pas consciemment participé, et qui ne faisait que prouver que mon contrôle perdait petit à petit du terrain vers la folie. Mais c’était une autre histoire.

J’écoutais son récit avec une certaine attention, quoique toujours de façon distante. Néanmoins, en apprenant que Sveda avait réussi à créer le fameux sérum, mon expression se fit légèrement presque ahurie, avant que je ne retrouve rapidement mon sérieux. Je sentais cependant un sentiment commencer à percer sous les cendres de mon cœur, et qui serait difficile à étouffer, je le sentais déjà : l’espoir. Mais pour l’heure, je me concentrais volontairement sur mon interlocutrice, prenant quelques longues secondes pour réfléchir avant de lui répondre sur un ton étonnamment froid :

"Toujours à vouloir aider ton prochain, malgré tout ? N’es-tu pas fatiguée de te mettre en danger pour sauver les autres, sans jamais recevoir en retour ?" Puis, plus posément : "Mais c’est ton choix, je n’ai pas à y redire. Même si tu inquiètes tes enfants, au point qu’ils risquent leur vie pour t’aider. Cependant, je n’ai pas l’intention d’intervenir. Je suis fatigué de ces guerres de pouvoir et de ces camps. Fatigué de combattre pour aider l’humanité, pour ce que ça m’a réussi… Je n’en ai plus l’énergie, ni l’envie, Sveda."

Un soupir m’échappa, et je détournais le regard pour fixer quelques instants le large, pensif. Malgré cette affection qui nous avait reliés, malgré le danger réel que représentait Jao et certainement Cnossos, malgré la pensée que j’eus pour Ava ; je me sentais profondément vide, et donc indifférent.

"Alors, tu l’as trouvé… le moyen de contrôler ce gène…"

Il existait donc bel et bien, et finalement, s’il y avait bien une personne pour le trouver, c’était Sveda. Le sentiment s’insinua une nouvelle fois en moi, même si je préférais ne pas me montrer trop optimiste par peur d’une nouvelle déconvenue. Mais le moyen pour arrêter une bonne fois pour toute mon incessante vie pouvait exister. Je pouvais donc rêver à peut-être enfin le découvrir, et à stopper une existence dont l’immortalité était devenue un poids avec les siècles. Peut-être…
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Lun 4 Juil 2016 - 23:54

L’amour perdu de Tohum s’appelait… quel importance. La peste l’avait emporté alors que Joachim était encore un petit garçon. Une mort brutale mais à laquelle les deux amants s’étaient préparés en combattant l’épidémie. Sveda l’avait recouvert de son linceul blanc. La douleur était-elle comparable à celle de notre Illusionniste ? Je dirais que rien n’est comparable dans un domaine qui ne peut se comptabiliser de façon raisonnée.

Oh… alors, tu as toujours des anges gardiens avec toi… Les démons de la Rose n’étaient pas aussi protecteurs, eux.

Sveda accusa la critique en silence.

Anima n’était pas le premier à la lui faire. Logique. La question était d’ailleurs pleine de bon sens. C’est juste que venant de lui, c’était plus blessant. Elle avait le souvenir d’une âme aussi tendre qu’altruiste à ses côtés. Le voir si sombre lui faisait de la peine. Mais de toute façon ça n’aurait rien changé. Tohum n’y pouvait pas grand-chose. Elle était ainsi faite. Même la mort de son beau Joachim ne l’avait pas totalement découragée. Même cette grossesse avortée ne la faisait pas renoncer. L’effet était même à l’opposé. Il n’y aurait que la mort pour l’arrêter.

« Malgré tout » oui. Je ne fais pas cela pour obtenir quelque-chose… A part peut-être une satisfaction intellectuelle. Une légère moue déforma sa lèvre inférieure à la mention des enfants. « Je sais oui. Strega me connait assez pour savoir comment m’atteindre. Ca ne me fera pas renoncer. Ça non. Je l’ai fui une fois déjà. Mais pas aujourd’hui. C’est de ça dont je suis fatiguée. J’ai envie d’avancer. J’ai envie d’être heureuse à nouveau. Je veux construire… sans ombre derrière mon épaule.

On devine qui inspirait ce vent de renouveau dans le désert de Sveda. Un Italien au passé flou et à l’âme damné peut-être ?

« Je comprends ça. Bien sûr ! Je ne te demande pas une aide active. Non, mais, j’ai vraiment besoin d’informations sur Strega. Tu la côtoie. Tu la connais mieux que beaucoup d’autres. Il faut que je sache quelles sont ses faiblesses. Je ne veux plus qu’elle ait l’ascendant sur moi. Cette époque est révolue, tu comprends ? »

L’océan pour horizon.

Le reflet rubis du crépuscule frappa la pupille de la nomade. Le sable frissonnait sous la plante de pied de la belle. Un sourire naquit sur son visage sans âge à la question de son complice. Avait-elle besoin de dire qu’Enée était aussi pour lui ? Lui dont elle connaissait l’épreuve.

« Oui… enfin ! La formule a encore des effets secondaires. Des défaillances rénales, des allergies, des fatigues… Mais, elle est stable. On commencera les essais sur l’humain cet hiver. Ce n’est plus question que de quelques mois, normalement. Un an tout au plus. Je veux que ça aille vite. J’ai enfin réussi, Anima. Tu te rends compte ! Toutes ces années de recherches ! Tu te souviens, quand on en parlait comme d’un rêve ? »

Une joie, un puissant espoir, animait la Rose. Une rose pleine de foi. De passion ! Elle avait commencé à s’adonner à la science au moment où Constantinople vivait sa propre chute. Il lui avait fallut beaucoup de persuasion pour trouver son premier guide sur la voie de la connaissance. Un vieux religieux a l’esprit vif et ouvert qui avait été séduit par la soif de savoir d’une jeune orpheline. Grâce aux conseils de cet homme avait quitté ses montagnes pour les grandes cités orientales. Ainsi avait débuté son aventure personnelle. Seules ses maternités l’avait arrêtée dans sa quête.

« Tu comprends le danger. Jao assouvirait. Nikolas le détruirait. On ne peut pas laisser une chose pareille arriver ! Jao s’est approché de la maison de Torent... Elle n’est plus sûre. J’ai dis à Natacha de déplacer les archives. Mais je sais que ça ne suffira pas. d’autant que je suis presque sûre qu’elle s’est ralliée au père d’Ava. »

L’énergie de Tohum changea de direction. Elle ramena ses bras croisés sous sa poitrine. Ses adorables sourcils blonds s’inclinèrent.

« Je te demande seulement, de me dire ce que tu sais sur elle. Rien d’autre ! C’est promis, après, tu n’entendras plus parler de moi. Anima, s’il te plait ? »

Alors... Touché ?

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Jeu 28 Juil 2016 - 14:34
Sveda avait elle aussi perdu de nombreux enfants et amants, de mort naturelle ou non. Mais comme le disait Delight, on ne s’y faisait jamais. Inutile cependant de s’étendre sur le sujet, et je n’y tenais guère. Je savais mon interlocutrice sincère dans ses paroles et son réconfort, le reste importait peu. Cependant, lorsqu’elle mentionna mes « anges gardiens », j’inclinai légèrement la tête, pensif.

"Je ne les appellerais pas ainsi, mais si c’est l’idée que tu t’en fais…" Mon regard tomba quelques instants l’illusion de ma femme qui se tenait à quelques mètres de nous et nous observait de son regard bienveillant. Ange gardien, ou fantôme ? Il était vrai que ces illusions m’amenaient autant d’apaisement que de tristesse, car elles restaient des pâles copies de ce que j’avais irrémédiablement perdu. Je reportai mon attention sur Sveda, qui avait elle aussi ses propres démons. "Le passé peut prendre des formes aussi douces que cruelles."

La critique que je lui adressais ensuite n’était sans doute pas la première qu’elle entendait, et ne servirait sans doute pas à grand-chose. Si ce n’était à la blesser encore un peu plus. Pourtant, je voulais être franc avec elle. Aussi, mon léger emportement s’envola rapidement pour retourner à un ton neutre et plat. J’écoutais ensuite sa réponse, et sa détermination m’arracha un léger sourire. Oh non, elle n’avait pas changée… Quoique, si, peut-être. Une nouvelle motivation. Être heureuse à nouveau…

"Je vois que quelque chose te pousse vers l’avant…"

Je ne commentais pas davantage, certain qu’elle saurait saisir le sous-entendu. Elle avait connu de nombreux hommes dans sa vie, c’était, avec ses enfants, l’un de ses nombreux moteurs. Même si certaines histoires ne s’étaient pas bien terminées, même si certains de ses amants ne l’avaient pas méritée. Mais quoi qu’il en soit, cela ne me regardait pas. Cela ne me regardait plus. Nous avions été heureux, il y a longtemps. Du moins, j’espérais qu’elle le ressentait également de cette manière…

Concernant le reste, je m’assombris cependant. Détaillant son visage en silence, je sentis les souvenirs s’entrechoquer à nouveau dans mon esprit à la mention de certaines paroles. Faiblesse, ascendance, révolution. Les images de nombreuses morts et souffrances défilèrent, dont les miennes. L’envie d’hurler, de demander au reste de l’humanité s’ils savaient ce que cela faisait, de mourir une fois, deux fois, mille fois. Puis, le visage rayonnant de Sahar et d’Azenzâr. Le soleil dans les cheveux de celle qui se faisait appeler Marie, à l’époque… L’orage passa et mon regard redevint calme à nouveau.

"Et à quel niveau une aide devient-elle active ? Le simple fait de te parler en est-il une ? Et si je te donnais de telles informations, ne devrais-je pas en faire autant à l’autre partie ?" Je la fixais plus intensément encore. "Tu me surestimes, Sveda. Quoi qu’il puisse se passer entre vous ne me regarde pas, et je ne veux pas y être mêlé. J’ai eu assez d’épreuve dans cette vie et les précédentes pour aspirer à la tranquillité. Je ne suis pas comme toi, je n’ai plus la force de me jeter dans de nouveaux combats, alors que j’ai encore les miens… Ceci dit, tu es libre de faire ce que tu veux, et je comprends en effet le besoin que tu éprouves. Puisses-tu réussir à trouver le bonheur auquel tu aspires."

J’avais le sentiment d’avoir assez donné. Le poids des siècles et des vies pesaient de plus en plus lourd sur mes épaules, et le souvenir des gloires passées ne parvenait plus à effacer les sacrifices auxquels j’avais été confronté pour y parvenir. Autrefois, j’étais différent. Autrefois, j’avais été comme mon interlocutrice. Mais là aussi, ce temps était révolu.

La mention du sérum vint cependant apporter une digression bienvenue, et une illustration de la passion de Sveda. Cette passion pour la recherche qui m’avait autrefois animé et dont il ne restait aujourd’hui que des braises. Mais des braises ravivées par les paroles de la rose. L’espace d’un instant, je me rappelais comment, dans une autre vie, j’avais pu aimer passionnément cette femme. Gagné par son énergie, je souris à mon tour, mais d’un sourire davantage mélancolique et éteint que le sien.

"Je n’ai jamais douté que tu y parviendrais. Tu étais et es la seule qui en soit capable. Félicitations." Sincère, j’inclinai légèrement la tête pour saluer sa réussite, résultat de labeurs qui ont duré plusieurs siècles. Cependant, mon sourire finit par s’effacer et j’ajoutai : "Mais le danger a commencé dès que tu as rêvé de ce remède. Supposons que tu parviennes à écarter Nikolas, Jao et tous tes anciens amants ; crois-tu sincèrement qu’ils ne seront pas remplacés par d’autres, tout aussi dangereux ? Tu as créé un remède, mais aussi une arme dangereuse, Sveda. Il faudra en assumer les conséquences, et es-tu seulement prête à le faire ?"

Mon regard se détourna pour se perdre à nouveau dans l’horizon. Ce sérum ouvrait tant de possibilités, mais également des dangers que je ne parvenais qu’à soupçonner. Il n’y avait cependant aucun reproche dans mon ton, car, à sa place, j’aurais certainement agi de la même manière. Finalement, ses dernières paroles redirigèrent mon attention sur elle. Je me rapprochais, et frôlais doucement sa joue de mes doigts.

"Oh Rose des sables, penses-tu vraiment que je ne puisse plus entendre parler de toi ? Cela me semble être une promesse impossible… Nos routes finiront toujours par se croiser. C’est ma malédiction, ainsi que la tienne."

Deux figures apparurent alors à mes côtés. L’illusion de Sahar et d’Azenzâr vinrent se joindre à celle de Johanna, et les trois observaient Sveda, le sourire aux lèvres. Cette dernière était désormais capable de les voir. Et peut-être de comprendre pourquoi ces « anges gardiens » ne l’étaient pas toujours.
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Mar 16 Aoû 2016 - 10:42

Zac ne se manifestait plus aussi souvent dans les rêves de Sveda. La porte de son subconscient était mieux barricadée ces derniers temps. L’un des éléments notables de ce changement était la rencontre avec Dante. Ce prodige avait un effet positif sur l’esprit de Tohum. Il l’aidait à se canaliser. Comme Anima l’avait fait en son temps. Ce qui expliquait également pourquoi notre amie leur avait fait confiance aussi vite.

Oui, pour moi c’est toujours la même.

Personne, pour ainsi dire, ne savait que Caleb et Tohum se côtoyaient depuis maintenant plusieurs mois. Ils avaient évité de l’ébruiter, autant par pudeur, que par prudence. Après, tout, ils étaient deux immortels, deux nomades par-dessus le marché, et pour le moment leurs options étaient limitées, par la menace que représentait le Cobra. Le danger était réel.

Il te plairait. Sans aucun doute ! En effet !

La position de retrait prise par Anima la déstabilisa. Eh oui. Sveda n’avait pas mesuré la taille du gouffre qui les séparait à ce jour. Un court instant elle redouta de ne pouvoir le franchir et le rejoindre sur sa rive. Une part d’elle, encore grande, refusait obstinément de croire à ce qu’il lui disait. Tohum avait connu une âme courageuse, téméraire, voyons !

Je n’ai rien à voir avec cette femme. Tu veux vraiment nous mettre sur le même plan ? Elle détruit quand j’essaye de construire. Elle amène la mort. Je cherche à préserver la vie. Pourquoi dois-tu la protéger ? Une pointe d’indignation avait percé dans la voix de la blonde. Elle se reprit pour rétorquer. … Et c’est tout ? Tu abandonnes ? Maintenant ? Je ne te reconnais pas ! Ce n’est pas toi qui parles. Tu n’as jamais laissé tomber An’ ! Est-ce qu’elle t’a envoûté ? Tu veux vraiment laisser ce monde aux mains de gens comme Jao ? Encore ? Tu as vu ce que ça donne non ? Les guerres ! Tu assumerais vraiment de ne rien faire en sachant ce qui pourrait se produire ?

Elle vit un espoir dans son sourire. Peut-être entendait-il ? Mais Qui non, Wairua précisa le fond de sa pensée. Sveda retrouva l’écho d’un discours soutenu, par deux personnes, auxquelles elle tenait. Natacha et Carso. La déception donna à sa voix un trait d’agacement.

Je croirais entendre Dant’. Tu penses que je ne sais pas ce que je fais… J’agis par conviction. Parce que je sais, je sens que c’est la chose à faire. Pourquoi vivre éternellement si ce n’est pas pour être utile à quelque chose ? Pour rendre ce monde plus vivable et plus doux ? Tu ne penses pas qu’il en a besoin ? Regarde ce que provoquent les prodiges ! Des manipulations, des conflits, des morts… Joachim est mort d’avoir voulu faire comme tout le monde !! Il est mort An’ ! À quoi serviraient son sacrifice, et tous les nôtres, si on reste assit à regarder le monde se détruire ? La passion faisait tambouriner le cœur de la Rose dans le creux de sa poitrine. Une puissante force s’opposait à la résignation de ce pair. J’ai besoin que tu y croire encore, toi aussi.

Sveda décroisa lentement ses bras en le regardant se rapprocher. Elle posa naturellement une main sur la sienne. Elle se détendit un peu. Un sourire nimbé de tendresse adoucit ses traits tendus. Elle s’apprêtait à répondre à Camille, quand un mouvement périphérique attira son regard. La vision de ces trois illusions la médusa. Elle eut un sourire affectueux pour la pauvre Johanna avant de se concentrer sur ses enfants. Dawn, qui était à quelques kilomètres à peine de cette plage.

Faisait-il une diversion en convoquant leurs enfants devant eux ?

Azenzâr… Souffla-t-elle bouleversé par cette apparition.

Azenzâr était mort de cause naturelle quelque part au Maroc. Cela n’avait pas rendu la peine moins forte pour sa mère. Il lui manquait, au même titre que ses sœurs et frères disparus. Tohum songeait à cet enfant, dès qu’un rayon de soleil se réverbérait dans du verre. À chaque fois qu’elle appelait son descendant pour prendre des nouvelles. Dès qu’elle voyait sa sœur la belle et douce Aurore.

Un désir pressant de le toucher la fit avancer vers ce tendre fantôme. Sa langue retrouvait naturellement le dialecte arabe avec lequel ils avaient parlé. Des larmes silencieuses se mirent à couler sur ses joues. Alors qu’elle souriait, de pouvoir contempler ce reflet du fils perdu à tout jamais. Elle avait savoir qu’il n’était pas réelle « Marie » lui parla.

Si tu voyais ce monde morcelé Azi’. Il te fascinerait. Tu me manques mon fils. Le sourire de Sveda était plein de tristesse. Elle posa un doux regard sur les fermes récrés. Aidez-moi à le convaincre… Tohum planta ses yeux océans dans ceux du vieux Prodige. Bat toi contre cette lassitude… je t’en prie. Ça finira par te tuer. Renoncer c’est mourir. Je t’en prie. Penses aux beautés de ce monde, An’.

Dans un élan d'infinie tendresse, elle lui avait saisit les mains, pour les serrer. Elle forçait la résistance de cette incarnation pour le prendre dans ses bras et partager la chaleur de sa foi en l'humanité. Et là, elle sentit, au fond du fond, la graine de la folie qui sourdait. Un vent de panique souffla en elle.

J'aurais du revenir plus tôt vers toi... S'admonesta-t-elle.

Tohum, non, tu ne peux toujours pas sauver le monde.
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Sam 27 Aoû 2016 - 18:06
Vivre éternellement n’allait pas sans contrepartie. Et ce n’était pas un sort enviable sous tous les rapports. Tant de douleurs accumulées, de chagrins à endurer… Certains diront que l’on s’y fait. Mais ce n’est pas totalement vrai. Il est des choses qui ne sont pas plus faciles à supporter parce qu’elles se répétaient. Mais parfois, on se sentait mieux soutenus, mieux entourés. Et dans ces cas-là, la souffrance était plus gérable, en effet. Sveda avait ses propres démons, moi les miens ; et c’était à nous seuls qu’il importait de les gérer, au final. Il était stupide et inutile de dire lesquels étaient les plus encombrants ou plus difficiles, ils étaient là et c’était tout.

"Je ne rêve plus, ou très peu." répondis-je sur un ton égal. Comme si abandonner encore un peu une part de mon humanité ne me faisait rien. "Ça aide, un peu. Je connais quelqu’un qui pourrait essayer de faire quelque chose pour toi."

C’était après tout la spécialité de Dream, le frère de Delight. Son royaume. Concernant la personne qui parvenait à donner autant d0énergie à Sveda, je me contentais d’acquiescer doucement. Peut-être oui. Peut-être non. Ses anciennes relations n’étaient pas toujours des plus fréquentables, mais je n’avais rien à y redire. Et puis, je n’étais moi-même plus très loquace ou sympathique…

Comme le remarqua finalement Sveda, à lire l’indignation dans son regard. Je la laissais néanmoins exprimer sa déception, sa colère. C’était parfaitement justifié. Mais cela ne changeait pas le fait que je n’étais plus le même homme qu’elle avait connu, ni n’altérait mon point de vue.

"Je ne vous mets pas sur le même plan, et je sais que vous êtes différentes. Mais tout en ce monde a son opposé, et pour que des choses se créent, il en faut d’autres qui soient détruites. C’est un équilibre que je n’ai plus envie d’altérer, d’un côté ou de l’autre." Je posais mon regard sur elle, une lueur légèrement attristée. "Je sais que je te déçois, et j’en suis navré. Je n’ai pas été envoûté, je suis juste fatigué, Sveda. Je n’ai plus la force d’être celui que j’ai été. Regarde où cela m’a mené, de combattre le mal pendant des siècles. Il finit toujours par revenir, c’est un processus naturel contre lequel on ne peut rien. Et finalement, j’y ai plus perdu que gagné… Alors cette fois, je veux juste rester en dehors de tout ça."

Pourquoi, après des millénaires à faire le bien, je ne parvenais pas à voir le bout de cette quête ? N’avais-je pas mérité un peu de calme ? L’univers ne payait pas le combat moral, ou alors, ma femme et mes filles seraient encore de ce monde. Comment continuer à me battre pour une cause que je savais perdue d’avance, et sans que quoi que ce soit me soit donner en retour ? Je n’ai jamais voulu ni richesse, ni pouvoir, ni gloire. J’aurais juste voulu que ma famille reste à mes côtés… Mais l’univers ne fonctionnait pas ainsi. Aucune loi n’allait dans le sens de la justice ou de la droiture, alors autant arrêter les frais. Tout se passerait très bien de moi, j’en étais certain. Même Sveda. Elle arrivera à ses fins, trouvera d’autres personnes pour mieux la soutenir…

Mais alors qu’elle continuait à me parler, un nom m’interpella. Légèrement surpris, je la dévisageais, inclinant légèrement la tête.

"Dante ? Dante Carso ?" Était-ce donc lui la fameuse personne ? Comme quoi, la vie pouvait encore nous surprendre. Mais, dans le cas présent, cela avait peu d’importance pour notre discussion. Je retrouvais donc une expression plus neutre, pour ajouter calmement : "Je sais que tu agis en pleine connaissance de cause, pour défendre tes idées. Et je ne ferai rien pour changer cela. Seulement… Je ne les partage plus, c’est tout. Pourquoi vivons-nous éternellement, d’abord ? Parce que la nature, Dieu, ou peu importe son nom en a décidé ainsi. Les humains vivent et meurent, construisent et détruisent. C’est le cycle de la vie, et nous n’y pouvons rien. Chacun est livre de se donner les raisons qu’il veut pour justifier son existence, pour accepter la mort. Les miennes ont simplement… évoluées."

J’affichais un petit sourire triste, pour m’excuser d’être ce que j’étais devenu. La mort de mes proches, puis dix ans dans la folie avait calciné l’énergie que je pouvais avoir à espérer. Tout ce que je pouvais attendre, maintenant, c’était que mes prochaines vies soient différentes. Que tout cela n’était qu’un passage à vide. Mais j’en doutais de plus en plus…

Pour essayer de faire comprendre ma situation, ce que je vivais ; plusieurs illusions se matérialisèrent autour de nous. J’observais, toujours avec un sourire triste, les retrouvailles de Sveda et de son fils. Notre fils. Je reconnus l’émotion de retrouver un être cher et disparu, et ce, même si l’on savait pertinemment qu’il ne s’agissait que d’une image. Johanna… je continuais à faire comme si cette illusion était elle, pour me rassurer, me rappeler, m’apaiser. Mais au final, cela faisait toujours plus de mal que de bien. Je finissais toujours par me rappeler que j’étais seul, et profondément malheureux. Même ce sourire que les illusions affichaient envers nous, il ne parvenait plus à me soulager comme avant.

"Il me manque aussi, tu sais. Ils me manquent tous…" murmurai-je en les fixant. Je les observais les quatre, alors que Sveda me serrait les mains pour me soutenir et m’encourager à me battre à nouveau. Je les serrai légèrement, à mon tour. "Je voudrais tellement… Mais je ne sais plus comment faire, Sveda. Je ne sais plus comment gérer tous ces souvenirs, ces vies, ces pertes. Je vais mourir, tôt ou tard, c’est inévitable. Et j’ai de plus en plus de mal à ne pas souhaiter que ce soit pour de bon, cette fois…"

Tout en sachant que c’était peu probable. Et ce corps souffrait de plus en plus, abîmé par tout ce que j’avais traversé. La fin pour lui n’était donc sans doute plus très proche. Je la fixais intensément, avant de secouer la tête, un peu plus léger.

"Non, ce n’est pas ta faute. Et tu n’aurais sans doute rien pu y faire. Cela devait arriver, à un moment ou à un autre. Et toi, tu dois aussi vivre ta vie. Continuer à avancer, maintenant que tes recherches portent leurs fruits." Je fis une pause, et l’observais silencieusement. Je ne pouvais peut-être plus l’aider comme avant, mais je pouvais peut-être faire autre chose… Je caressais une nouvelle fois son visage du bout des doigts, avant d’écarter ma main. "Dis-moi si je peux faire quelque chose, pour le sérum. Pour ça, et dans la mesure de mes moyens, je t’aiderai."
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Mar 30 Aoû 2016 - 15:10

Quelqu’un ? Qui ?

La « Famille » était une entité en soi. À son âge, Tohum, en avait entendu parler. Cependant, elle n’avait jamais eu à faire à l’un de ses membres directement. Si elle avait eu connaissance de l’existence de Dream elle aurait cherché à le contacter. À la place, elle traitait avec un vieux rebouteux de Centre Afrik. Celui-là même qui l’aidait à fabriquer le piège à âme. Celui qui servirait contre Strega.

Mais… Mais quoi, Sveda ? Elle-même n’avait pas idée de ce qu’elle pouvait dire à son ancien compagnon.

Il n’y avait rien à dire. Tout le monde finissait par lâcher l’affaire tôt ou tard. J’ai beau admirer la détermination de notre amie, je sais bien que son tour viendra. Sans doute, après tous les autres, mais, il viendrait. Wairua, l’avait bien dit, « c’est dans l’ordre naturel des choses ».

Tu le connais ? Le questionna-t-elle amusée par la "coïncidence".

Caleb, on le sait, était un nomade. Il avait au moins, si ce n’est plus, voyagé sur l’Archipel. Il allait même en bas, c’est pour dire. Mais à quel point se connaissaient-ils ? Sveda aurait été curieuse d’en savoir plus. Elle l’évoquerait sans doute devant l’archéologue. Pour ce soir, le propos était autre. Et puis, il était délicat de parler de ça avec un homme qui était écrasé par le deuil. Ils auraient peut-être une occasion de se revoir, à trois.

Evoluées vers quoi ? Si tu ne veux prendre aucun parti que fais-tu ? An’ ? Tu veux seulement attendre ta prochaine vie ?

La douceur se teintait d’un rien d’inquiétude. Tohum savait où pouvait mener ce type de raisonnement. Elle ne voulait pas que Camille finisse cette vie dans la folie pure. Elle voulait et devait l’aider. Il ne méritait sûrement pas de finir sa vie ainsi. Surtout pas celle-ci, après la mort de Johanna et des filles. Kent était donc d’autant plus déterminée à apporter son aide.

Le danger du mirage.

Il était si doux, si gentil. C’était dur de le voir.

La poitrine de la belle se contracta de douleur. Là était le vrai poids de leur immortalité. Et les mots de Wairua trouvaient une résonance en elle. Elle lui était plus jeune de beaucoup. Pourtant huit siècles avaient déjà créé ces cicatrices sur son âme. Le mieux qu’elle pouvait faire, s’était de ne pas s’attarder, sur ce qui n’était plus. Bien sûr, elle comprenait le mal être d’Anima. Mais, elle ne parvenait pas à envisager sa mort. Il était, la preuve vivante de toute une vie, merveilleuse. Il était l’allié avec qui elle savait qu’elle retrouverait toujours une part de vie.

Sveda fit de son mieux pour apaiser l’angoisse que lui provoquait la perspective de l’avenir de Camille. Il avait beau la rassurer. Elle ne voulait pas se trouver d’excuse. Déjà, la dernière fois, en Cornouailles, elle aurait dû voir les symptômes. Les reconnaître.

Yeux clos, le temps d’une inspiration, la caresse la ramena des siècles en arrière. Elle pouvait presque y être. Quel déchirement avait été leur séparation naturelle. Lui marquer par la vie. Elle aussi jeune et vive qu’au premier jour. Comme, elle avait eu envie de le suivre. Malgré Sahar et Azenzâr. Quelle force l’avait retenue sur Terre ?

Réflexion(s).

J’ai mis la formule en sûreté normalement. Confiée à trois individus distincts. Par n’importe lesquels, trois hommes qui avaient le pouvoir, les moyens, de combattre Strega. [color=#16B84E] Pour avancer, maintenant, il faudrait le tester… [/font] Tohum eut brusquement une pensée. Tu n’aurais plus tes capacités. Probablement des problèmes rénaux. De la fatigue. Et je ne sais pas comment il agirait sur ton don. Il peut diminuer ta vie actuelle. Ou toutes celles qui viendront. Ou peut-être même que ça stopperait son incarnation. Le seul moyen de le savoir… Que Camille devienne le cobaye.

L’épreuve de la foi.

J’ai envisagé le faire sur moi. Mais… mon code génétique est altéré. Il a muté. J’ai peur que la combinaison des deux me tue avant que j’ai pu finir ce que j’ai commencé. Et puis… et puis maintenant, il y a Dante. La tendresse nimba les yeux clairs un cours instant.

Au creux de sa gorge, Tohum dissimulait un médaillon ancien. Elle pencha la nuque pour ôter le bijou. Elle attrapa la main d’Anima et glissa l’objet dans le creux de sa paume.

Tiens.

L’échantillon était arrivé, trois jours auparavant, de l’arche soviétique. L’unique exemplaire que le laboratoire de Kent avait conservé, de l’expérience « Enée » avant son arrêt complet. À présent, tout avait été détruit. L’équipe qui travaillait sur ça avait été dissoute. Une partie avait probablement rejoint Arkadia. Il ne restait plus rien, que ce flacon et les trois feuilles manuscrites, que Catherine avait fait parvenir à ses alliés.

Ca pourrait t’aider avec les illusions. Je peux peut-être faire quelque chose pour ta mémoire aussi. Sveda posa trois doigts sur chaque tempe de Camille. Mais, l’effet sera temporaire.

Tohum était plus connue pour ses tempêtes de sable. Peu de monde le savait, mais elle disposait d’un autre talent. Comme Morphée, elle pouvait guider tout à chacun vers le sommeil. À force de pratique et d’entraînements, et grâce à une parfaite connaissance de l’anatomie humaine, elle pouvait cibler de très petites parties du corps. Comme une zone du cerveau. La mémoire, par exemple.
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Dim 18 Sep 2016 - 19:09
Silencieux durant quelques instants, je réfléchissais à la réponse à donner à Sveda concernant Dream et la Famille. Cette dernière n’était certes pas connue de tout le monde, et on le comprenait. Néanmoins, mon interlocutrice était quelqu’un de confiance et je ne mis pas longtemps avant de me décider. Sortant un calepin de ma poche, j’y notais le nom et l’adresse du diner de Delight, ainsi qu’un unique nom.

"Si tu as le temps, rend-toi là-bas et demande Angie. Si tu dis que tu viens de ma part, et que tu lui parles de tes problèmes, elle pourra peut-être faire quelque chose pour toi."

Après tout, la décision ne me revenait pas, et autant les mettre directement en contact. Avec le temps, le rôle de médiateur ou d’interlocuteur m’intéressait de moins en moins, et de toute manière, je me coupais peu à peu de ce qui ne me regardait pas directement. Etrangement, les choses devenaient plus simples. Ou presque.

Était-ce aussi difficile à comprendre ? Je n’étais sans doute pas le premier immortel à se lasser de son existence et d’essayer de faire quelque chose pour le monde, dans un sens ou dans l’autre. Non, c’était presque quelque chose de logique, finalement… Peut-être moins quand on observait Sveda. Elle qui se battait toujours avec énergie pour ses idéaux, pour un monde plus juste. Certains la trouvaient faible par sa gentillesse et sa douceur, mais ils se trompaient lourdement. Elle était toujours là, et se décomposait de minute en minute en m’entendant. Je la comprenais, pour avoir tenu son rôle plusieurs fois. Mais maintenant, c’était à moi de lâcher prise, et j’espérais qu’elle me pardonnerait pour cette faiblesse. Et qu’elle pourrait continuer à être aussi forte autant qu’elle le souhaitait.

Il n’y avait rien à dire, aussi me contentai-je d’un autre petit sourire triste.

Concernant Carso, la surprise fut de mise. Quoique, au final, je ne m’étonnais pas de ce rapprochement. Ils se correspondaient assez bien, et c’était même rassurant de les savoir ensemble. Ils se protégeront et se soutiendront, mieux que je ne pourrais jamais le faire dans mon état actuel.

"Disons que nous avons eu plusieurs fois l’occasion de nous parler, et de partager quelques intérêts." Je haussais légèrement les épaules, remis de ce hasard. Si on pouvait encore parler de hasard en ce bas-monde. "C’est un homme intelligent, courageux et fiable."

Bien sûr, je ne donnais pas ma bénédiction, ou quoi que ce soit de ce genre. Je donnais simplement mon avis sur l’individu, même si je ne pouvais nier qu’il me plaisait davantage que certaines des anciennes conquêtes de la rose. Mais c’était une remarque que je gardais pour moi.

Et la question… Qu’est-ce que je faisais, finalement ? Qu’est-ce que je faisais de cette existence, maintenant que je m’étais décidé à ne pas intervenir dans les conflits qui se préparaient. Si seulement j’avais une réponse claire, et le doute dut se sentir dans mon silence.

"Je ne sais pas." confiais-je finalement dans un soupir. "Peut-être bien que j’attends effectivement que cette vie se termine. Après tout, ce n’en est qu’une parmi tant d’autres et la prochaine sera peut-être plus clémente."

L’aveu se teinta d’un autre sourire triste et navré. N’était-ce pas une insulte envers l’humanité, la vie elle-même ? Chaque existence est précieuse, un hasard miraculeux et une infinité de possibilité. Je l’ai toujours pensé, même aujourd’hui. Mais je n’ai jamais demandé à vivre éternellement, à ressasser les mêmes tourments. Je n’étais pas vraiment humain, ni logique, au fond. Aussi, on pouvait bien me pardonner, juste une fois, de me laisser aller…

Je me tins à ses côtés face au souvenir de notre fils disparu, partageant avec elle la douleur du passé. Elle avait vu bien des choses, mais elle était également si jeune… Pourtant, les souffrances sont les mêmes, que l’on vive longtemps ou pas. Et on n’apprend pas forcément mieux à les gérer avec l’âge. Mais mes douleurs et problèmes m’appartenaient, et Sveda n’avait pas à les porter pour moi. Même si je sentais bien que c’était ce qu’elle voulait faire. Même après tout ce temps, je continuais à bien la connaitre. Et je ne pouvais pas la laisser faire, malgré tout.

Après un bref mais doux contact, je lui proposais mon aide pour le sérum. Sur ce point au moins je pourrais peut-être lui être utile. Sa réflexion dura quelques instants, avant qu’elle n’énonce ses pensées à voix haute. Et je mis toute ma concentration à la suivre, mon regard s’illuminant légèrement sans que je ne dise pourtant quoi que ce soit pour l’interrompre. Je tendis finalement la main pour attraper avec délicatesse le pendentif, observant l’objet quelques instants. Difficile de croire que la clé de mes problèmes pouvait se trouver dans un si petit objet. Et pourtant, il portait déjà un peu d’espoir, ce qui était mieux que rien du tout.

"Je n’ai vraiment plus grand chose à perdre, non ? Et peut-être que pour me sortir de mon marasme, j’ai besoin d’une réaction, peu importe laquelle." Je fixais quelques secondes ma femme et nos enfants, puis mis à mon tour le pendentif autour du cou. J’adressais un léger sourire à Sveda, avant de retrouver une expression plus concernée. "Ton code génétique a muté ? Comment ?"

Je la laissais ensuite poser ses doigts sur mes tempes, sentant peu à peu mon corps se détendre et s’alléger sous ses dons. Les illusions disparurent alors, s’évanouissant dans le soleil couchant. Je poussais un léger soupir de soulagement, même si je restais conscient des limites de ce répit que Sveda m’offrait. Mon regard sur elle se fit alors plus doux, pour la première fois.

"Merci. Pour tout. Je vais tout faire pour me montrer à la hauteur de ce que tu m’as confié. Considère-moi comme ton cobaye, pour l’heure, et j’attends tes prochaines instructions." Petite touche d’humour. Je la quittais des yeux pour fixer l’océan. Cela me rappelait tant de choses… La Cornouaille, mais plus loin. Quand le monde était encore au sol. "Je te l’ai déjà dit, mais certainement pas assez. J’ai été heureux à tes côtés. Autant que l’on puisse l’être. Et j’espère que c’était ton cas également, et que tu continueras à l’être avec Carso. Toi plus que quiconque le mérite."
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Mar 20 Sep 2016 - 23:49

Et pour une fois, Tohum se laissait aider par autrui. Enfin ! On disait que les cordonniers sont les plus mal chaussés. Les médecins sont souvent les plus mal suivis. Il y a toujours, plus urgent, mieux à faire, une raison de repousser quelconque. Kent en était un exemple et un beau. De quoi faire grincer des dents c’est moi qui vous le dis .

D’accord, oui merci.

Il était évident que la vie privée de Sveda ne regardait personne d’autre que Sveda. Mais, une part d’elle, celle qui avait aimé, Anima était inexplicablement soulagée par sa réaction. Elle respectait cette âme et avait toujours eu foi en ces jugements. D’où le fait que son rapprochement de Cnossos l’interrogeait. Après tout si quelqu’un comme lui faisait confiance à ce Cobra, Sveda y voyait la possibilité d’une rédemption. Ah, chère Rose, tu ne changerais donc jamais.

Immuable comme ce sable avec lequel tu joues ?

La mélancolie du magicien atteignait pourtant notre nomade. Elle l’observait de biais. La voix coupée par la tristesse qu’elle ressentait chez lui. L’empathie était plus difficile à gérer avec des personnes proches. Son esprit protecteur s’insurgeait en silence. La tempête interne reprenait de la puissance à l’image de celle qui ne tarderait pas à toucher la ville. Cette fois elle était focalisée autour du sauvetage de Wairua.

Me laisseras-tu au moins m’opposer à ta morosité ?

Ce n’était pas vraiment une question puisqu’elle le ferait quoiqu’il réponde. A sa façon bien sur et sans l’étouffé. Du moins, espérons-le. Cela dit je ne crois pas que cet homme se laisserait envahir même par une ancienne compagne de vie. Comme il l’avait si bien dit, cette vie était loin derrière eux. Ils n’avaient plus aucun droit sur leur existence actuelle. Sinon celui de proposer leurs conseils mutuels.

Peut-être oui... Kent retenue un soupir inquiet. Il faut t’injecter le produit en trois fois. Avec un minimum de 8 heures entre chaque injection. Ce serait bien que tu tiennes un journal de bord pendant l’expérience. Pour consigner tes sensations, tes réactions. Et aussi que tu prennes ta tension régulièrement, ta température… Ça m’aidera à collecter plus de données. Je devrais peut-être être là pour faire tout ça… ça ira ?

Lionne que voilà.

Compliqué de laisser ses outils dans les mains d’un amateur. Non, je ne sous-estime pas l’intelligence de ce prodige. Non ce n’est pas ça. Mais, à force de voir Tohum travailler avec ses éprouvettes, on apprend à se méfier de la « simplicité apparente ». Mais de toute façon, tout est encore plus compliqué avec des experts. C’est comme cette histoire de gène. On peut comprendre vaguement l’idée. Pourtant, ce que Sveda devait expliquer était aussi alambiqué qu’une théorie de la physique quantique.

Il dégénère. Je n’ai pas encore trouvé l’explication. Mais, je crois que ça a un rapport avec « Armageddon ». Depuis que je ne suis plus sur la Terre ferme quelque chose a changé. Je suis moins forte. J’ignore encore l’importance du problème. J’ai peur que ce soit lié au champ magnétique qui nous maintient.

Tohum sourirait légèrement. Elle relâchait lentement ses mains autour du visage ami. Ses bras retombaient le long de son corps. Elle aurait bien un millier de choses à recommander à ce vieux voyageur. Il n’y avait cependant qu’une seule chose qui lui importait. Allez, je suis sûr que vous pouvez la trouver sans moi.

Restes en vie. Ce sera déjà très bien.

Une vive émotion s’empara de nouveau de la nomade. Marie, la belle, la douce, était plus à fleur de peau qu’on ne pourrait l’imaginer. Ses yeux se mirent à briller devant le ciel aux derniers éclats vermillon. Elle lança un discret regard vers le profil de Camille. Il avait un air de famille avec l’homme avec lequel elle avait partagé une vie. Pudique, elle pressa son bras pour lui signifier son affection. Renouveler la preuve, le témoignage d’un lien atemporel.

Ces liens invisibles qui surpassent les lois de la matière.

J’ai été immensément heureuse oui. La blonde alla essuyer le coin de ses paupières du dos de la main. Elle inspira lentement l’air marin. Merci. Vraiment. C’est un homme bon. Et il l’est avec moi. Je suis confiante. Je te souhaite la même chose An’. Un bel amour.

Disant cela Tohum retournait au contact avec cette intelligence du corps particulière. C’est qu’il l’avait ému le bougre avec ses déclarations. C’était agréable de s’entendre dire qu’on avait participé au bonheur d’un autre. Un cadeau reçu pour une âme comme la sienne. Elle espérait pouvoir recommencer avec l’archéologue. S’il n’y avait pas trop de mauvaises surprises sur leur route, ils y arriveraient.

Je suis désolée, je ne peux pas m’attarder en ville trop longtemps. Mais, tu as mon numéro. Alors, appelle-moi dès que tu auras commencé la procédure. N’hésite pas surtout. Et ne fais rien d’inconsidéré. Autant pour toi, que pour la science, c’est important. Un doux baiser sur la joue renforça le message de la rose. Elle demeura quelques secondes ainsi. Le temps d’appréhender ce qui les attendait, chacun de leur côté. A bientôt…

Enfin, Diane s’écarta sans hâte et lui adressa un dernier sourire. Une délicate rose des sables se cristallisa et l’évita jusqu’à l’une des mains d’Anima. Pendant ce temps-là Sveda quittait la plage écossaise, sans les réponses qu’elle était venue chercher, mais avec un nouvel espoir.
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Mer 26 Oct 2016 - 15:06
Peut-être que La Famille saurait venir en aide à Sveda, et j’imaginais bien qu’ils auraient moyen de s’entendre. Si déjà la rose acceptait de se concentrer un peu sur elle plutôt que sur les autres, c’était toujours un bon début. Enfin, en ce qui concernait cet aspect, je pouvais toujours parler. C’était une autre ressemblance qui me laissait pensif durant quelques secondes. Mais savoir qu’elle et Carso s’était rapprochés me permis de revenir à des considérations plus immédiates. Une fois la surprise passée, je me contentais d’énoncer que je connaissais l’archéologue, et qu’il s’agissait d’une personne que j’estimais. Pour le reste… Je n’avais rien à dire. Sinon que je leur souhaitais d’être heureux, dans la mesure du possible. Comme Sveda et moi l’avions été, sans doute.

Voir la belle s’agiter devant mon état me ranima un peu, et je tâchais de retrouver un léger sourire. Voilà qui ressemblait bien à la femme que j’avais toujours connue.

"Bien sûr. Même si je sais que tu n’as pas besoin de mon approbation, pas vrai ?" Puis, plus sérieux. "Mais je te demande juste de ne pas me faire passer avant tes propres ennuis. Je sais encore me débrouiller quand il faut."

Et je ne doutais pas que mon interlocutrice avait plus urgent à régler, surtout en ce moment. Est-ce qu’elle parviendrait seulement à se ménager un peu, de temps à autre ? Mais je supposais que c’était à présent à Carso de s’en assurer.

Après avoir accepté le sérum, je l’examinai quelques instants et posai quelques questions à sa conceptrice. C’était un pari risqué, mais à mon stade, tout était bon à prendre. Je reportai ensuite mon attention sur Sveda, et acquiesçai doucement à toutes ses recommandations.

"Je ferai tout cela, tu peux compter sur moi. Je n’en suis pas à ma première expérience, tu t’en souviens ? Je serai méticuleux et je prendrai grand soin de ton sérum. Je te le promets. Je compte après tout beaucoup sur ses résultats également…"

Je tentai un sourire rassurant, comprenant bien la difficulté qu’avait la scientifique acharnée à laisser sa découverte aux mains d’un autre. Aussi intime que nous ayons été. Mais lorsque je promettais quelque chose, je m’y tenais. Et si je ne connaissais pas ce sérum aussi bien qu’elle, au moins savais-je appliquer les protocoles scientifiques à la lettre pour que l’expérience se déroule au mieux. Tester une solution sur moi n’était également pas une première, mais sans doute pas à un niveau aussi important… Enfin, j’étais prêt à avancer avec cette inconnue.

Apprendre que le code génétique de Tohum avait muté me laissa méditatif durant quelques instants, alors que ses paroles faisaient écho à certaines recherches que j’avais pu effectuer suite à Armageddon. Rien de très semblable, mais la tempête avait eu davantage d’impact que nous l’avions cru à l’époque. Et sa théorie du champ magnétique me semblait plausible.

"Ce n’est pas un phénomène isolé, je crois. J’essaie d’étudier les conséquences d’Armageddon à plusieurs niveaux, et il est possible que cela touche certains prodiges... Enfin, je n’ai rien de probant pour l’instant, mais je te tiendrai au courant."

Quoi qu’il puisse m’arriver, j’avais encore énormément de travail qui m’attendait, semblerait-il. Mes pensées furent interrompues par les mains de la rose qui se posèrent autour de mon visage. Je la fixais intensément, laissant mes lèvres s’étirer en un nouveau petit sourire.

"Je crois que ça reste dans mes cordes." Il se passa un de ces moments hors du temps, hors de l’espace hors de tout. Un instant d’infini. Je déposai un rapide baiser sur son front, sentant une légère chaleur me réchauffer quelques instants le cœur à ses paroles. "Tant mieux. Et j’ai connu un bel amour dans cette vie. J’en serai toujours reconnaissant."

Pour la première fois sans doute, je disais ces paroles sans aucune tristesse. J’avais été heureux, et c’était effectivement un très beau cadeau que la vie m’avait faite, peu importe ce qui s’était passé ensuite. L’une des beautés de l’existence, malgré tout.

Revenant à des considérations plus pratiques et moins personnelles, je la laissais amorcer son départ, ainsi qu’un baiser sur ma joue.

"Je te contacterai. Et ai-je jamais fait quelque chose d’inconsidéré dans mes vies ?" J’esquissai l’ombre d’un sourire. "Fais attention à toi, à bientôt."

Alors que je l’observais partir, une rose de sable apparut et je la pris délicatement dans ma main. Elle me rappela bien des souvenirs, et je me laissais, pour quelques instants, bercer par des événements passés, alors que le soleil continuait sa descente par-delà l’océan. Finalement, cela ne s’était pas si mal passé. Cela me redonnait un certain espoir, mais était-ce si étonnant, de la part de Sveda ?

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