Port-Amsterdam… Ça fait combien de temps qu’on n’y avait pas remis les pieds ? Ohhh facile 7 ans. En même temps la dernière fois qu’on y avait foutu les guiboles, on avait été mis au fer et jetés à fond de cale pour y pourrir. Et c’est là que Percy était venu nous chercher. Enfin ME chercher… Mais hors de question que je sois libre et ma famille au trou à crever la gueule ouverte, encore moins importants que les rats qui pullulent dans les bas-fonds du port d’Amsterdam. C’est aussi l’époque où on est passé du Pirate au Corsaire propre sur lui. Bon c’est vrai que pour l’équipage, la Flibuste c’est bien mieux. On a beaucoup moins de soucis avec les gouvernements depuis qu’on bat pavillon Arkadian. C’est un peu comme un sésame, un passe partout. Et puis… Le salaire est régulier et les petits accotés ne sont pas piqués des vers.
Ce qui avait de bien avec Arkadia c’est le côté non gouvernemental de l’entreprise. Ça nous laissait pas mal de latitude à mon équipage et moi-même pour pirater en paix. Après tout, on nous avait embauchés pour ça. Et après 300 ans, on ne se refait pas. Pirate un jour, pirate toujours. Mais c’est mieux quand on ne crève pas la faim sur le pont. On s’est rangés à moitié. Bon ça n’avait pas que des avantages hein. Mon rôle de Directeur de la Sky Division me prenait du temps avec la flotte d’exploration. Mais je tenais à aller sur le terrain. J’avais besoin de liberté, de voguer au gré du vent, de voir du pays comme on dit.
Avant on parlait de l’appel du large. De la mer qui était une amante exigeante et jalouse. Les étendues de ciel sont aussi attractives que l’Océan. On y éprouve la même sensation de liberté, les mêmes dangers. La brise matinale a remplacé l’embrun marin et les nuages, l’écume. D’ailleurs c’est une drôle de sensation un nuage. A la fois aérien et cotonneux. A la fois humide et sec par endroit. C’est d’une beauté sans pareil quand ils sont traversés par les éclairs et que dire des tempêtes, quand le vent vous fouette le visage en guise de punition pour avoir osé défier une force de la nature.
Mais je m’égare. Revenons à notre affaire. Port-Amsterdam… Les bas-fonds, la crasse, l’odeur de sueur et celle entêtante de cigarette froide associée au parfum bon marché des belles de nuit. Il n’y a pas grand-chose à sauver de ces bas-fonds, à part, peut-être, le bouiboui du coin qui sert le meilleur guildive des pays alentours. Trois jours qu’on était là. Trois jours qu’on quittait le navire qu’à la nuit tombée. On se faisait discret même si le Walrus n’est pas le genre de bâtiment qui passe inaperçu. Il est presque minuit quand on est prêt à lever la brigantine. Et c’est là que, sous couvert de la nuit, deux silhouettes encapuchonnées ont arpenté ma passerelle. Un passage pour deux personnes et du cache vers Edimbourg… Ma foi… On y allait alors si ça pouvait payer la prochaine tournée en escale… « Il parait ouais… Ça peut se faire. Par contre, embarquez on va voir ça dans ma cabine… Les quais sont curieux de nature... » Je leur ouvre la voie. Ce n’est pas des choses dont on discute en plein air.
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