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[CLOS] Les damnés font les plus grands artistes. [ Mon cher Sébastian ]

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Mer 26 Oct 2016 - 15:54
Les damnés font les plus grands artistes.

Feat. McGrenouille


L’île écossaise renaissait de ses cendres comme le Phoenix des légendes. Les catastrophes qui avaient marqué le grand Archipel ne devaient pas stopper la formidable l’Exposition universelle. Le trafic aérien reprenait peu à peu son essor. L’automne s’annonçait doux et festif malgré tout. Une annulation aurait provoqué la chute de nombreux investisseurs. Les autorités avaient donc tout fait pour remotiver la population. Les parures de deuils étaient remplacées par des drapeaux étincelants. Une joie modérée s’emparait de nouveau des quartiers.

Édimbourg n’était pas la seule entité à retrouver un semblant d’énergie. Loin de la cité, dans la villa nommée Sofia, une Duchesse quittait enfin sa retraite. Cela faisait deux semaines qu’étaient survenus les événements des épousailles de Nikiya. Un temps durant lequel Nikolas Lampeduza ne s’était pas montrée une seule fois en public. Bien que le désastre avait été gardé au secret, il avait eu énormément de conséquences. Parmi elles, l’épuisement total de l’immortel. La défaite cuisante de Jao Wang ainsi que son trépas, plaçait Strega dans une position délicate.

Tandis que dans l’ombre se préparait sa vengeance, elle affectait à reprendre une vie normale. La dame quitta donc enfin sa retraite. Elle était comme toujours escortée par son précieux homme de main dit Le Français. Maurice Peletier tenait d’ailleurs en laisse l’un des molosses de sa patronne dont elle ne se séparait guère plus. L’animal était plus haut en taille que la chienne favorite de Nikolas dont personne ne devait plus parler. Ils se rendirent en ville en voiture.

Madame avait un rendez-vous au Tàiyáng en fin de matinée. Entre toutes les activités mondaines qu’elle appréciait, le mécénat était de loin la première de toute. Une petite enquête dans le milieu artistique lui avait révélé l’existence de quelques pépites. Ainsi rencontrait-elle tour à tour chacun des artistes avant de faire son choix. Elle occupa le temps de route par une minutieuse étude du dossier. Elle en apprit ainsi beaucoup sur le musicien qu’elle était sur le point de rencontrer.

Le repère des Wang connaissait une période de grand calme. Kim Wang avait délaissé la gestion du club à l’un de ses employés pour une durée indéterminée. La belle-mère de ce dernier avait également disparu de la vie publique. Nikolas avait dû resserrer les forces autour d’elle et elle ne prenait plus aucun risque. Aussi exigea-t-elle qu’un des salons particuliers soit à sa disposition.

Le chien à ses pieds, la vieille dame dégusta une tasse de thé en attendant l’heure. Vêtue d’un tailleur noir la lady irradiait d’une beauté froide et austère. La maladie avait davantage tiré ses traits la rendant fantomatique. C’était sans compter sur la puissance d’un regard acéré dans lequel luisait une détermination sans faille. Au moment où on lui indiqua la prochaine arrivée de M. McGregor Strega effaça la froideur de ses traits en un clin d’œil.

Installez-vous monsieur. Bienvenue.

D’un signe de main, Nikolas fit approcher le serveur particulier. Il proposa alors d’une voix atone un assortiment de boissons chaudes. Pendant ce temps la Sorcière observa l’attitude de son interlocuteur. Cet homme encore jeune avait connu quelques difficultés dont on pouvait discerner les stigmates.

Je suis ravie de vous rencontrer. Mon époux et moi-même aimons la musique. Nous avions particulièrement apprécié ce concert que vous aviez donné il y a quelques années à Tokyo. La femme se tut le temps de se remémorer la soirée. J’ai ouï dire que vous voulez vous être un chef d’orchestre, c’est bien cela ?
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Dim 30 Oct 2016 - 11:02

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« Si les mots qu’il fallait existaient, nous n’aurions pas besoin de musique. »
David Mitchell

Je marquais un temps d’arrêt devant l’établissement, doutant un moment que mon rendez-vous puisse se trouver ici. Je ne connaissais pas vraiment le Tàiyáng, et à double raison. D’une, ce n’était pas vraiment mon style de musique, où le genre de lieux où je me produisais habituellement. De deux, je ne sortais jamais. Rien que d’imaginer tout le monde qui pouvait s’entasser dans un endroit pareil, j’en avais des frissons dans le dos. Une fois avec mon frère, on avait malencontreusement atterri dans une boîte gay sans le faire exprès, et dans l’impossibilité de sortir. Un repli stratégique dans les toilettes avait parachevé cette expérience que je ne souhaitais pas refaire de sitôt, et lui aussi sans doute. Bref. Je me demandais si c’était bien là l’endroit où Nikolas Lampeduza m’avait donné rendez-vous.

Mais je me rendis rapidement compte que le seul moyen de vérifier, c’était de rentrer. J’espérais simplement qu’avec mon élégant costume sorti pour l’occasion, je ne ferai pas trop tâche. Adrien, mon manager, m’avait même conseillé de porter des lunettes de vue, bien que je n’en aie aucune utilité. Cela faisait plus intelligent, disait-il. Ca me donnait surtout envie de les remettre en place sans cesse, et je doute que cela faisait très sérieux, mais bon… En termes de relations sociales et commerciales, je devais reconnaître qu’il s’y connaissait mieux que moi. Heureusement pour moi, on me guida rapidement vers mon rendez-vous du jour dans un des salons particuliers.

Je connaissais le nom des Lampeduza de réputation, car dans le milieu, on savait que c’était des mécènes importants. Je n’avais jamais eu l’occasion de croiser la dame, cela dit, mais Adrien m’avait assuré que c’était un grand honneur qu’elle me convie pour discuter de mon cas. Bon, il m’avait aussi dit de me tenir droit et d’être particulièrement poli, ce que je tentais de faire en me tenant plus droit que droit, donnant à ma marche un côté un peu saccadé et militaire. Il m’avait aussi dit de ne pas montrer ma peur, et je devais admettre n’avoir pas compris, jusqu’à ce que je me retrouve face à ma peut-être future mécène.

Bien qu’âgée, elle n’en demeurait pas moins impressionnante de par sa stature et son regard perçant. Même si elle adoucit ses traits en un clin d’œil, je contins un nouveau frisson dans le dos, me disant que cette bonne femme faisait vraiment peur, sans le faire exprès. Mais bon, nous n’étions pas là pour discuter de nos impressions physiques, non ? Auquel cas, je ne devais sans doute pas paraître très impressionnant, avec mon allure rachitique et mon expression perpétuellement mélancolique. Et puis, si elle m’avait fait venir, c’était qu’elle s’intéressait à ma musique, non pour me dévorer. Enfin, cela restait encore à prouver.

"Merci, Madame." répondis-je en m’installant, non sans mal alors que je continuais à essayer de me tenir droit à tous prix. Je commandais un thé, avant de reporter mon attention sur mon interlocutrice. A la mention de Tôkyô, je me détendis un peu, rassuré de tomber dans un sujet de discussion dans lequel je pouvais m’y retrouver.

"Les concertos pour piano n°1 et 2 de Brahms, si je me souviens bien ? Ravi que cela vous ait plu, en tous cas." Je remis en place mes lunettes inutiles, une nouvelle fois. "C’est exact. J’ai la formation, mais c’est surtout l’expérience qui fait le métier. Et pour le moment, c’est cela qui me manque, ainsi que les opportunités la réaliser."

J’avais quelques fois eu l’occasion de diriger quelques petits orchestres, surtout dans des écoles de musique. Mais il était difficile d’entrer dans le milieu, surtout quand on était connu comme compositeur et comme pianiste majoritairement. Je ne désespérais cependant pas. Me rappelant que je devais essayer de plaider ma cause, je me permis de rajouter :

"Mais je suis déterminé à faire le nécessaire pour y arriver. J’apprécie la composition et le piano, mais, depuis toujours, c’est la direction qui m’intéresse." Je fixais la dame, me disant qu’il fallait peut-être ajouter quelque chose pour elle, mais quoi ? Je pris quelques intenses secondes de réflexion. "Merci de votre… intérêt. Votre nom est très réputé dans le domaine. En tant que bienfaiteur."

Je me rappelais également que Vito Lampeduza était connu dans le milieu de la peinture, mais étant totalement ignorant de ce domaine ou presque, je préférais m’abstenir de le mentionner. Trop parler me rendait assez louche et étrange, plus que je ne l’étais d’ordinaire.
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Lun 31 Oct 2016 - 15:14
Les damnés font les plus grands artistes.

Feat. McGrenouille


Le serveur déposa une tasse de thé fumant devant l'homme. Il se retira ensuite laissant les clients en paix. Au plafond, le petit clignotement rouge de la caméra de surveillance s'arrêta. Madame Lampeduza n'aimait pas que ses conversations soient écoutées par des oreilles indiscrètes. Elle tenait à ce que ses entretiens soient privés. D'ailleurs, il en allait ainsi pour tout ce qui touchait au domaine artistique. Personne ne savait comment la dame fonctionnait exactement.

Brahms. Oui. C'est cela.

Le silence permit à la dame d'évaluer l'état de nervosité de son interlocuteur. Pour savoir si ce jeune homme pouvait faire un bon chef d'orchestre, elle devait savoir s'il pouvait résister aux pressions. Son regard s'attarda sur les épaules de Sébastien. Quelque chose dans son sourire trahit un amusement. Néanmoins elle n'en fit aucun commentaire. A la place, elle reposa délicatement la cuillère sur la soucoupe.

Pourquoi est-ce la direction qui vous attire ? Demanda-t-elle en plongeant son regard dans le sien.

Strega agissait en business woman. Cela faisait depuis le début des années 70 qu'elle influençait le monde des l'Arts. Les grands investisseurs actuels étaient les apprentis qu'elle avait aidé naguère. Le marché de la peinture n'avait aucun secret pour elle. Il en était différemment pour celui de la musique. Elle s'y frottait moins. Il fallait qu'elle ait une idée précise en tête pour se lancer. Bien qu'elle connaisse déjà la majorité des réponses aux questions, qu'elle était venue poser, Strega se montrait d'une grande politesse.

Avez-vous déjà composé sur commande M. Mac Gregor ?

Un jappement rappela alors la présence du canidé. Museau levé il flairait l'air à la recherche de ce qui venait de perturber son odorat. Il se releva sur ses pattes arrières. Ce comportement étrange attira l'attention de la maîtresse. La Duchesse porta attention au chien qui fixait vraisemblablement le mur d'en face. Nikolas jeta un coup d’œil vers le mur nu sans paraître perturbée. Elle écarta le détail d'un mouvement de bassin sur son siège. Son regard vif s'accapara celui du jeune créateur.

Je pense à un « Requiem ».

A la façon de parler de cette affaire la dame faisait implicitement appel à un fait qui concernait uniquement ce candidat-là. Chacun des musicien se voyait attribué un défi personnel unique. Il était en accord avec l'histoire et le style de chacun. Nikolas tenait à ce que ces artistes en herbe donnent le meilleur d'eux-même. Elle voulait qu'ils dévoilent leur âme à travers leur musique. Elle repensait ainsi souvent à ce violoniste qui s'était produit devant eux lors de sa première rencontre avec Wairua à Édimbourg. Peletier n'avait jamais réussi à remettre la main sur ce prodigieux musicien. Il s'était volatilisé.
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Mar 15 Nov 2016 - 18:08
J’attrapais presque immédiatement la tasse de thé, pour occuper mes mains et pour me rassurer en tenant un objet tangible. Et pour arrêter de tripoter mes fausses lunettes. C’était un peu ridicule, de se montrer ainsi si impressionné. Et pour dire vrai, j’en étais le premier étonné, étant donné que cela m’arrivait vraiment peu souvent. Peu de choses arrivaient à me sortir de mon indifférence, et ma misanthropie plus ou moins prononcée m’évitait généralement que je me sente inférieur à quelqu’un. Différent, peut-être, mais jamais aussi… désarmé. D’un autre côté, la dame n’était pas n’importe qui, et même si je n’étais pas particulièrement doué pour comprendre les gens, je parvenais bien à sentir qu’il y avait chez elle quelque chose d’imposant. Et d’effrayant, d’une certaine manière.

Mais, comme je parvenais à chasser les distractions de mon esprit lorsque je composais ou jouais, je tâchais de surmonter ces impressions pour me montrer davantage confiant et sûr. Il en allait après tout de ma réputation, et lorsque cela touchait ma musique, je me laissais rarement faire. Encore heureux, puisque c’était le seul domaine dans lequel je savais m’exprimer et me défendre.

"Parce que…" répondis-je donc avec un ton plus déterminé et en me redressant sur mon fauteuil. "Peu de choses peuvent égaler la puissance et l’émotion que dégage un orchestre. Mais vous êtes amatrice de musique, vous le savez donc certainement. Et puis, le chalenge de parvenir à catalyser autant de musicien, autant d’individualités musicales… C’est un défi que j’avais toujours voulu relever. Maintenant que l’opportunité m’est donnée, je compte bien la réaliser."

Puisqu’elle s’y connaissait, et se rappelait ma performance, je n’avais rien d’autre à ajouter. Elle avait maintenant toutes les cartes en main pour prendre sa décision. Je me surpris cependant à être aussi sûr de moi et confiant, mais positivement. Enfin, je verrai bien si cela suffirait à la convaincre.

Cependant, je fus un peu plus perturbé par l’étrange manière avec laquelle elle me demanda si je composais. L’attention du chien, et la sienne, semblèrent un instant prises ailleurs. Je n’osais toutefois pas baisser le regard, ou observer ailleurs et la quittais pas des yeux. Même si sa demande était pour le moins… particulière. Mais après tout, qui étais-je pour juger ? On me demandait juste de composer, et cela me convenait parfaitement.

"Oui Madame, cela m’arrive régulièrement." Je ne doutais pas qu’elle connaisse assez bien mon dossier, mais il était de bon ton de répondre malgré tout. J’hésitais quelques instants, avant d’oser demander : "Vous avez perdu quelqu’un récemment ?"

Libre à elle de me répondre ensuite, cela ne me regardait bien sûr pas le moins du monde. Mais tout de même, un Requiem, c’était assez… disons-le, c’était très spécifique. D’ordinaire, on me commandait, je ne sais pas… des compositions moins macabre. Quoique, pour des séries ou des documentaires, j’avais déjà eu à faire ce genre de musiques. Ce n’était donc pas en dehors de mes capacités. C’était juste un peu surprenant, d’ordinaire, on ne prévoyait pas à l’avance de perdre quelqu’un. Enfin, il me semblait, mais bon, peu importe.

"Avez-vous une idée particulière en tête ?" continuais-je donc en retrouvant mon impassibilité, professionnel. "Une ambiance désirée ? S’il s’agit d’un hommage pour une personne, peut-être voudriez-vous me la décrire ? Pour que la composition lui fasse honneur ? Vous pouvez me donner tous les détails que vous jugerez nécessaires, ou non, si tel est votre souhait."

Ce n’était certes pas une commande habituelle, mais cela restait complètement dans mes cordes. Et il s’agissait de défis que j’acceptais de relever sans trop me poser de questions, certain de mes capacités. Et, même si les relations humaines n’étaient pas mon fort, il me semblait qu’on ne m’avait jamais manifesté que de bons retours sur mon travail. Et finalement, c’était tout ce qui m’importait.
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Dim 20 Nov 2016 - 14:48
Les damnés font les plus grands artistes.

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Nikolas Lampeduza ne laissait jamais paraître le fond de sa pensée. La neutralité était l'un de ses outils, car il forçait autrui à se dévoiler davantage, dans l'espoir de créer une réaction. Le jeune homme installé de l'autre côté de la table lui offrait une palette d'émotions dont elle se régalait en silence. Pour qu'il ne soit pas trop dans l’expectative la dame lui accorda le bon sens.

Il est vrai qu'être un leader est un défi tout à fait passionnant.

S'il y avait eu une perturbation celle-ci sembla rapidement se terminer. L'affaire reprit son cours normal. La question du musicien renforça l'attention de son aînée sur lui. Elle le considéra en silence, le temps de prendre une décision. On pouvait sentir qu'elle était entrain de peser le poids de la confiance qu'elle était disposée à accorder. Elle prit le partie d'une réplique sybilline.

Pas encore. Mais ça ne serait tarder.

Ensuite, plutôt que de répondre aux multiples questions Strega attrapa sa sacoche pour en extraire une pochette en carton grise. Elle la tendit à son interlocuteur. En son sein se trouvait un document dactylographie d'une dizaine de page. Il était titré ainsi : « Une grande dame ». C'était une biographie de la Duchesse Lampeduza elle-même. Cependant, l'auteur avait fait attention à ne jamais citer sa commendataire de façon claire.

Voici un portrait de la personne à laquelle s'adressera l'hommage et votre musique. Vous en prendrez connaissance le moment venu. Vous en userez comme bon vous semble. Vous n'obtiendrez aucune information la concernant.

Le mois d’août en était encore à ses débuts. Mais Strega n'était pas naïve. Elle ne passerait pas un hivers de plus dans la peau de la Duchesse Lampeduza. Les délais étaient courts. La faute en était à ce maudit Samouraï. Il lui fallait donc agir et vite. Beaucoup de choses devaient encore être installées avant que le moment clé n'intervienne. Tellement de choses à à faire encore avant de dire adieux à cette vie. Autant dire que ses derniers mois ne seraient pas de tout repos.

Trois mois vous suffiront-ils ? La question n'en était pas une. La dame n'avait pas besoin de le préciser.

Puisque ce point était convenu pour la dame elle passa aux autres sujets qu'elle comptait aborder à ce rendez-vous. Ils concernaient pour tous au monde de la musique mais étaient autrement plus légers. L'homme ne repartirait pas uniquement avec des pensées morbides dans la tête.

L'opéra d’Édimbourg ouvrira prochainement un concours de création musicale contemporaine. L'opéra sélectionné sera joué l'an prochain à l'automne. Étant donné le rayonnement de cette ville grâce à l'Exposition Universelle je ne serais que trop vous conseiller d'y participer. Sur cet encouragement « anodin » la Duchesse reprit un peu de thé.
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Jeu 8 Déc 2016 - 18:22
J’hésitais à donner entièrement mon avis sur le leadership, en dehors du monde de la musique, mais préférai m’en abstenir, tout compte fait. En dehors de chef d’orchestre, je n’avais aucune velléité à diriger quoi que ce soit, alors que j’avais déjà assez de peine avec ma propre vie. Je pouvais supporter le défi que consistait la direction d’un orchestre, mais c’était certainement tout ce dont j’étais capable. Et certainement parce qu’il touchait au monde de la musique. Mais bref, dire tout haut ce que je pensais ne servirait sans doute pas ma cause, et je fus heureux de savoir au moins constater cela. Finalement, mieux valait ouvrir la bouche le moins que possible, surtout pour parler de sujets autres que mon travail ou la musique.

Après ces préambules, et ma motivation clairement explicitée –du moins, je l’espérais-, la dame attaqua directement le vif du sujet, me demandant si je composais. Et plus spécifiquement, une oraison funèbre. Face à l’originalité de cette commande, je me permis de demander plus de détails. Et le regrettai aussitôt, lorsque je la vis me détailler d’un regard qui me glaça du bout des ongles de pieds jusqu’à la pointe de mes cheveux vainement coiffés pour cette rencontre. Je me sentais capable de tout pour qu’elle cesse de m’observer de cette manière, comme si elle jugeait jusqu’au plus profond de mon âme. Même de me mettre à jeter ma tasse contre le mur pour faire diversion, voire d’enfuir en courant. Si seulement je n’avais pas l’impression d’être scotché à mon fauteuil…

Heureusement pour ma survie, mon interlocutrice sembla juger que j’étais digne d’une réponse. Et même plus, puisqu’elle me tendit une enveloppe dans laquelle se trouvait un document que je parcourus rapidement, avant de reconcentrer mon attention sur la duchesse tout en rangeant avec précaution la feuille.

"Cela devrait largement suffire. Merci beaucoup. Je comprends que ce soit un sujet… délicat." J’inclinais légèrement la tête, réfléchissant à ce qui m’attendait ces prochains mois. Je n’avais pas beaucoup de commandes en ce moment, ni de concerts, en dehors de celui à l’occasion des portes ouvertes de la Potential Home. C’était parfaitement jouable, surtout si ce qu’elle venait de me donner me donnait une meilleure idée de la personne en question, et de termes appropriés. "Oui, tout à fait. J’ai l’habitude de travailler avec de courts délais."

Avant de me rendre compte que la question n’en était pas vraiment une… Enfin, à en croire son regard. Comment pouvais-je savoir, moi ? Et puis, devais-je réagir autrement face la demande d’un morceau funéraire ? Je regrettais que mon agent ne soit pas venu, il m’aurait évité ce genre de bourdes. Quoique, en voyant mon interlocutrice et en connaissant le caractère festif et déluré d’Adrian, je finis par me dire que ce n’était finalement pas une si mauvaise chose que je sois seul ici pour ce rendez-vous. Malgré tout, je sentais bien que l’interaction humaine n’était toujours pas mon fort…

Aussi, je fus particulièrement surpris lorsqu’elle reprit la parole pour me parler d’un concours création musicale. Je mis quelques longues secondes à comprendre ce qu’elle sous-entendait, me demandant un instant si elle ne voulait tout simplement pas discuter opéra et non m’encourager à réellement m’inscrire à cette compétition. Je fronçais les sourcils, essayant de réfléchir à ce que je devais faire maintenant, et surtout répondre. Qu’essayait-elle de me dire avec ce message en apparence anodin ? Qu’elle me croyait capable de gagner ? N’était-ce pas présomptueux de ma part de penser ainsi ? Bon, j’avais remporté d’autres concours auparavant, même si rarement pour des opéras et pour des institutions aussi prestigieuses. Mais autrement, je ne voyais vraiment pas où elle voulait en venir…

"Vraiment ?" demandai-je finalement, parce qu’il me fallait bien dire quelque chose au bout d’un moment pour ne pas paraître extrêmement suspect. Je restais malgré tout hésitant et perplexe, avant de me rendre compte que je devais paraître plus assuré pour être plus crédible. Je me redressai encore un peu plus, à tel point que mos dos commençai à me faire mal, et je m’éclaircis la gorge. "Je veux dire… Un opéra, c’est un projet très ambitieux, et différent de ce que je fais habituellement. Mais pas impossible, cependant. Madame pense donc que j’en serais capable ?"

Je l’imitais ensuite en prenant ma tasse, avant de réaliser que je n’avais plus rien dedans. Je fis cependant semblant, pour ne pas paraître plus stupide encore.
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Dim 11 Déc 2016 - 17:25
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Nikolas était satisfaite. Le garçon réagissait comme elle l'attendait de lui. Une fois encore, elle avait été bon juge. L'investissement qu'elle était entrain de faire porterait prochainement ses fruits. Elle n'aurait plus qu'à s'assurer McGregor tienne ses engagements. Elle n'était pas inquiète à ce sujet. Personne ne faisait jamais faux bond à la Duchesse de Lampeduza.

Les maladresses de l'artiste allumèrent une lueur de scepticisme dans les yeux de vieille aux généreux mécénats. Elle pouvait tolérer un peu de nervosité cependant, elle n'acceptait pas les faiblards. Lui aurait-on mentit en parlant de ce petit prodige ? Elle tempéra l'expression de son visage et se décida à attendre les premiers résultats de ce marché artistique. Strega avait de toute façon assez d'options pour ne pas se retrouver en mauvaise posture en cas d'échec de sa part.

J'aime parier sur la jeunesse. Lui rétorqua-elle avant de poser sa soucoupe.

Un infime mouvement dans leur dos attira l'attention de Madame. Elle lança un bref regard vers le garde du corps. L'homme en plus de protéger la prodige tenait un rôle d'assistant. Il veillait donc à ce que le planning soit respecté. Il allait de soit que le jeune créatif ne poserait pas de problème. Il était en tout début de carrière. Une commande faite par Lady Lampeduza ne pouvait lui être que profitable. Nikolas avait donc compté sur un entretien de trois quart d'une heure au maximum. Maurice le lui rappelait avec sa finesse habituel.

Bien pour ma part j'en ais terminé. A moins que vous n'ayez d'autres questions je vous propose que nous en restions-là pour le moment. M Peletier, ici présent, sera votre interlocuteur principal pour la suite.

A ce nom le chien se releva sur ces pattes arrières et s'ébroua pour réchauffer ses muscles. On eu dit qu'il avait comprit que sa maîtresse venait d'annoncer leur départ. L'animal fit quelques pas feutrés pour se rapprocher de la sortie. Alors, Maurice Peletier sortit de l'ombre pour venir tirer la chaise à la noble dame. Avec grande élégance Nikolas s'aida de son homme de main pour se redresser. La main s'appuya à peine sur le bras du cinquantenaire. Une fois debout, elle s'adressa au musicien.

Un acompte vous sera fait dans la soirée. Tenez-nous régulièrement informés de votre progression. Je compte sur vous. A bientôt.

Le Français eu un mouvement sec du menton pour le compositeur. Il se chargea de porter le sac de la Duchesse puis il la devança pour aller lui ouvrir la porte. Le chien, la vieille dame et son majordome se retirent. La jeune âme fût ainsi abandonnée à ses élucubrations personnelles. Il ignorait que leur prochaine rencontre serait aussi étrange que celle-ci.
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Ven 23 Déc 2016 - 10:40
La jeunesse... Je n'osais pas imaginer la différence d'âge entre la Duchesse et moi. Quelque chose me disait qu'il valait mieux pas se pencher sur la question. Déjà, parce que cela ne se faisait sans doute pas, allez savoir pourquoi... Mais aussi, je savais qu'il existait des prodiges qui vivaient plus que la normale. Plusieurs décennies, voire siècles. Rien que d'y penser, cela me donnait le tournis. Moi dont l'existence était programmée pour être éphémère, qu'étais-je en comparaison de ces individus ? Pas même un grain de poussière. Bien sûr, rien ne me prouvait que mon interlocutrice faisait partie de ces rares individus, et peut-être que je me faisais simplement des films. Mais il n'empêchait, son regard me donnait l'impression de faire face à un abysse.

"Je ferai honneur en la confiance que vous placez en moi." parvins-je néanmoins à répondre, sentant que ce n'était clairement pas le moment de flancher ou de montrer mes faiblesses. Même si j'étais faible, sans aucun doute. Tous les humains normaux l'étaient. C'était cela qui faisait l'essence de mon travail, et j'espérais simplement que cela conviendrait à mon interlocutrice. Et nouvelle mécène, et nouvelle cliente.

La dame enchaîna ensuite pour déclarer que l'entretien était terminé. Surpris, je consultai ma montrer et constatai que quarante-cinq minutes s'étaient écoulées depuis mon entrée icie. Seulement. J'avais l'impression que cela faisait des heures. Ou que j'avais été happé dans une dimension parallèle et revenais d'un très long voyage. Il me fallut donc quelques secondes d'intense concentration pour réfléchir, avant de finalement répondre, d'une voix étonnamment assurée et professionnelle, comme si je m'étais mis en mode pilote automatique.

"Non, je pense que tout est bon. Merci pour vos précieux conseils, offres et informations."

Je jetai un regard au chien lorsque ce dernier se leva, puis failli sursauter en voyant le dénommé Pelletier sortir de l'ombre pour aider la Duchesse à se lever. J'adressai un léger hochement de tête à son attention, puisqu'il était visiblement désigné comme mon nouvel interlocuteur. Ce qui ne me rassurait qu'à moitié, mais de toute manière, n'importe quel contact humain me mettait mal à l'aise, alors autant que cela soit clair dès maintenant. La Duchesse se leva, mettant fin à l'entrevue en me donnant quelques derniers détails administratifs.

"Entendu. En cas de questions, n'hésitez pas à me contacter, ou à voir avec mon agent, Mr. Shelley."

Même si au fond de moi, je ne pouvais m'empêcher de souhaiter qu'ils appellent Adrian plutôt que moi. Même s'il était... exubérant au point d'en être gênant, il n'avait aucun problème à communiquer avec les gens. Et sans doute pourrait-il me dire si je devais complètement parano à être autant intimidé par cette Lampeduza. Voire effrayé, disons-le clairement.

Ce ne fut qu'après plusieurs minutes que je réalisais que j'étais seul, et qu'il était sans doute temps que je parte. Mes muscles se relaxèrent soudainement, et je poussai un long soupir soulagé. C'était tout de même un peu ridicule, non ? Je n'avais jamais été en danger, et ce n'était qu'une commande. Pas de quoi avoir peur à ce point. Mais parfois, ma sensibilité à fleur de peau me faisait réagir au quart de tour, sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Ni comprendre pourquoi j'avais été si alerte durant cet entretien, comme si je devais craindre quelque chose... Enfin, mieux valait ne plus y penser.

Je me hâtai de quitter l'endroit pour retourner chez moi. Je ferai le topo avec mon manager plus tard. Un Requiem m'attendait, ainsi qu’un opéra. Et au moins, dans la musique, je pourrai oublier tout le reste durant quelques précieux instants.

[Sujet terminé, je suppose ? Wink ]
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