[CLOS] È arrivato il momento della risposta! / Vito

Le message de Maurice Pelletier était arrivé sur le cellulaire de son confrère Monsieur Brown, alors que celui-ci organisait le prochain rendez-vous de son employeur. La Duchesse venait d'être agressée en ville. Selon le premier rapport du Français la vie de la Dama était hors de danger. La police était actuellement sur les lieux. Le hasard avait voulu que Lemoine soit l'agent arrivé le premier. En bref, pour le moment, la situation paraissait sous contrôle. Le garde du corps personnel du Duc s'était donc présenté à l'atelier pour informer Monsieur de la nouvelle. A partir de là une grande logistique s'était enclenchée sur le territoire des Siciliens.

Toujours selon les informations de Pelletier, les responsables de l'attaque étaient identifiés : les Russes. Pietro Kassianov, dit le TimeKeeper, avait la Strega dans sa ligne de mire depuis des années. Celle-ci assurait son autorité d'une main de maître depuis des années, ne lui laissant aucune chance. Néanmoins, le rapport de force avait changé, au moment où une jeune femme rebelle avait perpétré le rituel de lex remotionem contre elle la destituant honteusement de son trône. Ce qui avait provoqué une perte d'influence très importante. Les vieux adversaires de la Sorcière entrevoyaient, à raison, une opportunité sans précédant pour éliminer cette Prodige.

Au cours des six mois passés, prés de trois autres tentatives d'assassinat, sur la personne de Nikolas, avaient échoué, dont une n'était pas passée loin non plus. Loin de se terrer l'Immortelle rassemblait ses forces et ses armes, pour établir une riposte à la hauteur de son ire. Pour cela elle avait sortie de leur coffres les anciens volumens, les trésors d'Alexandrie et de Sofia. A l'image de Vito, dans ses périodes de créations, elle pouvait passer une journée entière à tester un rituel. Une hargne animale inspirait l'âme sombre.

Cnossos s'adonnait à une Magie à laquelle elle n'avait plus touché depuis prés de trois siècles mortels, sollicitant pour cela une énergie considérable. Tant et si bien que les murs de la Villa Sofia tremblaient sur leurs fondations. Cela l'épuisait et la revigorait en même temps. Elle était déterminée, gardant en tête le visage de cette petite mijaurée de Lotte et de son futur trépas, en inspiration. C'était cette même image qu'elle avait à l'esprit tandis que Maurice la conduisait jusqu'au véhicule.

– Trouvez Eirik. Je veux le voir. Ordonnait-elle, Et dites à ce Clyde que l'accord sera caduc sous la quinzaine. lui précisait-elle également, juste avant de pénétrer dans l'habitacle.

Le bras percé d'une balle était à présent maintenu par une écharpe contre le torse de la noble. Un antalgique primaire, mettait la douleur physique en sourdine, depuis quelques minutes. Madame Lampeduza avait refusé tout autre soin, de la part du corps médical, qui à ses yeux était incompétent. Elle ne faisait confiance qu'à son médecin personnel. Un Perse d'un certain âge qui avait le bon goût d'être muet.

– Vous commencerez par les cuisinières. Murmurait Strega d'une voix furieuse.

Beleth avait réussi à apaiser sa paranoïa à plusieurs reprises. Cependant, cette dernière attaque la maintenait dans la plus ardente des suspicions. Elle était persuadée qu'un espion se dissimulait dans leurs rangs. C'était pour elle la seule façon d'expliquer la mort des chiots et ces agressions toujours plus minutieusement préparées. Il était grand temps de mettre en place une Inquisition interne, chose pour laquelle, Nikolas avait un certain talent.

La suite du voyage se déroulait dans le silence. Le Français opérait de sa place pour préparer l'arrivée et la sécurité de la Duchesse. Duchesse qui, le dos calé contre le cuir de la banquette, fermait les yeux pour rejouer l'offensive. Elle avait sous-estimé la rancœur de ce piètre savant. Tout comme elle avait mésestimé la fourberie de Wairua.

- Monsieur Farrokh est en chemin Madame. Annonçait Pelletier en tournant le volant. Une ride soucieuse ne quittait plus son front. Il était devenu très difficile de préserver la Sicilienne de ses ennemis. Il se savait lui-même en mauvaise posture pour cela, risquant tout autant son poste, que sa propre vie.

Le portail était ouvert et les hommes armés aux quatre coins de la maison. Nikolas patientait jusqu'à ce qu'on vienne lui ouvrir la portière. Elle sortait à l'air libre, arrêtait Julia dans sa hâte de l'approcher, d'un mouvement de la main. Ses yeux couleurs de nuit se posaient sur ceux de Lampeduza, vers lequel elle se dirigeait, sans un mot. La même rage silencieuse se reflétait dans leurs regards. Un masque dur cachait pour le reste toutes les émotions de Strega. Une raideur dans sa nuque indiquait une humeur plus que sombre. Elle gagnait lentement le perron, laissant les hommes prendre en charge l'opération suivante.

- Brown rassemblez tout de suite le personnel dans les cuisines. Débutait le Français en scrutant le couple.

Une fois à l'intérieur de la Villa la Duchesse commandait, qu'on ne la dérange pas, jusqu'à l'arrivée du médecin. Elle recherchait un moment de tranquillité, le temps de faire le point, avec son allié le plus véritable. Ils allaient dans leur chambre commune l'un prés de l'autre. Deux chiens les suivant à distance pour écarter les indésirés. L'ambiance était entre frénésie et silence respectueux partout dans la maisonnée.

La Dame attendait que la porte se soit refermée sur eux, pour venir recueillir un soutient marital. Elle quittait le manteau avec d'infime précaution pour ne pas heurter son bras, alors que se livrait son ressenti profond, haine, colère et un soupçon de peur.

– En plein jour Vito. Ça s'est passé en plein jour. Leurs adversaires n'avaient plus peur de se montrer audacieux. Là résultaient les prémices d'un réel danger.

<< Commun accord

Tout commençait très sérieusement à partir à volo. Beleth le sentait. Il y avait quelque chose dans l'air qui préparait à la guerre. L'attaque des chiots n'était pas quelque chose d'anodin, pas plus le fait que Strega attaque sans crier gare, le compagnon de la rose des sables. Autant dire qu'il ressentait le fait d'être comme dans une cocotte-minute, qui ne demandait plus qu'à exploser. Sauf que son épouse pouvait plus facilement être assimilée à un volcan. Ce qui rendait les dégâts beaucoup plus dangereux et grave. Et encore, il n'avait pas encore eu la dernière information.

Ce fût Luke qui se permit de le déranger dans son atelier, alors qu'il était en train de peindre sa dernière création. Mais avant même qu'il ne puisse se faire réprimander par son patron, le garde du corps se permettait rapidement de faire part de la situation. Madame avait été attaquée, en plein milieu de la rue, des tirs, elle était blessée, mais rien de grave. Autant dire que toutes ces informations sortirent Beleth de sa torpeur créative, pour endosser le rôle qu'il gardait en sous-main. Celui du chef d'une mafia, qui pouvait s'avérer avoir le bras long. Les russes étaient donc, presque sans aucun doute, les coupables de cette attaque. Ils avaient déclarés la guerre, très bien, ils l'auraient. Sans attendre, Vito lâchait ses chiens, pas ceux à poils et à crocs, mais des tueurs qui ne s'arrêteraient qu'une fois que la tête du responsable serait amenée sur un plateau d'argent, sur son bureau. Autant dire qu'attaquer Strega, était sans doute l'idée la plus stupide que leurs ennemis avaient eu.

Bien entendu, sa compagne saurait se défendre elle-même, mais en l'attaquant elle, ils l'attaquaient lui. Et leur réponse conjointe à cette agression, allait terrasser leurs ennemis. Ou en tous les cas, les mettre à terre pendant longtemps. Les hommes étaient armés sans plus attendre. Des patrouilles sillonnaient déjà tous les coins du domaine. Rien n'était laissé au hasard. Ce n'était pas la première fois que la famille Lampeduza devait vivre une guerre. Ce genre de besoin de prise de pouvoir n'était pas régulier, mais pour autant, il y en avait, à peu près tous les 10 ans. Et vu les âges respectifs des têtes de la famille, ils en avaient déjà vécu plus que suffisamment.

Vito attendait donc, sur le perron, les mains dans le dos, la voiture de son épouse, qui arrivait au loin. Il était soulagé qu'elle ne soit blessée qu'à l'épaule, mais sa colère était sourde et profonde contre leurs ennemis. On ne s'attaquait pas impunément à cette femme, sans subir son courroux. Encore plus si l'on était du milieu. Il la laissait venir à lui, les sourires n'étaient pas de mise, il l'observait, s'assurant que tout allait bien. Dans un silence, ils se dirigeaient tous deux dans un endroit intime, qui leur permettrait de discuter, sans être dérangé. L'homme fermait la porte derrière lui, puis s'approchait de sa belle, l'aidant à enlever son manteau, avec toute la douceur dont il était capable.

- Je vous sers un verre. Ce n'était pas une question, il allait verser le liquide ambré dans son récipient, puis le lui ramenait, s'assurant qu'elle n'était pas blessée ailleurs. Ils ont eu un excès de confiance qui va leur coûter cher Nikolas. Au ton de Beleth, on pouvait presque sentir qu'il était prêt à annihiler la famille adverse. Juste pour rappeler à tous, que rien n'était gratuit sur cette Arche. Comment vous sentez-vous? Que s'est-il passé? Votre médecin va arriver.

Car si Pelletier l'avait appelé, il n'était pas le seul. Et mieux valait deux fois qu'une dans ces conditions.

La Strega laissa le peintre se charger de son habit. Le manteau serait mis au pressing le jour même. Dans la précipitation de l'action la robe avait été abîmée. Par colère et frustration ce tissu serait sans aucun doute brûle dans l'âtre la plus proche. Mais cela devrait attendre encore un peu.

Le membre valide était couvert de bleus. Il y avait des meurtrissures sur ses belles jambes. Rien qui ne soit vital cependant. Le bras blessé plaqué contre le corps, la femme tourna furtivement la tête, en direction de la table où se trouvaient des ravitaillements. La douleur provoquait une fatigue, qui elle-même, réveillait une faim. Elle sentait son estomac émettre un appel mais n'en avait cure. Aussi, l'alcool sembla avoir une saveur démultipliée par la soif et la faim.

– Je suis furieuse. Déclara la Sicilienne d'une voix trop calme. Elle but une autre lampée du breuvage et posa le verre sur la table la plus proche avec un rien de force. La table en verre vibra alors sous l'impact. La pondération dont cette dame faisait toujours le plus bel exemple s'effritent. Elle avait envie de faire verser le sang. Mais ce n'était pas le plus grave.

– C'était une embuscade Vito. La plus simple des ambuscade. Persifla l'Immortelle sans décolérer. Elle était autant en colère contre ses ennemis que contre elle-même. Voilà longtemps qu'elle n'avait pas temps eu envie de sortir de ses gonds. Elle n'avait pas su prévoir cette attaque. Depuis des semaines elle avait l'impression de devenir aveugle aux forces mystiques. Alors qu'elle était la Strega... L'une des Sorcières les plus puissantes de l'Archipel. Si ce n'était la plus puissante. Mais, force était de constater que l'équilibre basculait pour de bon. Je n'ai rien vu. Cnossos n'était pas dupe. Les effets de Lex Remotionem étaient à présent visibles.

– Elles m'affaiblissent. Constata-t-elle à haute voix et avec raideur. Une remarque qui pouvait paraître étrange. Mais le lien logique était là dans l'esprit de cette stratége. Son ancienne apprentie avait déclenché une réaction en chaîne qui devenait très dangereuse. Le Duc serait l'unique personne devant laquelle Nikolas annoncerait cette information. Elle ne pouvait s'en livrer à aucun autre alliés. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois, que l'autorité de la Crétoise était mise à l'épreuve, dans l'Histoire. C'était même un cycle naturel. Cependant... Kassianov n'est qu'un symptôme. Nous n'avons pas le temps pour cette rébellion Vito. Prophétisait-elle en croisant le regard de son compagnon.

– Leur Coven ne résistera pas. Ils n'étaient plus question des guerres de gangs. Il n'en avait peut-être jamais été question au fond. Nikolas observait les faits à une échelle très large. Nikiya et ses petites amies avaient provoqué un déséquilibre, dont elles ne pouvaient appréhender toutes les conséquences. Elles étaient parvenues à bouleverser l'Ordre. Oui. Mais pour affronter le prochain Armageddon, il leur faudrait plus que des revendications juvéniles. Or Nikolas savait qu'elles en étaient incapables. Nous devons maintenir le calme. Mi Amor. A tout prix. Maurice se chargerait autrement d'éliminer TimeKeeper si le Mercenaire Fou en était incapable. Vous devez frapper. Frapper vite et fort. Lui soufflait-elle en l'approchant.

Blessée ou non, elle gardait cette énergie féline et prédatrice. Celle qui faisait d'elle l'une des femmes les plus retors de l'Histoire du Monde. Qu'elle prenne en considération l'avis de Beleth, était la seule indication, que son cœur était un peu plus humain que les autres fois. Ainsi, alors qu'elle le poussait à sortir de l'Ombre, Nikolas lui offrait un baiser dominateur.

Vito était plus à l'écoute de son épouse que l'inverse. Il n'était guère en position de lui donner un quelconque conseil. Pas dans l'état où elle se trouvait. Il sentait parfaitement cette colère qui grondait entre ses entrailles. Il la connaissait suffisamment pour le lire dans ses yeux noirs. Qu'il trouvait magnifique, bien entendu, mais là n'était pas la question. Elle s'était faite agressée en plein jour, il était évident qu'aucun des deux époux ne laisserait passer cela, sans une réplique cinglante. Le sang appelait le sang. Le parrain en était parfaitement conscient. Il ne voulait juste pas précipiter toute l'Arche dans une guerre. Pas comme ça. Il savait aussi que c'était potentiellement ce que leurs ennemis recherchaient. Il voulait se montrer plus intelligent et fourbe que cela, comme il savait si bien le faire finalement. Mais l'état de sa compagne le mettait dans une colère noire, il fallait bien l'avouer. Si elle avait été blessée plus... mortellement. L'Arche aurait sans doute explosée dans l'instant.

- Pourquoi vous attaquent-ils ainsi? Si vous pensez que le Coven est derrière tout cela, ce sont des méthodes que je ne comprends pas. Est-ce une façon de vous affaiblir sur tous les points? Si je prends les armes, Nikolas, il faut que je sois certains que vous saurez reprendre ce qui vous est dû...

Car si la femme perdait de ses pouvoirs, il ne pourrait pas faire grand-chose contre des sorcières puissantes. A ce niveau, il n'avait clairement aucun pouvoir. Il lui serait bien difficile de leur tenir tête. Mais il n'aurait clairement aucun problème à s'occuper de débarrasser la vermine de leurs pattes. En tous les cas, des ennemis potentiellement facilement effaçable du jeu, tant que ceux-ci n'étaient pas des immortels ou autres sorcier.ère.s difficilement approchable, sans être de leur caste.

Il avait répondu au baiser sans se faire prier, avant d'amener sa compagne à s'asseoir. Il ne fallait pas qu'elle puise sur ses forces encore trop longtemps. Si la colère la maintenait encore debout, cela ne durerait pas et il fallait qu'elle garde ses forces. Lampeduza s'installait à ses côtés.

- Si vous savez parfaitement où je dois frapper d'abord, je vous écoute.

Ce n'était pas comme s'il obéissait à tous les claquements de doigt de son épouse. Mais pour le coup, il était d'accord avec elle. Ils ne pouvaient se laisser impressionner ainsi sans rien faire. Sauf que Nikolas avait sans doute plus d'information que lui à ce niveau et il avait besoin de savoir exactement où sa frappe ferait mal. Autant taper fort, mais taper juste serait encore plus pertinent.

Il n'était plus l'heure de temporiser.

La Duchesse Lampeduza avait le regard de quelqu’un qui prévoyait quelque mauvaise action. L’énergie négative qui l’agitait semblait faire une aura tout autour de sa personne. Elle ressemblait à celle qu’elle avait été, bien des années auparavant, après l’enterrement de la jeune héritière. Un mauvais présage… Ce que les plus anciens membres de la maisonnée se disaient, à mi-voix, un étage plus bas.

La machoir contractée, le menton hautain, la nuque raide, elle paraissait davantage disposée au combat qu’à la discussion. Elle scruta le visage de son époux avec tellement d’intensité qu’il était impossible de savoir exactement comment elle prenait ses remarques. Mais, elle se détourna une seconde murée dans un silence indigné. Elle n’était sûre de rien. Pour une stratège de son acabit c’était le pire de tout.

– Kassianov est un homme mort. Ce n’est qu’une question de jours à présent. Pelletier allait se charger de rappeler ses bonnes grâces au Mercenaire avant que La Strega ne s’en charge. Clyde allait éliminer le Russe et ce… rapidement. Non. La véritable menace est plus insidieuse.

Elle consentit tout de même à se poser sur l’un des guéridon. Une légère chute de tension la fit blêmir. Elle se tint au bras du Parrain le temp de recouvrer ses esprits. Elle sentait une étrange moiteur se nicher entre ses omoplates alors qu’elle luttait contre une multitude de pensées contradictoires. La question du Duc lui permit de se concentrer.

Devant son regard apparurent quatre silhouettes distinctes. Les quatre menaces qui, elle le sentait, se rassemblent pour orchestrer sa chute: Warua, Tohum, Siren et bien entendu Nikiya. Il était plus qu’évident que ces Immortels attendaient de la voir tomber et ce depuis des siècles. Nikolas attendit d’être calme comme l’eau d’un lac. Les épaules se détendent. Le souffle devint une brise apaisée.

– Pour l’instant… Nikiya est sous l’emprise de l’enchantement. Elle ne peut rien sans l’aide de ses consoeurs. Anima est diminué par sa folie. Il n’agira pas seul à moins d’y être forcé. Je gage que lamanja demeura dans l’ombre aussi longtemps que possible… Et Sveda est protégée par ce bon Odin. Pour l’instant. Aussi …

Strega s’arrêta. Elle regarda droit devant elle. Le regard absent et le visage fermé. L'enchevêtrement des événements lui apparut sous un nouvel angle. Elle vit les cinq dernières années défiler, de croisement en croisement. Elle se souvint de sa rencontre avec Wairua et de leur mise en garde mutuelle. La mort de Wang, le retour de Stone, la trahison de Xin… TimeKeaper, Magus, Perceval Rose, Caleb…

– Aussi... Souffla la Sorcière dont le calme impérieux témoignait de son retour au calme et au calcul. Commençons par celles qui ont aidé Lotte. Les plus jeunes. Cnossos était au fait que le rituel exercé contre elle avait réclamé la participation de beaucoup de sorciers et sorcières. Selon les données, apportées par l'enquête de Pelletier, Alpha et Persona s'étaient écartées d'elles-même du Coven. Mais il y en avait d'autres qui pouvaient, avec le temps et l'expérience devenir un probléme. Une menace en devenir qu’ils ne pouvaient négliger dans ce contexte haineux. Il nous faut décapiter cet Hydre. Ces fougueuses Méduses. Nous devons commencer ne chasse aux Sorcières. Cita l’Antique intrigante, en laissant tout le sadisme de sa réflexion réconforter son âme blessée. Ainsi la forçaient-elles à traquer de sa propre espèce pour survivre... Quelle cruauté. Il faut éliminer éliminer toute possibilité de révolte. La fulgurante vision d’Hélianthème éventrée rendit son sourire à la Sicilienne. Un léger vertige revint la tarauder alors. Donnez-moi un peu de ce pain. Réclama-t-elle à son cher Conseiller.

Vito connaissait ce regard, cet air qui hantait le visage de son épouse. Cela n'évoquait rien de bon. Surtout pour leurs ennemis. Si lui pouvait être parfois implacable, Strega était pire. Elle n'avait aucune pitié. Pour personne. Il faudrait réussir à contenir cette colère. Même s'il la comprenait et la partageait. Il ne fallait pourtant pas que tout ceci finisse en bain de sang. Pas maintenant. Ils se devaient de passer sous les radars, encore, surtout que sa compagne n'était pas au mieux de sa puissance. Il lui disait donc ce qu'il pensait, il ne s'était jamais empêché de le faire. C'était comme ça. Il fallait bien qu'ils échangent, qu'ils trouvent les meilleurs moyens de riposter. Ce n'était pas en agissant sous un coup de sang, que les choses iraient mieux pour eux. Ils le savaient, l'un comme l'autre. Ce n'était pas la première fois qu'une telle situation s'exposait à eux. Bon, ils n'avaient peut-être pas vécu une situation aussi critique, mais qu'importe, c'était dans la tempête qu'on voyait qui pouvait rester aux commandes.

Il l'écoutait donc avec attention. Notant les noms des dangers, des vrais dangers. En effet, le Russe n'en n'avait plus pour longtemps. Il savait qu'un contrat avait été posé sur sa tête. Qu'un mercenaire avait répondu à l'appel de sa sorcière de femme. Lampeduza ne s'en était pas mêlé. Comme jamais il ne se le permettait. Parce qu'il avait toujours eu pour moral de ne pas mettre son nez dans les affaires de madame, comme elle faisait pareil pour lui. A part quand l'un et l'autre demandaient quelques conseils. C'était différent. Il notait bien que cette petite ballerine aurait dû être tuée dans l'œuf... pourquoi Nikolas avait fait cette erreur de la prendre sous son aile? Là était toute la question. Il avait senti que quelque chose ne tournait pas totalement rond, mais il n'avait rien fait non plus.

- Peut-être vaudrait-il mieux s'occuper directement de cette petite française, qu'en pensez-vous? Sa garde rapprochée ne devrait pas tant être un problème pour vous...

L'homme comprenait le besoin de tout détruire, jusqu'à la dernière pierre, cette rébellion, mais couper directement la tête, ferait sans doute tomber plus rapidement le château de carte. Enfin, le Sicilien ne connaissait pas non plus toutes les règles qui régissaient ce monde magique. Se frottant légèrement la barbe, il n'aimait pas trop penser qu'il faille s'occuper de Sveda, cette femme... il lui avait promis... il soupira un instant.

- Peut-être qu'il faut s'attaquer aux plus faibles d'abord. Ceux qui sont fous ou malade. Nous pouvons sans doute les mettre hors d'état de nuire, sans pour autant mettre leurs têtes au bout d'une pique.

Tout en parlant, il se levait, pour aller prendre le pain. Le coupait et revenait vers sa belle, pour le lui tendre.

- Ne nous laissons pas complètement aveugler par notre colère. Soyons plus futé que nos ennemis. Le mieux serait de les déstabiliser, sans tout détruire, les voir s'écrouler et perdre, tout en leur démontrant, encore une fois, que s'attaquer à vous, ne mène qu'à la perte.

Autant profiter de faire passer un message en même temps. S'ils y arrivaient, bien entendu. Mais connaissant nos deux serpents... pas de doute qu'ils seraient bel et bien capable de mettre à exécution leurs plans et de les faire s'exécuter comme ils le souhaitaient... ne jamais attaquer un Lampeduza. Jamais.

Deux fois, par deux fois, la Crétoise se voyait trahie par une fille spirituelle. Cette seconde trahison était plus dure à accepter de la part de l’Immortelle.

– Le rituel qui m’a écarté du Coven la protège. Nikiya avait écouté les leçons. Elle était aller chercher au coeur d’une magie ancienne, ancestrale, plus vieille que Merlin, ou Anima, ou même elle la Strega. Celle-ci puisait son énergie dans les racines du Monde lui-même. Il fallait pour l’influencer avoir avec soi plus de pouvoir que n’en comptait le petit cercle de fidèles à la disposition de Nikolas. L'Armageddon a changé les bases. Si je pouvais aller sur le sol terrestre… Je pourrais performer le rituel nécessaire. Si Odin l’avait laissé s’occuper de Carso songea-t-elle furieuse. A force d’écouter des hommes pacificateurs elle avait amené elle-même son ennemie à sa porte. Elle s’était montrée faible, vulnérable, en voulant bâtir un nouveau foyer avec Beleth.

– Vito… Nikolas savait ce qu’il y avait à faire. Il existait un moyen. Mais comme toujours la rétribution était à force égale de la demande. Il nécessiterait de payer un prix. Cependant, irait à l’encontre d’un accord passé entre les deux époux. Celui là même qui leur avait permit de rester alliés quand la tristesse avait failli les transformer en ennemis. Il est possible que je doive prendre un risque.

Une flamme noire embrassait le regard de la Duchesse. Elle jaugea son interlocuteur en silence. L’expression de son visage devint plus sombre.

– Dites-vous cela pour nous protéger ? Ou pour les protéger ? Accusait-elle le Sicilien sans hausser le ton. La question semblait rhétorique. Ils avaient tous deux connaissance de l’affection de cet homme pour le Norvégien, comme pour Tohum. Il voulait éviter une bataille. Il fuyait la réalité. Nikolas tolérait ces faiblesses de coeur… comme elle n’en avait toléré de personne d’autre. Elle avait fermé les yeux. Elle avait accepté cette petite trahison uniquement par amour pour lui. Parcequ’ils étaient “tout”. Néanmoins, avaient-ils encore ce luxe ? Quand Lingbao reprenait la main sur les arches d’Asie, qu’Anima sortait de sa neutralité, et que Sveda se sentait invulnérable protégée par les plus anciens d’entre eux ? ... Elle finira par me tuer. Tentait-elle de lui ouvrir les yeux. La mort n’avait pourtant jamais inquiété la Strega jusqu’à présent.

Lampeduza se faisait avocat de la tempérance. Il modérait l’ardeur de sa compagne. Il agissait en chef de famille avec pour aiguillage la préservation. Depuis des années, elle l’écoutait, consentait, approuvait même. Il lui avait donné le goût du calme. Ils s’étaient construit. Cette méthode, atteignait pourtant ses limites aux yeux de la Prodige. En vérité, depuis que l’on s’en était pris aux chiots, elle songeait à la revanche. Depuis peu, elle était assiégée par de toutes nouvelles réflexions.

– … si nous faisons ainsi vous devez me faire une promesse. Derrière la porte du salon le chien de garde se leva. Un frémissement lui secoua le poils. Le calme du salon paraissait brusquement plus religieux. Nikolas contemplait les traits de son époux. Le moment venu, ne détournez pas le regard. L’illusion du beau peintre allait bientôt s'effondrer selon elle. Elle lui accordait un peu de temps. Le but n’était pas de lui prouver qu’elle avait raison. Ils n’en étaient plus à là. Ce qu’il fallait c’était préparer leurs hommes à la prochaine attaque. Car, il y en aurait une autre.

Un frisson parcourait alors les omoplates de Strega. Une voix profonde en elle lui soufflait une promesse future. Elle posa une main fraîche sur celle de Vito.

– Nous allons avoir un fils Vito. Annonçait Nikolas. Elle paraissait certaine. Leur médecin le confirmerait tout à l’heure disait ce calme. Le corps de la Duchesse était fort et encore jeune, fertile. Elle le savait depuis la veille. La surprise n’avait duré qu’un instant. Elle s’était rappelé des quelques imprudences amoureuses. La Vie s’était glissée en elle sans un bruit. Je comptais vous l’annoncer dans quelques jours. Mais, il me semble qu’aux vues des circonstances… Elle attrapait alors la main du mafieux, pour la poser contre le bas-ventre. Il était plat, immobile, rien n’était encore visible. Le vaisseau hébergeait néanmoins un avenir. Prenons l’arrivée de cet enfant comme un signe, Vito. Pour l'Immortelle, cette affreuse synchonisation des événements, était de la plus belle ironie. L'univers avait ainsi décidé de répondre à sa colère.

Strega n'était plus vraiment prête à l'écouter. Elle voulait une guerre, il le sentait. Même en tentant de tempérer son épouse, Vito savait qu'il allait droit dans un mur. Pourtant, il tenterait encore. Il ne tenait pas à voir le sang couler. Pas pour les même raisons qu'Odin, mais il préférait vraiment trouver un autre moyen. Tout en sachant au fond de lui, que cela ne serait pas possible. Pourtant... pourtant... il tenterait de rencontrer à nouveau Sveda. Tous les deux s'étaient promis quelque chose, est-ce que cette promesse était encore tenable? Pouvaient-ils, tous les deux, œuvrer pour que les choses s'apaisent. Il ne voulait pas que Nicholas se retrouve attaquée de toute part, la danseuse risquait réellement les foudres du peintre. Elle... risquait sérieusement de se retrouver au bord de l'Arche, les pieds coulés dans le béton, à faire sa dernière prière. Mais les autres... en tous les cas, quelques-uns. Le chinois, s'il venait trop lui chatouiller les moustaches, risquait gros aussi. Mais entre mafieux, ils pouvaient encore se parler. C'était son terrain, quoi qu'en dise sa compagne et sur ce terrain, il avait toujours préféré les accords à la guerre. Il reprenait en main son monde, il fallait lui laisser le temps de continuer.

- Tentons le rituel. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider... je ne laisserai pas cette jeune femme s'en sortir, vous avez ma parole.

Son regard se plantait dans le sien. Un risque... comme si elle n'en avait pas déjà pris des masses. Il le savait, il lui remettait doucement une mèche de cheveux en place, tout en hochant doucement de la tête.

- Vous venez me demander la permission d'en prendre? Ce serait bien la première fois, Nikolas. Avec un petit sourire, presque taquin. Je tenterai de vous protéger comme je peux, quitte à y mettre tous mes moyens.

Elle aurait finalement, tout de lui. Comme souvent. Même s'il voulait la paix plutôt que la guerre, si tout le monde l'y poussait, il finirait par la déterrer, cette hache de guerre.

- Je dis cela pour protéger le plus grand nombre, nous surtout... Se mordant la lèvre un instant, sans jamais la quitter des yeux. Une main venait frotter sa barbe, il ne voulait pas vraiment croire que cela arriverait. Il savait qu'ils étaient capables de se défendre et de ne pas se faire avoir. Ils avaient passé un accord tous les deux, est-ce que la lionne des sables reviendrait autant sur sa parole? Vraiment, il lui fallait la revoir. Quitte à ce que cela ne plaise pas à son épouse. Mmm... vous avez peut-être raison.

Il sentait que sa façon de faire ne plaisait pas à sa belle sorcière. Mais les deux époux ne faisaient pas les choses de la même façon. Quand elle lui fit comprendre qu'il avait intérêt à ne pas tourner la tête, si elle allait dans son sens et que tout se passerait mal, il resta de marbre un instant.

- Les choses tourneront à notre avantage. Qu'importe la façon dont nous agirons, je le sais. Parce qu'ils arrivaient souvent, finalement, à avoir un pion ou deux d'avance sur leurs ennemis. Il fallait juste que leur stratégie soit tenue, jusqu'au bout. Bien sûr, il resterait jusqu'à la fin. Je ne leur laisserai pas la chance de vous toucher, à nouveau. Son ton était plus sombre, finalement, le mafieux pouvait devenir plus mauvais, quand la vie des siens était en danger.

La suite changeait la donne, très clairement. Parce que Lampeduza ne s'attendait clairement pas à une telle nouvelle. Strega enceinte. En voilà un choc. Elle qui avait refusé catégoriquement d'avoir à nouveau des enfants. La perte de Sofia ayant été si violente et voilà que... la nature reprenait finalement ses droits? Et elle l'acceptait? L'homme cligna plusieurs fois des yeux, sans rien dire, laissant la nouvelle se propager dans tout son corps. Il avait eu l'impression d'avoir retenu son souffle une bonne minute, alors qu'une longue inspiration le prenait.

- ... je... Il se laissait prendre les mains, les posant sur le corps de sa compagne. Fronçant légèrement les sourcils. Je n'ai pas de mot... Il ne savait pas s'il en était heureux ou pas. Comme si ce n'était pas le bon moment pour une telle nouvelle. Voulez-vous... le garder?

Parce que finalement, toute la finalité était là... peut-être bien que les prochaines paroles de cette conversation, scellerait pour de bon les décisions et les actions de ce couple infernal.

Nikolas ne répondit pas immédiatement à son époux. D’ordinaire prompte à rejeter son implication dans les affaires de l’Ordre, elle était à présent forcée de se montrer plus ouverte, plus souple. Nikiya avait autour d’elle des alliés contre lesquels la magie ne serait pas suffisante.

– Peut-être pourriez-vous vous rappeler à de vieux amis. S’ils pouvaient empêcher les alliés de Nikiya de rejoindre Edimbourg ?

Le réseau de Beleth était plus étendue que celui de sa femme dans certaines partie de l’Archipel. Leurs toiles respectives ne touchaient pas les mêmes zones. Ils se complétaient ainsi depuis des années. Aujourd’hui cela pouvait s’avérer un atout majeur. De son côté, la Duchesse allait faire le point avec ses consoeurs. La Famille avait vraisemblablement choisi l’autre camp. Mais rien n’était irrémédiable pour le moment. Strega avait en sa possession des informations, des points de pression, des leviers, dont elle pouvait se servir. Oui, des pions pouvaient encore bouger.

– Oui... Rétorqua-t-elle avec sur le visage une malice égale à celle de Vito. Une permission, en quelque sorte, elle en réclamait une. Seule l’éducation de Sofia l’avait amenée à une telle démarche. Ce qui faisait bien longtemps. Mais, les Lampeduza avaient vécu énormément de changement au cours des dernières années. Nikolas se devait de le prendre en compte. Nous savons où le silence nous a mené la première fois. Je ne veux me servir de tout cela.

Voir le Sicilien se ranger à son côté dans la bataille raffermissent la volonté de sa dame. Elle savait qu’en faisant ainsi elle le plaçait dans une position délicate. D’une certaine façon elle appréciait ses scrupules. Il possédait une morale dont elle était privée. Par bien des exemples Vito était la conscience que Nikolas n’avait plus. Pour cela, comme pour tant d’autres choses, elle avait besoin de lui.

– Et croyez-moi… j’aurais voulu avoir tort cette fois. Elle redressa ses épaules pour soulager la douleur de son bras. Nous étions proches de l’équilibre. Ils l’avaient si bien effleurés, tout deux rajeunis, en paix et il avait fallu que cette petite peste intervienne. Ce n’est qu’un contre-temps. Ainsi doit-on le voir. Une fois tout cela terminé que diriez-vous si nous rentrions ?

Le Duchet, leur île familiale, la Duchesse ressentait enfin de compte le besoin de retourner vers cette terre. L’Ecosse la lassait à présent. Elle était venue ici avec des désirs de conquête. Mais, il lui fallait reconnaître que le vent n’avait point tourné en sa faveur. Que ce soit le fait ou non de son vieil ami le Norvégien, elle était lucide. Edimbourg ne lui plaisait plus. Elle ne voulait plus de cette partie du royaume. Une évolution, un état d’esprit, qui ne lui ressemblait pas. Ou bien qui ne lui ressemblait plus. Les bouleversements hormonales ne pouvaient déjà être la cause de ça.

– Ne dites rien. Proposa alors l’Immortelle au secours de son compagnon. Elle connaissait cet homme et sa façon de penser. Sans qu’il les dises, elle devinait ce lui pouvait se tramer dans son crâne. Elle le scruta pendant un long moment elle aussi. Les mots justes devaient se positionner correctement sur sa langue. Afin qu’ils ne soient ni maladroits, ni blessants. Car le sujet de leur famille était sans nul doute le plus complexe de tous. Je me sens prête à avoir un enfant. Strega ne pouvait, à son sens dire les choses plus clairement. Prendre connaissance de cette grossesse lui avait donné conscience de cela. Mais, je ne crois pas que cela soit le bon moment pour le mettre au monde. Cela faisait un demi-siècle que cette femme n’avait pas porté d’enfant. Le faire dans les conditions actuelles allait gâcher l’expérience tant pour elle que pour le futur père. Voilà ce dont Nikolas était convaincue. Je souhaite vivre cela en toute quiétude à Lampeduza. Cnossos avait décidé. Elle posa alors sa main sur la joue du Sicilien. Cependant, si votre désir est autre je m’y adapterais… avec amour. Finit-elle par répondre, lucide, apaisée et confiante. La preuve était ainsi donnée qu’entre le sang et la loyauté Une résolution, qui donnait une toute autre force à sa détermination. Strega n’était jamais aussi dangereuse que quand elle acceptait sa propre humanité.

Trois coups frappés contre la porte de la salle privée. Mr Pelletier usait de ce code avec ses employeurs pour se manifester dans les moments intimes. Cela signifiait que le médecin était en vue sur la route de la Villa. Il allait soigner les blessures de la Duchesse. Ensuite, ensuite seulement, le plan de guerre serait mis en action.

– Prenons le temps d'y réfléchir. Souffla Nikolas avant de déposer un baiser sur le front du Peintre. Nous avons tout le temps devant nous n'est-ce pas ? Fit-elle mystérieuse dans un sourire félin. Ils prendraient ce temps pour détruire et construire selon leur vision du Monde.

Vrai que leurs réseaux n'étaient pas les mêmes. Beleth pouvait en effet faire bouger les choses de son côté, pour couper un peu l'herbe sous les pieds de la danseuse. S'ils pouvaient mettre à mal sa nouvelle prise de pouvoir, ils auraient tout à y gagner. Alors oui, il acquiesçait. Il ferait ça. Pour elle. Pour l'aider. Parce qu'il n'allait pas la laisser face à ses ennemis sans agir. La voir blesser ainsi, retournait ses tripes. Ils étaient si près d'une sorte de paix. Mais pas pour eux, ça ne pourrait jamais être le cas?

Au moins, parlaient-ils, plus qu'avant. Ils apprenaient de leurs erreurs, de leur vie passée. C'était une bonne chose. Vito était heureux de voir son épouse se confier un peu plus à lui. Ils étaient plus forts ainsi. Il ne fallait pas se mentir. Ces deux félins, quand ils décidaient de se battre côte à côte, devenaient plus que dangereux. Certes, l'homme n'avait pas les pouvoirs de sa compagne et pourtant... pourtant... il pouvait mettre en route des moyens, qui pouvaient être tout aussi efficace que de la magie.

- Vous avez raison.

Lui aussi aurait voulu qu'elle ait tort. Ce n'était pas le cas. Ils allaient devoir faire avec. En effet, c'était un contretemps. Plutôt fâcheux mine de rien. Car il mettait en danger la vie de sa compagne et ça, le mafieux n'était pas prêt à laisser passer. Il s'était mis d'accord avec Sveda, mais elle n'avait pas tous les pouvoirs sur les autres. Dommage, ça aurait été plus simple. Fixant de ses yeux noirs les traits de sa compagne, il hochait de la tête.

- Ce sera avec plaisir Nikolas. Vous savez bien que je ne dis jamais non à retourner chez nous.

Car finalement, le peintre était attaché à Lampeduza, il suivait souvent le plus souvent Nikolas dans ses voyages. Lui, aurait pu rester ad aeternam sur son île, sans que cela ne le chagrine. Il pouvait avoir le mal du pays parfois et depuis cette nouvelle jeunesse retrouvée, ils n'avaient même pas prit le temps d'y retourner, au moins pour quelques jours. Avec tout ce qui était en train de se passer, cela devenait presque une nécessité de retourner aux sources, pour revenir avec encore plus de force.

Il la remerciait silencieusement de sa proposition de garder le silence. Car elle le prenait de cours et il ne savait pas quoi dire. C'était peut-être stupide, mais vu que ce sujet avait été le plus tabou d'entre tous entre eux, qu'elle lui dise cela comme ça. La réponse à sa question, même si elle n'était pas claire, l'était pourtant totalement aux yeux du Sicilien. Il était même d'accord avec son épouse, une grossesse dans ces conditions... mais... elle était enceinte... à nouveau. Un conflit intérieur risquerait bien de le faire tourner dans son lit toute la nuit. Parce que si elle se sentait prête maintenant à avoir à nouveau un enfant avec lui, est-ce que cela serait encore le cas le jour où tout ce bordel serait terminé? Pouvait-elle voir dans ses yeux toutes ces questions? Qu'elle dise qu'ils prennent le temps d'y réfléchir, pouvait lui faire croire que oui. Il la prenait alors dans ses bras, la serrant doucement, tout en embrassant sa tempe.

- Merci Nikolas. Vous avez raison, prenons le temps de peser le pour et le contre. J'entends parfaitement ce que vous me dites.

Oui, Vito l'entendait et était prêt à l'écoutait encore. Comme elle, il souhaitait que leur enfant, ce nouveau qu'ils pouvaient créer, puisse vivre sans danger, ou le moins possible. S'il devenait un point de pression pour leurs ennemis... jamais il ne l'accepterait. Mais notre couple aurait le temps, si tout se passait bien, de voir venir.

L'homme était certain, que de toutes les façons, ils sauront prendre la bonne décision, quelle qu'elle soit.

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