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[One Shot] Anba latè pa ni plézi

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Lun 21 Jan 2019 - 23:55
La soirée avait été chouette. Retrouver quelques amis de lycée pour manger ensemble. Cela m'aidait à ne pas me morfondre sur ma vie enfermée dans ma chambre. A ne pas rager sur mes actes, mes pulsions, mes sentiments. J'avais proposé L'Ocean Terminal, à Leith. C'était assez arrangeant pour pas mal d'entre nous et puis... Et puis c'est pas très loin du hangar ou vit Rylee, que j'avais bien l'intention de passer voir après ma soirée.

Elle était... Mon Dieu.


*** Elle rougit. La flic l'a totalement fascinée. Ce que je peux comprendre. Rylee a quelque chose de très... tentant. Quelque chose qui fait écho chez Madeline. Une animalité, une manière d'être, de vivre. Sans s'excuser, sans prendre de pincettes, sans demander d'autorisations. Très charismatique aussi. Ce qui la rendait très attirante. Il n'avait pas fallu longtemps à Maddie pour craquer. Une conversation, une soirée. Pour moi, c'était prévisible. Pour elle... ça avait été plus compliqué. Elle culpabilisait. Mais ne pouvait pas s'empêcher d'y retourner. Elle se découvrait une partie d'elle qu'elle ne connaissait pas, et j'étais la première à penser que ça n'était pas un mal. ***

Je presse un peu le pas, et une vague culpabilité m'envahit. Je la relègue au fond de mon esprit. Je n'ai pas envie d'y penser maintenant. Le port est désert. Il fait beaucoup trop froid pour traîner au bord de l'eau, comme ça arrive souvent l'été. Alors, dans l'ancienne zone industrielle, il n'y a pas un chat. Mais ce silence ne me gêne pas. Les mains enfoncées dans les poches de mon manteau, je regarde surtout le sol, comme d'habitude. J'entends une voix qui me hèle. Un mec, qui avance vers moi. Je retire mes écouteurs et le laisse approcher. A tous les coups, il s'est perdu.


*** Naive. J'avais senti les ondes de prédateur de ce type avant qu'il n'ouvre la bouche. Mais Madeline n'a pas connu le mal. Elle ne se méfie pas. Elle lui demande si elle peut l'aider, et retient une exclamation lorsqu'il lui réponds. Elle ne s'attendait pas à ces mots. Pas à cette proposition. Elle ignore que les chasseurs sillonnent aussi les rues de sa ville, de la tranquille Edimbourg. Elle ne se pensait pas en danger. Surprise, Maddie. Le danger est partout. Tu le croises tous les jours. Il t'avait ignorée jusqu'à présent mais ce soir... ce soir tu étais une proie de choix.

Elle s'est figée quand il lui a pris les poignets, quand il l'a plaquée contre le mur. Incapable de réagir, encore moins de se défendre. Naïve, fragile, sans défense. La victime idéale.

Mais ça n'est pas mon cas.
***

Soudain, il peut voir l'expression de sa proie changer. La terreur au fond des yeux, la grimace figée par la peur... tout ça disparaît. Il n'y a plus qu'une étincelle amusée et un sourire moqueur.

- Pas ce soir, non.

Et puisque mes mains sont immobilisées, j'utilise ma tête. Un craquement, il grogne et laisse échapper une insulte. Ses mains me lâchent pour tâter son nez. Mon rôle est fini. Je disparais au profit d'une Madeline toujours terrorisée... mais libre.

*** "Il n'a pas l'air content. Tu devrais courir" Un conseil que j'ai soufflé directement dans son esprit. Un bon conseil, et elle l'exécute en démarrant au quart de tour. ***

Je n'ai pas le temps de me demander d'où m'est venu ce réflexe dont je n'ai même pas eu conscience. Il faut que je fuies. Vite.

Je l'entends derrière moi, et je bifurque une première fois. Il hurle qu'il va me faire la peau. Aucun doutes, il a l'air sincère. Alors j'essaie de maîtriser mon souffle, et j'accélère. Il n'est pas loin quand je tourne une seconde fois. Une allée bordée de containers, trop proches pour que je m'y faufile. J'essaie de me rappeler si le hangar de Rylee est proche. Je n'en ai aucune idée. Je ne reconnais rien.


*** Elle ne perds pas son temps à hurler. Elle garde son souffle. Mais elle cherche la prochaine idée : elle sait qu'elle ne tiendra pas longtemps à ce rythme. "La mer", lui souffle-je de nouveau. L'occasion est trop belle. ***

Je tourne la tête en direction des vagues, que j'entends, au delà des containers et par réflexe, je ralentis ma course. Je sais pourtant que c'est la solution la plus logique. La seule qui me vient en tête. Et une seconde, ce sont les vagues que je crains, et plus les pas qui pourtant se rapprochent. Un croisement. Je m'arrête les yeux fixés sur la mer où miroite la lune, un peu plus loin. Une dernière ligne droite, que je ne me sens pas prête à suivre.

L'insulte vole jusqu'à moi. Il est là, tout près. Le nez en sang, les yeux fous. Il ne s'arrêtera pas. Alors, l'angoisse au ventre, je prends l'allée et je cours. De plus en plus vite, pour ne pas prendre le risque de m'arrêter. Je compte les mètres. Il est toujours derrière moi. Un dernier pas, un élan, et je saute. Et pendant la seconde ou je suis dans les airs, les yeux fixés sur l'eau noire, je ne peux empêcher l'impression persistante d'être à un tournant de ma vie.

Je ferme les yeux, et crève la surface dans une gerbe d'eau.

Le froid me compresse la poitrine. Mes habits, mon sac se gorgent d'eau. M'entraînent vers le fond, alors qu'une myriade de bulles m'entourent, me nargue, et retourne vers la surface.


*** Enfin. ***

Je serre les lèvres, alors que la Sirène reprends ses droits. Elle modèle mon corps, se débarrasse de des vêtements qui l'encombre. Le froid n'est plus si saisissant. En lieu et place de l'obscurité froide à laquelle je m'attendais, c'est un monde de nuances qui m'accueille. De couleurs, de textures. Du bleu, à perte de vue... et ma vue va loin. Admire les poissons effrayés que ma chute fait fuir. Les rais lunaire qui percent la surface et se délitent.

*** Je la sens surprise par la beauté de ce qu'elle voie. Et je sais qu'elle se demande si la sirène altère ses sensations, ou si la beauté a toujours été présente, même ici, dans la zone portuaire. Elle n'a encore rien vu.***

Les habits qui couvrent encore mon torse la gênent. Me gênent. Je veux être libre de mes mouvements. Et.... sentir l'eau sur ma peau. Juste l'eau. Ma raison se débat. Me rappelle mes croyances. Stupides croyances. Je ne sais plus vraiment pourquoi je craignais l'eau. Pourquoi... pourquoi je m'en suis éloignée si longtemps. Je sens dans mon corps une puissance que je n'ai jamais ressenti. Une maîtrise de chacun de mes muscles. Alors j'enlève tout ce qui me gêne encore. La veste, les couches d'habits, le sac. Ils s'enfoncent paresseusement pour atterrir sur le fond marin, un peu plus bas, et dérivent à peine, dansant au rythme des vagues calmes. Je les récupérerais plus tard. Pour l'instant... Je veux nager. Est-ce moi? Est-ce elle? Peu importe.

Je mobilise mes muscles, et en un mouvement de nageoire, je suis loin. Les ondulations de mon corps sont instinctives. Comme si... j'avais toujours su quoi faire. J'ai l'impression de retrouver une partie de mon être dont j'étais privée. Les sensations sont incroyables. La vitesse. La souplesse. J'ai oublié la peur qui m'habitait quelques minutes auparavant. Il n'y a pas de place pour la peur ici. Je fais surface sans mal, à plusieurs centaines de mètres et laisse la lune se refléter dans les gouttes d'eau qui parsème ma peau. Le vent et le froid sont devenus agréables dans leur morsure. Je regarde Edimbourg scintiller au loin, me maintenant à la surface grâce à quelques battements de nageoire.

En cet instant, il n'y a plus de questions, d'interrogations, de peur. Juste la certitude d'être exactement la personne que je dois être. Pour la première fois de ma vie. Je ne retiens pas mon sourire.


*** Cette certitude la rends heureuse. Paisible. Et me rends fière d'elle. L'évolution. C'est ce que je préfère, chez l'être humain. Cette capacité d'adaptation, lorsqu'elle est utilisée à bon escient, est toujours émouvante. Madeline a dépassé mes attente, ce soir. Même s'il a fallu que je la pousse à l'eau. Alors, je décide de lui offrir un cadeau. D'ouvrir son esprit à une partie de mes perceptions. De lui faire entrevoir mon omniscience. ***

Le murmure attire mon attention. Un brouhaha, constant, comme peut l'être le ressac. Je les entends. Les habitants. Le roulis de leurs pensées. Et une pensée m'assaille. Si je les entends... peuvent-ils m'entendre?

Je plonge, et nage vers la berge, rapide, sûre. Sur la jetée, l'homme a disparu... et je ne l'en tends pas aux alentours. Ni sa voix, ni ses pensées. Je crois que je les reconnaîtraient. La jetée est silencieuse. Mais plus loin, des êtres. Plus ou moins proches. Parmi eux, Rylee. En me concentrant, je crois que c'est elle que je perçois. Comme si chacune des personnes que je percevais avait sa propre marque, sa propre... résonnance. Il me suffirait de suivre la sienne.

Je n'ai qu'à récupérer mes affaires noyées, qui n'ont guère bougées. Le sac en bandoulière, les habits à la main. Moins évident pour nager. Mais je ne vais pas bien loin, après tout. Elle est tout près. Bientôt, je vois son hangar. Sa moto. Elle est chez elle. Seule? Je crois. Je ne sens personne, mais après tout, avant de plonger pour la première fois, je n'avais jamais senti personne. Je hisse mes affaires détrempées sur le dock de pierre. Et je ferme les yeux, me concentre sur elle, sur sa résonnance, sa personne. Et je l'appelle, en pensée.


* Rylee. Rylee! Je suis dehors. *

Quand je la vois apparaître, c'est un mélange entre joie et soulagement qui m'étreint. A quelques mètres d'elle, je lui fais signe, et me hisse sur la berge ou je m'assieds, le buste tourné vers elle.


- Bonsoir.**

Je retiens un rire. Cette sirène n'a rien à voir avec celle qu'elle a sauvé, il y a quelques semaines.

- Tu aurais une serviette pour moi?



** En français dans le texte.
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